Mouvement des Focolari

Le Pape François au Chili et au Pérou

  « Je viens chez vous en tant que pèlerin de la joie de l’Évangile, pour partager avec tous ‘’la paix du Seigneur’’ et ‘’vous confirmer dans la même espérance’’ ». C’est ainsi que commence le message vidéo que François adresse à tous ceux qui l’accueilleront ces prochains jours en Amérique du Sud, du 15 au 22 janvier. « Je désire vous rencontrer, vous regarder dans les yeux, voir vos visages et pouvoir tous ensemble, expérimenter la proximité de Dieu, sa tendresse et sa miséricorde qui nous enveloppent et nous consolent ». Le Pape connaît l’histoire de ces deux pays, « tissée  d’engagement et de dévouement », et désire « rendre grâce à Dieu pour votre foi et votre amour envers Dieu et vos frères qui sont dans le besoin, spécialement pour l’amour que vous avez pour ceux qui sont rejetés de la société ». Le Pape François exprime son désir de « partager avec vous vos joies, tristesses, difficultés et espérances », la paix que « seul Lui peut donner ». Une paix qui « se base sur la justice et qui nous permet d’accueillir les exigences de communion et d’harmonie ». Le Pape conclut le message vidéo en remettant « dans les mains de la Vierge Sainte, Mère de l’Amérique, ce Voyage Apostolique ainsi que toutes les intentions que nous portons dans le cœur afin qu’Elle, comme une bonne Mère, puisse les accueillir et nous montrer le chemin qui conduit vers Son Fils ».

