Mouvement des Focolari
Ecosse : donnons des ailes à l’unité

Ecosse : donnons des ailes à l’unité

20170316-05Ancien petit bourg médiéval, Glasgow  est aujourd’hui  l’un des principaux hub (centre) de la Grande Bretagne pour le commerce transatlantique, spécialement vers l’Amérique du Nord. Port fluvial sur le Clyde, elle est tournée vers l’avenir  tout en étant forte d’une longue tradition culturelle. Depuis 1451 elle abrite la plus antique université en Ecosse. Dans ce siège prestigieux, qui a formé sept prix Nobel et qui a écouté Albert Einstein illustrer la théorie de la relativité, le mouvement des Focolari et la Société Islamique Ahl Al Bait ont organisé, le 27 février dernier, un cours public sur dialogue et unité entre personnes de convictions religieuses différentes. Une soirée intitulée « Unity in God and Unity of God ». Parmi les invités, le professeur Mohammad Ali Shomali, Directeur de l’Institut International pour les Etudes Islamiques de Qum (Iran), actuellement responsable du Centre Islamique de Grande Bretagne, personnalité bien connue du monde chiite, et M. Paolo Frizzi, professeur de Théologie et de pratique du dialogue interreligieux à l’Institut Universitaire Sophia de Loppiano, près de Florence, où il coordonne le Centre de Recherche et de Formation « Sophia Global Studies ». Le lendemain, le Prof. Shomali a tenu une conférence devant les membres du Parlement écossais. 20170316-01Cette amitié entre l’Institut Universitaire Sophia et l’académie chiite dure depuis longtemps. Elle a donné vie, l’été dernier, à un projet de recherche et de dialogue au titre suggestif « Wings of Unity », « Des ailes pour l’unité », auquel participent  des chercheurs chrétiens et musulmans. Le prof. Frizzi explique : « J’ai présenté la méthodologie et l’esprit d’unité que développe notre Institut. Nous travaillons sur une approche universitaire de type intégré où  l’application et l’expérience font écho à la théorie. Par exemple, dans le cours sur le dialogue interreligieux nous sommes trois professeurs de formation universitaire et expérimentale différente, mais nous essayons de développer un programme commun, fruit de l’écoute réciproque. Nous effectuons ainsi une sorte de parcours en dispensant nos cours ensemble, en y associant la participation active des étudiants”. 20170316-03Wings of Unity, explique le professeur de Sophia, voudrait concrètement offrir un espace de dialogue où d’un côté l’on pourrait approfondir ce que signifie « unité en Dieu et de Dieu », en clarifiant les éléments communs et les différences ; et de l’autre explorer comment cette unité peut être vécue concrètement, afin de guérir les plaies et résoudre les divisions. « Trop souvent les initiatives interreligieuses restent un sujet limité à peu de gens, sans impact concret. Actuellement le moment est délicat, nous devons composer avec  la transition vers un  nouvel ordre mondial incertain: une plus grande interaction et interdépendance s’accompagnent de divisions douloureuses qui brise l’unité des sociétés. La globalisation a probablement échoué en essayant de construire une société durable, en témoignent les institutions trans-nationales qui ne parviennent pas à assurer un espace stable où cultures et religions peuvent se rencontrer sans risquer de perdre leur identité.Si cela est vrai, il y a par ailleurs des expériences d’engagement et de dialogue bottom-up qui, au contraire, enrichissent la vie des quartiers et unifient les communautés.Elles partent de la base et aident à repenser l’unité de la diversité”. Comme dit le pape François dans Evangelii Gaudium, le dialogue se réalise dans un monde qui n’est ni pyramidal (où quelques-uns sont à la tête de beaucoup d’autres) ni sphérique (sans différence d’aucun genre), mais polyédrique, où toutes les parties sont en convergence les unes avec les autres, chacune ayant sa propre individualité. 2017-03-16-02Le Prof. Shomali intervient au sujet de la question de  l’identité et de la confrontation,: « Si nous réfléchissons sur le développement des religions, nous nous rendons compte qu’une question s’est toujours posée : comment rassembler les gens, en les convainquant qu’en restant dans le cercle, on se trouve mieux ». Cette conception a engendré la distance, parce qu’elle exprime non pas tellement « qui nous sommes », mais plutôt « qui nous ne sommes pas », selon un modèle identitaire basé sur la peur et l’exclusion. Si cela a bien fonctionné dans le passé, c’est parce que le monde était très fragmenté, sans grandes occasions de rencontres entre les personnes de convictions religieuses, ethnies ou cultures différentes. Il en est autrement aujourd’hui, dans un monde où l’identité est plus fragile et plus nuancée. Voilà pourquoi, le chercheur chiite soutient que « nous avons besoin d’une nouvelle compréhension basée sur ce que nous pouvons offrir aux autres et ce que nous pouvons apprécier chez eux. Se rapporter aux autres est essentiel. Je ne peux pas être un bon musulman, ou chrétien – ou un bon iranien ou écossais – si je ne sais pas entrer en relation avec les autres personnes et les contenir dans mon identité ». Il faut donc repenser la conception même d’identité : « Le corps humain contient plusieurs organes, chacun a sa fonction. Cependant, aucun ne survit s’il est isolé ». Puis il conclut : « Lorsque je regarde le Coran, je vois que c’est le plan de Dieu. Dans sa création et sa révélation, Dieu nous a montré la route vers l’unité ».

