Mouvement des Focolari

Parole de Vie de décembre 2004

Nov 30, 2004

« Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi » (Col 3, 13).

Noël approche. Le Seigneur va venir. Préparons sa route, la liturgie nous y invite. Entré dans l’histoire il y a 2000 ans, Jésus souhaite pénétrer dans notre vie, mais en nous que d’obstacles ! Tant d’aspérités à aplanir, de blocs à écarter… En réalité quels sont-ils ces obstacles qui peuvent empêcher Jésus d’entrer en nous ?
Tout simplement nos désirs non conformes à la volonté de Dieu, tous les attachements qui nous alourdissent. Quelques exemples ? Parler ou se taire lorsque le moment ne s’y prête pas ; vouloir s’affirmer ou rechercher estime ou affection ; désirer posséder ceci ou cela, la santé, la vie… à un moment où cela n’est pas dans le plan de Dieu sur nous ; ou encore les mauvaises intentions, telles que le jugement, la révolte, ou la vengeance…
Ces désirs qui surgissent en nous peuvent nous submerger. Repoussons-les avec fermeté, écartons les obstacles, remettons-nous dans la volonté de Dieu. C’est cela préparer la voie au Seigneur.

« Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. »

Cette Parole, Paul l’adresse aux chrétiens de sa communauté, afin qu’après avoir expérimenté le pardon de Dieu, ils soient capables de pardonner à leur tour à ceux qui ont commis des injustices à leur égard. Paul les sait capables de dépasser les limites de l’amour humain pour aller jusqu’à donner leur vie pour leurs ennemis. Renouvelés par Jésus et la vie de l’Évangile, ils trouveront la force d’aller au-delà des raisonnements ou des torts subis et de tendre à l’unité avec tous.
Comme l’amour bat au fond du cœur de chaque être humain, chacun peut vivre cette parole.
La sagesse africaine s’exprime ainsi : « Fais comme le palmier : on lui lance des cailloux, ce sont des dattes qui tombent ».
Comprenons bien cependant tout ce qu’exige cette Parole de Paul : il ne suffit pas de ne pas répondre à une offense… Il nous est demandé plus encore : de faire du bien à celui qui nous fait du mal, comme le rappellent les apôtres. « Ne rendez pas le mal pour le mal, ou l’insulte pour l’insulte ; au contraire, bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction » . « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien ».

« Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. »

Comment vivre cette Parole ?
Nous pouvons tous trouver dans notre famille, ou parmi nos collègues, nos camarades d’étude, nos amis, des personnes qui nous ont fait du tort, du mal, ont été injustes envers nous… Même si la pensée de la vengeance ne nous effleure pas, un sentiment de rancœur, d’hostilité ou d’amertume peut subsister en nous. Même une simple indifférence qui nous empêche d’établir avec nos frères un authentique rapport de communion.
Alors, que faire ? Levons-nous le matin avec au cœur une « amnistie » complète, remplis d’un amour qui recouvre tout, qui sait accueillir l’autre tel qu’il est, avec ses limites, ses difficultés, tout comme le ferait une mère avec son propre fils qui est dans l’erreur ; elle l’excuse, elle lui pardonne, elle ne cesse d’espérer en lui…
Abordons chacun avec des yeux neufs, comme s’il n’avait jamais eu ces défauts que nous lui connaissons.
Et recommençons cela à chaque fois, sachant que Dieu, lui, non seulement pardonne, mais oublie. C’est aussi la mesure qu’il nous demande.
Cela s’est passé pour un de nos amis d’un pays en guerre qui a vu massacrer parents, frères et de nombreux amis. La douleur le précipite dans la révolte et il en vient à souhaiter aux auteurs de cette tuerie un châtiment terrible, à la hauteur de leurs crimes.
Les paroles de Jésus sur la nécessité du pardon lui reviennent pourtant sans cesse à l’esprit, mais elles lui semblent impossibles à vivre. « Comment pourrais-je aimer mes ennemis ? » se demande-t-il. Il lui faut des mois et des mois de prière avant de commencer à retrouver un peu de paix.
Mais un an plus tard, il apprend que les assassins, connus de tous, circulent librement dans le pays. Une rancune tenace s’empare à nouveau de lui. Il commence à se demander comment il se comportera si jamais il rencontre ces « ennemis » sur sa route. Il implore Dieu de lui redonner son calme, de le rendre à nouveau capable de pardonner.
« Aidé par l’exemple des frères cherchant à vivre avec lui l’Évangile, raconte-t-il, je comprends que Dieu me demande de ne pas m’abandonner à ces tentations, mais plutôt d’être attentif à aimer ceux qui m’entourent, les collègues, les amis… Dans l’amour concret que je vis pour eux, peu à peu, je trouve la force de pardonner jusqu’au bout à ceux qui ont tué ma famille. Aujourd’hui mon cœur est en paix. »

Chiara LUBICH

 

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