Famille : le pari de Rosy et Léo

Famille : le pari de Rosy et Léo

2017-12-21-PHOTO-00000351Napolitains, lui travaille aux chemins de fer, elle comme comptable, Rosy et Léo Prisco sont tous deux retraités, sans en avoir d’ailleurs ni l’air, ni l’esprit. Leur histoire commence il y a 40 ans, à une époque où les couples qui en Italie choisissent de se marier civilement sont encore très rares. Mais ils sont agnostiques et pour se marier, ils vont à la mairie. Ce sont deux types tellement différents que personne, mis à part eux-mêmes, n’est disposé à parier un seul sou que leur couple tiendra. A la naissance du premier enfant, un doute apparaît : on le baptise ou non ? Ils en parlent avec le curé. « Pour nous agnostiques et marxistes convaincus – se souvient Rosy – il était impensable qu’un prêtre nous accueille d’une manière ouverte et amicale. Don Salvatore, non seulement n’a exprimé aucun jugement sur notre situation conjugale, mais il est devenu un ami, au point qu’on lui a raconté qu’on se disputait tout le temps. Oui, parce que c’était facile de faire les révolutionnaires en dehors, mais à la maison, qui devait cuisiner et tout faire ? C’était moi. Je me souviens que pour me faire entendre de Léo, (j’étais un peu folle, mais parfois ça marchait!) je faisais comme quand on allait  manifester dans les rues : je pendais aux murs de la cuisine, des affiches telles que : ‘’Tu es un tyran’’, ‘’Tu es en train de piétiner la parité homme-femme’’, etc. Don Salvatore nous a fait connaître d’autres couples. Eux aussi avaient des difficultés mais ils avaient appris à dialoguer, aussi parce qu’ils connaissaient un secret : se demander pardon et recommencer. Un exercice que nous avons nous aussi essayé de faire, à l’avantage de notre relation qui s’améliorait de jour en jour. Entre-temps, don Salvatore a accepté de célébrer le baptême de Francesco et six ans après, celui de Nunzio ». « Grâce à don Salvatore et aux autres familles – explique Léo – nous avons rencontré Dieu et son amour, et petit-à-petit, s’est éveillé en nous le désir d’être une famille selon son cœur. Nous nous sommes rendu compte que même si nous lui avions tourné le dos, Lui, étant amour, n’avait jamais cessé de nous parler. Comme il avait fait en ‘93, dans une chambre mortuaire d’hôpital. C’est là que, par hasard, nous avions croisé la douleur de deux parents : leur petit ange de trois ans était mort. Pour nous cela avait été un message fort : et si cela nous était arrivé à nous ? C’était ce même couple que, des années après, nous avons revus lors d’une rencontre des Focolari, invités par don Salvatore. De cette souffrance étaient nées trois maisons-famille pour enfants en difficultés ». 2017-12-21-PHOTO-00000353Pour Rosy et Léo, qui en ‘95 ont dit leur ‘oui’ dans le sacrement de mariage, avoir retrouvé Gino et Élisa dans le cadre des Focolari, n’a pas été un simple hasard. « Un lien s’est tout de suite établi – raconte Rosy – qui nous a amenés à offrir ma collaboration à temps plein comme maman de substitution dans une des maisons -famille de la Fondation Ferraro. Leo nous rejoignait après le travail. Ce furent six années merveilleuses, au cours desquelles nous avons eu la possibilité d’aimer avec le cœur beaucoup d’enfants qui passaient dans la Maison ‘Sorriso’ (‘Sourire’) des périodes plus ou moins longues, selon la situation dans laquelle se trouvait leur famille». « Cette expérience – confie Léo – nous a permis de prendre conscience que nous sommes des instruments dans les mains de Dieu et que le fait de pouvoir aider ne dépendait pas de qui sait quelles aptitudes. Nous deux, aujourd’hui comme hier, nous ne sommes pas une famille parfaite : nous voulons simplement nous mettre au service de qui nous représente Jésus. Comme cela fut pour les deux fillettes russes que nous avons accueillies dans notre maison, un rapport qui continue encore aujourd’hui alors qu’elles sont adultes ». Au début de l’année 2017, désormais en retraite, ils décident de fêter le 50ème anniversaire de Familles Nouvelles en se mettant encore plus au service de la réalisation des différents événements qui seront célébrés. Ils collaborent aussi dans une cantine pour la formation des jeunes. Mais si 2017 est terminé, le désir de donation ne l’est pas ! Depuis octobre dernier, ils se sont transférés à Loppiano pour y rester jusqu’en juillet et pouvoir suivre ainsi de près la logistique, les démarches administratives, les transports… au service de ces familles qui, de différents coins du monde, ont rejoint la Scuola Loreto (l’École Loreto) pour apprendre à être une famille selon le cœur de Dieu.      

Amour en acte. Et c’est toujours Noël

Amour en acte. Et c’est toujours Noël

IMG-20171213-WA0282La chaleur estivale de l’hémisphère austral a récemment servi de cadre à une rencontre avec la sociologie latino-américaine, que ses participants ont qualifiée de « fulgurante ». « Chaque fois que nous aimons, chaque fois que nous donnons, c’est Noël », résume au nom du secrétariat de Social-One Silvia Cataldi, chercheuse à l’Université « la Sapienza » de Rome, et co-auteur (avec Vera Araujo et Gennaro Iorio) du livre intitulé «L’amour à l’époque de la globalisation. Vers un nouveau concept sociologique » (Città Nuova, 2015), qui développe la dimension « publique » et sociale de l’amour comme force transformatrice au sein de la vie des communautés et des comportements collectifs. C’est au sujet de cette dimension de l’amour caractérisé par l’agapè que  le groupe de sociologues s’est interrogé, avec des moments de réflexion et de travaux pratiques.

