« Alors que je rentre à la maison – raconte Ofelia d’un quartier marginal de Valencia, troisième ville du Venezuela – je vois un couple se diriger à pied chez eux. Je ralentis, et leur demande s’il veulent monter dans la voiture. Épuisés, n’ayant même pas la force de me répondre, ils montent tout de suite dans la voiture. Après s’être repris, ils me racontent qu’ils s’étaient levés tôt pour se procurer de la farine et d’autres aliments de première nécessité pour leurs enfants mais la file était si longue que, lorsque c’était à leur tour, il n’y avait plus rien. Désappointés, ils disaient que la seule chose qu’ils ramenaient à la maison, c’était un fort mal de tête parce qu’ils n’avaient pris ni le petit-déjeuner ni le déjeuner ». Ce sont des situations douloureuses et pourtant récurrentes, auxquelles il n’y a bien souvent pas de réponse. En effet, Ofelia elle-même n’avait rien à leur donner. Son sac était également vide et elle aussi était sans travail. La pénurie de moyens, partout répandue, pousse les communautés des Focolari, présentes au Venezuela, à s’entraider et à aider de toutes les manières possibles. Par exemple, les dames se font la mise en plis et la coupe des cheveux l’une l’autre et arrangent de vieux vêtements en les partageant selon les nécessités, de manière à être présentables et harmonieuses malgré la pauvreté, témoignant ainsi visiblement l’amour évangélique qu’elles essaient de vivre entre elles. « Un jour, – raconte un père de famille – je vais acheter de la nourriture mais on n’en trouvait nul part : tout semblait avoir disparu. En allant à droite et à gauche, je vois du ‘foruro’ (maïs grillé). Nous, en général, on ne le mange pas, mais me rappelant qu’une de nos familles amies en mangeait, j’ai pensé que c’était mieux que rien. Au courant de l’après-midi, en passant devant chez eux, je me suis arrêté et leur ai demandé : ‘Avez-vous mangé ?’ Non, m’a répondu la femme, et ce matin non plus. Nous n’avons plus d’argent et mon mari, n’a plus de forces à cause de la faim. Je leur ai dit qu’ils ne pouvaient pas aller dormir sans rien manger et j’ai couru jusqu’à la maison pour aller chercher le foruro que j’avais acheté. Pour moi, cette soirée-là, j’ai ressenti une grande joie car ils ont pu manger le soir même si c’était du simple maïs grillé ». Un jour, Laura est arrêtée par une dame qui lui confie sa préoccupation de ne plus réussir à trouver le médicament pour l’hypertension. Elle, par contre, avait réussi à s’en procurer à travers des connaissances à l’étranger. Dans des temps qui courent comme ceux-ci, la prudence conseillerait de les garder précieusement car on ne sait pas si on en trouvera encore. Mais dans l’Évangile, Jésus dit « Donnez et il vous sera donné » et sans y penser à deux fois, elle ouvre son sac et lui donne une plaquette entière de comprimés. Dans cette difficile situation du pays, la visite (21-25 mai) de Cecilia Di Lascio, argentine, coordinatrice régionale du Mouvement Politique pour l’Unité, ne pouvait pas tomber mieux. A Caracas, l’échange fut intéressant entre elle et 75 personnes intéressées par l’engagement au bien commun, parmi lesquelles plusieurs jeunes présents ; l’annonce de l’idéal de la fraternité à un petit groupe de personnes intéressées par la politique dans une salle de l’Assemblée Nationale ; et avant de quitter le pays, la rencontre avec un petit groupe de professeurs universitaires avec comme thème la formation des jeunes selon le paradigme de la fraternité dans les différents milieux du savoir et de l’activité humaine. Deux événements également importants à Maracaibo : la rencontre avec le Docteur Lombardi, recteur de l’Université Cecilio Acosta, et une réunion avec la commission RUEF (Réseau Universitaire de l’Étude de la Fraternité). Tout cela a contribué à acquérir une plus grande compréhension du processus politique en acte dans le pays. « Il faut miser sur l’équité comme objectif central à partir du paradigme de la fraternité – affirme Di Lascio lors de ses différentes interventions – . Dans cette situation difficile, je crois fermement dans l’importance de s’engager ensemble pour le bien commun ».
Mettre en pratique l’amour
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