Mouvement des Focolari

En prière pour la santé du pape François

Comme le public le sait, le pape François a subi hier, 7 juin, une intervention chirurgicale à la Polyclinique Gemelli de Rome. Le souverain pontife est « en bonnes conditions générales » et serein. Il remercie pour les messages de proximité qui lui parviennent du monde entier et demande que l’on continue à prier pour lui. Margaret Karram lui a fait parvenir ses prières et son affection, de même que celles du Mouvement des Focolari.  

Rocca di Papa, 8 juin 2023

Sainteté, cher pape François

Nous suivons avec attention les mises au courant suite à l’intervention que vous avez subie hier et nous nous réjouissons des nouvelles réconfortantes reçues récemment concernant votre état de santé. Unis à toute l’Église, avec les communautés du Mouvement dans le monde, nous vous accompagnons de nos prières et de l’offrande de nos vies. Soyez assuré que nous continuerons à vous soutenir, en demandant au Père votre plein rétablissement, afin que vous puissiez poursuivre votre si précieux ministère.

Je vous prie de recevoir mes affectueuses salutations et celles du Mouvement des Focolari !

Filialement,

Margaret Karram

Guatemala : une chapelle œcuménique au Centre Éducatif Fiore

Guatemala : une chapelle œcuménique au Centre Éducatif Fiore

Une chapelle œcuménique a récemment été inaugurée au Centre Éducatif Fiore (CEF), situé à Mixco (Guatemala). Les directeurs Maresa Ramírez et Luis Martinez nous expliquent comment l’idée est née et coïncide avec la Pentecôte : dans l’hémisphère sud, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est associée à cette fête. « Nous ne nous concentrons pas sur une seule dénomination chrétienne, mais nous cherchons ce qui nous unit au sein de la chrétienté. C’est pourquoi notre chapelle est œcuménique, nous voulons que personne ne se sente en dehors de la famille de notre Centre Éducatif Fiore où nous voulons vivre une inclusion réciproque » C’est par ces mots que Maresa Ramírez explique l’objectif de la nouvelle chapelle œcuménique construite dans le Centre Éducatif Fiore (CEF), situé à Mixco (Guatemala), dont elle est la Directrice générale avec Luis Martinez, le directeur administratif. Depuis 10 ans, le Centre accueille des enfants de différentes confessions chrétiennes et, suite à la pandémie, leur nombre a progressivement augmenté. La chapelle fait partie du projet éducatif de l’école, qui repose sur un parcours pédagogique, physique, émotionnel et spirituel. La chapelle comporte plusieurs éléments qui visent à créer une relation avec Dieu, en tenant compte de l’âge des enfants qui fréquentent l’école. Luis Martinez raconte : « La conception de la chapelle inclut des processus ludiques, utilisant des jeux pour rapprocher les enfants de Dieu et établir une relation avec Lui. Par exemple, nous avons placé des tubes qui partent de l’entrée de la chapelle vers la Croix, pour que l’enfant, s’il en ressent le besoin, puisse envoyer un message secret à Jésus. Ensuite, les nuages servent à créer l’atmosphère du ciel, car nous associons Dieu au ciel. Les enfants sont les premiers concernés et lorsqu’ils entrent dans ce lieu, une relation à la fois ludique et sérieuse se crée immédiatement. » L’école offre aux enfants cet espace dans lequel ils peuvent entrer lorsqu’ils ressentent le besoin de passer un moment avec Dieu. Dans le cadre de l’éducation à la foi et aux valeurs, les enfants s’exercent à faire des origamis afin d’écrire et d’y déposer leurs actes d’amour en les offrant à Jésus, « selon le conseil de Chiara Lubich aux enfants : après avoir fait un acte d’amour, en faire un petit paquet et l’envoyer au Ciel. » La collaboration a été essentielle pour l’inauguration, car le dialogue entre le mouvement des Focolari au Guatemala et le Conseil œcuménique chrétien de ce Pays est très dynamique. « Nous avons établi une relation avec chacun de ses membres, en particulier avec l’évêque catholique, Monseigneur Valenzuela. En parlant avec lui, nous nous sommes rendu compte de l’importance de la présence de cette chapelle, car au Guatemala le dialogue œcuménique est quelque chose de nécessaire », explique Luis Martinez. Ces contacts fondés sur la fraternité ont été partagés par des fidèles de sept églises chrétiennes, et environ 25 personnes ont assisté à l’inauguration de la chapelle. Le programme de l’inauguration a été organisé entre le Centre Éducatif Fiore et Monseigneur Valenzuela : il comprenait des psaumes, la lecture de la Parole et diverses prières de bénédiction et de louange. Les élèves ont participé en récitant une prière pour la paix. « Les personnes qui ont pris la parole nous ont dit que les enfants sont placés au centre de notre parcours éducatif et que nous sommes la première école du pays à disposer d’une chapelle œcuménique », a conclu la Directrice, Mme Ramírez.

