Mouvement des Focolari

UNIRedes : espérance pour l’Amérique Latine et pour le monde

Août 19, 2024

Elle rassemble 74 organisations sociales inspirées par la spiritualité des Focolari en Amérique latine et aux Caraïbes, mais s'adresse au monde entier. Les associations partenaires d'UNIRedes se sont retrouvées du 25 au 27 juillet dernier au Brésil pour faire le point et envisager ensemble l'avenir.

L’antenne de Pedrinhas (SP, Brésil) de la Fazenda da Esperança accueille des jeunes et des adultes qui sont à différents stades de rétablissement de la toxicomanie et de différentes formes de dépendance et de malaise social. Il n’y avait pas de meilleur lieu pour accueillir la rencontre d’UNIRedes, la plateforme d’ONG, de projets sociaux, humanitaires et d’agences culturelles qui s’inspirent de la spiritualité de l’unité de Chiara Lubich en Amérique latine. 140 personnes représentant 37 des 74 organisations partenaires d’UNIRedes, actives dans 12 pays d’Amérique latine et des Caraïbes, étaient présentes.

L’objectif de la rencontre était de présenter le travail de ces années à Margaret Karram et Jesús Morán, présents à la rencontre ; de définir les prochaines étapes communes à toutes les organisations partenaires et de renforcer le lien avec le Mouvement des Focolari, afin de partager l’expérience acquise, y compris au-delà du continent latino-américain.

UNIRedes : un réseau de réseaux

Maria Celeste Mancuso, d’Argentine, coresponsable internationale du Mouvement Humanité Nouvelle, explique qu’UNIRedes n’est pas seulement un super projet de solidarité : « C’est aussi un espace qui génère une réflexion culturelle visant à identifier les catégories anthropologiques et épistémologiques nécessaires pour générer une nouvelle culture de l’attention à la personne et aux sociétés latino-américaines. »
C’est pour cette raison que les agences culturelles inspirées par le charisme de l’unité, telles que l’Institut Universitaire Sophia (Loppiano, Italie), sa branche locale, Sophia Amérique Latine et Caraïbes (ALC), et le Centre Universitaire ASCES UNITA de Caruaru (PE), en font partie intégrante.

Virginia Osorio, Uruguayenne, l’une des initiatrices du projet, en explique les origines : Les changements politiques et économiques constants dans nos pays rendaient nos organisations de plus en plus fragiles et isolées. Avec UNIRedes, nous avons trouvé un lieu où nous renforcer mutuellement et partager nos souffrances et nos espoirs. Notre dernier projet concernait le Genfest : des centaines de jeunes ont fait du volontariat auprès de plusieurs de nos organisations, faisant ainsi une expérience directe de fraternité et de proximité avec les plus démunis.

La racine commune : « Donner la vie pour son peuple »

La première racine d’UNIRedes ne repose pas sur des analyses géopolitiques ou économiques : il faut remonter au début des années soixante-dix, lorsque les Gen, les jeunes des Focolari, comme beaucoup des jeunes de leur âge de nombreux pays, voulaient changer le monde et instaurer l’égalité, la justice, la dignité.

Chiara Lubich, qui les rencontrait fréquemment, avait soutenu et confirmé la nécessité d’une révolution sociale pacifique, en particulier en Amérique latine, continent qu’elle considérait comme ayant cette vocation particulière. Elle disait aux jeunes des Focolari que « chacun doit sentir que nous devons donner notre vie pour l’humanité, mais il faut que nous trouvions notre Jésus abandonné local, afin de donner la vie pour notre peuple[1] ».



