Mouvement des Focolari
La communion, une mission

La communion, une mission

La présentation du premier “Bilan de Communion” du mouvement des Focolari, un aperçu des activités et des initiatives promues par le mouvement dans le monde au cours des deux années 2020-2021, a eu lieu le 19 janvier 2023 à Rome (Italie), au “Focolare meeting point”.  En présence de personnalités du monde diplomatique, politique et religieux, ainsi que de journalistes de différents médias italiens, le premier “Bilan de Communion” du mouvement des Focolari pour les années 2020-2021 a été présenté.

Margaret Karram

Un document qui retrace un parcours de vie fait de partage spontané, non seulement de biens mais d’expériences et de besoins inspirés par l’amour évangélique et qui, en montrant les fruits de ce partage, encourage un dialogue renouvelé pour une communion accrue, en plaçant à côté des ressources matérielles également les biens immatériels donnés, investis, recueillis au cours de cette période. L’événement, animé par la journaliste Claudia di Lorenzi, s’est ouvert par les salutations de la Présidente du Mouvement des Focolari, Margaret Karram. Elle a souhaité « que ces pages marquent le début d’un partage toujours plus grand. Pour être des graines d’espoir crédibles qui contribuent à renouveler le monde avec amour. » Dans son intervention, Geneviève Sanze, économiste et coresponsable du volet Économie et Travail au Centre international du mouvement des Focolari, a expliqué que “ce rapport est un outil de dialogue, une tentative d’offrir un aperçu de ce que nous essayons d’apporter à la société, en avançant sur le chemin de la fraternité.” Sœur Marilena Argentieri, Présidente du CNEC (Centre National des Économes de Communautés) a dit que ce que « le Bilan de Communion transmet est que rien ne nous appartient (…) parce que tout ce que j’ai est en communion avec l’autre. » Et elle a ajouté une impression personnelle : « Le ‘Bilan de Communion’, je crois, me fait grandir en liberté et en détachement, parce qu’au centre il y a l’amour de Dieu et l’amour des pauvres. »

De gauche à droite : Dr Geneviève Sanze, Prof. Luigino Bruni, Prof. Andrea Riccardi, Sr Marilena Argentieri.

“Ce document”, a déclaré Andrea Riccardi, historien et fondateur de la Communauté de Sant ‘Egidio, « veut mettre en évidence les effets de cette communion, de ce que nous avons et de ce que nous sommes, dans un partage volontaire et libre. Et dans une certaine mesure, plus nous vivons cette communion, moins nous contrôlons les effets, mais peut-être vivons-nous davantage l’Évangile. » « Le mouvement des focolari – a ajouté Riccardi – qui rayonne dans de nombreux pays du monde, silencieusement, est comme un réseau dans la société et dans l’Église qui empêche la terre de déraper. Nous sommes dans une période de perturbation humaine, écologique et religieuse et donc ce réseau d’amitié dans le monde, et j’insiste ici sur la valeur de l’unité, mais une unité qui s’enracine ensuite dans de nombreuses régions du monde, a une valeur beaucoup plus grande. » A son tour, Luigino Bruni, économiste et professeur d’économie à l’Université Lumsa de Rome, a déclaré que « le Bilan de Communion nous rappelle l’importance du capital relationnel, du capital spirituel, du capital invisible qui rend notre communauté belle et riche » et que « les charismes sont capables de mobiliser des énergies plus profondes que l’argent, c’est-à-dire que les gens se mobilisent pour l’infini. » Le “Bilan de Communion”, un dossier de 112 pages, qui reflète la vie du Mouvement des Focolari, qui recouvre des secteurs très divers, qui vont des initiatives concrètes à la formation ou les études, de la communication à l’écologie, où il est clair que – comme le disait Geneviève Sanze – « ce n’est pas l’argent qui change le monde. Mais ce sont des hommes et des femmes “nouveaux” qui apportent une nouvelle culture de la fraternité. Et c’est ce que nous voulons mettre en évidence. »

Carlos Mana

Voir la vidéo de présentation https://youtu.be/HcJ5poGmq8A

On édifie le Synode 2021-2024 en « marchant ensemble »