                                                                                                      Diego Santizo

Indonésie, le dialogue comme style de vie

Indonésie, le dialogue comme style de vie

Le voyage en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, est arrivé à la fin. Voici quelques nouvelles de ce qu’ils ont vécu lors de la dernière étape en Indonésie. Panongan (Indonésie), 17 mai 2023 – Il est 8 heures du matin dans la paroisse catholique de Sainte-Odélie, à environ deux heures de Jakarta. Mgr Ignatius Suharyo, Cardinal de la capitale indonésienne, a invité des représentants du gouvernement et des forces de police, de la municipalité, des villages, ainsi que les chefs religieux musulmans, bouddhistes et hindous à présenter à la Présidente et au Coprésident du Mouvement des Focolari un projet social pilote pour la ville de Tangerang/Banten, réalisé en large synergie entre toutes les forces de la société civile citées plus haut. Avec plus de deux millions d’habitants, il s’agit de la troisième région la plus peuplée à l’ouest de Jakarta, la capitale de l’Indonésie, qui, avec toutes ses villes-satellites, atteint presque 30 millions d’habitants. Il s’agit d’une zone en grand développement, mais marquée aussi par des inégalités économiques. La population des villages est pauvre, elle travaille dans les rizières, vit des produits de la terre et de petits élevages de poulets, de chèvres et de quelques vaches. La région, à forte majorité musulmane, fait partie de la paroisse. Le père Felix Supranto – « Romo Felix » pour tout le monde (« romo » signifie « père » en bahasa, la langue officielle du pays) – est le dynamique curé de la paroisse de Sainte-Odélie ; il a le don de rassembler les personnes. C’est lui qui nous accueille, avec les nombreux paroissiens qu’il a impliqués dans divers projets sociaux au fil des ans. « Le dialogue que nous avons ici avec des frères de différentes religions est concret », explique le Cardinal, « il prend en compte les besoins des personnes. Il faut construire des maisons, développer des possibilités de travail, apporter l’eau dans les villages. “Ensemble” nous travaillons pour cela et il est important que la Présidente et le Coprésident des Focolari soient venus ici pour voir ce qui pourrait être un modèle de dialogue également en dehors de l’Indonésie. La devise de notre pays est “l’unité dans la diversité” et elle exprime très bien qui nous sommes et comment nous relevons les défis. » « Nous sommes honorés de vous avoir parmi nous », déclare le père Felix à Margaret Karram et Jesús Morán, « pour partager le chemin que nous parcourons. Jusqu’à présent, nous avons construit 12 maisons pour aider les pauvres et c’est ce travail en commun qui fait de nous des frères, malgré nos différences. » La journée se poursuit par la visite d’une école accueillant des enfants de 6 à 15 ans, de plusieurs villages où, grâce aux fonds récoltés, il a été possible d’apporter l’eau, de démarrer un élevage de vaches, de chèvres et de poissons-chats, où la valeur ajoutée est l’implication totale de tous : institutions et habitants. La visite de la Madrasa – une école coranique – est le dernier rendez-vous de cette première journée « sur le terrain » qui nous montre le caractère communautaire et solidaire, véritable force de ce pays. Bhinneka Tunggal Ika – nous sommes différents, mais nous sommes un Bhinneka Tunggal Ika, « Nous sommes différents, mais nous sommes un » est en effet la devise de l’Indonésie, inscrite sur les armoiries nationales qui représentent une ancienne divinité, l’aigle javanais. Le pays des records Avec ses 17 000 îles et plus de 300 groupes ethniques, chacun ayant une tradition culturelle vivante, l’Indonésie est un pays aux multiples facettes. Aujourd’hui, la population est fière de se présenter au monde comme un exemple de tolérance et de coexistence entre les différentes cultures et religions. Un exemple parmi d’autres : la mosquée Istiqlal (de l’Indépendance) à Jakarta est la plus grande d’Asie du Sud-Est. Elle est située juste en face de la cathédrale catholique et, lors des grandes fêtes chrétiennes comme Noël, la mosquée apporte son soutien en mettant des places de parking à la disposition des fidèles chrétiens, et vice versa pour les fêtes musulmanes. L’Indonésie possède la plus grande biodiversité de la planète, mais la déforestation et l’exploitation des ressources menacent gravement la préservation de ces environnements naturels. La richesse économique est inégalement répartie et on estime que 27 000 familles millionnaires (0,1 % de la population) possèdent plus de la moitié de la richesse du pays. Bien qu’il ne soit pas facile d’obtenir des statistiques précises, la population actuelle est estimée à 273 millions d’habitants, ce qui en fait le quatrième pays le plus peuplé du monde. C’est le pays qui compte la plus forte population musulmane au monde (86,1 %) ; les chrétiens de différentes Églises représentent 10,53 % et l’appartenance religieuse est inscrite sur la carte d’identité. Les focolarini en Asie du Sud-Est et au Pakistan Jakarta, 19 mai 2023 – En regardant les focolarini d’Asie du Sud-Est et du Pakistan qui sont venus à Jakarta pour rencontrer Margaret Karram et Jesús Morán, c’est tout le potentiel du continent asiatique qui apparaît, à savoir la rencontre possible entre des peuples et des cultures très différents : de la Thaïlande au Myanmar, du Vietnam à l’Indonésie, à Singapour, à la Malaisie. Beaucoup sont connectés via le web, comme les focolarini du Pakistan, mais la distance n’empêche pas une profonde communion où émergent à la fois les défis de l’inculturation dans les différents pays et la force de l’unité, capable d’atteindre les domaines les plus divers. La séance de questions-réponses avec Margaret Karram, Jesús Morán, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni (responsables du dialogue interreligieux des Focolari) suscite une grande attention. Les focolarines de Ho Chi Minh (Vietnam) se demandent comment diffuser la spiritualité de l’unité en ces temps où il est difficile d’intéresser personnes, les jeunes en particulier. « Lors de ce voyage en Asie et en Océanie, explique Margaret, j’ai compris que la manière dont nous avons proposé jusqu’à présent la spiritualité de l’unité doit changer, parce que la société a changé. Nous vivons tous tellement “connectés” les uns aux autres que nous devons trouver un moyen de présenter les différentes vocations, non pas chacune séparément, mais les unes à côté des autres, peut-être lorsque nous nous rencontrons en tant que communauté du Mouvement au niveau local, puis ce sera Dieu qui parlera au cœur de chacun, qui appellera dans les différentes voies. Je constate que ce qui touche le cœur des gens, c’est l’attention personnelle, la construction de relations vraies, faites d’amour désintéressé. Les personnes doivent trouver en chacun de nous un frère, une sœur, un(e) ami(e). Ce n’est qu’une fois la relation construite que nous pouvons les inviter à connaître la spiritualité du Focolare. » « Parfois, il nous semble que nous n’avons pas les moyens adéquats pour intéresser les personnes à la spiritualité de l’unité, poursuit Jesús, mais attention à ne pas céder à la tentation de s’adapter au courant du monde pour être acceptés à tout prix. Nous devons être dans le monde, parce qu’il est beau, Dieu l’a créé. Mais le contraste avec le monde, nous devons le sentir ; il est chrétien de le vivre, parce que nous appartenons à une vérité, celle du Christ, qui dépasse le monde. » Le dialogue comme style de vie Jakarta, 20 mai – Yogyakarta, 21 mai 2023 – « Depuis février 2021, notre vie au Myanmar a complètement changé. Ma région est celle où le conflit est le plus grave. Personne ne devrait entendre les explosions d’artillerie et les bombardements aériens, ce n’est pas humain. Enracinés en Dieu et concentrés sur la vie dans le présent – parce que nous ne savons pas si nous serons là demain – nous continuons à apporter à notre peuple de l’amour et une nouvelle espérance. Chaque jour, je comprends davantage l’invitation de Jésus : “Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis” (Jn 15, 13) ». C’est Gennie, Birmane, qui parle. Elle travaille pour une agence humanitaire qui s’occupe des personnes déplacées, qui sont plus d’un million depuis le coup d’État. Son témoignage est l’un de ceux qui ont raconté la vie et les défis des communautés des Focolari en Asie du Sud-Est lors du forum « Le dialogue comme style de vie », organisé en partenariat avec l’Université catholique de Jakarta « Atma Jaya ». Quelque 290 personnes venues de différentes régions d’Indonésie et de plusieurs pays d’Asie du Sud-Est y ont participé. 