Mouvement des Focolari
Le défi de l’écoute et de l’apprentissage mutuel

Le défi de l’écoute et de l’apprentissage mutuel

Mgr Piero Coda, théologien, secrétaire de la Commission théologique internationale, ancien doyen de l’Institut Universitaire Sophia, a reçu le diplôme honoris causa de l’Université Catholique de Córdoba en Argentine. Une semaine d’événements a marqué le début du mois de mars 2024 à l’Université catholique de Córdoba (UCC) en Argentine.  Parmi ces événements, citons le Séminaire de l’Itinéraire Córdoba 2024, l’Université des Jésuite et l’Anthropologie Trinitaire, ainsi que la remise d’un Doctorat honoris causa à Mgr Piero Coda, théologien, Secrétaire de la Commission théologique internationale et ancien Recteur de l’Institut Universitaire Sophia. D’autres événements connexes ont permis de faire connaître la pensée et la contribution de Mgr Coda, qui ne se limite pas à l’anthropologie et à la théologie, mais rejoint l’Église dans son cheminement synodal et dans celui du dialogue œcuménique et interreligieux. Le Séminaire d’Anthropologie Trinitaire s’est déroulé du 4 au 6 mars. Le groupe d’étude, actif depuis 11 ans, est composé de 14 personnes, femmes et hommes, franciscains, jésuites, prêtres, religieux, focolarini et laïcs de différents mouvements ecclésiaux.  Sonia Vargas Andrade, de la Faculté de théologie San Pablo de l’Université Catholique de Bolivie, a déclaré : «Nous nous sommes réunis pour réfléchir au chemin qu’un théologien latino-américain doit suivre dans le dialogue avec la théologie européenne, en particulier l’anthropologie trinitaire, en tenant compte de ce qui nous est propre, à savoir la pluralité». Le séminaire s’est conclu en soulignant que l’élément distinctif de la Théologie Trinitaire – objet d’étude du groupe – est précisément l’unité dans la pluralité : «la pensée de l’autre est aussi valable que la mienne, je dois penser à partir de l’autre et dans l’autre», a ajouté Mme  Vargas Andrade. Mgr Piero Coda a raconté son expérience directe et sa lecture de la première session de l’Assemblée synodale, à laquelle il a participé en tant que membre de la Commission théologique du Secrétariat général du Synode des évêques. Mr Coda a décrit la première session comme une pause pour apprendre à se rencontrer, à s’écouter et à dialoguer dans l’Esprit. Il a ajouté : «Le voyage ne fait que commencer. La patience et la persévérance doivent aller de pair avec la sagesse et la prudence, mais aussi avec l’enthousiasme et le courage de prendre des risques». Tommaso Bertolasi, professeur à l’Institut Universitaire Sophia de Loppiano (FI), a clôturé le débat en abordant le thème «jeunes et synodalité», soulignant que les jeunes font l’expérience d’un Dieu absent : «Dieu est expérimenté comme l’absent, celui qui n’est pas là». Il faut donc considérer l’expérience d’abandon de Jésus sur la croix. «C’est précisément là, dans la mort et la résurrection, que Dieu entre dans toute expérience humaine : à partir de ce moment, il n’y a plus de distance avec Dieu, parce que Dieu est dans l’absence de Dieu». De cette thèse, il a déduit plusieurs implications pour l’Église en général, en particulier pour la pastorale des jeunes. Le 6 mars, Mgr Piero Coda a reçu le titre de docteur honoris causa. À cette occasion, le cardinal Ángel Rossi S.J., archevêque de Córdoba, a décrit Piero Coda comme un «pèlerin de la vérité, qui a vécu sa vie comme un exode et l’a conduit à quitter sa ‘patrie’ pour mettre sa pensée et ses réflexions théologiques en dialogue permanent avec les différentes cultures, avec ceux qui ne professent pas une foi explicite ou avec d’autres disciplines». Le Père Gonzalo Zarazaga S.J., directeur du doctorat en théologie à l’UCC, présentant la contribution de Piero Coda, a déclaré que «l’Ontologie Trinitaire de Piero Coda nous ouvre à l’intimité du Dieu trinitaire et nous invite à participer à son amour dans sa plénitude». La rabbine Silvina Chemen, par le biais d’un message vidéo, a exprimé son affection, son admiration et sa gratitude à Piero Coda pour son travail de renforcement des liens interreligieux avec le mouvement des Focolari. Dans ses remerciements, Mgr Piero Coda a déclaré qu’il considérait la reconnaissance reçue comme une appréciation du style de compréhension et de mise en œuvre du travail philosophique et théologique, qui s’avère très pertinent dans le processus de réforme synodale et missionnaire dans lequel l’Église est engagée, sous la direction du pape François. Il a ajouté : «Il s’agit d’apprendre les uns des autres, d’écouter ensemble ce que l’Esprit dit aux Églises : dans l’échange des dons de nos expériences respectives d’inculturation de la foi et de la mission, dont nos communautés et nos cultures sont porteuses». Sa lectio magistralis était intitulée «Habiter la réciprocité du Père et du Fils dans l’Esprit Saint pour raviver le sens et le destin de l’histoire».

