Mouvement des Focolari

Chiara Lubich : le chemin vers la fraternité universelle

Comment faire de nos efforts quotidiens, de notre travail, de nos relations un vecteur pour construire un monde uni ? Voir avec un regard nouveau, chaque matin, ceux que nous rencontrons, prêts à ne pas juger, à donner notre confiance, à espérer toujours, à croire toujours. Nous devons acquérir un regard de miséricorde, une vertu que les temps que nous vivons nous demandent de mettre en pratique avec les frères proches ou loin de nous. […] La fraternité universelle, voilà le grand projet de Dieu sur l’humanité. Une fraternité universelle, plus forte que les divisions, les tensions et les rancœurs qui s’insinuent si facilement à cause des incompréhensions et des fautes. Pourquoi les familles se défont-elles ? Parce que nous ne savons pas nous pardonner. De vieilles haines entretiennent les divisions entre les membres d’une même famille, les groupes sociaux et les peuples. Certains même enseignent à ne pas oublier les torts subis, à nourrir des sentiments de vengeance… Une rancœur sourde empoisonne l’âme et corrompt le cœur. Certains pensent que le pardon serait un signe de faiblesse. Bien au contraire. C’est l’expression d’un grand courage, d’un amour vrai, d’autant plus authentique qu’il est plus désintéressé. « En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment – dit Jésus -, quelle récompense allez-vous en avoir ? » Tout le monde en fait autant. « Vous, aimez vos ennemis[1]. » À nous aussi, il nous est demandé – prenant exemple sur Lui – d’avoir un amour de père, de mère, un amour de miséricorde envers ceux que nous rencontrons pendant la journée, surtout envers ceux qui sont dans l’erreur. Et à ceux qui sont appelés à vivre une spiritualité de communion, comme l’est la spiritualité chrétienne, l’Évangile demande encore plus : « Pardonnez-vous mutuellement[2] » L’amour réciproque exige presque un pacte entre nous : celui d’être toujours prêts à nous pardonner réciproquement. C’est la seule manière de contribuer à créer la fraternité universelle. Ces paroles, non seulement nous invitent à pardonner mais elles nous rappellent que, pour être nous-mêmes pardonnés, il nous faut pardonner. Dieu nous écoute et nous pardonne dans la mesure où nous savons pardonner. […] En effet, un cœur endurci par la haine n’est même plus capable de reconnaître et d’accueillir l’amour miséricordieux de Dieu. […] Il nous faut faire preuve de prévention. Chaque matin regarder les autres d’un œil nouveau, en famille, à l’école, au travail, prêts à ne pas juger, à faire confiance, à espérer, à croire sans cesse. Approcher chaque personne avec cette amnistie complète dans le cœur, avec ce pardon universel. Ne pas se souvenir de leurs défauts, tout couvrir avec l’amour. Au cours de la journée, essayer de réparer les impolitesses et les mouvements d’humeur en présentant des excuses ou en faisant un geste d’amitié. […] Alors quand nous prierons le Père et, surtout, lorsque nous lui demanderons son pardon pour nos fautes, nous verrons notre demande exaucée. Nous pourrons dire avec confiance : « Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous[3]. »

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 667) [1] Cf. Mt 5, 42-47 [2] Cf. Col 3, 13. [3] Mt 6, 12.