Famille : une blessure transformée en or

Famille : une blessure transformée en or

20170228-aFederico: Un italien et une paraguayenne : combien de probabilités de se rencontrer ? Et pourtant, cela nous est arrivé il y a sept ans, en fréquentant tous deux un centre latino-américain à Rome, moi pour donner un coup de main à l’animation, elle pour parler un peu sa langue. Nos regards se sont croisés et nous avons commencé notre relation. Les restrictions économiques nous obligent cependant à quitter la grande ville pour aller vivre dans le village de mes parents, également parce qu’un événement approche : l’attente d’un enfant, un de nos vœux les plus chers. Le bonheur ne manque pas, mais le stress de la naissance et le changement de vie rapide ne nous donne pas le temps de respirer. Laura : La situation n’était pas vraiment facile et de plus, Maman, qui s’occupait de mon papa invalide et de mon frère cadet, tombe gravement malade. Je ne peux pas ne pas me rendre tout de suite en Uruguay, au moins pour deux mois, aussi parce que peut-être n’y aura t-il plus le temps de faire connaître le petit à Maman. Mais entre-temps, Frederico et moi vivons déjà sur deux planètes différentes : personnellement, je suis toujours seule à la maison avec l’enfant et lui est toujours à l’extérieur pour fuir les nombreuses tensions qu’il y a entre nous. Quand nos regards se croisent, il y a seulement rancœur, fatigue, incompréhension. « A mon retour  – lui dis-je en partant – ou on se sépare ou on restera ensemble pour toujours ». Federico : La distance physique devient aussi la distance du coeur. Les mois passent, elle ne revient pas, et moi, je me retrouve sur un autre chemin. Par honnêteté, je sens de devoir lui dire que je ne veux plus retourner avec elle et que peut-être vaut-il mieux qu’elle reste là où elle est. Laura : La souffrance est grande même si je m’y attendais. Je rassemble toutes mes forces, mets de côté la souffrance et décide de rentrer en Italie, tout en étant consciente que désormais il y a peu de probabilité que cela redevienne comme avant. En effet, même quand je reviens à la maison, lui ne veut plus rien savoir en ce qui concerne notre vie commune. Federico : Un jour, je me confie à mon frère en lui racontant ce que je vis et lui me parle d’un couple qui a beaucoup d’expérience et qui pourrait peut-être nous aider. La proposition ne me convainc pas vraiment mais pour finir, pour le bien de l’enfant, je l’accepte : peut-être ces deux personnes nous aideront-elles à nous séparer sans déchaîner une guerre – pensai-je -. C’était un après-midi de fin mai. Dans le jardin dans lequel nous nous rencontrons, les cerises sont mûres, tout parle d’espérance et de paix, mais nos cœurs brûlent de sensations contrastées. La main  vigoureuse de cet homme sert la mienne et la délicatesse de sa femme provoquent en moi un frisson d’étonnement. Je vois que Laura en est également touchée. La conversation dure une demi heure. Le soir même, je coupe avec tout ce que je vivais et je retourne à la maison. En rentrant, les larmes coulent sur mon visage, mais l’âme est en train de commencer à voler : peut-être y arriverai-je ! Vaso_oroLaura : Quand je vois Frederico revenir à la maison, je n’arrive pas à y croire. Le nouveau rendez-vous avec ce couple se passe à la citadelle de Loppiano (Florence), où nous rencontrerons des couples amis de ce couple et d’autres en crise comme nous. Mais le changement en nous a déjà commencé. Pendant la session organisée par les Familles Nouvelles des Focolari, la première chose dont on parle – presque comme un jeu – c’est de l’art japonais du kintsugi, selon lequel un vase en céramique qui est cassé ne doit pas être jeté mais bien collé avec de l’or. En faisant ainsi, on le rend encore plus précieux. La nouvelle atmosphère qu’on respire ici nous régénère sans que nous ne nous en rendions compte. Nous comprenons que l’or qui peut recomposer notre couple est le pardon que nous nous demandons l’un à l’autre et que nous trouvons la force de nous donner réciproquement. Federico : La spiritualité de l’unité sur laquelle est basée notre session, les conseils des experts, l’aide d’autres couples : un mix qui renforce notre volonté de renaître comme couple et donne un élan fondamental à notre changement. Depuis lors, chaque jour, nous nous déclarons être prêts à recommencer, sans rien considérer d’acquis une fois pour toutes et en faisant l’effort de vivre dans la peau l’un de l’autre. Laura : Après deux ans, nous sommes arrivés à prendre une décision importante : nous marier à  l’Église, pour faire en sorte que l’Amour par excellence veille sur nos vies et continue sans connaître de fin. Maintenant nous attendons notre deuxième enfant qui naîtra en juillet. Dieu-Amour a su écrire droit sur nos lignes tordues.  