300 autres y ont participé en ligne, du Pakistan et d’ailleurs. Au cœur des témoignages, la culture du dialogue, vécue au quotidien dans ces pays, et qui devient un style de vie, voire une activité économique, comme le raconte Lawrence Chong, de Singapour. Depuis 2004, il dirige une société de conseil en gestion avec deux autres partenaires, un méthodiste et un musulman, selon les principes de l’Économie de communion. « Aujourd’hui, nous sommes présents dans 23 pays et notre travail consiste à apporter un changement, à influer sur le système économique et à l’améliorer, sur la base des principes de l’interdépendance et de l’amour réciproque. » Après la fête, au cours de laquelle les différents peuples présents ont ouvert leurs portes à la grande richesse culturelle et à la variété des traditions, Margaret Karram et Jesús Morán ont répondu à quelques questions et ont partagé leurs premières impressions de ce voyage. « L’Asie est le continent où le soleil se lève, alors que nous venons d’Europe, où le soleil se couche », a expliqué Jesús. « En Asie et en Océanie, nous avons trouvé une Église très vivante, ainsi que la présence des différentes religions, et nous avons été immergés dans cette lumière que nous avons trouvée dans l’humanité profonde des personnes. Nous avons reçu une grande espérance pour l’Église, pour l’Œuvre de Marie. Cette espérance ne sera pas déçue si ces peuples restent fidèles à eux-mêmes. Bien sûr, nous avons aussi vu les problèmes : la pauvreté, les conflits, les guerres. Il est donc vrai que le soleil se lève sur ces terres, mais nous avons également un grand défi devant nous : que l’Évangile soit aussi porteur d’un message de libération pour ces peuples ». Le Nonce apostolique, Mgr Piero Pioppo, venu célébrer la Sainte Messe, a souhaité que la parole d’unité et de communion puisse fleurir et se répandre dans ce monde qui en a tant besoin. Les racines du Mouvement en Indonésie À Yogyakarta aussi, Margaret et Jesús ont été accueillis par la communauté des Focolari, avec la danse traditionnelle de bienvenue. La rencontre a été un voyage dans la très riche culture et les traditions javanaises, et une occasion de découvrir les racines et le développement du Mouvement en Indonésie où, après plusieurs voyages depuis les Philippines à partir des années 80, le focolare est arrivé à Medan en 2004. Mais personne n’oubliera jamais 2006, l’année du terrible tremblement de terre qui a fait des milliers de victimes et dont l’épicentre se trouvait sur l’île de Java, dans la région de Yogyakarta, où se trouve aujourd’hui le focolare. Bapak Totok, l’un des animateurs de la communauté locale, raconte comment le Mouvement des Focolari et les personnes du lieu se sont retroussé les manches pour aider à la construction de 22 “Pendopo” (centres communautaires, dans autant de villages) et d’un projet social. Ces centres ont été un signe de paix et d’unité, aussi entre personnes de confessions religieuses différentes. Université islamique Sunan Kalijaga : en dialogue pour promouvoir la fraternité Yogyakarta, 22 mai 2023 – Avec ses 20 000 étudiants, l’université “Sunan Kalijaga” est un important centre académique national d’études islamiques ; depuis 2005, elle compte également un Centre culturel pour le dialogue interreligieux. En présence de 160 étudiants, enseignants et membres de la communauté locale des Focolari, Margaret Karram, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, ont participé au Séminaire « En dialogue pour promouvoir la fraternité ». Un thème qui trouve une résonance toute particulière ici, où le dialogue “sort” des enceintes universitaires ou des forums d’étude, parce qu’il est à la fois le défi et le fondement de la société indonésienne. « La présence des responsables du Mouvement des Focolari est importante, explique le professeur Inayah Rohmaniyah, car elle nous permet de faire un pas de plus : ne pas regarder seulement l’Indonésie, mais devenir ensemble les bâtisseurs d’un monde renouvelé par les valeurs de fraternité que nous vivons, ici, aujourd’hui. » Les questions des étudiants se concentrent sur la stratégie de dialogue pour concilier diversités culturelles et religieuses, même dans des situations de conflit social. « Parfois, nous parlons beaucoup des difficultés et peu des richesses que ces diversités portent en elles », répond Antonio Salimbeni. « Nous sommes tout d’abord des êtres humains, des frères et des sœurs, c’est pourquoi il est important d’être ouverts, de comprendre la religion de l’autre à partir de son point de vue ; d’essayer de penser comme pense un musulman, comme pense un hindou, de voir le monde comme l’autre le voit. » Le voyage se conclut, mais un monde s’ouvre 45 jours de voyage, 5 pays visités, plusieurs milliers de personnes rencontrées – 1 500 rien qu’à la dernière étape indonésienne. Après avoir découvert des peuples et des cultures très différents, avoir constaté les défis mais aussi la vitalité de l’Église dans des pays où le christianisme est minoritaire, avoir vu le dialogue entre personnes de religions différentes – vécu au quotidien et capable d’apporter des réponses concrètes aux problèmes sociaux et économiques des peuples -, avoir partagé la vie des communautés des Focolari dans cette partie du monde, le premier voyage officiel en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán touche à sa fin. Il n’est pas facile de faire le point à chaud, mais la question arrive à point nommé. Margaret partage quelques impressions lors des derniers rendez-vous publics : « Je sens fortement que Dieu demande au Mouvement, en Asie en particulier, mais aussi dans le monde entier, de faire un pas important. Le dialogue doit devenir notre style de vie, notre façon d’agir à tout moment. Nous ne pouvons pas continuer comme avant, en regardant seulement notre Mouvement et en faisant nos activités. Le moment est venu de sortir, de travailler avec d’autres organisations, avec des personnes de différentes religions, comme cela se fait déjà ici. Alors dépêchons-nous, il n’y a pas de temps à perdre ! Ce voyage m’a confirmé une fois de plus que l’unité et la paix dans le monde sont possibles. Parfois, en regardant le monde d’aujourd’hui, avec ses guerres et ses injustices, j’ai douté. Mais dans tous les pays que nous avons visités, j’ai rencontré de nombreuses personnes engagées pour construire une société différente, pour jeter des ponts, même au prix de grands sacrifices. Ce sont elles qui m’ont donné la certitude qu’ensemble, nous pourrons faire la différence et apporter notre contribution. »

