Mouvement des Focolari

Évangile vécu : « Vivez en paix et le Dieu de l’amour et de la paix sera avec vous » (2 Co 13, 11).

Laisser Dieu habiter en nous : c’est le point de départ pour conserver et témoigner dans la joie, la valeur inestimable de l’unité et de la paix, dans la charité et la vérité ; pour s’enrichir et être des semences de bien et de fraternité pour le monde. Sans mesurer la haine Je vis dans une petite ville d’Ukraine, à la frontière de la Slovaquie. Les bombes n’arrivent pas jusqu’à chez nous, mais bien leurs terribles conséquences : des personnes déplacées avec leurs besoins, la nécessité de torches et de bougies, de médicaments, de couvertures… Une grande obscurité s’est abattue sur notre pays. Les nouvelles de ceux qui trahissent, de ceux qui s’enrichissent dans ces situations dramatiques, de ceux qui exploitent les autres, des chacals… sont à l’ordre du jour : le mal, quand il triomphe, n’a pas de règles, pas de limites. Mais malgré tout, il se passe quelque chose d’autre : les gens d’ici sentent qu’ils partagent la douleur des autres et cherchent des solutions. Dans les familles, le besoin de chaleur, de protection, de solidarité est revenu. J’assiste à ce paradoxe d’une guerre du mal et du triomphe du bien. On se raconte l’histoire de Chiara Lubich et des premières personnes qui l’ont suivie: elles aussi ont commencé pendant une guerre et n’ont pas mesuré la haine, mais ont allumé le bien, qui s’est ensuite répandu partout. En vérité, les forces du mal ne l’emporteront pas. Notre gratitude est une véritable prière qui s’élève vers le ciel comme un chant de louange au Dieu Amour. (S.P. – Ukraine) Une chaîne d’amour Dans la salle d’attente de mon salon de coiffure, l’échange de nouvelles est habituel entre les clientes et comme je n’avais pas vu depuis un petit temps, une dame âgée, Madame Adèle, qui venait périodiquement chez nous, j’ai demandé à l’une d’entre elles de me donner de ses nouvelles. J’ai ainsi appris qu’Adèle était gravement malade et, poussée par le désir de la revoir, j’ai décidé de lui rendre visite un jour.  J’ai retrouvé Madame Adèle, seule et sans famille, dans un état d’abandon total, et j’ai immédiatement lancé un appel à l’aide, cherchant quelqu’un parmi mes clientes qui aurait pu lui tenir compagnie. Une belle compétition s’est engagée parmi mes clientes jusqu’à ce que, très rapidement, le fils de l’une d’entre elles réussisse à la placer dans un foyer d’accueil qui assurait assistance et soins. J’ai moi aussi proposé mes services de coiffeuse, non seulement à Adèle, mais aussi à toutes celles qui le souhaitaient. L’histoire d’Adèle m’a montré qu’il suffit de commencer par des actes concrets de charité ; la chaîne de l’amour se répand alors rapidement et efficacement. (F.d.R. – Italie) Une école de la solidarité Dans le désert, à l’extérieur d’une ville de l’Égypte où je me trouve, vivent 1 000 personnes atteintes de la lèpre. Il y a quelques années encore, personne ne connaissait l’existence de cette colonie. Nous sommes allés vérifier la situation et nous avons découvert que ces personnes manquaient de tout. Même les médecins n’allaient pas les voir. Après avoir pris des dispositions avec Caritas, nous avons ouvert notre groupe à d’autres jeunes chrétiens et musulmans avec lesquels nous nous rendons maintenant sur place les jours de congé. Deux d’entre nous, étudiants en médecine, sont impliqués dans les soins médicaux et se sont donc tenus au courant des méthodes de traitement de la lèpre. D’autres se sont portés volontaires pour repeindre des maisons et les rendre plus habitables. Un jeune journaliste a publié quelques articles dans divers journaux et magazines afin d’informer et de sensibiliser le plus grand nombre au problème. Et surtout, nous avons réalisé que les malades de cette colonie ont besoin d’une écoute qui est presque plus importante pour eux que les médicaments. Cette expérience est devenue pour nous une véritable école : elle nous fait prendre conscience que chacun d’entre nous peut apporter quelque chose aux autres. (H.F.S. – Egypte)

