Mouvement des Focolari
Du Cameroun à Rome sous le signe de la miséricorde

Du Cameroun à Rome sous le signe de la miséricorde

Chiara a FontemUne délégation de 40 personnes est sur le point d’arriver à Rome en provenance du Cameroun, composée de neuf Fon, les Rois traditionnels du peuple Bangwa de Lebialem, au sud-ouest du Cameroun. Il s’agit des Fon-Fontem, Fon-Nwametaw, Fon-Nwangong, Fon-Esoh Attah, Fon-Akum, Fon-Lewoh, Fon-Nkar, Fon-Bamenda et Fon-Douala, accompagnés des Mafuas (Reines), de deux maires et de notables de ces Royaumes. Les Fon ont souhaité effectuer ce voyage en Italie pour célébrer le Jubilé de la Miséricorde avec le Pape François et remercier Dieu pour le 50e anniversaire de la première rencontre à Fontem entre le peuple Bangwa et le Mouvement des Focolari. Ce « pèlerinage »  débutera au Vatican par une rencontre avec le Pape lors de l’audience générale de mercredi 21 septembre. Les Fon pourront le saluer au nom de toute la délégation et de leurs peuples, en lui offrant des présents typiques de leur culture pour le remercier pour tout ce que l’Église a fait pour leurs populations. Les jours suivants, ils seront les hôtes du Mouvement des Focolari. Ils visiteront les lieux où Chiara Lubich est née, a vécu et est enterrée : Trente, Loppiano (Florence) et Rocca di Papa. C’est elle en effet, avec les Focolari, qui a répondu aux prières du peuple Bangwa, qui lui étaient parvenues par l’intermédiaire de Mgr Peters, évêque de Buea, au début des années 60. À cette époque, l’endémie de maladie du sommeil et d’autres maladies tropicales provoquait une mortalité infantile de 90 % et menaçait la population d’extinction. FontemCameroonAujourd’hui, ces maladies ont pratiquement disparu et l’hôpital – qui comprend un centre de soins ambulatoires, un laboratoire d’analyses, une salle d’opération et des services de médecine interne masculine et féminine, de chirurgie, de maternité et de pédiatrie, sans oublier la création toute récente d’un centre de maladies infectieuses – est un pôle d’excellence pour les soins envers la population de toute la région. Au début des années 70, une centrale électrique a aussi été construite, ainsi qu’une menuiserie, une école maternelle et un collège. Ce dernier, qui compte plus de 500 élèves, compte parmi les meilleurs instituts pré-universitaires du pays. Au cours de ces 50 ans, l’engagement évangélique, basé sur des faits, a impliqué la région de Lebialem tout entière en mettant en valeur la culture de ce peuple. En vivant la réciprocité, nombre de ses ressortissants ont accueilli le message chrétien dans leur vie personnelle et sociale. Durant cette période, sont nées plusieurs paroisses, le diocèse de Mamfe, d’autres écoles et infrastructures publiques et administratives gouvernementales, comme autant de fruits du travail collectif engagé avec des missionnaires et des sœurs de différentes congrégations, Cette histoire est le bagage qu’amènent avec eux les neuf Fon. Une histoire pour laquelle ils souhaitent remercier Dieu et la « Mafua Ndem Chiara Lubich » (reine envoyée par Dieu), comme le peuple Bangwa aime l’appeler. Une rencontre de la délégation Bangwa avec les médias est prévue Mercredi 21 septembre à 12h30 (après l’audience avec le Pape François à la salle J.H. Newman de l’Université Urbanienne. Autres infos: http://focolare-fontem.org/ Voir vidéo:   General Hospital, Fontem Communiqués de presse  