Stefania Tanesini

Terre Sainte : des charismes en communion pour une nouvelle Pentecôte

Une occasion unique de se connaître, de partager et de redécouvrir la beauté d’être, ensemble, témoins de la Résurrection. C’est ce que les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés présentes en Terre Sainte ont pu expérimenter lors du voyage parcouru ensemble à partir de la Pentecôte, il y a un an. Communion, participation et mission : ce sont les trois mots clés liés au chemin synodal lancé en octobre 2021. Le Pape François, en inaugurant ce chemin, a invité l’Église universelle à être une Église de l’écoute, de la proximité, et c’est précisément dans ce contexte, spécifiquement dans la phase locale du Synode, que les Mouvements ecclésiaux et les nouvelles Communautés présentes en Terre sainte, à l’invitation du patriarche des Latins de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, ont trouvé le moyen de s’écouter, de se rencontrer et de travailler en communion pour la réalisation de la Veillée de la Pentecôte 2022. Une occasion spéciale au cours de laquelle chacun a éprouvé la joie de se sentir comme un seul corps dans l’Église, animé et revigoré par le souffle de l’Esprit Saint. Dans le contexte sociopolitique et culturel de la Terre sainte, la possibilité de générer de “l’unité”, en apprenant du charisme de chacun et en mettant le sien au service de tous. « Je crois que la première chose à faire pour se sentir un seul corps, a déclaré Monseigneur Pierbattista Pizzaballa, c’est de parler, de communiquer, d’écouter surtout. Écouter ne signifie pas seulement entendre, cela signifie essayer de se mettre, en attente de l’autre, où l’autre devient le sujet, non pas moi le sujet, mais l’autre ». La Pentecôte inaugure le temps de l’Église qui, dans son pèlerinage à la rencontre du Seigneur, reçoit constamment de Lui l’Esprit, ce même Esprit qui la rassemble dans la foi et la charité, la sanctifie et l’envoie en mission. À l’occasion de la Pentecôte 2023, nous partageons l’histoire de cette expérience de communion.