                                                                                                                                                                                                                                     María Laura Hernández Photo : avec l’aimable autorisation de l’UCC et de Guillermo Blanco

Soulagement dans les urgences humanitaires

Soulagement dans les urgences humanitaires

Grâce aux dons de nombreuses personnes, des interventions ont pu être menées pour soulager les souffrances des populations frappées par des catastrophes naturelles ou des guerres. La Coordination des Urgences des Focolari fait le point sur la situation de la collecte de fonds pour la Syrie, la Turquie l’Ukraine, l’Italie, le Pakistan et les Philippines. Les conflits armés, les épidémies et les catastrophes environnementales telles que les inondations ou les tremblements de terre peuvent mettre des populations entières dans une situation dramatique, avec des effets immédiats et à long terme. Afin de répondre à ces situations graves, le mouvement des Focolari a créé la Coordination des urgences qui, à la suite d’urgences humanitaires, lance des collectes de fonds pour venir en aide aux populations touchées par le biais de programmes soutenus par les membres des Focolari ou par des organisations de Focolari du monde entier, travaillant seules ou en partenariat avec d’autres. Récemment, la Coordination des Urgences a présenté le Rapport 2023, dans lequel nous apprenons que, de 2016 à la fin de 2023, un total de 5 361 505 € a été collecté pour les urgences en Syrie, en Turquie, en Ukraine, en Italie, au Pakistan et aux Philippines. En Syrie, le projet “Graines d’espoir”, qui a débuté en septembre 2018, a permis de fournir des soins socio-sanitaires aux familles, un accès aux médicaments essentiels, des services de santé de base et des interventions chirurgicales pour les patients atteints de maladies chroniques, ainsi qu’un soutien éducatif aux enfants et aux adolescents. A ce jour, 23 170 personnes ont bénéficié de ce programme. Pour le tremblement de terre en Syrie et en Turquie, qui a eu lieu en février 2023, 6 273 personnes ont été aidées sous diverses formes : aide financière à 405 familles, distribution de détergents à 490 familles et de nourriture et de vêtements à 712 familles, ainsi que soutien psychologique pour les personnes âgées, les adultes et les jeunes et assistance médicale. En outre, 16 familles et 32 personnes ont bénéficié d’une aide au travail (valorisation des compétences professionnelles de chacun grâce à des microcrédits) et 138 familles ont bénéficié d’une aide au logement. Une ferme laitière communautaire a également été mise sur pied pour fournir du lait et générer des revenus pour les familles d’un village turc habité par des réfugiés afghans. En Ukraine, en revanche, la situation d’urgence est en constante évolution : le conflit se prolonge et les besoins de la population sont nombreux et croissants. Ces dernières années, des soins de santé de base ont été dispensés à environ 12 000 personnes et un soutien économique extraordinaire a été apporté à plus de 2 000 familles. Diverses activités ont été entreprises pour accueillir les familles et les enfants déplacés en Italie.  Un camp scolaire a également été mis en place en Autriche avec 30 enfants d’une école primaire de Kiev. Un centre de jour protégé pour les enfants et les mères a été ouvert. Les inondations qui ont touché plusieurs régions du monde ont constitué une autre urgence cette année. En particulier, lors de l’inondation qui a frappé le Pakistan, il a été possible de fournir des matériaux de construction pour restaurer 20 maisons détruites et aider 1 150 personnes. Pour l’inondation en Emilie-Romagne (Italie) en 2023, en revanche, il a été possible d’aider 16 familles pour l’achat ou la réparation de biens matériels endommagés par l’eau, et des travaux de rénovation ont été effectués dans les maisons de 7 familles. En outre, un chantier et la rénovation d’une ferme pédagogique ont été réalisés. La Coordination des Urgences du mouvement des Focolari gère ces projets par l’intermédiaire de l’Amu (Action pour un monde uni) et d’AFN (Action pour les familles nouvelles), deux ONG issues du mouvement des Focolari qui travaillent dans le domaine social. À ce jour, la collecte de fonds pour les urgences en Ukraine et pour les conséquences du tremblement de terre en Syrie et en Turquie se poursuit.