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Vera Araujo

“En Uruguay – explique Silvia Cataldi – nous avons participé à un congrès international de 5000 sociologues, organisé par l’Association Latino-Américaine de Sociologie (Alas) avec la présentation d’un recensement et d’une méta-analyse des actions mues par l’amour agapè  dans le monde. Ensuite a eu lieu une table ronde sur le manifeste de la Convivialité, signé en 2013 par des philosophes, des sociologues, des économistes et anthropologues du monde entier, comme contribution des sciences humaines à l’art du « vivre ensemble ». Une occasion de connaître la sociologie latino-américaine et de remettre en lumière ce que  l’Amérique Latine peut donner au monde : une vision très vitale de la culture où l’étude, la coopération et la transformation sociale forment un tout, au service de l’humanité ». Ensuite, l’équipe de Social One – 60 étudiants et professeurs en provenance du Brésil, de Colombie, d’Argentine, du Chili et d’Italie – s’est rendue à Recife, au Brésil, où elle a participé à un séminaire auprès de l’Université Fédérale du Pernambouc, puis dans la Cité pilote Santa Maria où s’est déroulée la Summer School intitulée « l’ Agir – agapè et la réalité sociale : recherche sociologique en vue de  promouvoir le développement, pour construire l’avenir » : « Une école d’apprentissage réciproque sur le thème de l’agapè en action dans le domaine social, suivie d’un workshop dans les communautés des favelas voisines ». Les impressions recueillies à la fin traduisaient un profond renouvellement personnel, communautaire et spirituel. Nous avons parlé constamment et exclusivement de sociologie, mais l’amour qui régnait en nous et les idées de Chiara Lubich ont touché non seulement les esprits, mais aussi les cœurs ». IMG-20171218-WA0147Une étudiante brésilienne, assistante sociale, a commenté: “La Summer School a été pour moi la confirmation du rôle important de l’interdisciplinarité. Je travaille comme assistante sociale, en  contact avec la souffrance de personnes qui ont perdu leur dignité. Une compréhension nouvelle de la  personne engendre de nouvelles pratiques qui mettent en mouvement des forces latentes de la nature humaine ». Un professeur de Recife : « L’agapè n’est pas seulement un concept sociologique, mais il recouvre aussi  les domaines de la philosophie et de la métaphysique. J’ai vu que l’amour  agit aussi dans votre groupe. Dans cette perspective s’ouvre un dialogue animé par l’amour et la générosité ». Giuseppe Pellegrini, de l’Université de Padoue : « La rencontre avec les cultures latino-américaines est toujours enrichissante. C’est pour moi une façon de mieux connaître  mon Pays. La nécessité de mettre à l’épreuve nos catégories mentales et nos idées, la capacité d’interpréter la réalité sociale et ses mutations sont quelques uns des éléments les plus stimulants que j’ai trouvés. Trente ans après ma première expérience au Brésil, j’ai senti vibrer les mêmes sentiments,  la même énergie qui anime ce peuple si divers dans les manifestations de sa vie communautaire. L’effort accompli par les nombreuses personnes qui s’inspirent de l’idéal de Chiara Lubich a porté des fruits authentiques et respectueux de la vie latino-américaine. Agir selon cet amour-agapè est un effet de l’amour  réciproque, un élément générateur et contagieux, à la fois théorique et pratique, en mesure d’influencer les mutations sociales, culturelles et politiques ». Prochaine étape de Social One :  le congrès des 7 et 8 juin à l’Université italienne de Salerne (Italie), pour poursuivre le dialogue avec la sociologie contemporaine, mais aussi pour accueillir une Expo qui mettra en valeur les bonnes pratiques d’associations et d’institutions qui œuvrent dans le social.