Maria Grazia Berretta

Voir la vidéo (activer les sous-titres en français) https://youtu.be/I8aQgmAPBOg

Inondations en Émilie-Romagne : un espoir qui résiste à la boue

Inondations en Émilie-Romagne : un espoir qui résiste à la boue

Près d’un mois et demi après les inondations qui ont frappé les régions des Marches et de l’Émilie-Romagne (Italie), voici le récit de l’expérience personnelle de Maria Chiara Campodoni, focolarine mariée, enseignante et ancienne conseillère municipale de la commune de Faenza, fortement touchée par cette catastrophe. Les inondations qui ont frappé les Marches et l’Émilie-Romagne (Italie) il y a environ un mois et demi ont causé la perte de 15 vies, le déplacement de milliers de personnes et le débordement de pas moins de 23 rivières. À ce jour une centaine de municipalités ont été inondées. De nombreux glissements de terrain ont affecté les petits producteurs, des dizaines de kilomètres carrés de terres agricoles et d’élevages ont été détruits par la puissance de l’eau, ainsi que des ponts et des routes. Les aides collectées par la Coordination d’urgence du mouvement des Focolari, AMU et AFN s’élèvent actuellement à 182 000 euros. En collaboration avec l’APS Emilia-Romagna, un Comité local d’urgence a été mis en place et a identifié certaines zones d’intervention : Cesena ; Sarsina ; Faenza ; Castel Bolognese ; Ravenne. Les besoins de la population touchée sont en train d’être recueillis, principalement par le biais de relations personnelles et en remplissant des formulaires dans lesquels chaque personne déclare les dommages subis et sa demande. Parmi les nombreuses personnes touchées, Maria Chiara Campodoni, focolarine mariée, enseignante, conseillère aux sports de 2010 à 2015 et présidente du conseil municipal de Faenza de 2015 à 2020, nous raconte le drame qui a été vécu, mais aussi l’espoir nécessaire pour pouvoir aller de l’avant. Maria Chiara, comment avez-vous vécu ce moment ? Il y a eu deux inondations à Faenza. Chez nous, l’eau est entrée pour la première fois le 2 mai à hauteur de 30 cm. C’était l’après-midi, il faisait jour, et j’étais à la maison avec un de nos enfants. Nous avons d’abord vécu cela presque comme une “aventure”, mais ce soir-là, j’ai préféré que mon mari, qui était sorti pour récupérer nos deux autres enfants après des activités sportives, ne rentre pas, parce qu’il y avait beaucoup plus d’eau à l’extérieur qu’à l’intérieur et que nous n’avons que des portes-fenêtres au rez-de-chaussée. Leur ouvrir aurait signifié laisser entrer beaucoup plus d’eau. Ils sont donc allés dormir chez leurs grands-parents et nous avons essayé de monter quelques affaires à l’étage, nous avons dîné dans les chambres et nous sommes allés nous coucher. Les pompiers qui étaient passés nous ont également rassurés en nous disant que la situation ne s’aggraverait pas. Le lendemain, le niveau d’eau entre l’intérieur et l’extérieur était le même et, en accord avec mon mari, nous avons décidé de quitter les lieux. Lorsque, 15 jours plus tard, on a commencé à conseiller aux gens d’évacuer les rez-de-chaussée parce que l’inondation allait se reproduire, toute la ville s’est mise en alerte et a compris qu’elle devait se mobiliser parce qu’il s’agissait d’un événement d’une plus grande ampleur. Et que s’est-il passé la deuxième fois ? Cette deuxième inondation, qui nous a obligés à partir, s’est produite dans la soirée. Vers 20 h 30, la digue s’est rompue juste au-dessus de notre maison. Jusque-là, équipés d’une pompe à l’intérieur de la maison, nous n’étions pas sortis convaincus que nous pouvions contrôler le débit des pompes, maintenir l’eau à un niveau bas, avec en plus l’aide de sacs de sable. Au lieu de cela, en l’espace de 20 minutes, l’eau a atteint le premier étage, atteignant 3m en un rien de temps, et c’est là que nous nous sommes retrouvés piégés. Nous avons appelé les secours, qui ont immédiatement répondu en disant qu’ils allaient arriver, mais entre-temps, dans l’après-midi, la rivière Savio avait déjà débordé à Cesena, de sorte que la protection civile et les pompiers, qui, encore la veille se trouvaient tous à Faenza, étaient déjà un peu plus dispersés dans les différents secteurs. De plus, dans ma rue, le courant était si fort que les véhicules à moteur n’ont pu entrer qu’à quatre heures du matin et nous n’aurions pas pu tenir jusque-là. Les pompiers nous ont dit d’aller sur les toits, mais nous n’avons pas de lucarne, donc il fallait passer par l’extérieur, à la nage. La situation était vraiment dangereuse. À un moment donné, un cousin de mon mari, ayant appris par les réseaux sociaux que la rivière était sortie de son lit juste à côté de notre maison, l’a appelé pour lui demander si nous étions déjà sortis. Il a compris au ton de sa voix que nous étions en danger et comme c’est un athlète, (il faisait du surf depuis tout jeune), il a enfilé sa combinaison, a attrapé sa planche et a sauté dans le courant. Il a nagé jusqu’à notre maison en poussant son surf, nous a chargés un à un et transportés sains et saufs jusqu’aux remparts de la ville, à 500 mètres de chez nous. Qu’avez-vous vu une fois dehors ? Une fois dans le courant, le cadre changeait complètement. L’eau dépassait déjà les panneaux de signalisation, de sorte que l’on ne savait plus si on se trouvait dans la rue ou dans le jardin d’une maison. Nous avons franchi des portails, des