Carlos Mana

Chiara Lubich : la fraternité ne se réalise qu’avec un amour spécial

Aujourd’hui, 14 mars, jour où nous rappelons le départ pour le Ciel de Chiara Lubich, nous publions quelques-unes de ses paroles, prononcées lors de la rencontre du Mouvement Politique pour l’Unité, à Berne (Suisse), le 4 septembre 2004. Une réflexion sur le style d'”amour” nécessaire pour que la fraternité universelle devienne possible. La fraternité ne se réalise que grâce à un amour spécial. C’est un amour qui doit s’adresser à tous, comme Dieu le Père qui envoie la pluie et le soleil sur les méchants et sur les bons. Ce n’est pas un amour qui s’adresse seulement aux parents, aux amis, à certaines personnes, il doit s’adresser à tous ; et c’est déjà une gymnastique. Si nous partions de cette salle en ayant pour seule résolution d’aimer toutes les personnes que nous rencontrerons, en nous efforçant, si nous sommes chrétiens, de voir le Christ en eux – car alors Il nous dira : « C’est à moi que tu l’as fait », « c’est à moi que tu l’as fait », « c’est à moi que tu l’as fait » –, à mon avis nous aurions déjà gagné parce que de là partirait la révolution chrétienne. Ensuite, cet amour, qui est nécessaire pour la fraternité, qui n’est pas la tolérance mais qui est quand même tolérant, qui n’est pas la solidarité mais qui est quand même solidaire, cet amour est quelque chose de différent, car c’est l’amour même de Dieu – nous, chrétiens, disons : [l’amour] répandu dans notre cœur par l’Esprit Saint. C’est un amour qui aime en premier, qui n’attend pas d’être aimé, qui est le premier à se mouvoir, qui s’intéresse aux personnes lorsque… bien sûr, il ne s’agit pas de les déranger ; il agit le premier, il n’attend pas d’être aimé. En général, dans l’amour, on attend d’être aimé afin d’aimer en retour. Au contraire, cet amour est le premier à se manifester, à se mettre en branle [route]… Et c’est la révolution. Ainsi notre Mouvement est arrivé, grâce à un charisme [reçu] de Dieu et non par nos propres forces, jusqu’aux extrémités de la terre ; car si l’on part d’ici avec l’idée d’aimer tout le monde et de toujours aimer en premier, sans attendre… ; eh… ; c’est déjà un Évangile en acte. Comprenez-vous ce qu’est l’Évangile ? C’est cela l’Évangile. Et cet amour n’est pas sentimental ; ce n’est pas un amour platonique, ce n’est pas un amour évanescent mais un amour concret qui « se fait un » avec la personne aimée : si elle est malade, il se sent malade avec elle ; si elle se réjouit, il se réjouit avec elle ; si elle réalise une conquête, cette conquête est aussi la sienne. C’est un amour qui… comme le dit saint Paul : “Se faire tout à tous”, se faire pauvre, malade avec les autres. Partager : c’est ce qu’il est cet amour, quelque chose de concret. Par conséquent : un amour qui doit s’adresser à tous, un amour qui commence le premier ; un amour concret. Et puis il faut aimer les autres comme soi-même : c’est ce que dit l’Évangile. Donc, ma compagne, Eli, qui est ici dans la salle, c’est moi car je dois l’aimer comme moi-même, comme je m’aime moimême. De même Clara : je dois l’aimer comme moi-même ; cette dame, je dois l’aimer comme moimême ; cette autre dame, je dois l’aimer comme moi-même, c’est ça, l’Évangile. C’est vraiment quelque chose d’énorme : quand est-ce que nous aimons les autres comme nous-mêmes ? On se transporte, en quelque sorte, dans les autres, pour nous aimer comme nous-mêmes. C’est aussi un amour qui, s’il est vécu par plusieurs personnes, devient réciproque car j’aime Marius et Marius m’aime ; j’aime Clara et Clara m’aime. Cet amour réciproque est la perle de l’Évangile. Jésus a dit : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » ; il a dit que c’est son commandement et qu’il est nouveau. Il résume donc l’Évangile. C’est la base de la fraternité. Que pouvons-nous faire pour être frères les uns des autres sinon nous aimer et nous aimer comme Lui nous a aimés jusqu’à être prêt à donner sa vie pour nous ? Il nous faut avoir tout cela présent à l’esprit. Avoir présent à l’esprit comment est cet amour (…), pour répondre au monsieur qui m’a posé la question : comment devons-nous penser notre relation aux autres ? Nous devons la penser sur le modèle du dialogue. Je dois voir l’autre comme quelqu’un avec qui je dois dialoguer. Cependant, pour pouvoir dialoguer, je dois le connaître ; je dois alors entrer dans l’autre et non pas commencer à parler, et m’efforcer de le comprendre l’autre, en le laissant s’exprimer. […] Nous devons entrer dans l’autre, le laisser s’ouvrir, le laisser parler et qu’il sente en nous le vide, la capacité de le comprendre. Il se passe alors – c’est notre expérience – que l’autre comprend qu’il est aimé et alors il devient bien disposé à écouter ce que nous avons à dire. Le Pape a une très belle expression pour décrire le dialogue. Lorsque le moment est venu de donner notre vérité, ce que nous pensons, cela doit être une « annonce respectueuse » c’est-à-dire une annonce qui respecte la pensée de l’autre, qui n’entend pas faire de prosélytes, bref, un amour qui ne veut pas leur asséner nos convictions. Voilà le dialogue tel qu’on doit le vivre, Monsieur. Il est la base de notre vie, de la fraternité universelle.