On édifie le Synode 2021-2024 en « marchant ensemble »

Le Chemin synodal est entré dans la phase continentale. Le mouvement des Focolari a apporté sa contribution à travers une réflexion et un travail menés au niveau mondial. Pour en savoir plus sur le contenu de la synthèse présentée, nous avons interviewé Francisco Canzani, conseiller du Centre international des Focolari pour l’aspect sagesse et étude. Il est le coordinateur de la Commission pour le Synode. Quelle est votre évaluation du travail effectué au sein du mouvement des Focolari pour le Synode ? Une évaluation très positive. Plus de 15 000 membres du Mouvement ont participé à la première étape du parcours synodal, répartis dans 520 communautés à travers le monde. Nous avons reçu un total de 21 synthèses régionales, ce qui démontre la profondeur de la réflexion et l’intérêt porté par les Focolari dans toutes les cultures. À ce travail interne au Mouvement – en réponse aux matériaux proposés par le Secrétariat du Synode, qui nous avait demandé une contribution spéciale – s’est ajoutée la participation de nombreux membres du Mouvement dans leurs diocèses et paroisses. Ensuite, la participation de personnes issues de différentes Églises chrétiennes et de croyants de différentes religions au processus de réflexion a été particulièrement significative. Deux contributions importantes sont également venues de groupes de dialogue entre chrétiens et personnes sans convictions religieuses tenus au sein du Mouvement. Comment cet approfondissement peut-il nous aider à acquérir des pratiques de synodalité au sein du Mouvement ?

Équipe du chemin synodal Mouvement des Focolari

On peut participer au voyage synodal précisément en « marchant ensemble ». L’expérience de la réflexion et du partage de nos expériences, préoccupations et questions a été très précieuse en soi. Des thèmes très importants ont été abordés : la coresponsabilité, la mission, les jeunes, l’option pour les pauvres, la vie communautaire, le rôle des femmes dans l’Église, qui, pour la plupart, avaient également été très présents lors de l’Assemblée générale du Mouvement, qui s’est tenue entre janvier et février 2021, mais qui ont encore besoin d’être mis en œuvre, d’être incarnés. Le processus synodal était une étape supplémentaire dans un parcours visant à synchroniser nos vies avec les temps que Dieu nous donne de vivre. Ayant accompli cette contribution en tant que Mouvement, comment pouvons-nous participer à l’étape actuelle, l’étape continentale ? Il est essentiel que nous « entrions » tous profondément dans la Synthèse que nous propose le Secrétariat du Synode pour l’étape continentale. Il est essentiel que nous le lisions, que nous le méditions, que nous puissions répondre à ses questions en communauté. Nous nous rendrons compte, entre autres, de la grande harmonie qui existe avec le document de synthèse que nous avons envoyé, en tant que Mouvement des Focolari, au Secrétariat du Synode. Pour faire partie de l’étape actuelle, nous pouvons alors continuer à participer à toutes les occasions que notre Église locale nous propose. Existe-t-il un support qui puisse aider les membres du Mouvement à approfondir le thème de la synodalité ? Je pense qu’il est important que chacun consulte le document de synthèse que nous avons envoyé en tant que Mouvement des Focolari au Secrétariat du Synode. Nous avons également réalisé une présentation vidéo, qui permet de mieux le comprendre. Ensuite, comme je l’ai déjà dit, il est fondamental de lire le document de l’étape continentale et de continuer à réfléchir sur les questions qui y sont présentées. Il serait également très utile pour les communautés du Mouvement de pouvoir répondre aux questions que pose le document, les mêmes questions que se pose l’ensemble de l’Église. Il est également très important de nous former à la synodalité. C’est pourquoi l’Institut universitaire Sophia, par le biais de son centre de recherche Evangelii Gaudium, lance un cours en ligne structuré sur le sujet. Je pense que nous pouvons – et devons – tous en faire usage. Carlos Mana Contribution du mouvement des Focolari au secrétariat du Synode – PDF https://youtu.be/mmYhDHVLBoA  