Le Gabon dans une impasse

Le Gabon dans une impasse

20160914-01« Lorsque l’on m’a proposé d’aller rendre visite aux communautés des Focolari au Gabon, j’ai cherché sur Google Earth pour découvrir dans quel endroit du continent africain il se trouvait. Il s’agit en fait, d’un petit pays dont on parle peu ou pas. Et pourtant il y a peu d’endroits au monde aussi beaux, aussi riches en ressources (pétrole, bois précieux, forêts, espèces en voie de disparition, parcs naturels, 800 km de côte, fleuves, une mer à faire rêver…). Sans parler des personnes : moins de 2 millions d’habitants de 40 ethnies différentes, chrétiens, animistes et musulmans, habitués à vivre pacifiquement ensemble et – je dois le dire – d’une capacité d’accueil personnelle extraordinaire, voilà ce que j’ai pu expérimenter dans mon cœur. Aujourd’hui, le Gabon se trouve dans une impasse politique compliquée, après les élections du 27 août et l’annonce de la victoire d’un des deux candidats à la présidence. Tout le pays ainsi que la communauté internationale, demandent vivement la transparence en rendant officiels les résultats de chaque région et pas seulement le résultat final, comme le prévoit la constitution gabonaise. Dans ce cas particulier, de fait, le résultat n’est pas convaincant pour une grande partie de la population qui est descendue dans la rue, autant à Libreville (la capitale) qu’à Port-Gentil (ville industrielle). Les différentes manifestations ont été maîtrisées et réprimées, malheureusement avec un nombre imprécis de morts et beaucoup d’arrestations. Les moyens de communications non officiels étant bloqués ainsi que les différents réseaux sociaux, j’ai de la difficulté à obtenir des nouvelles de mes amis, avec lesquels nous avons passé des journées inoubliables à la lumière de l’évangile vécu. Ce sont eux qui réussissent à entrer contact avec moi pour dire qu’ils vont bien et préciser dans quelle situation ils se trouvent : « Merci de nous porter dans ton cœur ! écrivent-ils de Libreville. Il est malheureusement vrai que tout le pays vit une situation de violence post-électorale. La tension est forte et on nous conseille de nous ravitailler en eau et en denrées nécessaires et de rester chez soi. Quelques supermarchés ont été mis à sac. La communication est gérée par le gouvernement et nous n’avons la possibilité de nous connecter à internet que durant de courts instants et uniquement de 8h à 14h ; en revanche  les services de messagerie et les « réseaux » comme facebook, WhatsApp etc. sont bloqués. Les militaires sont visibles à tous les coins de rues. Une confusion totale après la proclamation des résultats des élections, dans ce pays libre et démocratique… Nous sommes encore en attente de l’annonce de la Cour Constitutionnelle, qui pourrait être suivie de désordres. Les gens craignent pour l’avenir proche du Gabon ». Je reçois des nouvelles de Port-Gentil: “Nous allons bien, grâce à Dieu. Depuis le 31 août l’accès à internet est limité et compliqué. Nous espérons que sa réactivation arrive vite car c’est un instrument important pour la communication. Toute la semaine dernière nous sommes restés enfermés à la maison, impossible de sortir à cause du chaos total qui a envahi les rues de Port-Gentil et de beaucoup d’autres villes du pays. Nous sentons en ce moment l’importance de la prière ». Avant de nous quitter nous avons scellé un pacte entre nous : nous engager à être des bâtisseurs de paix, d’unité et de dialogue avec tout le monde, chacun dans son milieu de travail et de famille. Maintenant il est temps plus que jamais de le mettre en pratique. Les paroles que le pape a prononcées hier le 11 septembre aux personnes présentes sur la place St Pierre et au monde nous soutiennent : « Je confie au Seigneur les victimes des conflits et leurs familles. Je m’associe aux évêques de ce cher pays africain pour inviter les parties à refuser toute violence et à toujours poursuivre comme objectif le bien commun. J’encourage tout le monde, en particulier les catholiques, à être des bâtisseurs de paix dans le respect de la légalité, dans le dialogue et la fraternité ».