Chiara Lubich

https://youtu.be/_fgMA4sSGTc

Œkoumène – venus du monde entier

Œkoumène – venus du monde entier

Le vendredi 1er mars, la 40e Conférence œcuménique des Évêques amis du Mouvement des Focolari s’est achevée dans la ville historique d’Augsbourg, en Allemagne. Elle a réuni 60 participants issus de 26 nations et appartenant à 29 Églises chrétiennes. « Oser l’unité. Un appel de Jésus à vivre l’avenir, dès maintenant », tel est le titre et, plus encore, la réalité vécue lors de cette rencontre. 1518. À Augsbourg (Allemagne), le cardinal romain Caetano, théologien thomiste réputé, et le moine augustinien Martin Luther, professeur d’Écriture sainte à l’université de Wittenberg (Allemagne) débattent au sujet des 95 thèses de Luther sur les indulgences. Rien à faire. Ils ne se comprennent pas. Luther craint pour sa vie et s’enfuit de nuit. 1530. La Diète du Saint Empire Romain germanique fait venir à Augsbourg l’empereur Charles Quint, qui a l’intention de réunir à nouveau les protestants et les catholiques, désormais divisés. Pour cette occasion, Philippe Melanchthon, un théologien ami de Luther, a préparé la Confessio Augustana, la « Confession d’Augsbourg », une profession de foi destinée à rassembler tout le monde. La tentative échoue. 1555. Lors d’une nouvelle Diète à Augsbourg, la Paix religieuse est signée, assurant la coexistence entre catholiques et luthériens. Chaque prince de l’Empire décide de la confession qui sera suivie sur son territoire, décision résumée dans l’expression latine cuius regio eius religio (tel prince, telle religion). 1650. Après la sanglante guerre de 30 ans, qui a également touché Augsbourg, la liberté d’expression religieuse et l’égalité des protestants et des catholiques dans toutes les fonctions publiques ont été sanctionnées. C’est ainsi qu’est née la Grande Fête de la Paix, qui est toujours célébrée le 8 août. C’est dans ce lieu chargé d’histoire, Augsbourg, que s’est tenue, du 27 février au 1er mars, à l’invitation de l’évêque catholique du lieu, Bertram Meier, la 40e Conférence œcuménique des Évêques amis du Mouvement des Focolari. Y ont participé 60 évêques de 26 nations, appartenant à toutes les grandes familles d’Églises : orthodoxes, Églises orthodoxes orientales, anglicanes, méthodistes, évangéliques, réformées, catholiques de rite latin, arménien et byzantin. Jamais ils n’avaient été aussi nombreux et d’origine aussi universelle, ce que n’a pas manqué de souligner la maire de la ville, Eva Weber, lorsqu’elle a reçu les évêques à l’Hôtel de Ville. Dès leur arrivée, la relation entre ces évêques, parmi lesquels se trouvent également deux femmes Évêques d’Églises issues de la Réforme, est frappante. Chaque Église est accueillie telle qu’elle est. Un esprit de fraternité toute simple imprègne les journées, sans méconnaître les blessures ni les points de désaccord qui subsistent entre les Églises. Mais tout est sous-tendu par ce pacte d’amour réciproque qui caractérise ces Conférences depuis le début et que les