                                                                                                                                                            Maria Grazia Berretta

(extrait de : «  Il Vangelo del Giorno », Città Nuova, année IX – no.1 mai-juin 2023)

World Meeting on Human Fraternity: la fraternité comme œuvre commune

World Meeting on Human Fraternity: la fraternité comme œuvre commune

Le 10 juin 2023 s’est tenue au Vatican la Rencontre mondiale sur la fraternité humaine, à laquelle le mouvement des Focolari a participé aux côtés d’autres mouvements ecclésiaux, organisations internationales et associations. La Présidente des Focolari, Margaret Karram, était représentée par quelques focolarini, dont Christian Abrahao Da Silva. Ce dernier nous fait part de ses impressions. C’est dans l’esprit de promouvoir un processus participatif pour aider à redécouvrir le sens de la fraternité et la construire ensemble à travers le dialogue, la connaissance, les moments de rencontre, les paroles et les gestes partagés, que s’est tenu le 10 juin dernier au Vatican le World Meeting on Human Fraternity, une rencontre internationale sur la fraternité humaine, promue par la Fondation Fratelli Tutti et la Basilica Papale di San Pietro, sous le patronage du Cardinal Mauro Gambetti, Archiprêtre de la Basilique Papale Saint-Pierre au Vatican, Vicaire général de Sa Sainteté pour la Cité du Vatican. L’événement inspiré par l’encyclique Fratelli Tutti a bénéficié de la présence de plusieurs lauréats du Prix Nobel de la Paix, de personnalités du monde de la science, de la culture, du droit, d’associations et d’organisations internationales, qui ont eu pour tâche d’élaborer un « Appel à l’engagement pour la Fraternité Humaine ». Le document lu par deux lauréats du prix Nobel, Nadia Murad et Muhammad Yunus, au cours du Festival qui s’est tenu sur la place Saint-Pierre dans l’après-midi, a ensuite été signé par le Secrétaire d’État, le cardinal Parolin, au nom du Pape François et du groupe qui a élaboré le document. Christian Abrahao Da Silva, focolarino qui a participé à la Rencontre, nous raconte ce moment. Christian, qu’est-ce que cela a signifié pour toi de participer à ce moment mondial dédié à la fraternité ? Ce fut tout d’abord un grand honneur. Une focolarine, Corres Kwak, et moi-même, avons été appelés à représenter la Présidente des Focolari, Margaret Karram, et l’ensemble du Mouvement, lors de cet événement au but noble, celui de promouvoir la fraternité et l’amitié sociale entre les personnes et entre les peuples, comme antidote aux nombreuses formes de violence et de guerres qui se succèdent dans le monde. La rencontre s’est déroulée en deux temps : le matin, dans l’ancienne salle synodale, en présence de représentants de divers mouvements et associations ecclésiaux. L’après-midi, une grande fête s’est déroulée sur la place Saint-Pierre, en présence de représentants de diverses places du monde. Comment se sont ouverts les travaux ? Le matin, nous avons participé à deux tables rondes où il nous a été demandé de répondre essentiellement à deux questions : « que faisons-nous concrètement pour réaliser la fraternité sociale et la fraternité environnementale ? » Et encore « y a-t-il un nous ? » Ce furent de très beaux moments participatifs. On a beaucoup parlé du concept de jardin en référence au jardin d’Eden, exprimé par le Pape François dans « Fratelli tutti ». Les paroles les plus prononcées ont été : compassion, responsabilité (politique et économique), partage, promotion intégrale, reconnaissance de chaque personne humaine, attention, accueil. Une véritable expérience ecclésiale avec l’espoir qu’elle puisse se répandre et témoigner largement de la nécessité de redécouvrir et de renforcer la fraternité humaine. Qu’est-ce qui t’a particulièrement frappé ? Outre le groupe des Prix Nobel de la Paix, le groupe des mouvements et associations ecclésiaux, il y avait aussi un groupe de 30 très jeunes étudiants de différentes écoles italiennes, accompagnés de leurs professeurs de religion, qui avaient participé à un concours avec des œuvres artistiques de différents types, exprimant de manière créative le thème de la Rencontre. Leur présence a donné une touche importante à l’engagement des nouvelles générations dans l’éducation à la fraternité. En outre, les expériences racontées sur la scène du Festival l’après-midi, celles de certains artistes qui ont partagé leurs talents avec liberté et joie, ont été d’un grand apport. Que retient le mouvement des Focolari de ce moment ? Le Pape François a relancé la fraternité comme un nouveau paradigme anthropologique sur lequel reconstruire des gestes et des lois, car « la fraternité a quelque chose de positif à offrir à la liberté et à l’égalité » (Fratelli tutti, n. 103). Cette citation m’a fait penser à un discours de Chiara Lubich intitulé : « Liberté, égalité… qu’est-il advenu de la fraternité ? » Il s’agissait ici d’un de ces événements qui nous appellent à nous jeter toujours plus au centre de notre charisme d’unité. En outre, en expliquant l’idée de l’événement, le cardinal Gambetti a vraiment touché le cœur, en définissant ce moment comme un « processus et une expérience, comme un premier pas pour aider à redécouvrir le sens de la fraternité et pour la construire culturellement parce qu’elle n’est pas donnée biologiquement, la fraternité a besoin de rencontre et de dialogue, de connaissance et de mots et de gestes partagés, de langages communs et de l’expérience de la beauté. »