Au Nigéria, une école transformée en Mariapolis

Au Nigéria, une école transformée en Mariapolis

20170224-03Le St Joseph’s College s’est transformé, pendant trois jours, en un petit laboratoire de fraternité: les jeunes étudiants (âgés de 9 à 18 ans) ont vécu côte à côte avec leurs professeurs, leurs familles, mais aussi beaucoup d’autres participants, jeunes, adultes, personnes âgées, venus d’autres villes. La Mariapolis a été animée par la communauté locale de Jos, mais aussi par d’autres communautés comme celle d’Abuja (à 4h de route) et d’Onitsha (12h). Il y avait aussi quelques jeunes des Focolari de Lagos. Au Nigéria, Pays des très grands espaces, les longs voyages, parfois semés d’embûches, sont souvent un obstacle. Mais pour soutenir la Mariapolis au St Joseph’s Collège personne ne s’est arrêté. Et l’école a ouvert ses portes pour accueillir jeunes et moins jeunes, étudiants, enseignants, ouvriers. Parmi les « mariapolites », il y a aussi John Maigari, ancien professeur et élève du Collège, aujourd’hui en retraite. Il avait été aussi l’un des responsables du service diocésain de l’Éducation. John Maigari avait lui-même, de nombreuses années auparavant, vécu une Mariapolis, où chacun considère l’autre comme un frère tout en cherchant à aimer et à se mettre au service. Après de nombreuses années et désormais retraité, il voulait faire expérimenter cette même vie aux élèves de son établissement. Et sa proposition fut bien accueillie. 20170224-01Ainsi, pendant trois jours, l’école a fait peau neuve. Les moments de réflexion et d’approfondissement se sont consolidés dans le concret de la vie. Répartis en groupes, les étudiants d’âges différents  ont vécu côte à côte avec leurs enseignants  et tous les autres participants. Ils ont aussi partagé les divers moments de la journée : ensemble ils ont cuisiné, fait la vaisselle, rangé la salle qui accueillait le rassemblement, nettoyé les toilettes et le parc de l’école. Pour certains c’était la première fois : ils n’avaient jamais rien fait de semblable. Même le Directeur du Collège s’est mis à la vaisselle ! Un grand livre, destiné aux étudiants, a recueilli leurs impressions  et leurs commentaires. Il « raconte » trois jours de vie authentique ! Cette retraite a changé leur vie, disent-ils. « L’unité vécue au cours de ces journées nous a frappés dès que vous avez franchi le seuil de l’école ». Unité que les paroles de Chiara Lubich et le témoignage des membres des Focolari leur ont transmise. 20170224-02« Je me sens très heureux et enthousiaste – écrit Nipps – parce que ces jours ont été merveilleux. J’ai fait de nombreuses expériences et j’ai été touché de façon spéciale par l’amour que le groupe des personnes qui animaient le programme vivaient entre elles ». « Jusqu’ici ma vie n’était pas complète – raconte Keivin – parce que je ne sentais pas du tout que Dieu est vivant et existe vraiment. Désormais je crois vraiment en Dieu ». « Cette retraite n’est pas comme les autres – ajoute Daong -. Vous avez partagé nos repas, dormi dans notre collège ». Dans cette région du Nigéria, pendant des années, il y a eu de nombreux épisodes de violence entre chrétiens et musulmans: des semences de haine ont sillonné le Pays. Ces jeunes étudiants portaient sur les épaules ce lourd fardeau. Au cours de la Mariapolis de Jos, ils ont pu expérimenter une « autre vie » : la puissance que représente l’arme de l’amour de Dieu et de l’unité.