garages, et nous étions si haut qu’à un moment donné, notre cousin m’a demandé de m’agripper à ce qui ressemblait à un buisson, mais qui était en fait, maintenant que je le vois, un arbre. J’ai été la dernière à être sauvée. Trempés, nous avons été accueillis dans la maison d’une dame qui nous connaissait. Elle nous a fait changer d’habits dans sa salle de bain, nous a donné des vêtements propres car le froid était terrible cette nuit-là et il pleuvait. Nous nous sommes réchauffés et avons fait 6 km jusqu’à la ville où vit ma belle-mère. Nous avons eu beaucoup de chance car nous avons été parmi les premiers à sortir. Surtout, nous n’avons pas vécu ce que beaucoup de gens nous ont raconté plus tard, une véritable nuit de terreur dans la ville. Les enfants ont-ils pris conscience du danger ? Oui. J’ai trois enfants de 10, 8 et 6 ans. À un moment donné, le plus jeune n’arrêtait pas de courir dans les escaliers parce qu’on voyait l’eau monter petit à petit et il m’a dit : « Il manque cinq marches, quatre marches. Allons sur la terrasse, il faut qu’on s’échappe » et nous avons dit : « Restons à la fenêtre, parce qu’il pleut dehors. Les secours vont arriver. » Bref, ils ont compris et ont dû lentement métaboliser, surtout l’aîné. Au bout d’une heure, nous avons craint de ne pas y arriver. Une fois chez leur grand-mère, ils étaient plus calmes, même si en arrivant ils ont commencé à se rendre compte que nous avions tout perdu. Ils m’ont dit : « Maman, mais on n’a plus nos cartables, nos livres, et maintenant ? » Je leur ai expliqué que beaucoup de personnes nous aideraient. Et c’est ce qui est arrivé. Comment se sont passés les premiers jours ? Où avez-vous trouvé refuge ? Nous sommes restés chez ma belle-mère pendant quelques jours, car nous ne pouvions pas nous déplacer dans la ville. Puis, plus tard, nous avons été accueillis par la tante d’un ami de mon fils qui vit à l’étranger et qui nous a prêté sa petite maison au centre de la ville pendant un mois, à 10 minutes à pied de notre domicile, pour que nous puissions commencer à déblayer à la pelle. Nous étions à l’étroit, mais c’était vraiment un grand cadeau et j’en ai encore eu plus conscience par la suite, lorsque j’ai commencé à entendre les histoires des autres. Ensuite, des bénévoles ont commencé à arriver dans toute la ville. Je dois dire que chez nous, en partie grâce au mouvement des Focolari et en partie grâce aux nombreuses relations de mon mari, des amis sont toujours venus : de Parme, de Plaisance, de Vénétie… et aussi d’Emilie, car ceux qui ont souffert du tremblement de terre dans cette région il y a quelques années ont ressenti un véritable appel à nous venir en aide. Il y avait une atmosphère merveilleuse, un réel soutien et c’est dans ce climat que j’ai lentement commencé à tout jeter, mais j’étais vraiment sereine. Déblayer la boue, c’est épuisant : au début on essaie de faire de son mieux, on se fatigue, mais au fur et à mesure on se rend compte que ce ne sont pas les choses, ni les objets qui font notre vie, mais tout le reste. Votre mari a également un restaurant… Oui. Il avait vu sur les caméras qu’il n’y avait heureusement pas d’eau, mais il fallait qu’il aille voir par lui-même. Un jour, il est parti à six heures du matin en pensant prendre l’autoroute, mais celle-ci aussi était fermée. Nous avons eu une idée : « Appelons le maire adjoint et disons-lui que s’il t’emmène avec la protection civile au restaurant, tu feras la cuisine pour tous ceux qui en ont besoin. » Il a accepté avec plaisir que nous nous mettions à son service, parce qu’il y avait beaucoup d’habitants évacués. Heureusement toutes les personnes handicapées ou âgées avaient été emmenées plus tôt et logées dans un hôtel très proche du restaurant de mon mari, mais dont les cuisines n’étaient pas en état de marche. Mon mari et deux employés ont donc passé une journée entière au restaurant, ils ont servi 700 repas entre le déjeuner et le dîner : pour cent personnes évacuées, pour les pompiers, la protection civile. Comme le restaurant se trouve sur la Via Emilia, un point de passage, beaucoup de personnes restées bloquées sur la route avaient dormi dans leur voiture sans manger et sont venues au restaurant pour demander de l’aide. Toute la région de Cesena et de Forlì était paralysée. Comment allez-vous vous organiser maintenant ? Pour l’instant, nous avons quitté la petite maison qui nous hébergeait. Nous allons déménager dans une maison que nous avons au bord de la mer pendant un certain temps, puis nous louerons un appartement pendant 18 mois en attendant de remettre notre maison en état. L’objectif est d’y rentrer en septembre 2024. Il y a ensuite beaucoup de points d’interrogation : y aura-t-il des entreprises en mesure de rénover toutes ces maisons car nous sommes très nombreux : 12 000 personnes ont perdu leur maison. 