Entreprise et solidarité peuvent aller de pair

Entreprise et solidarité peuvent aller de pair

Tassano_05Ce fut une “photo de Groupe” très particulière qui a été prise à l’occasion de la présentation publique, en présence des autorités et des protagonistes, du bilan social du Groupe Tassano, qui au fil des années est passé du statut de coopérative à celui d’un consortium, pour devenir enfin  un groupe de consortiums. Un ensemble composite, actuellement formé de 33 coopératives offrant des services diversifiés. Ceux-ci concernent directement un total 4700 usagers et de 100 000 indirectement, dans une région du Nord-Ouest de l’Italie qu’on peut traverser rapidement depuis le bord de mer, marqué par la végétation méditerranéenne, jusqu’aux montagnes qui, en hiver, sont toujours enneigées. Presque 700 employés, formés avant tout à l’esprit de l’Économie de Communion. « C’est une loi de l’économie qu’on n’utilise pas – a expliqué à cette occasion Luigino Bruni – mais qui existe. Les entreprises qui adhèrent à ce projet s’engagent à affecter leurs bénéfices dans trois secteurs : une partie est destinée à la création d’emplois, une autre à aider les pauvres et une autre enfin à diffuser cette culture. Un travail authentique, qui confère dignité : l’histoire de Tassano est une histoire d’amour, faite de travail et de travailleurs, qui a produit de la valeur et des valeurs ». Tassano_01Une histoire qui remonte à des années, lorsque, en 1989, deux amis, petits entrepreneurs locaux, Giacomo Linaro et Piero Cattani, avec 24 autres associés volontaires, liés au Mouvement des Focolari, donnent vie à une coopérative pour répondre aux nombreuses situations de malaise social présentes sur le territoire. La coopérative se développe et gagne progressivement la confiance de ses divers interlocuteurs, y compris du secteur public, en offrant de nouveaux services. Au bout de deux ans, les associés de la Tassano constatent que leurs objectifs coïncident pleinement avec le projet de “l’Économie de Communion”, lancé au Brésil par Chiara Lubich, afin d’étendre la solidarité à l’échelle mondiale: ils décident aussitôt d’y participer. Peu à peu, la croissance diversifiée des différentes activités, suivie de la naissance de nouvelles coopératives spécialisées, donne vie à un Consortium de réalités qui demeurent autonomes dans leur gestion, mais qui sont unies dans l’expérience. Elles agissent en effet toutes avec le même esprit dans le domaine social, éducatif, caritatif, au service des catégories sociales les plus fragiles, comme les personnes âgées seules, les handicapés, les malades mentaux, les chômeurs, mais aussi des familles, des enfants et des jeunes, ainsi que de l’entretien et la mise en valeur du territoire. En 1997, Tassano devient « Groupe d’Entreprises Coopératives », dans le but d’unifier les diverses expériences entrepreneuriales et sociales déjà existantes, mais aussi de fonctionner comme “incubateur” d’entreprises en vue d’innover. Dans l’avenir, tous les secteurs stratégiques convergeront dans des consortiums qui pourront consolider la croissance et favoriser un développement ultérieur. Tassano_03Maurizio Cantamessa, président du Groupe, explique: « Nous vivons une réalité très cohérente, avec un partage complet des valeurs et aussi une approche commune du travail quotidien : c’était le moment de nous regrouper, de nous consolider et de repartir. Le fait d’être concentrés sur le territoire est très important, parce que cela favorise les relations. Avec les institutions nous travaillons chaque jour au coude à coude. Ayant à faire avec les services à la personne il est important d’être là en personne ». Malgré toutes ces transformations, la “mission” du Groupe demeure inchangée : favoriser une conception de l’agir économique orienté à la promotion intégrale et solidaire de l’homme et de la société, sans pour autant renoncer à un fort ancrage dans le marché, en précisant des objectifs et des projets de développement d’entreprise qui puissent conduire à la création de nouvelles entreprises et donc à celle de nouveaux emplois. Pour démontrer que les idées, les principes et les valeurs  de la coopération peuvent se traduire efficacement dans des actions concrètes bénéficiant au travail, au territoire et à ses habitants. Entreprise et solidarité peuvent aller de pair.

