Mouvement des Focolari

Avoir pour ami un saint

Déc 10, 2021

Le 8 octobre 2021, la phase diocésaine du procès de béatification d'Alberto Michelotti et de Carlo Grisolia a pris fin à Gênes (Italie). Leur histoire est celle d'un itinéraire commun, d'une véritable amitié capable de tout surmonter.

Le 8 octobre 2021, la phase diocésaine du procès de béatification d’Alberto Michelotti et de Carlo Grisolia a pris fin à Gênes (Italie). Leur histoire est celle d’un itinéraire commun, d’une véritable amitié capable de tout surmonter. Comment “devenir saints ensemble” ? Ce n’est pas facile. Cela prend du temps et, surtout, il est nécessaire de marcher dans la même direction, de regarder vers la même source lumineuse. C’est l’histoire d’Alberto Michelotti (Gênes 1958 – Monte Argentera 1980) et de Carlo Grisolia (1960 Bologne – Gênes 1980), deux jeunes de Gênes (Italie) très différents l’un de l’autre à certains égards, mais liés par une solide amitié et un seul désir : mettre Dieu au centre de leur vie. L’idéal et le charisme du mouvement des Focolari les ont fortement attirés et unis dans une relation de véritable partage et de fraternité. Tous deux sont décédés en 1980, à 40 jours d’intervalle, Alberto lors d’une ascension en montagne, Carlo des suites d’une tumeur. Deux amis et un seul procès de canonisation, ouvert en 2005 par le Cardinal Tarcisio Bertone, Archevêque de Gênes. La phase diocésaine du procès s’est achevée le 8 octobre dernier. Mais qui sont vraiment ces deux jeunes ? Alberto a l’étoffe d’un leader, d’un battant, mais son leadership repose sur un “service” qui le rapproche toujours plus de son prochain, en particulier des plus démunis et des jeunes. Né et vivant avec sa famille dans la banlieue de Gênes, il fréquente la paroisse de San Sebastiano avec ses parents. Il prend une part active à la vie paroissiale et, après un premier engagement dans l’Action catholique, grâce à un prêtre, Mario Terrile, il se familiarise avec la spiritualité de Chiara Lubich, qui le bouleverse. C’est au cours de la Mariapolis de 1977, une rencontre du mouvement des Focolari, qu’Alberto reçoit une grâce qui va changer sa vie pour toujours : ” Dieu Amour “. La même année, il rejoint les Gen (Génération Nouvelle), la branche des jeunes du Mouvement, et c’est là qu’il rencontre Carlo avec qui il fait l’expérience d’une profonde unité qui leur permet de dépasser leurs différences de caractère. Carlo, contrairement à Alberto, est un garçon plus porté à l’intériorité et poète à ses heures. Il étudie l’agriculture et aime lire, jouer de la guitare et écrire des chansons. C’est un rêveur, un idéaliste, rien à voir avec la grande passion d’Alberto pour la montagne et sa rigueur mathématique de futur ingénieur. Et pourtant une grande aspiration les unit : leur désir de porter aux autres l’idéal évangélique du monde uni dans la joie et l’enthousiasme et, surtout, de toujours mettre en pratique le message de Jésus « Là où deux ou plusieurs sont unis en mon nom, je suis au milieu d’eux. » (Mt 18, 15-20). Au contact du mouvement des Focolari, qu’il connaissait depuis son enfance grâce à ses parents, Carlo a cultivé l’art de “devenir saints ensemble”, une invitation lancée par Chiara dans l’un de ses messages : voilà qui est devenu pour lui un objectif prioritaire, surtout après son déménagement à Gênes à cause du travail de son père. Vir, “homme vrai, homme fort” n’est pas seulement le nom que lui donne la fondatrice du mouvement des Focolari, mais il devient au fil du temps un programme de vie pour Carlo qui puise sa force en Jésus, la seule source d’énergie possible, comme il l’écrit dans une de ses chansons : « Et respire dans l’air l’amour que te donne ce nouveau soleil qui se lève sur toi ». L’amitié entre ces deux jeunes a duré trois ans, et pourtant ils semblaient avoir la maturité de personnes avisées et fortes d’une longue expérience, ce qui caractérise en général la sagesse des anciens. Dans leur quête d’un Amour authentique, ils découvrent la pureté comme moyen d’atteindre la vraie liberté ensemble et de partager cet idéal avec leurs amis : leurs pensées, profondes, s’entrecroisent en forme de motifs aux couleurs variées sur des feuilles de papier, les messages whatsapp d’autrefois. Alberto écrit à Carlo le jour de son dix-neuvième anniversaire : « Ce sera probablement une année de service militaire pour toi – peut-être de nouvelles difficultés, de nouvelles joies – Un peu comme la journée d’aujourd’hui, qui a commencé par un temps merveilleux et qui, à 16 heures, s’est assombrie comme en hiver (…) Mais nous savons que derrière ces nuages, il y a le soleil. » Alberto et Carlo ont cultivé cet amour réciproque qui leur a permis d’accueillir les joies et les peurs, les luttes et les conquêtes : confiants dans l’Amour qui peut tout faire, ils étaient disposés à vivre les paroles de l’Évangile : « Personne n’a de plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13). Alberto a perdu la vie dans les montagnes de Cuneo, le 18 août 1980, à la suite d’une chute en escaladant un ravin gelé dans les Alpes maritimes. Carlo n’a pas pu assister à ses funérailles. Le 16 août, il revient de la caserne pour des tests après une série d’évanouissements et de paralysies des membres. Au bout de quelques heures, et après avoir consulté un médecin qui n’a pas caché la gravité de son état, il est hospitalisé. Il s’agit d’une néoplasie. On lui fait part de la mort d’Alberto, mais ses jours sont comptés et il doit se rendre de toute urgence à l’hôpital. 40 jours sépareront les deux amis avant qu’ils ne se retrouvent, unis pour toujours. Au cours des derniers jours qu’il a passés à l’hôpital, Carlo, bien que très affaibli, a salué tout le monde avec un grand sourire : « Je sais où je vais – a-t-il dit à une infirmière – je vais rejoindre un de mes amis qui est parti il y a quelques jours dans un accident de montagne. » Il sent la forte présence d’Alberto à ses côtés et il est impatient de faire ce “saut en Dieu” dont il parle à sa mère à l’hôpital : une plongée dans l’immensité qui l’a ramené à la maison du Père le 29 septembre 1980. Aujourd’hui, 40 ans plus tard, ce pacte invisible scellé dans l’amitié par Alberto et Carlo est plus fort que jamais et passe par une nouvelle phase. Ce qui est en réalité étonnant, c’est le caractère extraordinaire de l’événement. Dans l’histoire de l’Église, il n’est jamais arrivé que le procès de canonisation de deux personnes distinctes soit mené en même temps et concerne deux amis. Pour qu’Albert et Charles soient d’abord béatifiés et ensuite saints, deux miracles par leur intercession sont nécessaires, mais comme la prière est la même pour tous les deux , ils seront de toute façon “saints ensemble”. C’est la confirmation d’une amitié spirituelle comme chemin possible vers la sainteté. En vivant “sur la terre comme au ciel”, ils ont expérimenté la vraie joie, fruit d’une inspiration prophétique de Chiara : « Je souhaite que vous deveniez des saints, de grands saints, rapidement. Ainsi je suis sûre de vous mettre le bonheur entre les mains. »

 Maria Grazia Berretta

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