Maria Grazia Berretta

En prière pour la santé du pape François

Comme le public le sait, le pape François a subi hier, 7 juin, une intervention chirurgicale à la Polyclinique Gemelli de Rome. Le souverain pontife est « en bonnes conditions générales » et serein. Il remercie pour les messages de proximité qui lui parviennent du monde entier et demande que l’on continue à prier pour lui. Margaret Karram lui a fait parvenir ses prières et son affection, de même que celles du Mouvement des Focolari.  

Rocca di Papa, 8 juin 2023

Sainteté, cher pape François

Nous suivons avec attention les mises au courant suite à l’intervention que vous avez subie hier et nous nous réjouissons des nouvelles réconfortantes reçues récemment concernant votre état de santé. Unis à toute l’Église, avec les communautés du Mouvement dans le monde, nous vous accompagnons de nos prières et de l’offrande de nos vies. Soyez assuré que nous continuerons à vous soutenir, en demandant au Père votre plein rétablissement, afin que vous puissiez poursuivre votre si précieux ministère.

Je vous prie de recevoir mes affectueuses salutations et celles du Mouvement des Focolari !

Filialement,

Margaret Karram

Guatemala : une chapelle œcuménique au Centre Éducatif Fiore

Guatemala : une chapelle œcuménique au Centre Éducatif Fiore

Une chapelle œcuménique a récemment été inaugurée au Centre Éducatif Fiore (CEF), situé à Mixco (Guatemala). Les directeurs Maresa Ramírez et Luis Martinez nous expliquent comment l’idée est née et coïncide avec la Pentecôte : dans l’hémisphère sud, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est associée à cette fête. « Nous ne nous concentrons pas sur une seule dénomination chrétienne, mais nous cherchons ce qui nous unit au sein de la chrétienté. C’est pourquoi notre chapelle est œcuménique, nous voulons que personne ne se sente en dehors de la famille de notre Centre Éducatif Fiore où nous voulons vivre une inclusion réciproque » C’est par ces mots que Maresa Ramírez explique l’objectif de la nouvelle chapelle œcuménique construite dans le Centre Éducatif Fiore (CEF), situé à Mixco (Guatemala), dont elle est la Directrice générale avec Luis Martinez, le directeur administratif. Depuis 10 ans, le Centre accueille des enfants de différentes confessions chrétiennes et, suite à la pandémie, leur nombre a progressivement augmenté. La chapelle fait partie du projet éducatif de l’école, qui repose sur un parcours pédagogique, physique, émotionnel et spirituel. La chapelle comporte plusieurs éléments qui visent à créer une relation avec Dieu, en tenant compte de l’âge des enfants qui fréquentent l’école. Luis Martinez raconte : « La conception de la chapelle inclut des processus ludiques, utilisant des jeux pour rapprocher les enfants de Dieu et établir une relation avec Lui. Par exemple, nous avons placé des tubes qui partent de l’entrée de la chapelle vers la Croix, pour que l’enfant, s’il en ressent le besoin, puisse envoyer un message secret à Jésus. Ensuite, les nuages servent à créer l’atmosphère du ciel, car nous associons Dieu au ciel. Les enfants sont les premiers concernés et lorsqu’ils entrent dans ce lieu, une relation à la fois ludique et sérieuse se crée immédiatement. » L’école offre aux enfants cet espace dans lequel ils peuvent entrer lorsqu’ils ressentent le besoin de passer un moment avec Dieu. Dans le cadre de l’éducation à la foi et aux valeurs, les enfants s’exercent à faire des origamis afin d’écrire et d’y déposer leurs actes d’amour en les offrant à Jésus, « selon le conseil de Chiara Lubich aux enfants : après avoir fait un acte d’amour, en faire un petit paquet et l’envoyer au Ciel. » La collaboration a été essentielle pour l’inauguration, car le dialogue entre le mouvement des Focolari au Guatemala et le Conseil œcuménique chrétien de ce Pays est très dynamique. « Nous avons établi une relation avec chacun de ses membres, en particulier avec l’évêque catholique, Monseigneur Valenzuela. En parlant avec lui, nous nous sommes rendu compte de l’importance de la présence de cette chapelle, car au Guatemala le dialogue œcuménique est quelque chose de nécessaire », explique Luis Martinez. Ces contacts fondés sur la fraternité ont été partagés par des fidèles de sept églises chrétiennes, et environ 25 personnes ont assisté à l’inauguration de la chapelle. Le programme de l’inauguration a été organisé entre le Centre Éducatif Fiore et Monseigneur Valenzuela : il comprenait des psaumes, la lecture de la Parole et diverses prières de bénédiction et de louange. Les élèves ont participé en récitant une prière pour la paix. « Les personnes qui ont pris la parole nous ont dit que les enfants sont placés au centre de notre parcours éducatif et que nous sommes la première école du pays à disposer d’une chapelle œcuménique », a conclu la Directrice, Mme Ramírez.

