Mouvement des Focolari

Affronter la douleur, est-ce possible ?

Oct 6, 2015

Interview faite à Nancy O'Donnell, psychologue et psychothérapeute de New York, professeur en psychologie sur comment vivre la maladie dans l'espérance.

IMG_3336Nancy O’Donnell a travaillé en tant que psychothérapeute avec des toxicomanes -dépendants et a été responsable d’un centre médical pour l’aide à des femmes alcooliques et à leurs enfants. La question sur la signification de la douleur est centrale dans la vie des personnes et en particulier dans la maladie. Nous vous demandons : est-il possible d’affronter le problème de la souffrance et de trouver l’espérance ? « La douleur fait partie de chaque vie humaine et nous sommes difficilement capables d’aider les autres qui souffrent si nous n’avons pas trouvé la signification de nos propres souffrances. La voie de l’espérance est dans cette recherche. Les sciences offrent de nouveaux traitements, de nouveaux soins pour améliorer la vie de beaucoup de gens. Le danger : que nous nous fassions des illusions en croyant que nous trouverons le moyen de ne pas vieillir, de ne pas tomber malade, de ne pas souffrir. Si on recherche seulement l’espérance de guérir, on risque de se faire des illusions, illusions qui peuvent amener au désespoir, l’opposé de l’espérance ». Quel rôle peut avoir la psychologie dans l’expérience d’un malade, pour l’aider à trouver l’espérance ? « Nous pourrions le synthétiser en quatre points: le rôle de la personnalité et la possibilité de la modifier, l’importance des rapports sains dans le fait d’affronter la maladie, la nécessité de connaître et d’accepter ses propres limites, la capacité humaine d’être don de soi. A propos de la personnalité : le fait d’être optimiste ou positif peut diminuer le risque de maladies et de douleurs chroniques. A l’Université Davis de Californie, ils ont découvert que le fait d’écrire chaque jour, les choses pour lesquelles on est reconnaissant, rend plus heureux. Les résultats avaient été plus significatifs, en les confrontant avec un groupe auquel, au contraire, on avait demandé de noter les choses ayant provoqué une augmentation de stress. IMG_3290Le deuxième point : les rapports. Nous avons la capacité d’établir des relations depuis la naissance. La santé mentale de chaque personne dépend de sa capacité à se ”coordonner” et à se ”raccorder” avec les autres. L’esprit humain est sain lorsqu’il possède quelques compétences stratégiques relationnelles qui lui permettent de ”s’ouvrir” à une réalité sociale multiple, c’est-à-dire quand il est en grade de ”percevoir” d’une façon adéquate, les autres et leur diversité. Si notre identité est relationnelle, il est dès lors logique que, quand rester dans l’espérance devient un défi, avoir proches des personnes avec lesquelles on a construit des rapports profonds renforce l’énergie positive nécessaire pour rester dans l’espérance grâce au soutien de ces rapports. Et encore, la non acceptation des propres limites est une des difficultés les plus typiques de la personne aujourd’hui. La limite se manifeste à la personne à travers sa condition et son histoire, à travers les expériences qui comportent le risque de la frustration. Dans un monde qui nous offre une vie ”sans limites”, l’arrivée d’une maladie à un moment inattendu, ne nous y trouve pas préparés. Au contraire, la capacité d’assumer les multiples expressions de la limite se montre comme le passage déterminant pour obtenir la propre auto- réalisation. Enfin, être un don pour les autres, même lorsque les forces physiques viennent à manquer, rend la personne toujours protagoniste. Et on trouve là une dignité qui naît d’un point tout au fond de notre être ».

Nancy O'Donnell_a

Doctoresse Nancy O’Donnell

Doctoresse O’Donnell, peut-on entrevoir un lien entre psychologie et la spiritualité ? « Oui mais un lien ambivalent. En ce qui me concerne, j’ai été facilitée par le fait de trouver la réconciliation entre ces deux dimensions humaines auprès d’une personne de référence en spiritualité et humanité : Chiara Lubich. Tout le monde, je pense, essaie de trouver une unité intérieure, où l’identité reste une chose sûre au milieu des différents conflits autour et à l’intérieur de nous-mêmes. Pour moi, cette unité vient de la vie vécue en suivant cette spiritualité. J’ai travaillé pendant de nombreuses années avec les toxicomanes dépendants, des femmes alcooliques et puis avec des hommes sans domicile fixe qui avaient tout perdu à cause de la drogue. Ils se sentaient écrasés par le désespoir et il leur était difficile de comprendre pourquoi vivre. J’essayais de leur communiquer ma certitude, que ce soit en ce qui concerne leur dignité intrinsèque, ou la valeur de la souffrance. J’utilisais une image qui semblait utile. Au cours de leur réhabilitation, ils avaient des moments libres où l’un ou l’autre faisait des puzzles. Je leur demandais alors s’ils avaient déjà terminé un puzzle en se rendant compte qu’il manquait une pièce. Je voyais la vie de chacun un peu comme ça : chaque pièce est unique et on voit la beauté finale seulement quand chacun est à sa place. Donc chaque personne peut trouver sa propre valeur, sa propre beauté et la conscience d’être digne d’amour et d’être irremplaçable. Arriver au point de croire que j’ai été créé comme un cadeau pour l’autre et l’autre pour moi ».

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