Le Pape et l’acte de consécration au Cœur Immaculé de Marie

Le 25 mars, le Pape François consacrera la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. Cette supplique s’insère dans la prière chorale qui s’élève dans le monde pour la paix et accompagne le grand réseau de solidarité auquel adhèrent également les membres du mouvement des Focolari. Le 25 mars, en la solennité de l’Annonciation du Seigneur, vers 18h30 (heure de Rome), depuis la basilique Saint-Pierre au Vatican, le Pape François consacrera toute l’humanité, et en particulier la Russie et l’Ukraine, au Cœur Immaculé de Marie. Selon la tradition catholique, par cet acte il confie à la Mère, et par son intercession à Dieu, toute personne sur terre, en particulier aujourd’hui ceux qui souffrent à cause de la guerre. Le Pape écrit aux évêques du monde entier, les invitant à participer : « L’Église, en cette heure sombre, est fortement appelée à intercéder auprès du Prince de la paix et à se faire proche de ceux qui paient dans leur chair les conséquences du conflit ». Parce que la guerre est une défaite pour tout le monde. Avec la guerre, tout est perdu. C’est pourquoi, poursuit le Pape, « Accueillant aussi de nombreuses demandes du Peuple de Dieu, je désire confier, de manière spéciale, les nations en conflit à la Vierge ». Cet acte « se veut être un geste de l’Église universelle qui, en ce moment dramatique, porte à Dieu, par sa Mère et notre Mère, le cri de douleur de tous ceux qui souffrent et implorent la fin de la violence, et qui confie l’avenir de l’humanité à la Reine de la paix ». Le mouvement des Focolari, présent dans plus de 180 pays, et donc aussi dans de nombreux endroits où il y a encore des conflits et des guerres, adhère à l’appel du pape. Il y a quelques jours, Margaret Karram, la présidente du mouvement des Focolari, ainsi que le Conseil Général du Mouvement, réunis dans la « ville de la paix » à Assise pour quelques jours de retraite, a invoqué la prière pour la paix universelle : « Nous te demandons, avec la foi qui déplace les montagnes, que le feu de la guerre cesse et que le dialogue ’en cherchant les voies de la paix’ entre la Russie et l’Ukraine soit victorieux. Nous demandons la grâce de mettre fin à tous les conflits en cours, en particulier les plus oubliés ». Depuis 1991 – les années de la guerre du Golfe – les communautés des Focolari sont unies dans une prière commune pour la paix par le Temps mort quotidien à midi dans tous les fuseaux horaires. Des chrétiens de différentes Églises, des croyants de différentes religions, s’arrêtent pour une minute de silence ou de prière pour demander la paix et recentrer leur engagement personnel pour la construire là où ils sont. Le vendredi 25 mars, en même temps que le Pape fera l’Acte de Consécration, le Cardinal Konrad Krajewski, l’envoyé du Pape à Fatima au Portugal, fera le même geste pour implorer ensemble la Paix.

Lorenzo Russo

Voici le lien vers la prière en direct à partir de 17h00 (heure de Rome) Voici l’acte de consécration au Cœur Immaculé de Marie en plusieurs langues