Chiara Luce : Prix de la solidarité

Coup d’envoi de la première édition du prix annuel promu par la Fondation Chiara Badano Aimes-tu aider les autres de manière concrète ? Tu as une idée de projet de solidarité et tu as hâte de le lancer ? Eh bien, il y a une initiative qui pourrait bien t’ intéresser. Le 29 octobre 2022, à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de la bienheureuse Chiara Luce Badano, la Fondation qui garde sa mémoire vivante a créé la première édition du Prix Solidarité. Il s’agit d’un événement annuel visant à promouvoir des projets de solidarité dans toutes les régions du monde. Dès son plus jeune âge, Chiara Luce a manifesté sa passion pour les plus démunis, les plus faibles, les marginaux de la société, les personnes âgées et les enfants en particulier. C’est pourquoi la Fondation Chiara Badano a décidé de créer ce prix. L’objectif est en effet de soutenir et d’encourager les projets visant à promouvoir des actions positives en faveur des catégories les plus faibles de la population (personnes âgées, personnes handicapées, immigrés, etc.) et des actions de lutte contre l’exploitation et la violence à l’égard des femmes et des enfants, contre la nouvelle pauvreté et pour la sauvegarde de la planète. Chaque année, le prix identifiera un projet innovant sur des questions spécifiques de pertinence sociale, dans le but de diffuser ses contenus pour en faire un patrimoine commun. Il s’agira de soutenir le projet par une contribution financière de 2 000 euros, de l’encourager par une communication efficace sur les médias sociaux et de l’ouvrir à de nouvelles formes de soutien. Les organisations et les groupes, y compris les groupes informels, composés principalement de jeunes de moins de 30 ans, ayant un projet qui promeut et soutient la culture et la pratique de la solidarité, peuvent participer au prix. La date limite de soumission des projets (20 janvier 2023) a été reportée au 20 février. Pour plus d’informations, lisez l’annonce. La Fondation Chiara Badano promeut également le Prix Art , une initiative visant à donner aux jeunes l’occasion d’exprimer – à travers des talents artistiques – combien le style de vie de Chiara Luce les a fascinés et inspirés. L’appel à candidatures pour la sixième édition sera publié en mars 2023. www.chiarabadano.org

                                                                                                                                  Lorenzo Russo

 

Évangile vécu: « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice » (Is 1,17)