Par delà tous les obstacles

Par delà tous les obstacles

Renzo_01     « Le titre de l’événement, « En construisant des ponts »,  choisi ensemble sans trop réfléchir, ne pouvait pas mieux tomber : la différence entre les jeunes des quartiers plus nantis et ceux des communautés plus défavorisées ne se voyait pas. Les équipes étaient composées de jeunes de dix à 18 ans,  tous confondus: les plus grands s’occupaient des plus petits, les plus petits animaient les plus grands. Les  communautés plus pauvres ne semblaient pas du tout assistées : tout le monde a profité de cette interaction ». Renzo Megli,  qui a pris part dès le début à l’organisation des Olympiades pour les juniors, met tout de suite les choses au clair en vue de la pleine réussite du projet. Et il en décrit la préparation avec passion. « On aurait dit qu’il n’y avait que des vents contraires. L’idée de perfection et le souvenir des camps sportifs ‘’professionnels’’ ou ‘’semi-professionnels’’ des éditions précédentes conditionnaient et bloquaient les esprits,  leur minaient le moral. Quant à moi j’étais heureux. Heureux de toutes les portes qui se fermaient, et du  lent et laborieux changement de direction : la seule possibilité qui restait était celle de porter les Olympiades dans le CEU, le  ‘’Condominio Espiritual Uirapuru. Nous commençons à travailler, décidés à réaliser l’événement.  Mais manifestement les frictions persistent, les boussoles sont encore perturbées par de vieux champs magnétiques. Stop ! Il faut choisir : continuer ensemble bien soudés ou nous arrêter ? Vaut-il mieux réaliser quelque chose de moins parfait, mais unis, ou de plus parfait mais divisés ? Ce seront des Olympiades différentes, moins professionnelles, peut-être moins ‘’chic’’. Mais c’est justement peut-être le souffle de l’Esprit qui nous amène à faire quelque chose de nouveau, de différent. Nous décidons de prendre une direction commune. Ceux  qui jusque là étaient contraires commencent  eux aussi à ramer dans le même sens. C’est alors seulement  que m’est revenue à l’esprit une conversation faite il y a longtemps avec un focolarino de quelques années mon aîné. Il m’avait donné ce conseil : ‘’Pour perdre une idée elle doit d’abord t’appartenir, comme si elle était ton enfant, chair de ta chair. Pense à une bouteille de champagne : elle doit être pleine avant qu’on la débouche et qu’on la laisse pétiller’’. Je me sentais ainsi, ‘’père ‘’ de mon idée, mais prêt à la perdre. ‘’En perdant’’ chacun la sienne, nous sommes tous ensemble devenus les ‘’parents’’ d’une idée plus belle, qui s’est affinée peu à peu ». Renzo-aRenzo poursuit : « Le responsable du CEU nous avait promis l’espace et le matériel. Tout le travail réalisé jusque là était basé sur cette disponibilité. Puis survient l’annulation : on ne peut plus utiliser cet espace. La dynamique  qui consiste à savoir perdre et à jeter en Dieu toute préoccupation était devenue désormais si quotidienne qu’après quelques minutes d’hésitation, nous avons pris cette adversité comme un signe clair de l’Esprit. Inviter les enfants de la communauté du CEU était la chose la plus importante, mais le temps volait et les inscriptions arrivaient lentement, de quoi avoir la gorge serrée: arriverions-nous au nombre minimum de participants ? Nous décidons alors d’ouvrir aussi les inscriptions à ceux qui ne peuvent pas participer pour des raisons économiques. Nous voulons nous fier à la Providence. Beaucoup de sponsors se manifestent et toutes les dépenses, y compris  celles imprévues, sont couvertes. Les sourires des enfants du CEU, venus en grand nombre, est devenue l’icône de nos Olympiades. Animateurs, parents, joueurs, tous rayonnaient d’une joie extraordinaire. Un enfant d’une communauté du CEU a dit :’’Ici j’ai trouvé mon père’’, à propos d’un jeune plus âgé qui l’avait réellement accueilli et écouté. Parmi les participants il y avait aussi les jeunes filles de Lar Santa Mônica, une communauté  qui accueille les adolescentes victimes d’abus sexuels domestiques. Elles étaient arrivées un peu contrariées et avec le seul désir de retourner tout de suite à la maison. Elles ont cependant participé jusqu’à la fin. Nous les avons vues repartir heureuses. Cette transformation a été une des plus belles victoires de nos Olympiades.  