évêques renouvellent solennellement cette année encore, en promettant de partager les joies et les croix des uns et des autres. Il en résulte une synodalité œcuménique originale, comme l’ont définie plusieurs participants. “Dare to Be One. A call from Jesus to live the future, now” (Oser l’unité. Un appel de Jésus à vivre l’avenir, dès maintenant) telle est la devise audacieuse de la Conférence et, plus encore, du voyage auquel participent également la Présidente et le Coprésident des Focolari, Margaret Karram et Jesús Morán. Trois thèmes principaux ont été approfondis, chacun illustré par des expériences : l’œcuménisme réceptif en tant que méthodologie œcuménique qui permet d’apprendre les uns des autres ; l’appel commun à témoigner de l’Évangile dans un monde divisé en quête de paix ; Jésus crucifié et abandonné comme moyen d’affronter la nuit du monde et d’y répondre d’une manière générative. Autre date : le 31 octobre 1999, il y a 25 ans, la Fédération Luthérienne Mondiale et l’Église catholique signaient à Augsbourg la « Déclaration commune sur la doctrine de la justification », reconnaissant que, sur ce point central de désaccord au XVIe siècle, il n’y avait plus de raison de se séparer. Une prière œcuménique a commémoré cet événement historique sur le lieu de la signature : l’église évangélique Sainte-Anne. Le lendemain, une table ronde a permis d’approfondir la signification de l’événement. Le Rev. Ismael Noko, à l’époque secrétaire général de la Fédération Luthérienne Mondiale, a retracé le chemin humble et tenace qui a rendu possible cette signature et qui a vu l’adhésion ultérieure de trois autres Communions Mondiales (méthodistes, réformés et anglicans). Ernst Öffner, alors évêque régional du district d’Augsbourg, a raconté comment lui et l’évêque catholique d’Augsbourg s’étaient efforcés d’associer la population : toute la ville était en fête. L’évêque catholique Bertram Meier a parlé des défis et des chances du parcours qui se profile devant nous. Tout au long de la conférence, les menaces qui pèsent actuellement sur la paix et la justice ont été abordées à maintes reprises. Notons l’importance du message vidéo sur la situation en Terre Sainte, envoyé par le Cardinal Pizzaballa aux évêques participant à la conférence. Dans ce contexte, deux réalités ont suscité une espérance particulière : le développement du réseau œcuménique « Ensemble pour l’Europe », auquel participent environ 300 Mouvements et communautés de diverses Églises, et la visite de la Cité pilote œcuménique d’Ottmaring (Allemagne) où, depuis 56 ans, catholiques et luthériens de différents Mouvements témoignent de l’unité dans la diversité, un chemin qui n’a pas toujours été facile, mais où chaque crise a donné lieu à de nouveaux développements. Pour l’avenir, l’accent est mis sur la croissance des réseaux locaux, la connexion entre tous par le biais de liens Internet réguliers et de bulletins d’information, en vue d’une prochaine rencontre internationale dans deux ou trois ans.