« C’est ainsi que beaucoup se sont rendus à la périphérie des villes, dans les favelas, partout où la pauvreté privait les personnes de leur dignité », explique Gilvan David, un Brésilien du groupe latino-américain de coordination de UNIRedes. « Les premières ONG sont nées et, entre-temps, nous tentions de nous structurer, mais ce n’était pas suffisant : “Vous venez à nous – nous disaient les [plus] pauvres -, mais ensuite vous partez et vous nous laissez seuls.” Pour répondre à ce cri, nous avons commencé à travailler en réseau avec les politiques publiques locales et, à la même période, plusieurs prêtres qui vivaient la spiritualité de l’unité ont fondé des projets sociaux : Frei Hans avec la Fazenda da Esperança, le père Renato Chiera avec la Casa do Menor et d’autres. »

Une “unique” Amérique Latine

Puis les premiers groupes d’organisations ont vu le jour – poursuit Gilvan David –, ‘Sumá Fraternidad’ qui regroupait les projets de quelques pays hispanophones ; l’association civile ‘Promocion Integral de la Persona’ (PIP) au Mexique et les organisations sociales brésiliennes continuaient à se développer, trouvant leur propre identité et leur espace de service. Ces années n’ont pas été faciles, mais nous avons commencé plusieurs parcours dans différents territoires d’Amérique latine pour soutenir leur engagement social, qui ont ensuite fusionné avec UNIRedes.
Nous nous sommes réunis à plusieurs reprises, mais la rencontre fondatrice a eu lieu en 2014, en présence de Maria Voce (Emmaüs) et de Giancarlo Faletti, alors respectivement Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari. Emmaüs avait dit à cette occasion : “Vous donnez au Mouvement une nouvelle visibilité, un nouveau sens à son action, vous êtes un témoignage pour ceux qui vous regardent de l’extérieur ; vous donnez une visibilité complète au charisme par le biais d’actions concrètes.” Je dirais que c’est à ce moment-là que nous nous sommes reconnus comme une réalité unique pour toute l’Amérique Latine : nous nous sommes retrouvés enveloppés par le “charisme de l’unité”.

Les contributions qui ont construit cette rencontre ont été nombreuses et substantielles, avec la présentation des différentes organisations partenaires.

Juan Esteban Belderrain : de l’inégalité à l’espérance

Le politologue argentin Juan Esteban Balderrain a analysé le plaie de l’inégalité, dont l’Amérique latine détient le record mondial. « Il s’agit de construire une vision de ce continent qui parte de l’espoir et c’est possible parce que si nous regardons la racine la plus profonde du problème des inégalités, nous trouvons la perte de référence au Dieu qui est amour et qui nous aide à comprendre que nous sommes frères et sœurs les uns des autres et de la nature, qui est aussi l’expression de son amour. Se référant au XXe siècle, Paul VI a dit que c’était un temps béni parce qu’il exigeait de tous la sainteté. Je pense que ces mots s’appliquent également au nôtre. »

Père Vilson Groh : La « mystique des yeux ouverts »

Depuis plus de 40 ans, le père Vilson vit dans le “morro”, une favela de Florianopolis (Santa Catarina, Brésil), où il mène des projets sociaux, en particulier pour les jeunes. Il a parlé de la « mystique des yeux ouverts » : « Nous devons porter nos organisations dans les caves sombres de nos périphéries, y être un espoir. Le Genfest a apporté la perspective de “l’ensemble”, que le pape François promeut. Cela requiert un cheminement patient et résilient ; cela demande d’être déterminés dans la poursuite du bien commun. L’unité est supérieure au conflit, dit toujours le Pape, et l’unité, est pluralité. Introduisons la diversité dans nos organisations : le charisme de l’unité est une porte par laquelle le Christ blessé ouvre des espaces. »

Vera Araujo : L’Amérique Latine constructrice de fraternité

L’intervention de la sociologue brésilienne s’est concentrée sur une vision positive qui sait reconnaître le patrimoine culturel et humain latino-américain et qui l’offre au monde comme un don.

« UNIRedes trouve son origine dans le charisme de Chiara Lubich et peut devenir une chance inouïe pour le reste du monde : l’unité vue non seulement comme une valeur religieuse, mais aussi comme une force capable de former efficacement la famille humaine, en réalisant une interaction entre la multiplicité des personnes, tout en préservant les distinctions dans le contexte des réalités sociales. Ici, le charisme de l’unité offre une solution qui n’est pas facile, mais un sens, une signification, une Personne : le Christ abandonné sur la croix.

