Terre où les chrétiens sont moins de 1%, l’Algérie est le premier Pays musulman à avoir accueilli, en 1966, la spiritualité de l’unité. Au cours des années de transition et de développement qui suivirent, les difficultés n’ont pas manqué dans cette région à enjeux stratégiques : la mémoire des moines de Tibhirine demeure vivante, eux dont l’exemple transcende les différences de religion et nous renvoie à l’essence de la fraternité de l’unique genre humain. « Chiara Lubich nous invitait à ne pas nous arrêter aux difficultés du moment – nous Rappelle Rosi Bertolassi, qui a été pendant 13 ans au focolare d’Alger – A ses yeux l’expérience que nous étions en train de vivre était porteuse d’espérance. Elle entrevoyait déjà la vie qui allait se développer plus tard » « Le cardinal Léon-Étienne Duval, alors archevêque d’Alger, – poursuit-elle – nous a toujours encouragées lui aussi, et aujourd’hui nous voyons en Algérie des hommes et des femmes musulmans, qui grâce à la fidélité du dialogue de la vie et de leur présence, même dans les moments difficiles, ont développé une expérience d’appartenance au Mouvement des Focolari qui leur est propre ». Comme celui de Rosi, les témoignages du début de cette aventure se succèdent. Nous sommes à Tlemcen, dans l’Ouest algérien, à environ 60 kms du Maroc, où s’est déroulée les 1er et 2 novembre derniers la fête des 50 ans du Mouvement des Focolari. C’est à partir de l’Algérie que les portes se sont ouvertes à de nombreux Pays d’Afrique du Nord et du Moyen- Orient. Étaient présents Mgr Teissier, archevêque émérite d’Alger, Mgr Vesco, évêque d’Oran, Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari, les responsables des Focolari dans les divers Pays du Moyen-Orient, entre autres la Syrie, et naturellement des personnes venues de toutes les régions du Pays. C’est précisément à Tlemcen, dans l’actuel “Centre Mariapolis Ulysse” – ainsi appelé en souvenir de Ulisse Caglioni (5 mars 1943 -1er septembre 2003), l’un des focolarini qui ont témoigné de la fraternité sans se ménager – que le 15 octobre 1966 est arrivé depuis Paris le premier groupe à bord d’une 2CV Citroën. Pierre Le Vaslot, focolarino français actuellement en Italie, s’en souvient comme si c’était hier. Ils se trouvent tous les trois – Pierre, Ulysse et Salvatore Strippoli – devant un monastère bénédictin qu’il faut remettre sur pied. Construit au cours des années cinquante par Don Walzer (un bénédictin allemand chassé de son pays pendant la guerre pour avoir refusé d’accueillir Hitler dans l’abbaye de Beuron), le bâtiment est adossé à la montagne, à 900 mètres d’altitude. A quelques pas de la tombe du mystique Sidi Boumedienne, qui a laissé une forte empreinte spirituelle dans la région et bien au-delà. Le cadre se prête parfaitement aux rencontres, à l’accueil et au dialogue. On y respire la paix et la sérénité. Dans ce lieu, aujourd’hui connu sous le nom de « Centre Dar es Salam » (Maison pour la Paix), commence alors une aventure de présence et de vie partagée avec les habitants de la ville. Thierry Becker, alors jeune prêtre à Oran, se souvient : “C’était une joie pour nous de savoir que le monastère de Tlemcen allait revivre, mais qui sont ces focolarini ? Personne n’en avait entendu parler ! Ce ne sont ni des moines ni des prêtres, ils sont en communauté, venus ici pour vivre l’unité et la faire vivre autour d’eux. Je les ai écoutés parler de leur idéal, de Chiara Lubich dont j’ai appris à connaître la spiritualité…Ils se sont vite mis au travail. Ulysse a rapidement transformé la maison ». Suivent des années d’expériences variées et nombreuses, comme le lien créé avec l’Imam Barkat. Les focolarini l’ont aidé à sauver son jeune enfant, en le conduisant à l’hôpital en pleine nuit et en insistant auprès des médecins. Ce sera ensuite cet Imam, le papa du petit Bahi, qui ira au focolare pour donner des cours sur les Hadiths prophétiques et transmettre ainsi une juste compréhension de ces écrits spirituels ». Très touchants les témoignages des premiers jeunes qui ont commencé à fréquenter le focolare de Tlemcen au cours des années 60, parmi lesquels Mourad, Bouziane et Farouk : aujourd’hui ils sont heureux de voir leurs enfants et les nouvelles générations promouvoir cet idéal auquel ils ont été les premiers à croire ». Maria Chiara De Lorenzo
Mettre en pratique l’amour
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