                                                                                                      Diego Santizo

Indonésie, le dialogue comme style de vie

Indonésie, le dialogue comme style de vie

Le voyage en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, est arrivé à la fin. Voici quelques nouvelles de ce qu’ils ont vécu lors de la dernière étape en Indonésie. Panongan (Indonésie), 17 mai 2023 – Il est 8 heures du matin dans la paroisse catholique de Sainte-Odélie, à environ deux heures de Jakarta. Mgr Ignatius Suharyo, Cardinal de la capitale indonésienne, a invité des représentants du gouvernement et des forces de police, de la municipalité, des villages, ainsi que les chefs religieux musulmans, bouddhistes et hindous à présenter à la Présidente et au Coprésident du Mouvement des Focolari un projet social pilote pour la ville de Tangerang/Banten, réalisé en large synergie entre toutes les forces de la société civile citées plus haut. Avec plus de deux millions d’habitants, il s’agit de la troisième région la plus peuplée à l’ouest de Jakarta, la capitale de l’Indonésie, qui, avec toutes ses villes-satellites, atteint presque 30 millions d’habitants. Il s’agit d’une zone en grand développement, mais marquée aussi par des inégalités économiques. La population des villages est pauvre, elle travaille dans les rizières, vit des produits de la terre et de petits élevages de poulets, de chèvres et de quelques vaches. La région, à forte majorité musulmane, fait partie de la paroisse. Le père Felix Supranto – « Romo Felix » pour tout le monde (« romo » signifie « père » en bahasa, la langue officielle du pays) – est le dynamique curé de la paroisse de Sainte-Odélie ; il a le don de rassembler les personnes. C’est lui qui nous accueille, avec les nombreux paroissiens qu’il a impliqués dans divers projets sociaux au fil des ans. « Le dialogue que nous avons ici avec des frères de différentes religions est concret », explique le Cardinal, « il prend en compte les besoins des personnes. Il faut construire des maisons, développer des possibilités de travail, apporter l’eau dans les villages. “Ensemble” nous travaillons pour cela et il est important que la Présidente et le Coprésident des Focolari soient venus ici pour voir ce qui pourrait être un modèle de dialogue également en dehors de l’Indonésie. La devise de notre pays est “l’unité dans la diversité” et elle exprime très bien qui nous sommes et comment nous relevons les défis. » « Nous sommes honorés de vous avoir parmi nous », déclare le père Felix à Margaret Karram et Jesús Morán, « pour partager le chemin que nous parcourons. Jusqu’à présent, nous avons construit 12 maisons pour aider les pauvres et c’est ce travail en commun qui fait de nous des frères, malgré nos différences. » La journée se poursuit par la visite d’une école accueillant des enfants de 6 à 15 ans, de plusieurs villages où, grâce aux fonds récoltés, il a été possible d’apporter l’eau, de démarrer un élevage de vaches, de chèvres et de poissons-chats, où la valeur ajoutée est l’implication totale de tous : institutions et habitants. La visite de la Madrasa – une école coranique – est le dernier rendez-vous de cette première journée « sur le terrain » qui nous montre le caractère communautaire et solidaire, véritable force de ce pays. Bhinneka Tunggal Ika – nous sommes différents, mais nous sommes un Bhinneka Tunggal Ika, « Nous sommes différents, mais nous sommes un » est en effet la devise de l’Indonésie, inscrite sur les armoiries nationales qui représentent une ancienne divinité, l’aigle javanais. Le pays des records Avec ses 17 000 îles et plus de 300 groupes ethniques, chacun ayant une tradition culturelle vivante, l’Indonésie est un pays aux multiples facettes. Aujourd’hui, la population est fière de se présenter