Apprendre à faire le bien, c’est maîtriser un alphabet qui nous permet de saisir la volonté de Dieu dans notre vie et d’aller à la rencontre des autres. C’est un alphabet fait de gestes et la justice n’est rien d’autre que le trésor précieux à chercher, le joyau désiré et le but de notre manière d’agir. L’accident Je rentrais chez moi pour déjeuner quand la voiture qui me précédait a dérapé puis s’est renversée sur le toit. Je me suis arrêté et je suis sorti de la voiture pour aider. Grâce à l’arrivée d’autres sauveteurs, les blessés ont été extraits du véhicule, ensanglantés : il s’agissait d’une dame âgée, d’un jeune homme et d’un enfant. Par crainte d’être impliqué dans l’accident, personne ne s’est cependant manifesté pour les emmener à l’hôpital. Je me suis proposé de le faire! Je suis très émotif et parfois la vue du sang m’a déjà fait perdre connaissance. Mais cette fois-ci, je devais être courageux et agir. Aux urgences, pour accepter les blessés, on me demandait une somme que je n’avais pas à ce moment-là ; c’est vrai, je pouvais faire un chèque : c’était un risque, mais je ne pouvais pas les abandonner. J’ai donc signé le chèque et après m’être assuré que les blessés étaient bien pris en charge (comme le bon Samaritain), je suis parti. Je me sentais léger, comme après un examen : j’avais surmonté l’obstacle de mon émotivité mais surtout j’avais été utile à des frères à un moment crucial. J’ai fait l’expérience de la vraie joie de l’Évangile. (Marciano – Argentine) Renaissance L’adolescence rebelle d’un de nos enfants, sa dépression, ses crises de panique, ses amitiés destructrices, ses addictions avaient ouvert une grande blessure dans notre famille. En moi a grandi un flot de colère, de sentiments hostiles qui, additionnés, m’ont fait agir négativement envers mon mari et mes autres enfants. En tant que mère consciente de mon échec, je me suis de plus en plus renfermée sur moi-même. Une très bonne amie, me voyant dans un tel état, m’a conseillé de parler à un prêtre. La grâce est venue dans cette même conversation. Comme si Dieu avait brisé les murs épais de mon cœur où mes larmes étaient enfermées, j’ai pleuré pendant un long moment, j’ai crié toutes les choses terribles qui étaient arrivées à notre fils au fil des ans. Ce jour-là, la liturgie a cité une phrase d’ Ézéchiel qui a confirmé ma renaissance : « Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair » (Ez 36, 26). Dans la prière, j’ai trouvé la paix afin de pouvoir être aux côtés de mes enfants comme présence rassurante. (W.Z. – Pologne) Le pardon Une de mes connaissances avait reçu un message de son frère lui annonçant la mort soudaine de sa femme et la suppliant de lui rendre visite. Cependant, cette dame n’avait jamais été en bons termes avec sa belle-sœur, notamment depuis qu’elle avait empêché son mari de rendre visite à sa mère mourante. Même des amis lui ont dit qu’elle avait raison de ne pas aller voir un frère qui ne s’était pas bien comporté avec toute la famille. Cette connaissance, à sa manière très religieuse, a commencé à prier pour sa belle-sœur, à faire célébrer des messes du suffrage… mais elle ne bougeait pas : elle ne pouvait pas pardonner à son frère. Comment la convaincre de l’incohérence de son christianisme ? Ce même mois, la Parole de Vie était centrée sur l’amour réciproque. Pour tenter de l’aider à faire le pas, j’ai apporté à ma connaissance le dépliant avec le commentaire expliquant comment vivre ce commandement de l’Évangile. Après quelques jours, je l’ai vue arriver chez moi tout sourire : c’était pour me dire qu’après avoir lu la Parole de Vie, elle n’avait plus pu résister, elle était allée voir son frère et s’était réconciliée avec lui. (D.P. – Brésil)

Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, an IX – no.1 – janvier-février 2023)

