« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »
Jésus va mourir. Ce qu’il dit se relie à cet événement proche. Son départ imminent pose pour son Église une question vitale : comment rester présent au milieu des siens pour la faire progresser ?
Si Jésus est présent dans les sacrements – dans l’Eucharistie par exemple – Jésus est aussi présent là où se vit l’amour réciproque. Il dit en effet : « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, (ce que l’amour mutuel rend possible), je suis au milieu d’eux ».
Par conséquent, lorsque la vie profonde d’une communauté est fondée sur l’amour réciproque, Jésus peut y rester présent efficacement. À travers elle, il peut continuer à se révéler au monde et à y exercer son influence.
N’est-ce pas merveilleux ? Cela ne donne-t-il pas le désir de vivre tout de suite cet amour avec les chrétiens qui sont nos prochains ?
Jean, qui rapporte ces phrases que nous approfondissons, voit dans l’amour réciproque le commandement par excellence de l’Église dont la vocation est précisément d’être communion, d’être unité.
« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »
Aussitôt après, Jésus déclare : « À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». (Jn 13,35)
Si tu veux trouver la vraie marque d’authenticité des disciples du Christ, si tu veux connaître leur signe distinctif, c’est dans l’amour réciproque vécu qu’il faut les découvrir. C’est à cette caractéristique que l’on reconnaît les chrétiens. Si elle manque, le monde ne découvrira pas la présence de Jésus dans l’Église.
L’amour mutuel engendre l’unité. Que réalise l’unité ? « Que tous soient uns… dit encore Jésus, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17,21). L’unité, en révélant la présence du Christ, entraîne le monde à sa suite. Le monde, face à l’unité, à l’amour mutuel, se met à croire en Lui.
« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »
Dans ce même discours d’adieu, Jésus déclare que ce commandement est le sien. Il lui est donc particulièrement cher. Il ne faut pas l’entendre simplement comme une norme, une règle ou un commandement comme un autre. Jésus veut nous révéler une manière de vivre. Il veut nous dire sur quoi fonder notre existence. C’est d’ailleurs sur ce commandement que les premiers chrétiens faisaient reposer leur vie. Pierre disait : « Ayez avant tout un amour constant les uns pour les autres. » (1 P 4.8).
Avant de travailler, d’étudier, avant d’aller à la messe, avant toute activité, vérifie que l’amour réciproque règne bien entre toi et celui qui vit à côté de toi. S’il en est ainsi, tout prend de la valeur. Sinon, rien n’est agréable à Dieu.
« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns. les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. »
D’autre part, Jésus précise que ce commandement est « nouveau ». « Je vous donne un commandement nouveau ».
Qu’est-ce à dire ? On ne le connaissait pas auparavant ? Non. « Nouveau » signifie fait pour les « temps nouveaux ». De quoi s’agit-il alors ?
Jésus est mort pour nous. Il nous a aimés jusqu’au bout. Mais son amour, un amour « divin », était bien différent du nôtre. « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés », dit-il (Jn 15,9). S’il nous a aimés, c’est donc avec le même amour dont le Père et lui s’aiment.
Aimons-nous alors les uns les autres avec le même amour pour réaliser le commandement « nouveau ». Personne, en tant qu’homme, ne possède un tel amour. Pourtant en tant que chrétien – et nous pouvons en être heureux – nous le recevons. Comment ? C’est l’Esprit Saint qui le fait vivre en notre cœur et en celui de tous les croyants.
Il y a ainsi une affinité entre ce que vivent le Père, le Fils et nous, chrétiens, grâce à l’unique amour divin que nous possédons. Cet amour nous fait pénétrer dans La Trinité, nous faisant fils de Dieu. C’est ce courant d’amour qui relie terre et ciel. C’est par lui que la communauté chrétienne est portée jusqu’au cœur même de Dieu, et que la réalité divine vit sur terre, là où les croyants s’aiment.
La vie chrétienne n’apparaît-elle pas ainsi dans toute sa beauté divine ? N’est-ce pas cela qui la rend si attirante ?
Chiara Lubich
Parole de vie publiée en 1980
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