Napolitains, lui travaille aux chemins de fer, elle comme comptable, Rosy et Léo Prisco sont tous deux retraités, sans en avoir d’ailleurs ni l’air, ni l’esprit. Leur histoire commence il y a 40 ans, à une époque où les couples qui en Italie choisissent de se marier civilement sont encore très rares. Mais ils sont agnostiques et pour se marier, ils vont à la mairie. Ce sont deux types tellement différents que personne, mis à part eux-mêmes, n’est disposé à parier un seul sou que leur couple tiendra. A la naissance du premier enfant, un doute apparaît : on le baptise ou non ? Ils en parlent avec le curé. « Pour nous agnostiques et marxistes convaincus – se souvient Rosy – il était impensable qu’un prêtre nous accueille d’une manière ouverte et amicale. Don Salvatore, non seulement n’a exprimé aucun jugement sur notre situation conjugale, mais il est devenu un ami, au point qu’on lui a raconté qu’on se disputait tout le temps. Oui, parce que c’était facile de faire les révolutionnaires en dehors, mais à la maison, qui devait cuisiner et tout faire ? C’était moi. Je me souviens que pour me faire entendre de Léo, (j’étais un peu folle, mais parfois ça marchait!) je faisais comme quand on allait manifester dans les rues : je pendais aux murs de la cuisine, des affiches telles que : ‘’Tu es un tyran’’, ‘’Tu es en train de piétiner la parité homme-femme’’, etc. Don Salvatore nous a fait connaître d’autres couples. Eux aussi avaient des difficultés mais ils avaient appris à dialoguer, aussi parce qu’ils connaissaient un secret : se demander pardon et recommencer. Un exercice que nous avons nous aussi essayé de faire, à l’avantage de notre relation qui s’améliorait de jour en jour. Entre-temps, don Salvatore a accepté de célébrer le baptême de Francesco et six ans après, celui de Nunzio ». « Grâce à don Salvatore et aux autres familles – explique Léo – nous avons rencontré Dieu et son amour, et petit-à-petit, s’est éveillé en nous le désir d’être une famille selon son cœur. Nous nous sommes rendu compte que même si nous lui avions tourné le dos, Lui, étant amour, n’avait jamais cessé de nous parler. Comme il avait fait en ‘93, dans une chambre mortuaire d’hôpital. C’est là que, par hasard, nous avions croisé la douleur de deux parents : leur petit ange de trois ans était mort. Pour nous cela avait été un message fort : et si cela nous était arrivé à nous ? C’était ce même couple que, des années après, nous avons revus lors d’une rencontre des Focolari, invités par don Salvatore. De cette souffrance étaient nées trois maisons-famille pour enfants en difficultés ». Pour Rosy et Léo, qui en ‘95 ont dit leur ‘oui’ dans le sacrement de mariage, avoir retrouvé Gino et Élisa dans le cadre des Focolari, n’a pas été un simple hasard. « Un lien s’est tout de suite établi – raconte Rosy – qui nous a amenés à offrir ma collaboration à temps plein comme maman de substitution dans une des maisons -famille de la Fondation Ferraro. Leo nous rejoignait après le travail. Ce furent six années merveilleuses, au cours desquelles nous avons eu la possibilité d’aimer avec le cœur beaucoup d’enfants qui passaient dans la Maison ‘Sorriso’ (‘Sourire’) des périodes plus ou moins longues, selon la situation dans laquelle se trouvait leur famille». « Cette expérience – confie Léo – nous a permis de prendre conscience que nous sommes des instruments dans les mains de Dieu et que le fait de pouvoir aider ne dépendait pas de qui sait quelles aptitudes. Nous deux, aujourd’hui comme hier, nous ne sommes pas une famille parfaite : nous voulons simplement nous mettre au service de qui nous représente Jésus. Comme cela fut pour les deux fillettes russes que nous avons accueillies dans notre maison, un rapport qui continue encore aujourd’hui alors qu’elles sont adultes ». Au début de l’année 2017, désormais en retraite, ils décident de fêter le 50ème anniversaire de Familles Nouvelles en se mettant encore plus au service de la réalisation des différents événements qui seront célébrés. Ils collaborent aussi dans une cantine pour la formation des jeunes. Mais si 2017 est terminé, le désir de donation ne l’est pas ! Depuis octobre dernier, ils se sont transférés à Loppiano pour y rester jusqu’en juillet et pouvoir suivre ainsi de près la logistique, les démarches administratives, les transports… au service de ces familles qui, de différents coins du monde, ont rejoint la Scuola Loreto (l’École Loreto) pour apprendre à être une famille selon le cœur de Dieu.
Mettre en pratique l’amour
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