au monde comme un exemple de tolérance et de coexistence entre les différentes cultures et religions. Un exemple parmi d’autres : la mosquée Istiqlal (de l’Indépendance) à Jakarta est la plus grande d’Asie du Sud-Est. Elle est située juste en face de la cathédrale catholique et, lors des grandes fêtes chrétiennes comme Noël, la mosquée apporte son soutien en mettant des places de parking à la disposition des fidèles chrétiens, et vice versa pour les fêtes musulmanes. L’Indonésie possède la plus grande biodiversité de la planète, mais la déforestation et l’exploitation des ressources menacent gravement la préservation de ces environnements naturels. La richesse économique est inégalement répartie et on estime que 27 000 familles millionnaires (0,1 % de la population) possèdent plus de la moitié de la richesse du pays. Bien qu’il ne soit pas facile d’obtenir des statistiques précises, la population actuelle est estimée à 273 millions d’habitants, ce qui en fait le quatrième pays le plus peuplé du monde. C’est le pays qui compte la plus forte population musulmane au monde (86,1 %) ; les chrétiens de différentes Églises représentent 10,53 % et l’appartenance religieuse est inscrite sur la carte d’identité. Les focolarini en Asie du Sud-Est et au Pakistan Jakarta, 19 mai 2023 – En regardant les focolarini d’Asie du Sud-Est et du Pakistan qui sont venus à Jakarta pour rencontrer Margaret Karram et Jesús Morán, c’est tout le potentiel du continent asiatique qui apparaît, à savoir la rencontre possible entre des peuples et des cultures très différents : de la Thaïlande au Myanmar, du Vietnam à l’Indonésie, à Singapour, à la Malaisie. Beaucoup sont connectés via le web, comme les focolarini du Pakistan, mais la distance n’empêche pas une profonde communion où émergent à la fois les défis de l’inculturation dans les différents pays et la force de l’unité, capable d’atteindre les domaines les plus divers. La séance de questions-réponses avec Margaret Karram, Jesús Morán, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni (responsables du dialogue interreligieux des Focolari) suscite une grande attention. Les focolarines de Ho Chi Minh (Vietnam) se demandent comment diffuser la spiritualité de l’unité en ces temps où il est difficile d’intéresser personnes, les jeunes en particulier. « Lors de ce voyage en Asie et en Océanie, explique Margaret, j’ai compris que la manière dont nous avons proposé jusqu’à présent la spiritualité de l’unité doit changer, parce que la société a changé. Nous vivons tous tellement “connectés” les uns aux autres que nous devons trouver un moyen de présenter les différentes vocations, non pas chacune séparément, mais les unes à côté des autres, peut-être lorsque nous nous rencontrons en tant que communauté du Mouvement au niveau local, puis ce sera Dieu qui parlera au cœur de chacun, qui appellera dans les différentes voies. Je constate que ce qui touche le cœur des gens, c’est l’attention personnelle, la construction de relations vraies, faites d’amour désintéressé. Les personnes doivent trouver en chacun de nous un frère, une sœur, un(e) ami(e). Ce n’est qu’une fois la relation construite que nous pouvons les inviter à connaître la spiritualité du Focolare. » « Parfois, il nous semble que nous n’avons pas les moyens adéquats pour intéresser les personnes à la spiritualité de l’unité, poursuit Jesús, mais attention à ne pas céder à la tentation de s’adapter au courant du monde pour être acceptés à tout prix. Nous devons être dans le monde, parce qu’il est beau, Dieu l’a créé. Mais le contraste avec le monde, nous devons le sentir ; il est chrétien de le vivre, parce que nous appartenons à une vérité, celle du Christ, qui dépasse le monde. » Le dialogue comme style de vie Jakarta, 20 mai – Yogyakarta, 21 mai 2023 – « Depuis février 