La découverte de George

Si cela n’avait pas été grâce à un groupe d’amies, institutrices pour une école de la rue, accoutumées à la misère et aux désagréments, je n’aurais jamais connu cet aspect de ma ville : les pauvres. Et bien, Saïgon, ou comme on la nomme aujourd’hui, Ho Chi Minh City, est aussi cela : pauvreté, désagréments, souffrances. A Noël et pour les grandes fêtes, on a l’habitude d’aller nous balader, près ou derrière les fameux bars à bière, et de chercher dans de véritables taudis sombres, puants et infestés de taupes, quelques familles pauvres, ou plus, excessivement pauvres. Je croyais avoir vu la pauvreté en Thaïlande, parmi les réfugiés karen et les migrants sur les montagnes du nord, et sur les canaux sales de Bangkok, mais ce que j’ai vu aujourd’hui à Saïgon, dans la ‘’Milan du Vietnam’’, je ne l’aurais pas imaginé. Petites pièces où vivent 12 personnes, et peut-être aussi trois chiens. J’en ai une telle nausée, quand j’entre dans ces endroits, mais avec beaucoup d’efforts, j’arrive à me retenir. Mais puis, les visages de ces enfants qui s’illuminent, de ces mamans qui te regardent intensément pour te dire ‘’merci’’ quand tu leur apportes un sachet de 5 kg de riz , ça te remet de ta fatigue et de tes émotions et te donne envie de vivre et la joie de te sécher, après une pluie qui t’a complètement trempé. Et puis il y a les crèches à Saïgon, et tellement d’étoiles filantes au-dessus de nombreuses maisons et même quelques sentiers tous illuminés, qui donne une couleur et une chaleur toute particulière à cette ville, qui n’est pour rien au monde ‘’froide’’, impersonnelle, détachée : et ni même athée. On y découvre les étoiles et les crèches, car tu les vois partout, et elles t’apparaissent à tous les coins de rue : tu les découvres presque à l’improviste. Parmi toutes, les crèches des marchés populaires, de nuit, presque à l’abri des déchets ménagers d’une journée entière m’ont impressionné : ou bien celles qui sont dans un sentier perdu de la périphérie mais illuminées grâce à deux grosses crèches installées justement dans la rue. Et puis, au-dessus des maisons, de nuit, les étoiles fluorescentes qui s’allument par intermittence. Revenant cette nuit à la maison, après le tour réalisé chez les pauvres, j’ai regardé ce spectacle, qui m’a rempli d’un grand sens de gratitude : même si je me trouve loin de chez moi, le sens de Noël ne me manque pas. Le Pape François, l’an passé a dit : « Noël est la fête des faibles, car on fête un enfant, signe de fragilité, petitesse, humilité et amour ». Aujourd’hui, je comprends un peu mieux ces paroles : cette nuit qui est désormais derrière les épaules car il fait bientôt jour, a été illuminée par l’amour que j’ai vu parmi les gens qui sont venus pour aider, secourir, montrer de la proximité à ceux qui souffrent. Encore une fois, la nuit culturelle que nous vivons est illuminée par ces ‘’crèches vivantes’’, par des personnes, qui ont fait de cet Enfant, la réelle raison de leur propre vie. Et j’ai compris que le vrai message de Noël n’est pas mort, mais ce message d’amour, de compréhension, de tendresse, est vivant, et je l’ai vu : il était tout-à-fait dans le geste de prendre un petit handicapé de trois ans dans les bras, et de le serrer bien fort contre soi. Et cet enfant s’est laissé soulager par ce visage inconnu. Toute la technologie des présents et futurs robots (‘’la nouvelle frontière commerciale’’ qui vient de l’Asie et dont on parle tant ici) ne réussiront jamais à faire ce miracle : l’amour. Car l’amour est gratuité. L’amour n’est pas un devoir et personne ne peut te le commander ou programmer. C’est un don qui naît de l’intérieur. J’ai vu des visages s’éclairer et croire que la vie, demain matin, ira de l’avant et qu’elle sera meilleure qu’hier. Mon Europe ne me manque pas en ce Noël. Car là où il y a l’amour, se trouve aussi ma maison. Saïgon est aussi ma maison.