Venezuela : la solidarité en réponse à la crise

Venezuela : la solidarité en réponse à la crise

20160912-aLes nouvelles qui nous parviennent du Venezuela ne sont pas vraiment réconfortantes. Ce pays latino-américain semble vivre non seulement une situation d’extrémité mais aussi de division. Dans ce contexte, les communautés des Focolari se mobilisent en faveur de la réconciliation et de la solidarité en partageant tout ce qu’elles ont. La communauté de Colinas de Guacamaya (Valencia), après s’être interrogée sur la façon de vivre cette période de crise sociale, politique, économique qui est en train d’atteindre des sommets, répond en redoublant son engagement à mettre en pratique le commandement nouveau de l’Evangile, celui de l’amour réciproque, en commençant par les petits gestes de la vie quotidienne. Une dame écrit : « Aujourd’hui, tandis que j’achetais au supermarché 12 rouleaux de papier hygiénique, j’ai pensé à ceux de la communauté qui, comme beaucoup d’autres vénézuéliens, ne peuvent s’en procurer nulle part, même s’ils ont de quoi les payer. J’appelle une amie qui, toute heureuse, me prie d’en prendre pour elle. Elle me demande à son tour si j’ai besoin de quelque chose, et j’ai pu lui dire qu’à la maison on manquait de savon. « Ah – me répond-elle – ça je te le donne ! Non seulement, mais je t’amène un platano (des bananes) que mon fils vient juste de me donner » Une fois de plus j’ai touché du doigt que si l’amour circule, la phrase de Jésus : « Donnez et il vous sera donné », se réalise. Des gestes simples, mais aussi conséquents, si on pense que pour une mangue volée, certains en arrivent à tuer ». Une autre dame raconte : « En début de journée je rencontre une personne qui cherche de l’huile pour cuisiner et comme j’en ai un peu, je la partage avec elle ; peu de temps après j’en rencontre une autre qui avait besoin d’une injection : je lui ai faite en y mettant tout le soin nécessaire. Plus tard une femme frappe à ma porte : sa petite fille est grippée et elle a besoin d’un nébuliseur. Par chance j’en ai un, d’ailleurs beaucoup s’en servent. En passant devant la maison d’une amie, j’en profite pour lui demander si elle a besoin de quelque chose : « Oui, de lessive pour laver mon linge », me répond-elle. Je cours à la maison, je prends mon paquet et on en partage le contenu en deux. Comme mon mari travaille de nuit, le soir quelqu’un de la communauté vient me tenir compagnie. J’accueille ce geste comme une forme de solidarité et du coup j’en profite pour préparer le dîner, en pensant que quelqu’un n’a pas suffisamment de quoi manger. Avant de m’endormir, je jette un regard sur ma journée, j’éprouve une grande joie : nous avons vécu les uns pour les autres et ensemble nous nous sommes aidés à vivre l’Evangile. Demain j’aurai une nouvelle occasion de reconnaître en chaque personne qui passe à côté de moi une présence spéciale de Dieu ». Les problèmes du Pays ont pris une telle dimension que ces récits de la vie quotidienne peuvent sembler ingénus, ou du moins insuffisants, de petites gouttes d’eau en face d’un océan. Et l’on attend au plus vite des réponses au niveau politique économique et social. Mère Térésa de Calcutta disait que « ce que nous faisons est une goutte dans l’océan, mais que si nous ne le faisions pas l’océan aurait une goutte en moins ». Il semblerait que ce soit aussi la conviction de cette petite communauté vénézuélienne.

Dans les faubourgs de Buenos Aires

Dans les faubourgs de Buenos Aires

20160910-01Le 14 août José C. Paz était en grande fête (à une cinquantaine de km de Buenos Aires, Argentine), pour célébrer le 10ème anniversaire de l’inauguration du siège qui accueille les activités du projet social « Juntos por el Barrio » (Ensemble pour le quartier), une œuvre sociale visant particulièrement les enfants et les adolescents du quartier et leurs familles. Mais s’il est vrai que le bâtiment fête ses dix ans, il ne faut pas oublier que les activités du projet ont démarré bien avant et, comme souvent cela arrive, ce sont les gens qui vivaient depuis longtemps dans ce quartier qui les avaient suscitées. Lorsque François, le pape argentin, a demandé de s’occuper des périphéries, il avait sans doute en tête des situations comme le barrio (quartier) où se trouve ce centre social. Il s’agit d’habitations entassées formées de manière arbitraire tout proche d’autres constructions, bâties par des groupes de familles arrivées là en recherche d’argent. Argent qu’ils n’ont malheureusement pas trouvé parce qu’il n’y en avait pas. Le chômage augmentant les a rendus plus pauvres encore et vulnérables à tout ce qui pouvait en découler : marginalisation, alcoolisme, drogue, violence, prostitution. Dangers qui menaçaient aussi les enfants et les adolescents qui passaient le plus clair de leur temps dans la rue.                                                                                                                                                                                                             20160810-02Fin 1999, quelques habitants ‘historiques’ du quartier, soutenus par les Focolari qui ont un centre de rencontre dans le secteur, se sont mis ensemble pour faire quelque chose pour ces nouveaux arrivés. Ils ont tout d’abord essayé de déceler ce dont le barrio avait le plus besoin. Le voilà : pouvoir disposer d’un endroit qui accueille le jour des enfants et des adolescents afin de les retirer de la rue. Ainsi est né le projet « Juntos por el Barrio ». Dans une salle de fortune une première activité de soutien scolaire a démarré. Vu le succès de l’initiative (en partie financée par le soutien à distance de AFN onlus), les idées ont commencé à se multiplier sous forme d’autant d’initiatives. Et avec des dons venant aussi de l’étranger un nouveau bâtiment a pu être construit où se déroulent ces activités et qui bien vite est devenu le point de rencontre et de référence pour tout le barrio. 20160910-03 Cela valait donc la peine de faire la fête aussi parce que le quartier est vraiment en train de changer d’aspect. Dans le centre « Juntos por el barrio » se déroulent maintenant de nombreuses activités, plusieurs d’entre elles s’adressent aux moins de 18 ans, mais aussi à des des personnes de tous âges : hygiène alimentaire, prévention sanitaire, alphabétisation, travaux de sérigraphie et d’artisanat, cours de jardinage, coiffure, broderie, activités ludiques. Plus de 70 familles en bénéficient donc, et chaque semaine une moyenne de 200 personnes fréquentent le centre. Les 220 qui sont intervenues à la célébration du 14 août, parmi lesquelles une centaine d’enfants, laissent éclater leur joie par tous leurs pores. Tout le monde se sentait protagoniste non seulement de la fête  mais aussi de cette avancée, sans doute une façon d’être partie prenante d’un processus dans lequel la réciprocité partagée l’emporte sur le fait de donner ou de recevoir.