6 000 familles rien que dans notre ville, et certaines maisons, les plus anciennes, ont été déclarées inhabitables. Les habitations doivent maintenant être asséchées. Nous avons déjà tout démonté. Nous avions du parquet et nous l’avons enlevé, les faux plafonds du rez-de-chaussée se sont effondrés d’eux-mêmes lorsque l’eau est descendue et, avec l’aide de nombreuses personnes, nous avons au moins réussi à enlever les installations sanitaires. Maintenant, tous les matins nous allons ouvrir les fenêtres et le soir nous les fermons pour mettre en route le déshumidificateur. Heureusement, c’est l’été. Si c’était arrivé en automne, cela aurait été plus gênant. La solidarité continue-t-elle ? Absolument, et sous différentes formes. Par exemple, au début, nous pensions aller à la recherche d’une maison déjà meublée pour ne pas avoir à déménager deux fois, mais nous nous sommes rendu compte que les gens commençaient à donner beaucoup de choses : armoires, matelas, chambres, canapés. Nous avons choisi de prendre une maison vide pour commencer à l’aménager avec tout ce mobilier offert. Dans dix-huit mois nous ramènerons tout dans notre maison, sachant qu’à ce moment-là, il y aura certainement beaucoup d’autres priorités. Les gens sont vraiment heureux d’aider et je dois dire que cela a été une leçon pour moi. Je me souviens d’un jour, après la première inondation : ma maison était sens dessus dessous et ma machine à laver était en panne. Je me suis dit : « Je vais faire trois sacs, un avec du linge blanc, un avec du linge de couleur, un avec du linge sombre, et je vais au travail. » À la première collègue qui me demande « comment puis-je t’aider ? », je réponds « si tu es prête à tout, voici du linge à laver. » Le temps que j’arrive à l’école, tout était déjà distribué. Dans ce genre de situation, un lien plus fort se crée avec les personnes et surtout, je n’avais pas honte de demander de l’aide. Nous avons accepté ce qu’on nous donnait et je pense que c’est aussi une façon de faire de mes besoins en toute simplicité et de dire c’est bien ainsi, on s’aime comme on est. Un lien agréable s’est également créé avec les voisins. Nous habitons le quartier depuis quatre ans et demi, mais je n’étais jamais entrée dans autant de jardins de notre rue, parce que la vie est quand même trépidante, on court partout. Désormais les gens entrent, se saluent, s’entraident. Quelle phase s’ouvre maintenant ? La deuxième phase a débuté, celle de la création de comités de citoyens pour commencer à communiquer avec l’administration municipale. Je me serais retiré tout de suite pour diverses raisons, notamment parce que j’ai occupé certains rôles dans le passé, mais maintenant je suis au milieu du processus. Nous avons choisi de prendre une maison vide que nous pourrions commencer à redécorer avec cette providence et ensuite, dans 18 mois, tout ramener dans notre maison, aussi parce qu’alors il y aura certainement d’autres priorités. Les gens sont vraiment heureux d’aider et je dois dire que cela a été une leçon pour moi. Je me souviens d’un jour, après la première inondation, ma maison était sens dessus dessous et ma machine à laver était en panne. Je me suis dit : “Je vais faire trois sacs, un avec du linge blanc, un avec du linge de couleur, un avec du linge noir, et je vais au travail”. La première collègue qui me demande “comment puis-je vous aider ?”, je lui dis “si vous êtes prête à tout, voici les gants de toilette””. Je ne suis même pas arrivée à temps à l’école que je les avais déjà distribués. Dans ces cas-là, un lien plus fort se crée avec les gens et surtout, je n’avais pas honte de demander de l’aide. Nous avons accepté ce qu’on nous donnait et je pense que c’est aussi une façon de mettre à nu mes besoins et de dire c’est bon, on s’aime comme on est. Un lien fort sympathique s’est également créé avec les voisins. Nous habitons là depuis quatre ans et demi, mais je n’étais jamais entrée dans autant de jardins voisins, parce que la vie est quand même trépidante, on court partout. Mais désormais les gens entrent, se saluent, s’entraident. Quelle phase s’ouvre maintenant ? La deuxième phase a commencé, celle de la création de comités de citoyens pour commencer à communiquer avec l’administration municipale. J’aurais voulu me retirer immédiatement pour diverses raisons, notamment pour avoir tenu certains rôles dans le passé, mais je me suis rendu compte que sans trop m’exposer, en écoutant, en restant dans les réseaux, en aidant les responsables de ces comités, je pouvais apporter ma pierre à l’édifice. Je le dois à mes enfants qui me demandent encore : « Mais est-ce qu’il faut retourner vivre là-bas ? Est-ce qu’on va construire un escalier extérieur qui nous emmène sur le toit la prochaine fois ? » Il faut une citoyenneté active pour garder un œil sur la situation. J’ai senti que je devais aussi mettre mon expérience à disposition, sous les formes adéquates, en créant des liens autant que possible, parce qu’aujourd’hui, comme toujours lorsqu’il y a une reconstruction, la plus grande peur est de rester seul. Avez-vous de l’espoir ? Oui, tout à fait. L’autre jour, nous devions faire un petit cadeau à la dame qui nous a accueillis dans sa maison durant le premier mois, et comme Faenza est une ville connue pour ses céramiques, je lui ai offert un carreau à accrocher au mur avec la phrase « Les belles choses de la vie décoiffent ». Je me suis dit qu’il s’agissait d’une énorme épreuve. Il nous faudra peut-être du temps pour nous en remettre et nous nous en sortirons, mais j’ai le sentiment que je n’aurais pas pu vivre certaines expériences sans passer par cette période difficile. J’ai vraiment l’impression d’avoir atteint le stade où l’on regarde l’essentiel, ce qui compte. C’était terrible, mais je ne peux pas me contenter de penser à la catastrophe, au fait que l’eau a tout emporté et que tout finit là. Il y a beaucoup, beaucoup plus.