« Pour bien aimer – dit Chiara -, ne pas considérer seulement les difficultés, les erreurs et les souffrances du monde comme des maux sociaux auxquels (il faut) porter remède, mais y découvrir le visage du Christ qui ne dédaigne pas de se cacher derrière toute misère humaine [2].»



Susana Nuin Núñez : la marche des peuples et des mouvements sociaux

La sociologue uruguayenne a décrit le parcours et la richesse sociale, politique, économique des peuples du continent et de quelques mouvements sociaux. « Ces réseaux aux physionomies les plus variées, avec leurs développements dans les pratiques sociales ou dans le monde académique, agissent de manière complémentaire, générant un tissu socioculturel indiscutable au caractère communautaire multiforme dont l’Amérique latine est porteuse. » Elle a souligné ensuite la particularité d’UNIRedes qui, depuis plus de dix ans, est un sujet social qui guérit, révolutionne, transforme et agit à partir de l’Évangile et de la Parole de l’unité.

Margaret Karram et Jesús Morán : UNIRedes fait partie du Mouvement des Focolari

« Ceux qui veulent vivre l’Evangile dans cette région sont toujours en crise parce qu’ils voient constamment des inégalités » – a souligné Jesús. « L’unité ne peut laisser de côté cette réalité. Comment pouvons-nous construire l’unité sur ce continent, sans prendre en compte ceux qui sont rejetés par la société ? Ce que vous faites en tant qu’UNIRedes doit inspirer l’ensemble du Mouvement dans cette région. Son travail pour l’unité n’est pas crédible s’il ne passe pas aussi par les œuvres sociales. Bien sûr, ce n’est pas nous qui résoudrons les problèmes sociaux. La seule chose que nous pouvons faire, c’est faire en sorte que les personnes se convertissent à l’amour. Si nous touchons les cœurs, quelqu’un saisira l’esprit et, dans la liberté, comprendra comment vivre l’Évangile. »


Margaret a encouragé UNIRedes à aller de l’avant : « Maintenant, vous devez comprendre comment faire arriver à tous dans le monde votre vie et votre exemple. ». Citant une intervention de Chiara Lubich datant de 1956, elle a rappelé que, dans son engagement social, le Mouvement ne doit pas oublier que la clé de la résolution des problèmes qu’offre le charisme de l’unité réside dans la nouveauté de la réciprocité plus que dans la justice. Il promeut le partage, la mise en commun entre tous du peu ou de la richesse dont on dispose pour créer un plus grand Bien Commun qui, en plus de résoudre les problèmes sociaux, produit l’épanouissement humain et spirituel qui ne se produit que dans la communion entre tous. Enfin, Margaret la lancé une proposition : « Ajouter un nouvel article à votre Charte des principes et des engagements : un pacte solennel de fraternité à proposer à ceux qui veulent faire partie d’UNIRedes : nous sommes ici pour témoigner de l’amour réciproque et c’est seulement si nous avons cet amour que le monde croira. »

« UNIRedes nous parle d’espérance », a conclu M. Celeste Mancuso. « Il s’agit d’une proposition transversale et synodale de réseau organisationnel, qui peut inspirer des modèles semblables pour les périphéries existentielles d’autres parties de notre vaste monde. De cette manière, nous pourrons penser à construire des réseaux mondiaux de fraternité qui promeuvent le bien commun. »

Stefania Tanesini


[1] Chiara Lubich aux jeunes des Focolari, Rocca di Papa (Rome, Italie), 15 mai 1977.

[2] Chiara Lubich, “Pour une civilisation de l’unité”. Discours prophétique au Congrès “Une culture de paix pour l’unité des peuples”. Castelgandolfo, (Rome) 11-12 juin 1988.

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