Première Mariapolis à Dubaï

Première Mariapolis à Dubaï

Mariapolis Dubai_02 « Nous sommes dans ces pays des Émirats arabes pour raison de travail – raconte Claudia -. Nos milieux de travail sont souvent caractérisés par une forte compétitivité, accompagnée de difficultés d’intégration et souvent avec un manque de temps pour construire des relations interpersonnelles simples et authentiques. L’Église catholique à Dubaï est vivante, joyeuse, et sans complexes. La messe quotidienne, qui compte plus de 2000 fidèles – en majorité des philippins, des pakistanais et des indiens – est fort animée et suivie avec un grand recueillement. Dans notre communauté locale également, nous sommes tous des étrangers et essayons de donner un témoignage évangélique dans les différents milieux que nous fréquentons, apportant amour et unité autour de nous. Nous sommes nombreux à connaître et à vivre la spiritualité de l’unité que nous avons rencontrée dans nos pays d’origine. Et nous essayons de la proposer à ceux qui nous sont proches, justement comme remède à la vie frénétique et individualiste qui se vit ici. La rencontre mensuelle de la Parole de Vie est pour nous d’une importance capitale. Nous la lisons ensemble et essayons de l’approfondir ainsi que de partager les expériences issues de sa mise en pratique. Le passage de Maria Voce et de Jesús Morán, en janvier 2016, alors qu’ils se rendaient en India, a donné un nouvel élan à notre exigence de porter l’idéal de l’unité à beaucoup de gens, en restant reliés entre tous ».  « Le fait d’inviter les personnes avec lesquelles nous sommes en contact, à participer et à vivre l’expérience de la Mariapolis que nous avons préparée avec grand soin, a donc été naturel explique Amjad -. Les 27 et 28 janvier derniers, 65 personnes originaires de 12 pays (4 du Moyen-Orient, d’autres du Pakistan, des Philippines, du Brésil, du Japon, de l’Italie et du Cameroun) se sont donné rendez-vous à Ras Al Khaimah, un Émirat proche de Dubaï, afin de vivre notre première Mariapolis dans ces terres. L’émotion était grande ! Pour quelques-uns, se retrouver finalement  après tellement de temps semblait être un rêve. Ils ont été accueillis dans la paroisse du Père Willy, originaire des Philippines. Le thème choisi : ‘’Unity in diversity’’, reflétait très bien les réalités et les défis que nous tous, nous vivons ». « J’ai été fort touchée – écrit un jeune de l’Inde – par ce que nous avons entendu de Chiara Lubich sur la ‘’technique’’ pour construire l’unité. Maintenant je veux la mettre en pratique ». Et une femme des Philippines : « Découvrir que Jésus, au moment où il se sent comme abandonné par le Père, peut devenir ‘’clé de l’unité’’ : cela me remplit d’espérance dans la mesure où j’essaie de l’imiter ». C’est dans une atmosphère de grande joie que se sont partagées joies et difficultés, aussi bien dans les rencontres de groupes que dans la salle, ainsi que l’exigence d’une vie partagée avec d’autres personnes. Il y a eu des moments de jeux, de prière, une soirée ‘’interculturelle’’ avec un programme récréatif : des chants, vidéo, représentations, danses…qui impliquaient tout le monde. « Une attention particulière a été donnée également au programme des enfants et plusieurs d’entre eux ne voulaient plus rentrer à la maison… », raconte Claudia. « Cela a été comme une ‘’oasis’’  – explique Amjad – où chacun a retrouvé une famille avec la présence spirituelle de ‘’Jésus vivant’’. « Ces jours-ci, s’est réveillée en moi la flamme de cet idéal que j’ai connu il y a longtemps – confie un brésilien – ; maintenant je veux donner ce ‘’feu’’ à d’autres ». « Il nous semblait à la conclusion – écrivent Mia et Michel – que ceux qui rentraient dans leur pays ou dans leur Émirat comme Oman, Qatar, Bahreïn, emmenaient avec eux un ‘’un peu de fraternité’’ vécue dans la Mariapolis. Le désir de chacun de continuer à vivre ainsi dans le milieu qui lui est propre semblait évident, en portant à tous l’espérance. Maintenant, grâce aux réseaux sociaux, nous sommes reliés en essayant de nous aider à vivre les uns pour les autres, ouverts à tous ».

