Mouvement des Focolari

La porte d’à côté

On peut vivre dans le même immeuble et être des étrangers. C’est ce qui se passe bien souvent. Il suffit d’un peu de courage et d’un simple geste pour se rencontrer réellement, un peu comme l’a fait la famille Scariolo. « La rencontre avec l’autre est un enrichissement mutuel, au-delà des cultures, des religions et des idéologies. Chaque fois, nous faisons la découverte que l’autre a été créé comme un don d’amour pour moi et moi pour lui ». C’est par ces mots qu’Adriana et Francesco Scariolo, focolarini suisses, mariés depuis 42 ans, racontent une expérience qui les a particulièrement enrichis il y a quelques mois. « Nous vivons dans le canton du Tessin, dans la Suisse italienne, et depuis un an et demi, nous vivons dans un immeuble de 13 appartements. Dans les jours précédant Noël 2021, nous avons pensé faire une tournée de vœux de Noël de porte à porte. La surprise et la gratitude des voisins étaient grandes: ‘J’étais le premier locataire de cet immeuble et il n’était jamais arrivé que quelqu’un vienne nous souhaiter un joyeux Noël’, a déclaré l’un d’eux. ‘Nous sommes musulmans, mais nous voulons aussi vous souhaiter un joyeux Noël’, a ajouté un autre. Nous avons également distribué à tous une invitation à venir célébrer la fin de l’année chez nous et leur souhaiter une excellente 2022. Le 29 décembre, nous avons donc organisé un apéritif-dînatoire avec trois familles, une musulmane et deux chrétiennes, une évangélique et une catholique, en respectant les règles de sécurité et en portant le masque. Ce fut un moment agréable où chacun a fait connaissance de manière spontanée. Le mari de la femme musulmane a dit : ‘C’est rassurant de savoir qu’il y a des voisins à qui on peut serrer la main et leur dire bonjour car cela nous fait sentir moins seuls’ ». L’aviez-vous déjà fait auparavant ? « Oui, ce n’est pas la première fois que nous essayons de créer des relations avec d’autres résidents. Tout a commencé il y a plusieurs années, lorsque nous avons entendu parler de la ‘fête des voisins’, une initiative visant à donner aux gens l’occasion de se rencontrer. Nous nous rendions compte qu’il fallait un peu de courage et d’imagination pour prendre l’initiative mais nous avons essayé. Dans un premier temps, nous avons profité de la nouvelle année pour mettre une carte de vœux dans les boîtes aux lettres, puis, en fonction de la réaction des gens, nous avons créé des liens d’amitié, organisé un déjeuner au jardin tous ensemble avant l’été. Puis nous avons dû quitter cet immeuble pour un travail bénévole à l’étranger durant 7 ans ; mais quand nous sommes revenus, nous avons voulu garder la tradition dans ce nouvel immeuble où nous sommes maintenant. Qu’est-ce qui vous a surpris dans leurs réactions ? « Voir leurs visages souriants. Ils ne s’y attendaient pas, surtout dans une période aussi délicate en raison de la pandémie. Cela nous semblait en outre un cadeau de pouvoir terminer les derniers jours de 2021 par un moment convivial après tant d’isolement, leur donner un signe d’espoir qui n’atténue pas le désir d’aimer les autres et de construire des relations fraternelles. Le 2 janvier 2022, nous attendions d’autres familles qui avaient réservé pour venir et que, en raison de l’éloignement, nous ne pouvions pas loger avec les autres. Certains ont été touchés par le covid et n’ont donc pas pu venir, mais nous avons reporté le dîner avec eux à des temps meilleurs ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous d’aller à la rencontre du frère? « Cela signifie : tendre la main à l’humanité d’aujourd’hui par des gestes d’amour simples et quotidiens. Par exemple, aider le voisin de palier qui a parfois des problèmes avec sa télévision, écouter le couple qui vient d’avoir un bébé, dissoudre les murs d’indifférence, d’anonymat dont sont faites les relations et que la pandémie a amplifiés. La phrase de Jésus ‘chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous vous l’avez fait !’ nous interpelle. Ainsi, chaque voisin est en réalité la personne que Jésus met à nos côtés pour qu’elle soit accueillie et aimée. Et qui est plus proche que notre voisin ? »