Lisbonne 2023 : un pas vers les Journées Mondiales de la Jeunesse

Lisbonne 2023 : un pas vers les Journées Mondiales de la Jeunesse

Être « pressé » d’aller vers l’autre, comme la Vierge Marie. Tel est le cœur du message des prochaines Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) qui auront lieu à Lisbonne (Portugal) du 1er au 6 août 2023. Quelques faits intéressants sur les préparatifs. « Chers jeunes, je rêve qu’aux JMJ vous puissiez à nouveau expérimenter la joie de la rencontre avec Dieu et avec vos frères et sœurs. Après de longues périodes de distance et d’isolement, – avec l’aide de Dieu – nous redécouvrirons ensemble à Lisbonne la joie de l’étreinte fraternelle entre les peuples et entre les générations, l’étreinte de la réconciliation et de la paix, l’étreinte d’une nouvelle fraternité missionnaire ! » C’est avec ce souhait que le pape François, depuis la basilique Saint-Jean-de-Latran (Rome), s’est adressé aux jeunes du monde entier le 15 août 2022, à l’occasion de la solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie, en expliquant le sens profond du thème choisi pour la prochaine Journée mondiale de la jeunesse : « Marie partit en hâte » (Lc 1, 39). En ces temps difficiles, où l’humanité éprouvée par le traumatisme de la pandémie est déchirée par le drame de la guerre, l’épisode évangélique de la Visitation est le chemin sur lequel se déplaceront les pas de tant de jeunes qui participeront à la rencontre internationale de Lisbonne du 1er au 6 août 2023; ce sera un moment de grande joie et une occasion de témoigner, de méditer et de partager ensemble sur les pas de Marie. Comment se déroulent les préparatifs de ces JMJ ? Mariana Vaz Pato, jeune designer de Lisbonne, qui fait partie de l’équipe du mouvement des Focolari chargée de l’organisation, nous raconte : « Lorsque j’ai appris que les JMJ se tiendraient au Portugal, j’ai réagi à cette nouvelle avec une grande joie. J’ai immédiatement décidé de faire partie de cette équipe car je sentais que je pouvais contribuer, consacrer mon temps à la construction de ce grand événement ». Mariana, que se passe-t-il en coulisses en ce moment ? Dans les coulisses, il se passe beaucoup de choses et l’esprit général est celui d’un grand enthousiasme. Pour l’instant, l’accent est mis sur les inscriptions qui viennent d’être ouvertes et nous devons faire passer le mot pour ne laisser personne de côté. Mon équipe a travaillé sur différentes parties du programme des JMJ. L’une d’entre elles est la préparation d’une catéchèse à la lumière du charisme de l’unité. À ce stade, nous travaillons sur le contenu lié au thème des JMJ, en suivant les directives du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie. Nous travaillons à la création d’un stand dans la Cité de la Joie (Exposition des Vocations), où les pèlerins trouveront des contenus interactifs et des expériences du monde entier, liés aux différentes étapes de la vie de Marie. Avec le complexe international Gen Verde, nous préparons un autre moment – les ateliers Start Now – qui se dérouleront dans un quartier social, dans la banlieue de Lisbonne, et culmineront dans l’une des étapes du Festival de la Jeunesse. En plus du programme principal des JMJ, nous ressentons le besoin de proposer une rencontre post-JMJ, où les participants peuvent vivre et réfléchir à tout ce qu’ils ont vécu pendant les JMJ. La rencontre aura lieu à la Mariapolis d’Arco-Íris et est ouverte à tous ceux qui souhaitent y participer. Nous sommes également impliqués dans d’autres groupes pour l’accueil des pèlerins, la gestion des volontaires et le chœur officiel. Qu’est-ce que cela signifie pour un jeune d’aujourd’hui de « se lever » et de partir en toute hâte ? Le thème de cette journée nous appelle à partir en mission, en prenant pour exemple Marie, qui a répondu à l’appel de Dieu. Je pense que pour les jeunes, « se lever » signifie être des missionnaires. C’est-à-dire être prêt à partir, à sortir de soi (du confort d’être assis), à aller vers son prochain, à ne pas rester indifférent aux problèmes qui existent autour de nous. Cette JMJ est également confiée à quelques Saints Patrons ou témoins de la foi, des figures de référence qui ont ce processus en cours. Pourquoi est-il si important aujourd’hui d’aspirer à la sainteté ? Je pense qu’aspirer à la sainteté, c’est aspirer au bonheur. Pour les jeunes, il est important d’avoir un modèle et les saints sont la preuve qu’il est possible d’avoir un style de vie chrétien différent de ce que nous voyons autour de nous. La figure qui me frappe le plus, par exemple, est la bienheureuse Chiara Badano. La façon dont elle a vécu, à contre-courant et avec une grande confiance en Dieu, est une source d’inspiration et nous montre qu’il est possible de devenir un saint même dans le monde d’aujourd’hui. Pour plus d’informations, visitez le site : JMJ Lisboa 2023