Compositeurs de valeurs : un atelier entre notes et paroles

Compositeurs de valeurs : un atelier entre notes et paroles

Le 26 février 2022, la collaboration entre les Gen4, les enfants du Mouvement des Focolari, et l’association Forme Sonore, a donné vie à un atelier de composition de musique pour enfants avec une centaine de participants de tous les continents. De nombreuses réflexions ont été recueillies auprès des participants et les impressions des professeurs de musique, Sabrina Simoni et Siro Merlo. La très belle collaboration née au cours de l’été 2021 entre ‘Forme Sonore’, une association qui s’occupe de productions et d’expérimentations pour favoriser l’essor de la pensée musicale, et les Gen4, a donné vie à un morceau de musique enregistré par un petit chœur d’enfants du Burundi. L’occasion d’unir leurs forces et de créer à nouveau quelque chose de beau ensemble s’est présentée le 26 février 2022, jour où les fondateurs de Forme Sonore, la professeure de musique Sabrina Simoni (directrice du ‘’Piccolo Coro  Mariele Ventre de l’Antoniano de Bologne-Italie’’, protagoniste de l’événement annuel italien de chants pour enfants ‘’Zecchino d’oro’’) et le professeur de musique Siro Merlo (expert en écriture et direction artistique de chansons pour enfants) ont tenu un magnifique atelier organisé par les GEN4, destiné en particulier à ceux qui comprennent la musique et qui travaillent en contact étroit avec les enfants. L’atelier, qui a été suivi en ligne par une centaine de personnes de tous les continents, s’est concentré sur la composition de musique pour enfants, non seulement d’un point de vue technique, mais aussi comme un moyen de transmettre des valeurs telles que le partage, l’unité, la fraternité, l’attention aux autres et à la nature. « Lorsque Valeria Bodnar, l’assistante GEN4 du Burundi, nous a contactés en août dernier , racontent les professeurs de musique, nous avons été sincèrement impressionnés par son enthousiasme. Nous avons vécu la même émotion le samedi 26 février. Le mot qui parvient le mieux à décrire ce moment est ‘’choralité’’, ce sentiment intense que l’on ressent lorsque, animés d’une joie sincère, on interprète une chanson avec d’autres. Les personnes qui ont participé, en plus d’être géographiquement très éloignées, appartenaient à des milieux sociaux et culturels très différents, et pourtant les messages que nous avons reçus à la fin de l’atelier exprimaient des opinions consonantes et parfaitement harmonieuses ». Filippo de Monopoli (Italie) dit : « Ce cours a surtout ravivé mon désir de composer quelque chose pour nos Gen4. J’ai appris que les chansons pour nos enfants doivent être simples, ludiques et qu’ils doivent se sentir libres et heureux de les chanter ». De nombreux remerciements ont été reçus. Ramia, de Côte d’Ivoire, écrit : « J’ai compris que la composition de la chanson doit être faite en tenant compte de la psychologie des enfants, du public cible qui va l’interpréter, en trouvant la meilleure façon de transmettre une émotion et le bon rythme pour permettre à l’enfant de chanter sans soucis ». Un véritable voyage à travers les notes, la technique et la passion, qui a révélé aux participants combien il est important de considérer la musique comme « un moyen et non une fin », ont expliqué les professeurs de musique Sabrina Simoni et Siro Merlo, « un moyen qui peut non seulement ‘’transporter’’ des contenus de différentes natures (éducatifs, pédagogiques, émotionnels ou ludiques), mais aussi le faire en moins de temps, de manière plus directe et plus approfondie ». Un moment de grand partage qui s’est transformé en un cadeau réciproque et qui a laissé un mandat important pour ceux qui s’occupent de l’enfance et de la musique : grandir et se former de plus en plus, en accompagnant les enfants sur ce chemin de découverte dans lequel « la musique – concluent les professeurs de musique – possède une énergie socialisante particulièrement puissante qui doit être correctement guidée et canalisée par des enseignants compétents, animés d’une grande passion et riches d’empathie et de sensibilité ».