                                                                                   Hubertus Blaumeiser

L’IA: une voie vers la paix mondiale et le développement humain intégral

L’IA: une voie vers la paix mondiale et le développement humain intégral

NetOne, une association internationale de professionnels des médias, du cinéma et des technologies de l’information, ainsi que New Humanity, une organisation non gouvernementale (ONG) fondée sur l’esprit et les valeurs qui animent le mouvement des Focolari, en collaboration avec la mission du Saint-Siège auprès des Nations unies, ont lancé l’initiative “IA: une voie vers la paix mondiale et le développement humain intégral”, une réflexion sur l’éthique de l’intelligence artificielle et ses implications. Le mercredi 21 février, NetOne et l’ONG New Humanity, en collaboration avec la Mission du Saint-Siège auprès des Nations Unies, ont co-organisé l’initiative “L’IA: une voie vers la paix mondiale et le développement humain intégral”, qui s’est déroulée à New York, UNHQ, Conference Room 6, de 13h15 à 14h45 et qui a été suivie en ligne depuis différentes parties du monde. Le discours d’ouverture de Son Excellence l’archevêque Gabriele Caccia, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a donné le ton des réflexions: « Nous nous trouvons au seuil d’une révolution technologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité. L’émergence de l’IA est en train de remodeler notre monde de manière profonde et sans précédent. En révolutionnant les industries et en transformant notre façon de vivre, de travailler et d’interagir, l’IA est devenue une force motrice du changement au 21e siècle ». Ces dernières années, le progrès numérique a apporté des opportunités et des défis significatifs, avec de sérieuses implications dans tous les domaines de la société. En cette ère d’évolution technologique rapide, l’intelligence artificielle (IA) est apparue comme l’un des outils les plus puissants, capable de transformer les sociétés, de faire progresser la paix et de parvenir à un développement durable. Cependant, ses implications éthiques font toujours l’objet d’un débat intense. Maddalena Maltese, journaliste et représentante de l’ONG New Humanity, modératrice de la table ronde de l’événement, a rappelé que « le 1er janvier, le pape François, dans son message pour la Journée internationale de la paix, a soulevé des questions urgentes sur l’IA : « Quelles seront les conséquences, à moyen et à long terme, de ces nouvelles technologies numériques ? Et quel impact auront-elles sur les vies individuelles et les sociétés, ainsi que sur la stabilité et la paix internationales ? » Elle a également souligné que le Secrétaire général Antonio Guterres, discutant des priorités pour 2024, a insisté sur le fait que l’IA affectera l’ensemble de l’humanité, réitérant la nécessité d’une approche universelle pour y faire face. La table ronde, avec un dialogue multipartite sur les défis éthiques posés par l’IA et les stratégies, a examiné l’interaction entre les considérations techniques, éthiques, politiques, juridiques et économiques. Le père Philip Larrey, professeur de philosophie au Boston College, ancien doyen de la faculté de philosophie de l’Université pontificale du Latran et président de Humanity 2.0, a exposé un certain nombre de questions urgentes, en commençant par le thème de la paix. « ChatGPT ou Gemini pourraient écrire un plan de paix parfait, en regardant les situations que nous vivons, mais serions-nous prêts à suivre ses directives? » a déclaré le père Larrey, soulignant que le facteur humain est décisif dans les décisions à prendre, même lorsqu’il s’agit d’armes mortelles. Un autre thème central de son intervention a été l’empathie dont les machines peuvent faire preuve et qui est parfois préférée à l’élément humain. « Les humains comprennent les significations. Les machines ne le font pas, même si elles deviennent très, très douées pour simuler ce que nous considérons comme significatif », a insisté le professeur du Boston