2021, notre vie au Myanmar a complètement changé. Ma région est celle où le conflit est le plus grave. Personne ne devrait entendre les explosions d’artillerie et les bombardements aériens, ce n’est pas humain. Enracinés en Dieu et concentrés sur la vie dans le présent – parce que nous ne savons pas si nous serons là demain – nous continuons à apporter à notre peuple de l’amour et une nouvelle espérance. Chaque jour, je comprends davantage l’invitation de Jésus : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jn 15, 13) ». C’est Gennie, Birmane, qui parle. Elle travaille pour une agence humanitaire qui s’occupe des personnes déplacées, qui sont plus d’un million depuis le coup d’État. Son témoignage est l’un de ceux qui ont raconté la vie et les défis des communautés des Focolari en Asie du Sud-Est lors du forum « Le dialogue comme style de vie », organisé en partenariat avec l’Université catholique de Jakarta « Atma Jaya ». Quelque 290 personnes venues de différentes régions d’Indonésie et de plusieurs pays d’Asie du Sud-Est y ont participé. 300 autres y ont participé en ligne, du Pakistan et d’ailleurs. Au cœur des témoignages, la culture du dialogue, vécue au quotidien dans ces pays, et qui devient un style de vie, voire une activité économique, comme le raconte Lawrence Chong, de Singapour. Depuis 2004, il dirige une société de conseil en gestion avec deux autres partenaires, un méthodiste et un musulman, selon les principes de l’Économie de communion. « Aujourd’hui, nous sommes présents dans 23 pays et notre travail consiste à apporter un changement, à influer sur le système économique et à l’améliorer, sur la base des principes de l’interdépendance et de l’amour réciproque. » Après la fête, au cours de laquelle les différents peuples présents ont ouvert leurs portes à la grande richesse culturelle et à la variété des traditions, Margaret Karram et Jesús Morán ont répondu à quelques questions et ont partagé leurs premières impressions de ce voyage. « L’Asie est le continent où le soleil se lève, alors que nous venons d’Europe, où le soleil se couche », a expliqué Jesús. « En Asie et en Océanie, nous avons trouvé une Église très vivante, ainsi que la présence des différentes religions, et nous avons été immergés dans cette lumière que nous avons trouvée dans l’humanité profonde des personnes. Nous avons reçu une grande espérance pour l’Église, pour l’Œuvre de Marie. Cette espérance ne sera pas déçue si ces peuples restent fidèles à eux-mêmes. Bien sûr, nous avons aussi vu les problèmes : la pauvreté, les conflits, les guerres. Il est donc vrai que le soleil se lève sur ces terres, mais nous avons également un grand défi devant nous : que l’Évangile soit aussi porteur d’un message de libération pour ces peuples ». Le Nonce apostolique, Mgr Piero Pioppo, venu célébrer la Sainte Messe, a souhaité que la parole d’unité et de communion puisse fleurir et se répandre dans ce monde qui en a tant besoin. Les racines du Mouvement en Indonésie À Yogyakarta aussi, Margaret et Jesús ont été accueillis par la communauté des Focolari, avec la danse traditionnelle de bienvenue. La rencontre a été un voyage dans la très riche culture et les traditions javanaises, et une occasion de découvrir les racines et le développement du Mouvement en Indonésie où, après plusieurs voyages depuis les Philippines à partir des années 80, le focolare est arrivé à Medan en 2004. Mais personne n’oubliera jamais 2006, l’année du terrible tremblement de terre qui a fait des milliers de victimes et dont l’épicentre se trouvait sur l’île de Java, dans la région de Yogyakarta, où se trouve aujourd’hui le focolare. Bapak Totok, l’un des animateurs de la communauté locale, raconte comment le Mouvement des Focolari et les personnes du lieu se sont retroussé les manches pour aider