Sœur Francesca :  le courage de la miséricorde

Sœur Francesca : le courage de la miséricorde

 SuorFrancesca“Je suis originaire de la province de Naples et je viens d’une famille modeste. Mon père, Ministre extraordinaire de l’Eucharistie, avait en charge la plupart des malades et des pauvres du village, ils faisaient en quelque sorte partie de la famille. J’avais 14 ans lorsque papa est décédé à la suite d’une tumeur, il avait 40 ans. Ce fut une grande douleur : ce n’était donc pas vrai que Dieu prend soin de nous, comme il me l’avait toujours dit. Je me suis mise à étudier sans relâche, mon but était de gagner beaucoup d’argent et de me construire une maison bien à moi. Dans ma vingtième année, Dieu s’est à nouveau manifesté : un groupe d’amis m’a invitée à une rencontre. A vrai dire, je ne me souviens de rien ; la seule chose qui m’a poussée à chercher à les revoir était la joie que je voyais entre eux et que je n’avais pas. J’étudiais, je réussissais, j’avais des amis, mais je n’étais pas heureuse comme eux. Je voulais mieux comprendre qui était ce Dieu dont ils parlaient, et aussi, au bout de deux ans, ce que je voulais faire de ma vie. J’ai connu ma congrégation presque par hasard. J’avoue que je ne tenais pas les sœurs en grande considération. Dans ma région le couvent est encore vu comme un refuge pour se protéger du monde : ce ne pouvait pas être ma voie ! Je suis « solaire », joyeuse, j’aime la compagnie des gens, j’ai étudié, j’ai fréquenté des garçons. Mais dans cette famille religieuse j’ai trouvé l’amour de ma vie, Dieu, auquel je n’ai pas pu me dérober. C’était la maison que j’avais tant désirée depuis mon adolescence, mais avec quelque chose en plus : je n’étais pas seule, j’avais d’autres sœurs qui comme moi, aimaient Jésus. Ma famille religieuse – les Sœurs Franciscaines des Pauvres – est entrée en contact avec le Mouvement des Focolari à la fin des années 60. Elle traversait une grande épreuve en raison de quelques difficultés internes à la Congrégation, mais pas seulement. Notre charisme – voir Jésus pauvre et soigner ses plaies – s’est nouvellement éclairé au contact de la spiritualité de l’unité : l’Evangile, avec son message d’amour réciproque, était la réponse à toute cette souffrance. Les sœurs ont créé un Centre de Jeunes, afin que les jeunes filles puissent comprendre quoi faire de leur vie. Puis, en revenant aux sources de notre charisme, nous avons aussi compris que les pauvres ne sont pas seulement les malades, mais qu’ils sont en chaque souffrance qui traverse le cœur de l’homme. 20160907-02Aujourd’hui, en Italie, nous nous occupons des sans domicile fixe, des femmes qui décident de sortir de situations aliénantes, des migrants ; nous travaillons avec la Caritas (le Secours Catholique). Nous proposons aussi notre aide et des conseils dans le monde de la famille : nouvelles unions, séparés et divorcés ; nous allons dans les prisons et accompagnons les jeunes mineurs, etc… Au cours de ces six dernières années, j’ai travaillé comme éducatrice à Messine – je suis diplômée en Sciences de l’Education – auprès d’une communauté thérapeutique de garçons qui dépend du Tribunal des mineurs. Je me rendais là pour eux, afin qu’ils découvrent combien ils sont importants pour la société. Souvent ils me disaient : « Quand tu es avec nous il y a quelque chose de beau, de bon, peut-être que c’est Jésus ? ». Dernièrement, au moment où j’ai obtenu un contrat à durée indéterminée, est aussi arrivée une demande de la part de mes supérieurs : aller aux Philippines pour travailler dans les prisons et avec les enfants de la rue. L’expérience que j’ai mûrie au cours de ces années peut être utile là-bas. J’ai déjà dit oui à Dieu et je ne veux pas me défiler juste maintenant. En septembre je partirai pour six mois, pour voir si je peux offrir mes compétences dans ce pays ».