College, mettant en garde contre le défi de plus en plus difficile à relever pour discerner ce qui appartient aux humains et ce qui appartient à la technologie, avec des machines qui, à l’avenir, pourraient même être programmées pour ressentir des sentiments. Laura Gherlone, chercheuse en sémiotique au Conseil national de la recherche scientifique et technique d’Argentine et professeur à l’Université catholique d’Argentine, membre de la Commission Internationale de NetOne, a parlé de l’intelligence artificielle et, plus généralement, des technologies numériques à la lumière de la pensée de la décolonisation numérique. Elle a soutenu que: « aujourd’hui, les contextes post-coloniaux sont à la croisée des chemins : soit ils prennent du retard, soit ils le rattrapent. Ils sont obligés, en d’autres termes, d’accélérer considérablement certains processus qui incarnent aujourd’hui un modèle de connaissance technocentrique et prétendument universel: la numérisation et la mise en œuvre de systèmes d’intelligence artificielle font partie de ces processus ». Elle précise que ce processus « a presque toujours un coût très élevé, à au moins trois niveaux : au niveau économique et technico-structurel, au niveau social et enfin, l’adoption accélérée et forcée du progrès technologique comme voie vers un modèle universel de connaissance ». Elle suggère : « Le débat éthique sur l’IA pourrait être grandement enrichi par une réflexion décoloniale, intégrant, par exemple, le travail de ces mouvements collectifs engagés à repenser et à redessiner les architectures techniques « depuis le Sud », c’est-à-dire des solutions théorico-méthodologiques et pratiques qui sont souvent mises à l’écart parce qu’elles sont éloignées des logiques de profit. Deux bonnes pratiques de la société civile ont clôturé l’événement. Marianne Najm, ingénieure en communication basée à Beyrouth, a parlé de l’éthique de l’IA et du concept de serment numérique pour les ingénieurs et toute personne active dans le monde numérique. Le projet a démarré en 2019 en s’inspirant du serment d’Hippocrate, le serment que la plupart des médecins prononcent à la fin de leur parcours académique. Tout comme le serment d’Hippocrate vise à éveiller l’obligation humaine des médecins, de la même manière le serment numérique vise à éveiller l’obligation humaine des acteurs du numérique en orientant leur travail vers une conception éthiquement centrée sur l’humain. Marcelle Momha, Camerounaise vivant aux États-Unis, analyste politique et chercheuse spécialisée dans l’intelligence artificielle, les technologies émergentes et la cybersécurité, avait préparé une intervention sur la communauté AI 2030, qu’elle n’a pas pu d’illustré en raison du temps, mais son document est disponible sur le lien ci-dessous. “AI 2030 est une communauté dynamique de chefs d’entreprise, de scientifiques des données, de constructeurs techniques et de chercheurs pionniers qui se consacrent à l’exploitation du pouvoir de transformation de l’IA au profit de l’humanité tout en minimisant son impact négatif potentiel.” a-t-elle expliqué dans son thème. Dans son message pour la Journée mondiale de la paix, le Saint-Père rappelle que « les développements technologiques ne conduisent pas à une amélioration de la qualité de vie de toute l’humanité, mais au contraire aggravent les inégalités et les conflits, ne peuvent jamais être considérés comme un véritable progress.» En tant qu’organisations de la société civile, nous voulons accompagner les efforts des Nations Unies et de toutes les institutions qui travaillent pour un engagement éthique dans le domaine de la technologie qui soutient les développements numériques comme une contribution à la promotion des principes humains de paix et de fraternité. Pour suivre la transmission en direct, vous pouvez accéder à ce lien: https://webtv.un.org/en/asset/k1h/ Pour une nouvelle lecture des discours et pour plus d’informations, veuillez consulter le site: https://www.net-one.org/ia-una-via-per-la-pace-globale-e-lo-sviluppo-umano-integrale/