à la construction de 22 “Pendopo” (centres communautaires, dans autant de villages) et d’un projet social. Ces centres ont été un signe de paix et d’unité, aussi entre personnes de confessions religieuses différentes. Université islamique Sunan Kalijaga : en dialogue pour promouvoir la fraternité Yogyakarta, 22 mai 2023 – Avec ses 20 000 étudiants, l’université “Sunan Kalijaga” est un important centre académique national d’études islamiques ; depuis 2005, elle compte également un Centre culturel pour le dialogue interreligieux. En présence de 160 étudiants, enseignants et membres de la communauté locale des Focolari, Margaret Karram, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, ont participé au Séminaire « En dialogue pour promouvoir la fraternité ». Un thème qui trouve une résonance toute particulière ici, où le dialogue “sort” des enceintes universitaires ou des forums d’étude, parce qu’il est à la fois le défi et le fondement de la société indonésienne. « La présence des responsables du Mouvement des Focolari est importante, explique le professeur Inayah Rohmaniyah, car elle nous permet de faire un pas de plus : ne pas regarder seulement l’Indonésie, mais devenir ensemble les bâtisseurs d’un monde renouvelé par les valeurs de fraternité que nous vivons, ici, aujourd’hui. » Les questions des étudiants se concentrent sur la stratégie de dialogue pour concilier diversités culturelles et religieuses, même dans des situations de conflit social. « Parfois, nous parlons beaucoup des difficultés et peu des richesses que ces diversités portent en elles », répond Antonio Salimbeni. « Nous sommes tout d’abord des êtres humains, des frères et des sœurs, c’est pourquoi il est important d’être ouverts, de comprendre la religion de l’autre à partir de son point de vue ; d’essayer de penser comme pense un musulman, comme pense un hindou, de voir le monde comme l’autre le voit. » Le voyage se conclut, mais un monde s’ouvre 45 jours de voyage, 5 pays visités, plusieurs milliers de personnes rencontrées – 1 500 rien qu’à la dernière étape indonésienne. Après avoir découvert des peuples et des cultures très différents, avoir constaté les défis mais aussi la vitalité de l’Église dans des pays où le christianisme est minoritaire, avoir vu le dialogue entre personnes de religions différentes – vécu au quotidien et capable d’apporter des réponses concrètes aux problèmes sociaux et économiques des peuples -, avoir partagé la vie des communautés des Focolari dans cette partie du monde, le premier voyage officiel en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán touche à sa fin. Il n’est pas facile de faire le point à chaud, mais la question arrive à point nommé. Margaret partage quelques impressions lors des derniers rendez-vous publics : « Je sens fortement que Dieu demande au Mouvement, en Asie en particulier, mais aussi dans le monde entier, de faire un pas important. Le dialogue doit devenir notre style de vie, notre façon d’agir à tout moment. Nous ne pouvons pas continuer comme avant, en regardant seulement notre Mouvement et en faisant nos activités. Le moment est venu de sortir, de travailler avec d’autres organisations, avec des personnes de différentes religions, comme cela se fait déjà ici. Alors dépêchons-nous, il n’y a pas de temps à perdre ! Ce voyage m’a confirmé une fois de plus que l’unité et la paix dans le monde sont possibles. Parfois, en regardant le monde d’aujourd’hui, avec ses guerres et ses injustices, j’ai douté. Mais dans tous les pays que nous avons visités, j’ai rencontré de nombreuses personnes engagées pour construire une société différente, pour jeter des ponts, même au prix de grands sacrifices. Ce sont elles qui m’ont donné la certitude qu’ensemble, nous pourrons faire la différence et apporter notre contribution. »