 Maria Grazia Berretta

Je fuyais et vous m’avez accueilli

Je fuyais et vous m’avez accueilli

Nous suivons le conflit en Ukraine en temps réel, à travers le travail des journalistes dépêchés sur place et par les informations diffusées sur le web et les réseaux sociaux. Chaque jour, nous assistons au drame humain de foules obligées de fuir les bombes, principalement des enfants et des femmes. Dans le même temps, les gestes d’accueil se multiplient silencieusement dans de nombreux pays européens. Voici quelques témoignages. Il y a un mois, aucun d’entre nous n’aurait pu imaginer que nous aurions aujourd’hui plus de trois millions de réfugiés en provenance d’Ukraine. Mais c’est la réalité que nous vivons non seulement dans les pays proches des zones du conflit mais aussi dans les pays d’Europe et au-delà. Pratiquement du jour au lendemain, nous avons dû nous organiser pour accueillir nos frères et sœurs ukrainiens, principalement des enfants et des femmes, qui fuient l’horreur. Manuela, de Berlin (Allemagne), nous raconte : «Quand le conflit a commencé et que les premières personnes sont arrivées d’Ukraine, c’était pour moi une réponse à l’annulation forcée de la rencontre annuelle des Focolari que nous appelons la Mariapolis européenne pour accueillir les gens du mieux que nous pouvons, c’est maintenant ma, notre Mariapolis. C’est ce que Dieu veut de moi, de nous». Et de Munich, également en Allemagne, Dora raconte : « La maison des prêtres où je travaille a accueilli deux femmes et un enfant de 12 ans. Ils ne parlent ni allemand ni anglais, mais nous nous comprenons grâce à la traduction en ligne sur nos téléphones portables. Il y a quelques soirs, après le dîner, je leur ai demandé s’ils avaient besoin de quelque chose. La mère a répondu : ‘Oui, j’aurais besoin de chaussures pointure 42 pour mon fils’. À ce moment-là, j’ai senti Chiara Lubich très proche de moi et j’ai compris que nous étions sur la bonne voie ». Dora fait référence à un épisode qui est arrivé à Chiara Lubich pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’un pauvre lui a demandé une paire de chaussures pointure 42 et qu’au même moment une amie lui a donné une paire de cette pointure qui était en trop dans sa famille. Aujourd’hui, certaines des structures d’hébergement des Focolari sont également mises à disposition pour accueillir des réfugiés d’Ukraine. Le 3 mars 2022 déjà, les cinq premiers réfugiés (deux jeunes mères et leurs enfants) ont pu trouver un logement, reconnaissants de la douche chaude et de la nourriture qu’ils ont reçues au centre Mariapolis dialog.hotel.wien, près de Vienne, en Autriche. Le lendemain, ils ont poursuivi leur voyage en train. Dix jours plus tard, 34 réfugiés sont arrivés, dont 15 enfants, et ont été hébergés pour une à cinq nuits. La même chose s’est produite dans les centres Mariapolis en Allemagne : Zwochau/Leipzig, Solingen/Cologne, Ottmaring/Augsbourg. Vingt-cinq jeunes du nord-ouest de l’Allemagne ont participé à une course de solidarité pour les orphelins ukrainiens le samedi 12 mars 2022. Un grand groupe a couru à Solingen et de Cologne, Munich et aussi de Graz, d’autres participants se sont joints à eux et ont couru avec eux. Au total, les jeunes ont couru plus de 250 kilomètres et récolté plus de 10 000 euros ! Ils se sont ensuite mis en relation par vidéoconférence avec la focolarine qui se trouve en Ukraine pour un temps de partage d’expériences. Non seulement nous accueillons des réfugiés ou collectons de l’argent, des vêtements ou de la nourriture, mais nous sensibilisons les gens à l’idée de la paix. Margarete D. est enseignante et a lancé une campagne spéciale avec sa classe à Krefeld (Allemagne). Elle a constaté un grand enthousiasme chez les enfants de faire quelque chose de concret. Ils ont donc lancé l’action « Cartes postales pour la paix ». Certaines phrases ont été traduites en russe et méticuleusement écrites par les enfants en lettres cyrilliques à côté de la version dans leur langue maternelle, pour être envoyées à ceux qui ont la possibilité d’arrêtez les affrontements. Il y a encore beaucoup à faire. Entre-temps, des efforts sont déployés pour organiser au mieux les aspects logistiques de l’accueil des réfugiés, dans l’espoir qu’un terme soit rapidement mis à ce conflit, comme l’a également déclaré le pape François lors de l’Angélus du dimanche 20 mars 2022, en suppliant « tous les acteurs de la communauté internationale de s’engager réellement à mettre fin à cette guerre répugnante ».

Carlos Mana

Évangile vécu : “Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés” (Mt 6,12)