Source : https://www.net-one.org

Les jeunes et la traite des êtres humains

Les jeunes et la traite des êtres humains

Du 2 au 8 février 2024, une semaine de mobilisation et de prière contre la traite des êtres humains. À Rome (Italie), une rencontre de 50 jeunes de tous les continents, dont des garçons et des filles du mouvement des Focolari. La traite des êtres humains est un processus par lequel des personnes sont forcées ou attirées par de fausses perspectives, recrutées, transférées et forcées à travailler et à vivre dans des conditions d’exploitation ou d’abus. Il s’agit d’un phénomène en constante et dramatique évolution, comme le soulignent les récents rapports des Nations Unies rapporti delle Nazioni Unite La Semaine de prière contre la traite des personnes s’est déroulée du 2 au 8 février 2024. Instaurée par le pape François en 2015, la semaine inclut toujours le 8 février, fête de sainte Bakhita, une religieuse soudanaise qui, jeune fille, a été réduite en esclavage, vendue et abusée, une victime de la traite et un symbole universel de la lutte contre ce fléau de l’humanité. Le thème de cette année était « Marcher pour la dignité. Écouter, rêver et agir. » Des milliers de personnes du monde entier se sont réunies pour réfléchir, prier et partager leur expérience d’engagement contre ce phénomène mondial. À Rome (Italie), de nombreux jeunes de différents pays – Kenya, Japon, États-Unis, Thaïlande, Albanie, Canada, Mexique, France, Italie – ont participé à des conférences, à des flash mobs, à des moments de prière sur ce thème, à l’Angélus et à l’audience avec le pape François qui qui s’est déroulée pendant la semaine. Parmi eux se trouvaient également des Gen2, des jeunes du mouvement des Focolari. Prisque Dipinda, de la République démocratique du Congo, raconte : « L’événement le plus marquant pour moi a été la veillée de prière dans l’église Santa Maria in Trastevere, au cœur de Rome. C’était un moment important devant Dieu, l’émotion de le partager avec d’autres jeunes qui portent le défi de la traite des êtres humains dans leur cœur. Mais aussi la responsabilité de faire partie des protagonistes de la lutte contre ce phénomène. Je pense que pour les jeunes qui ont participé, cela a également servi à leur faire prendre conscience que tant de personnes dans le monde souffrent, pour diverses raisons : économiques, politiques, religieuses. C’était l’occasion de réfléchir et de commencer ensemble à planifier quelque chose contre la souffrance. » Parmi les Gen2 présents, Michel Haroun, franco-libanais, et Miriana Dante, italienne. « Je n’ai jamais eu d’engagement particulier contre la traite des êtres humains – explique Michel- mais j’ai une certaine expérience de l’aide aux migrants qui arrivent dans ma ville ou aux frontières entre les États. Par exemple, il y a quelques années, j’étais à Trieste (Italie), le point d’arrivée de la route des Balkans par laquelle les migrants de nombreuses régions du monde dévastées par les conflits arrivent en Italie. Mais je n’étais pas suffisamment conscient du fait que les réfugiés, avant d’arriver en Europe – mais c’est également vrai pour l’Amérique latine, les États-Unis ou d’autres parties du monde – subissent des violences et des abus de manière organisée. Ces journées passées à Rome avec d’autres jeunes de différents continents, de différentes langues, de différentes cultures, appartenant à différentes églises chrétiennes, ont été une riche expérience de relations personnelles qui, je l’espère, dureront, parce qu’à la fin nous affronterons (mais nous affrontons déjà) le monde ensemble, en tant que membres de la même génération. » « J’ai été émue de découvrir l’histoire de Sainte Bakhita – poursuit Miriana – qui a été esclave, vendue. Par la suite, elle a courageusement fait face à tout ce qu’elle avait vécu, en envoyant des messages contre la traite des êtres humains. Je me demandais où elle puisait toute cette force. Cela m’a fait beaucoup de bien de rencontrer autant de mes pairs qui s’engagent sur ces questions. Il ne s’agit pas d’adultes ayant une longue expérience derrière eux, mais de jeunes de mon âge, originaires du monde entier, qui ont des rêves et l’espoir d’un avenir meilleur. Nous n’avons pas ressenti les différences culturelles, car nous étions liés par notre objectif commun : lutter contre la traite des êtres humains. »

                                                                                                 Lorenzo Russo