Maria Grazia Berretta

Luisetta, l’institutrice

Luisetta, l’institutrice

Le 31 décembre 2022, Luisa Del Zanna, l’une des premières focolarines de Florence, nous a quittés. Elle est née en 1925 dans une famille chrétienne de huit enfants. Elle a immédiatement fait sienne la spiritualité de l’unité. En 1954, elle rejoint le focolare de Florence. Au cours des années suivantes, elle vit naître et suivit diverses communautés du Mouvement. À partir de 1967, elle vit à Rocca di Papa (Italie), où Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, l’a appelée pour faire partie de son secrétariat, pour suivre les archives du mouvement (qu’elle a coordonnées jusqu’en 2007). En cette même année 1967 elle est chargée, avec l’un des premiers focolarini, Vitaliano Bulletti, du Centre Sainte Claire, le Service de la Communication, qui vient d’être mis en place. « Gardienne des “trésors des Focolari”, lit-on dans un article de Città Nuova de 2008, Luisetta, un prénom qui nous rappelle la créature délicate et douce, la petite silhouette de Luisa Del Zanna, une de ces personnes à qui l’on confie habituellement des tâches importantes en raison de leur discrétion, de leur compétence et de leur fidélité, dont on ne se rend pas toujours compte de la valeur parce qu’elles n’apparaissent pas, mais sans qui certains rouages finiraient par se gripper… » Au cours de ses premières années de vie en focolare, elle a travaillé comme institutrice dans un petit village de montagne au Nord de l’Italie, qu’elle rejoignait en faisant un bout de chemin à pied ou à dos d’âne. L’expérience que nous publions ici remonte à cette époque : nous vous la livrons telle qu’elle-même l’a rédigée, en 1958. « S’il vous plaît, la route de Bordignano ? »[1] Après quatre heures de bus, j’étais arrivée au chef-lieu de ce village que je n’avais pas réussi à trouver sur la carte à l’échelle de 1/100 000. Aucune agence d’information ne le connaissait, et les horaires des différents moyens de transport ne le mentionnaient pas. Pourtant, ma feuille de route était claire : « Vous êtes invitée à prendre vos fonctions le vendredi 7 octobre à l’école primaire de Bordignano, dans la commune de Firenzuola. » Ce nom était écrit en lettres majuscules, il ne pouvait y avoir d’erreur. La personne à qui je m’étais adressée, un homme grand et fort, me regarda d’un air dubitatif : « “Qu’avez-vous dit ?” et il me fit répéter la question. Il pensait avoir mal compris. Alors il m’indiqua du doigt : “Vous voyez cette colline là-bas ? Derrière, il y en a deux autres et puis il y a B….. J’y vais de ce pas pour distribuer le courrier.” » A la vue de ses grandes bottes et de son teint basané, j’ai tout de suite compris qu’il s’y rendait à pied. Un instant déconcertée, je regarde cette colline, les bottes de cet homme, je comprends qu’il n’y a pas d’autre moyen, je reprends courage. « Je vais aller avec vous », dis-je d’un air décidé. Le facteur ne sembla pas comprendre, comme au début, mais je suis partie et je l’ai suivi. Ce fut une longue marche de trois heures, interrompue seulement par de brefs moments de pause au sommet des montées abruptes ; il y avait des rafales de vent impétueuses là où la vallée s’ouvrait. Me voilà enfin arrivée : trois maisons en pierre sont là, alignées et, en haut d’une allée bordée d’arbres, on peut voir l’église et son clocher. J’ai salué un monsieur âgé, en train de fumer la pipe, assis à l’entrée de sa maison. Je lui ai dit que j’étais l’institutrice. Il s’est levé et s’est déplacé pour m’accompagner. Nous sommes entrés par une porte disjointe dans la deuxième maison de la rangée, elles lui appartenaient toutes ; la première était une boutique, remplie de tout (sauf des choses que je n’avais pas et dont j’avais vraiment besoin). Il y avait de gros souliers cloutés, des allumettes, des pièges à souris de toutes sortes, du pain rassis, des cahiers, bref, de tout. Nous avons emprunté une petite échelle et sommes entrés dans l’école. Une grande pièce, quelques pupitres entassés dans un coin (je n’en avais jamais vu de semblables : chacun d’eux pouvait accueillir jusqu’à six élèves !), une chaise en mauvais état, un tableau noir endommagé : voilà pour ce qui était du mobilier. – De ce côté, c’est votre logement – me précisa le monsieur – vous pouvez vous estimer heureuse : cette année, il y a l’eau courante. Je l’ai fait mettre, à mes frais !  