Est-il possible d’imiter le Père en pratiquant un amour qui va jusqu’au pardon ? C’est en effet compliqué, mais la véritable condition qui nous permet de faire un si grand geste est d’avoir reçu dans la vie “la grâce de la honte”, comme le dit le pape François, et la joie conséquente d’avoir été pardonné. Un chemin mystérieux sur lequel le Carême nous demande de marcher, pour qu’à la fin nous puissions profiter de paysages merveilleux. Blessures guéries Un jour, une personne m’a lancé un reproche que, selon mon orgueil, je ne méritais pas. Pendant un certain temps, ce manque de respect a brûlé en moi. J’ai été tentée de limiter la relation, je ne voulais plus rien avoir à faire avec cette personne indésirable, mais cela n’aurait pas été cohérent avec mon choix de vivre l’Évangile. Comment pourrais-je guérir cette blessure ? Je me suis tournée vers Jésus et j’ai immédiatement pensé : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ». Pendant des jours, j’ai mis en pratique ce conseil avec les personnes que je côtoyais, y compris celles qui m’avaient fait du tort, et à la place des pensées négatives, j’ai senti quelque chose guérir en moi : un sentiment de soulagement que seul le pardon peut procurer. (R. – Italie) L’amour inconditionnel Depuis quelque temps, les querelles entre ma femme et moi s’étaient intensifiées. Allez savoir pourquoi, il a suffi d’un petit désaccord, d’un mot déplacé, d’un rien pour que nous commencions à élever la voix, à ressasser de vieilles histoires. Un soir, alors que l’atmosphère était devenue électrique, notre fille de neuf ans s’amusait à lancer des avions en papier depuis l’escalier de l’étage. Elle souriait et son petit frère semblait s’amuser comme un petit fou. Intrigué, j’en ai pris quelques-uns et les ai montrés à ma femme. En regardant de plus près, chacun des avions était décoré de cœurs et de messages tels que : “Nous vous aimons tellement”, “Vous êtes les plus beaux parents du monde” et “Nous voulons vous entendre chanter”. Lorsque ma femme les a lues, des larmes ont coulé sur son visage. Nous nous sommes regardés avec honte, puis nous nous sommes embrassés, promettant de trouver notre unité dans ce “oui” d’amour que nous nous étions promis depuis des années. (M. – Portugal) La première étape Depuis mon adolescence, mon père et moi ne pouvions pas nous supporter. Ma mère en souffrait, mais ne voyait aucune solution pour notre famille. Lors d’un voyage à l’étranger, je me suis confiée à un ami engagé dans un mouvement catholique qui, dans les cas difficiles, avait l’habitude de se poser la question suivante : « Si je n’aime pas cette personne, qui l’aimera à ma place ? » Je suis rentrée de ce voyage en gardant précieusement ces mots forts et, étrangement, je me suis souvenue de tant d’occasions manquées où j’aurais pu faire un geste d’amour envers mes parents. Pour me racheter, j’ai commencé par de petites choses, de simples services liés à ma compétence, que j’avais l’habitude d’éviter… Bref, quelque chose a changé en moi. Des décennies ont passé depuis, et maintenant que j’ai une famille et des enfants, je comprends l’importance de faire le premier pas, comme si la joie de l’autre ne dépendait que de moi. (R.T. – Hongrie)

                                         Propos recueillis par Maria Grazia Berretta

  (extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année VIII, n°2, mars-avril 2022)

Chiara Lubich: miséricorde sans limites

Dans le Notre Père, Jésus nous invite à demander à Dieu de pardonner nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. C’est la Parole de vie que nous essayons de mettre en pratique en ce mois de mars 2022. Notre amour pour nos frères et sœurs doit être empreint de miséricorde, allant jusqu’au pardon. Jésus affirme que c’est toujours nous qui devons prendre l’initiative pour que la bonne entente soit constante, pour maintenir la communion fraternelle. Jésus pousse ainsi le commandement de l’amour du prochain jusqu’à sa racine la plus profonde. En effet, il ne dit pas : « si tu te souviens que tu as offensé ton frère », mais : « si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi ». Pour lui, le fait même de rester indifférents face au désaccord, même lorsque nous n’en sommes pas responsables, est déjà un motif pour que Dieu ne nous accepte pas bien et nous rejette. Jésus veut donc nous mettre en garde, non seulement contre les plus graves explosions de haine, mais aussi contre toute expression ou attitude qui, d’une manière ou d’une autre, dénote un manque d’attention, d’amour envers les frères. (…) Nous devrons chercher à ne pas être superficiels dans nos relations, mais à fouiller dans les recoins les plus secrets de notre cœur. Nous tâcherons aussi d’éliminer la simple indifférence ou tout autre manque de bienveillance, toute attitude de supériorité, de négligence envers quiconque. Évidemment, nous chercherons à réparer toute impolitesse, toute manifestation d’impatience, par une excuse ou un geste d’amitié. Et si parfois cela ne semble pas possible, c’est alors le changement radical de notre attitude intérieure qui comptera. Une attitude de rejet instinctif de l’autre sera remplacée par une attitude d’accueil total, d’acceptation complète de l’autre, de miséricorde sans limites, de pardon, de compréhension, d’attention à ses besoins. En agissant ainsi, nous pourrons offrir à Dieu tous les dons que nous voudrons. Il les acceptera et en tiendra compte. Nous approfondirons notre rapport avec lui et nous arriverons à cette union avec Dieu qui est notre bonheur présent et futur.

Chiara Lubich

 (Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 283 – Parole de vie de février 1984)