Stefania Tanesini

Terre Sainte : des charismes en communion pour une nouvelle Pentecôte

Une occasion unique de se connaître, de partager et de redécouvrir la beauté d’être, ensemble, témoins de la Résurrection. C’est ce que les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés présentes en Terre Sainte ont pu expérimenter lors du voyage parcouru ensemble à partir de la Pentecôte, il y a un an. Communion, participation et mission : ce sont les trois mots clés liés au chemin synodal lancé en octobre 2021. Le Pape François, en inaugurant ce chemin, a invité l’Église universelle à être une Église de l’écoute, de la proximité, et c’est précisément dans ce contexte, spécifiquement dans la phase locale du Synode, que les Mouvements ecclésiaux et les nouvelles Communautés présentes en Terre sainte, à l’invitation du patriarche des Latins de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, ont trouvé le moyen de s’écouter, de se rencontrer et de travailler en communion pour la réalisation de la Veillée de la Pentecôte 2022. Une occasion spéciale au cours de laquelle chacun a éprouvé la joie de se sentir comme un seul corps dans l’Église, animé et revigoré par le souffle de l’Esprit Saint. Dans le contexte sociopolitique et culturel de la Terre sainte, la possibilité de générer de “l’unité”, en apprenant du charisme de chacun et en mettant le sien au service de tous. « Je crois que la première chose à faire pour se sentir un seul corps, a déclaré Monseigneur Pierbattista Pizzaballa, c’est de parler, de communiquer, d’écouter surtout. Écouter ne signifie pas seulement entendre, cela signifie essayer de se mettre, en attente de l’autre, où l’autre devient le sujet, non pas moi le sujet, mais l’autre ». La Pentecôte inaugure le temps de l’Église qui, dans son pèlerinage à la rencontre du Seigneur, reçoit constamment de Lui l’Esprit, ce même Esprit qui la rassemble dans la foi et la charité, la sanctifie et l’envoie en mission. À l’occasion de la Pentecôte 2023, nous partageons l’histoire de cette expérience de communion.

Maria Grazia Berretta

Voir la vidéo (activer les sous-titres en français) https://youtu.be/I8aQgmAPBOg