Ouganda : témoignages de l’Economie de Communion

Ouganda : témoignages de l’Economie de Communion

RitaA 25 ans du lancement du projet pour une Économie de Communion (EdC), parmi les 1200 entrepreneurs et chercheurs en économie, reçus par le pape François le 4 février dernier, se trouve aussi Rita Najjingo, jeune responsable d’entreprise ougandaise. 73% de la population de son pays sont des jeunes entre 18 et 30 ans, dont 47%  au chômage. « Beaucoup d’entre eux essaient de lancer de petites activités de production – nous informe Rita – mais par manque de capitaux et le peu de capacités de gestion, leurs entreprises font faillite dès qu’elles voient le jour.» L’idée de l’EdC débarque aussi sur le continent africain ces dernières années, et s’affiche tout de suite comme une solution possible. En 2015 quelques entrepreneurs et chercheurs ougandais participent à un congrès à Nairobi (Kenya) pour connaître ce projet économique qui privilégie avant tout la personne. De retour en Ouganda ils en parlent avec les communautés locales et les premières initiatives naissent : à Ibanda, dans la partie occidentale du pays, le projet débute sous la forme d’un micro-crédit pour aider un ancien détenu à retourner à l’école ; à Lira, dans le nord, de la même manière ils arrivent à construire une petite maison pour une femme âgée ; puis c’est le départ d’une plantation d’ail et ainsi de suite. “ A Kampala – raconte Rita – nous avons pensé faire participer avec nous des employés d’un Centre de santé proche des Focolari, qui disposent d’une source de revenu sûre. L’idée de pouvoir faire des prêts, avec leurs économies mises en commun, à ceux qui ont l’intention de commencer une activité mais ne disposent pas de capital suffisant, les a enthousiasmés. Un expert a organisé avec eux un stage d’une semaine qui a donné naissance à une association d’épargnes et de prêts. 20170220-01En général la somme allouée à titre de prêt ne dépasse pas le triple du capital dont dispose le requérant. Le remboursement commence quatre semaines après, en ajoutant un petit pourcentage pour le renouvellement du capital social. En trois mois la dette est totalement remboursée. Avant de faire un prêt, le groupe de base s’informe sur le genre de business que les demandeurs veulent entreprendre, et leur offre des suggestions utiles en les accompagnant dans leurs premiers pas. Avec le temps une plateforme d’experts en management s’est constituée, elle est apte à offrir des conseils sur la gestion d’entreprise, sa subsistance et le marketing. L’un d’eux a demandé un prêt pour fabriquer des sacs artisanaux, un autre jeune pour acheter une mobylette pour ensuite la louer et organiser lui-même des transports. Par la suite, avec un deuxième prêt et en vendant la vieille moto, il en a acheté une plus puissante. Maintenant il fait l’achat-vente de motos d’occasion, en embauchant deux autres jeunes. Un membre de la communauté a investi son prêt dans des plants de sésame qu’il revend sur le marché de l’alimentaire. Lui aussi a pu assumer des jeunes qui l’aident à distribuer et prélever la marchandise, en facilitant ainsi le travail des producteurs. Par cette initiative de prêts continue Rita – j’ai moi aussi réussi à créer une société enregistrée régulièrement qui s’occupe d’articles et de fournitures de bureau. Après avoir épuisé le premier prêt, j’en ai ouvert un autre pour amplifier l’activité avec un service de transfert d’argent via internet. Actuellement j’ai quatre centres d’assistance qui donnent du travail à 4 jeunes femmes, dont 3 sont mères célibataires ». Une moto, une maisonnette, de l’ail, du sésame, petits signes dans lesquels, le pape François, dans son discours aux acteurs EdC, voit cependant le germe d’un changement : « … les changements dans l’ordre de l’esprit et donc de la vie ne sont pas liés aux grands nombres. Le petit troupeau, la lampe, une monnaie, un agneau, une perle, le sel, le levain : voilà les images du Royaume que nous trouvons dans les évangiles. Il n’est pas nécessaire d’être nombreux pour changer notre histoire, notre vie ». (4 février 2017, salle Paul VI).