Maria Grazia Berretta Interview par Carlos Mana

FormaT : former les animateurs des jeunes

Le mouvement des Focolari met en pratique les appels à la formation intégrale et continue des responsables des jeunes exprimés dans l’exhortation apostolique post-synodale “Christus Vivit” et dans le document final de l’Assemblée des Jeunes des Focolari. FormaT est un projet né en 2019 à la demande des jeunes du mouvement des Focolari pour la formation continue des animateurs en charge des nouvelles générations. Cette année-là, une représentation internationale de jeunes s’est réunie à Rome pour une assemblée de travail. Parmi les diverses indications qui se sont dégagées, deux points méritaient une attention particulière : fournir aux formateurs les outils pour accompagner les jeunes de manière intégrale et/ou s’ouvrir à des experts, en fonction des besoins ou des moments particuliers de la vie des jeunes, et apprendre aux formateurs à utiliser des méthodes et des langages innovants et attrayants pour la communication de la vie et la transmission du charisme de l’unité, en impliquant les jeunes dans leur contribution et leur retour d’information. Les jeunes ont donc demandé que les formateurs soient mieux formés, afin de les accompagner pleinement, avec des outils adaptés à l’époque actuelle et en utilisant des méthodes et des langages accessibles, actualisés et efficaces. Ces objectifs rejoignent pleinement les demandes également exprimées lors du Synode des Jeunes, recueillies dans l’Exhortation Apostolique post-synodale “Christus Vivit”, ainsi que le Pacte Educatif Global promu par le Pape François. C’est ainsi que le programme FormaT est né pour offrir une réponse concrète aux besoins des jeunes de différents pays et de l’Église. « Sagesse, passion, prière, créativité, ouverture, disponibilité, écoute et accompagnement par amour…autant de mots incisifs, essentiels, profonds ! Ils suffiraient à bouleverser notre manière de former et d’accompagner ! » – a déclaré Margaret Karram, Présidente du mouvement des Focolari, lors de la présentation de FormaT en mars 2023. « Accompagner et former sont deux aspects d’une même réalité, celle qui consiste à “marcher” ensemble. Être aux côtés des jeunes est avant tout une grande école de réciprocité, qui se fonde sur le don de soi par amour, qui ouvre les bras et le cœur à l’autre, dans une dynamique relationnelle qui favorise sa croissance sur le plan personnel et dans la relation avec les autres. Si nous consacrons du temps et de l’attention aux personnes, quelles qu’elles soient, nous réaliserons leur soif d’amour, de compréhension, de vérité et de témoignage dans la vie de tous les jours. » Et Jésus Morán, Coprésident du mouvement des Focolari, de souligner à cette occasion : « J’ai une longue expérience avec les jeunes, garçons et filles : comme professeur de philosophie et de religion, comme assistant, comme formateur en pastorale universitaire. Mais avant cela, j’ai été un jeune du Mouvement – dans mon cas un Gen – qui a reçu une formation. Et je me souviens bien du temps que mes assistants ont “perdu” avec moi. Des heures et des heures d’entretiens. (…) Un formateur doit être une personne très bien préparée, mais il ne doit pas compter sur sa préparation, mais sur sa vie. (…) Vous dites qu’un formateur a besoin de beaucoup d’union avec Dieu. Je personnaliserais un peu plus : il a besoin de l’humanité de Jésus, de son cœur, de son esprit, de ses mains. Parfois, je me dis qu’un bon formateur n’a besoin que de l’eucharistie quotidienne. Et ensuite, il s’en remet à Lui. » Le modèle FormaT FormaT est un modèle de formation qui repose sur trois piliers exprimés par 3 ‘T’ : ‘T’ = Trinitaire : une formation qui a l’empreinte et le style des relations réciproques inspirées par la vie d’un Dieu trinitaire. C’est une formation qui vise l’écoute, l’accueil, l’expérience performative et qui a pour règle de base l’amour concret et désintéressé (qui génère la réciprocité) ; ‘T’ = une formation intégrale : formation humaine, spirituelle, culturelle, ouverte et inclusive, qui vise à fournir les outils pour aborder les questions brûlantes d’aujourd’hui et pour grandir de manière intégrale ; ‘T’ = une formation qui n’est pas seulement théorique mais efficace et active, générant un impact positif et un changement chez ceux qui la reçoivent et dans l’environnement qui les entoure. La méthodologie de FormaT s’inspire principalement de la richesse de vie et de pensée présente dans la spiritualité de l’unité et de l’expérience vécue avec les jeunes depuis la création du Mouvement en 1943, en s’enrichissant également des expériences de chacun, de manière à faire ressortir les talents cachés chez les responsables de la formation et à ne pas gaspiller les dons présents chez ceux qui “ne sont pas habituellement sollicités”. Il s’agit d’une méthodologie inclusive, expérimentale, régénératrice et innovante.

                                                                                   Lorenzo Russo