Il me fit entrer dans une petite cuisine ; dans un coin, on pouvait remarquer une cheminée sans feu. J’avais froid. Il commençait à faire sombre : j’ai cherché l’interrupteur pour éclairer la pièce, mais en vain. (J’ai appris au cours des jours suivants à utiliser la lampe à huile, à travailler et écrire à la lumière d’une petite flamme vacillante). J’ai été rendre visite à monsieur le curé le jour même (j’ai appris que son église était l’église paroissiale, la plus belle parmi celles de la vallée et des collines environnantes) et je l’ai supplié d’annoncer à la messe du dimanche que l’école commençait. « Eh, Mademoiselle, c’est la saison des récoltes. En ce moment on ramasse les châtaignes et bientôt ce sera la cueillette des olives ; on compte beaucoup sur l’aide des garçons pour ces travaux. Pour ce qui est de l’école – a-t-il ajouté – nous en parlerons en janvier. » Une situation à mes yeux impossible. Peu de temps avant, j’avais appris à ne pas reculer devant les difficultés, au contraire – m’avait-on dit – elles servent de tremplin – et j’avais constaté que c’était vrai. J’ai trouvé un autre moyen de faire savoir aux familles que j’étais arrivée. J’ai repéré les habitations de mes élèves parmi les maisons éparses et isolées et je m’y suis rendue. La première était celle d’Angiolino et de Maria. Il m’en reste un vague souvenir de noirceur et de fumée : Maria, accroupie dans un coin tout près des cendres de l’âtre (elle avait mal à la gorge), tenait son bras au-dessus de son visage pour que je ne la voie pas. Angiolino, debout dans un coin, la tête basse, suivait la conversation que j’avais avec sa mère. En parlant, j’ai compris la méfiance de ces villageois envers l’école et encore plus envers l’enseignant. J’ai beaucoup écouté, en silence. Je m’efforçais de saisir les propos de cette femme qui s’exprimait dans un dialecte dur, rancunier, presque incompréhensible. J’ai appris que son fils avait quitté l’école deux ans auparavant, sans avoir terminé ses études élémentaires, en raison de sottises qui exaspéraient les enseignants. J’ai dit peu de choses : que j’étais là pour eux, que l’école était gratuite, que les garçons auraient l’après-midi libre pour aider aux travaux des champs. « Nous verrons – dit la femme – je vais envoyer Maria. En prenant congé, j’ai salué son frère : « Je voudrais rendre cette école belle pour les petits qui viendront, si tu peux venir m’aider… je t’attends. » Je n’ai pas eu besoin d’insister davantage. Les enfants sont arrivés un par un, les petits frères par deux, incertains, craintifs. Ils s’étaient passé le mot en jouant, dans les champs, en train de garder le troupeau, ou en se retrouvant dans les bois, tous courbés pour ramasser les châtaignes. « Tu viens aussi ? C’est agréable, tu sais ! » « C’est bien, la maîtresse ne nous frappe pas ! » L’école est rapidement devenue accueillante grâce à l’aide précieuse d’Angiolino. En ce mois d’octobre la nature, riche de feuilles multicolores, offrait largement de quoi décorer la classe. J’ai fondé mes relations avec les élèves, et celles des élèves entre eux, sur le commandement de Jésus : « Aimez-vous les uns les autres… » Ce fut la base de tout le travail de l’année. L’école est devenue un petit paradis. L’Évangile devint le livre préféré de ces enfants et leurs intelligences, réfractaires et fermées aux discours habituels, s’ouvraient à la logique de l’Évangile avec une spontanéité surprenante. Cette méthode était engageante. “Pro eis sanctifico me ipsum” (pour eux je me sanctifie), avait dit Jésus, sans quoi rien n’allait plus. Je me suis rendue compte en fin d’année que la vie évangélique des enfants ne s’était pas arrêtée aux murs de l’école, mais qu’elle s’était diffusée dans les foyers, dans les familles. Je m’en suis aperçu lors des salutations reconnaissantes des parents qui n’étaient pas restés indifférents au souffle de vie joyeuse que les enfants leur transmettaient. L’écorce rugueuse qui les avait fait paraître insensibles s’était retirée de leurs âmes et, inconsciemment, ils étaient habités par cette même vie.

                                                                                                                               Histoire de Luisa Del Zanna

[1] Bordignano municipalité de Firenzuola (Florence, Italie)