Un Père Blanc en Afrique

Un Père Blanc en Afrique

Preghiera.jpg1J’étais à la fin de mes études secondaires. Dès mon enfance, lorsque l’écoutais les récits de mon oncle missionnaire au Congo, j’étais fasciné par l’Afrique. Je n’aimais pas le style de vie bourgeois de la société belge, quand je voyais la pauvreté et les injustices sociales partout dans le monde. La pensée de Julius Nyerere m’intéressait, c’était le premier président de la Tanzanie (son procès de béatification est en cours, ndr). Son concept de Ujamaa (en swahili ‘être famille’) fut la base des politiques de développement économique et social qui, après l’indépendance vis-à-vis de la Grande Bretagne, avait mené la Tanzanie à la construction d’une coexistence pacifique entre les tribus et les groupes ethniques. Sa pensée se fondait sur la tradition africaine et sur l’exemple des premières communautés chrétiennes raconté dans les Actes des Apôtres. J’ai demandé de pouvoir entrer chez les Pères Blancs, pas tellement dans le souci de discerner ma vocation, mais parce qu’ils travaillaient en Tanzanie. Nous nous sommes mis d’accord pour faire connaissance pendant un an. Arrivé dans leur maison, auprès de l’université de Louvain (Belgique), j’ai commencé à faire partie d’un groupe maoïste d’extrême gauche, à leur insu. Nous avons organisé des actions en faveur des pays du tiers-monde et pour l’indépendance de l’Angola et du Mozambique. Pendant une manifestation, la police a trouvé mon nom sur des tracts et est venue m’interroger. J’ai pensé qu’il valait mieux changer complètement de route. De plus j’étais déçu de mes amis, parce que j’étais le seul à payer le prix de nos actions. En revanche, le directeur spirituel m’invita à rester et à prendre contact avec un groupe d’étudiants qui se réunissait chaque mois chez eux. Je les avais entrevus, j’avais l’impression qu’ils avaient la tête dans les nuages, ils parlaient de Jésus et d’Évangile. Mais j’ai accepté. La première fois que j’ai participé à une de leur rencontre, j’écoutais en silence. Ils racontaient comment ils essayaient de mettre en pratique l’évangile. A la fin ils m’ont demandé ce que j’en pensais. « L’Évangile existe depuis deux mille ans et le monde est toujours plein d’injustices, d’exploitation et d’oppression ». « Si tu veux changer le monde, commence par toi-même », me répondit l’un d’entre eux. Je n’ai pas su comment contrecarrer. « Par où ?” ai-je demandé. Il mit dans mes mains la Parole de Vie de ce mois-là: “Ne juge pas et tu ne seras pas jugé ». Le lendemain, même si je m’y suis mis à fond, je me suis aperçu que je jugeais toujours les autres.  Ce n’était pas pour moi. Je retournai les voir pour dire que c’était impossible de ne pas juger. Ils m’incitèrent à ne pas me décourager et à recommencer après l’échec. Rentré chez moi, j’ai prié Jésus Eucharistie : « Si Tu veux que je vive de cette manière, aide-moi, parce que tout seul je ne peux rien faire ». Une fois terminée l’année universitaire, j’étais sûr que les Pères m’auraient demandé de m’en aller. Au contraire ils me dirent avoir remarqué un changement en moi et que, si je voulais, j’aurais pu commencer ma formation. Grâce au contact fréquent avec ces jeunes, les gen, qui vivaient la communion des biens entre eux, et l’aide du responsable des Focolari en Belgique, j’ai trouvé ma voie et je suis devenu missionnaire. Vivre pour les autres me donnait une grande joie et c’est comme cela que j’ai découvert le grand idéal de l’unité de Chiara Lubich et du mouvement. Avant de partir pour l’Afrique, en 82, j’ai été ordonné prêtre. Le défi le plus grand a été de chercher un dialogue profond avec la population du lieu, en pratiquant l’art de « se faire un ». J’ai étudié leur langue et la culture locale, pour m’approprier les coutumes des gens. Je fais l’expérience qu’à la lumière de l’Évangile, tout ce qui est beau, bon et vrai s’élève à un niveau plus haut, le reste s’évanouit peu à peu.