Syracuse, camp d’été

Syracuse, camp d’été

20160906-02 Et ne les appelons pas des vacances alternatives ! Beaucoup d’entre nous sommes des habitués du Camp et donc ce n’est pas une expérience qui sort de l’ordinaire : cela fait partie de notre vie ». C’est Nahomy Onate, 21 ans, qui nous l’explique, elle est de Regello (Florence), village des environs de la cité-pilote internationale de Loppiano, qui a pris part au Camp d’été de Syracuse organisé par les jeunes des Focolari. La gazette locale titrait “Les jeunes pour un Monde Uni rencontrent les périphéries de Syracuse” : pour la troisième année consécutive, de fait, les quartiers d’Akradina et de Tike mais en plus, depuis cette année, celui de Grottasanta, ont accueilli cette expérience qui place au centre les relations et la dignité de la personne. 120 jeunes venant de 17 régions italiennes ont animé pendant 10 jours ces périphéries en organisant des activités et des workshop de danse, de journalisme, de théâtre, de peinture etc. Plus d’une centaine d’enfants et de jeunes de 6 à 13 ans y ont pris part. « J’avais déjà participé à la seconde édition, je savais plus ou moins ce à quoi je m’attendais et je connaissais la situation de malaise de ces périphéries, mais à peine arrivée, l’attitude d’esprit qui régnait entre tous m’a frappée : nous étions prêts à nous donner complètement durant 10 jours. Et c’est ce qui s’est passé ». Nahomy raconte que la nouveauté de cette troisième édition se trouvait justement dans le quartier de Grottasanta, une zone de grand malaise et à haut risque pour la ville. 20160906-01“Arrivés devant l’école où nous devions réaliser les activités avec les enfants et les jeunes, le panorama devant lequel je me suis trouvée m’a choquée : une mer splendide en toile de fond à d’énormes immeubles délabrés. Cet endroit était le symbole du niveau où la dégradation sociale était arrivée. C’est l’éducation qui donne en premier sa dignité à l’homme et cette école, comme elle se présentait, ne pouvait vraiment rien donner à personne. De l’autre côté de la barrière, cependant, des mamans, des maîtresses et des enfants nous ont accueillis par un grand applaudissement et beaucoup d’espoir de changement dans leurs yeux. Cela nous a donné le coup de pouce pour comprendre que, malgré le peu de jours à disposition, nous devions miser sur la tranche la plus fragile de la société et tout donner sans réserve. C’est ce que chacun d’entre nous a fait de son côté, en créant des liens de véritable fraternité avec chaque personne. Après, suite à une très forte dispute entre deux enfants, j’ai ouvert les yeux sur la réalité qu’ils vivent tous les jours : violence, désir de vengeance et indifférence sont les « valeurs » sur lesquelles se base leur croissance. Face à la situation qui s’était créée nous avons essayé de leur expliquer que l’on ne répond pas à la violence par une autre violence, mais qu’il existe d’autres routes et d’autres manières, même si jusqu’à ce moment-là personne ne le leur avait montré. “Arrêtons de faire comme les mafieux – a dit l’un des enfants – nous ne voulons plus voir de violence ni de vengeance dans ce quartier, maintenant nous avons changé ». Il a suffi de peu de jours dans ce tourbillon d’amour réciproque pour lui faire prononcer cette phrase devant ses copains ; la semence que nous avions plantée et arrosée durant ces trois années de camp et ces quelques jours, était en train de grandir, nous laissions quelque chose en eux : ils avaient compris que le futur c’est eux et qu’il est toujours possible d’être quelqu’un de différent, de meilleur. Ces quartiers de Syracuse ne sont qu’une partie des nombreuses périphéries de l’Italie et nous ne voulons plus voir les mêmes situations dans nos villes, des pans de société qui sont en train de perdre leurs valeurs, l’amour et le courage. A partir de cette expérience je suis rentrée à la maison avec un peu de nostalgie et de tristesse : chaque enfant me manquait, mais je me sens en même temps rechargée et pleine de leur amour, de leurs sourires et de leur force de volonté pour révolutionner leur monde ».