Maria Grazia Berretta

Hombre Mundo : artisans de paix et d’unité

Hombre Mundo : artisans de paix et d’unité

Du 25 au 27 février 2022, plus de 3000 jeunes ont témoigné de la fraternité universelle à travers des actions locales et globales, développant ainsi une citoyenneté active. Engagement face aux grands défis de la planète, de la paix à l’environnement, en passant par la lutte contre la faim et la pauvreté. Une volonté d’être ensemble, de se rencontrer pour construire la paix, vivre la fraternité universelle, d’agir pour l’environnement et les populations les plus faibles. Trois jours, du 25 au 27 février, pendant lesquels les Gen3, les adolescents du mouvement des Focolari, ont vécu l’atelier planétaire Hombre Mundo. Plus de 3.000 jeunes de 600 endroits dans le monde ont participé à des actions concrètes et ont été connectés par vidéoconférence en ligne pour témoigner d’un monde uni. Ils ont également pu partager des vidéos et des photos de leurs expériences sur les réseaux sociaux teens4unity. De nombreux messages de paix et de solidarité sont arrivés. Dont celui des Gen3 de Sibérie, de la ville de Krasnojarsk en Russie ; lors de leur Hombre Mundo, ils ont envoyé un message : « nous vivons pour la Paix » ; un message plein d’espoir, surtout en ces jours de conflit entre la Russie et l’Ukraine. Le programme de l’atelier planétaire était divisé en trois étapes. Le 25 février : Notre mode de vie est l’art d’aimer : comment l’avons-nous vécu et comment pouvons-nous le vivre pendant la pandémie ? Comment pouvons-nous continuer à aimer dans le monde virtuel des médias sociaux ? « Nous avons compris, dit Samira du Congo, que nous devons nous accepter mutuellement malgré nos différences qui sont d’une énorme richesse. C’est une façon de promouvoir les valeurs et en même temps de bannir les antivaleurs ». Et Élise de France : « lors d’une réunion, nous avons été très touchés par certains chiffres concernant la mortalité infantile dans le monde, principalement due au manque d’eau potable. Nous avons donc organisé un concert afin de récolter des fonds pour le forage d’un puits au Myanmar qui fournira à vie de l’eau potable à une douzaine de familles ». Le 26 février, les jeunes ont approfondi leur engagement en faveur de l’écologie intégrale et de l’objectif « Faim zéro ». Améliorer efficacement la protection de la planète et réduire drastiquement la faim et la pauvreté jusqu’à leur disparition. L’une des expériences relatées est celle d’une Gen3 d’Autriche pour un projet de reforestation. L’argent investi dans le projet d’arbres a été collecté lors du tournoi Fair Play qui s’est tenu à Vienne, sur le thème « Fair Play contre le changement climatique ». Environ 120 joueurs et 100 collaborateurs ont participé à cette journée. Avec l’argent collecté, nous avons pu acheter environ 1 500 arbres. Le 27 février a été consacré à la beauté de la rencontre entre les peuples et à l’engagement commun de construire un monde de paix et d’unité. Une connexion mondiale par vidéoconférence en direct a permis à plus de 3.000 jeunes connectés en 600 points de se rencontrer et de prier pour la paix. Ensuite, le récit de nombreuses expériences de paix et d’unité malgré les nombreuses difficultés. Comme celle d’une jeune fille au Myanmar, pays qui vit une situation politique très difficile : de nombreuses familles doivent quitter leur foyer et se réfugier dans des centres d’accueil. Elle voulait vraiment pouvoir faire quelque chose pour elles. « Je me suis donc rendue disponible pour aider les réfugiés qui avaient été accueillis dans l’église. Même si j’étais fatiguée, je croyais que Dieu était avec moi, qu’il me regardait et qu’il me donnait la force de continuer et d’aider les autres. Maintenant, je peux dire que c’était un moment merveilleux et magnifique pour moi, j’en garde un souvenir inoubliable ». Au Liban, Maria Sfeir, ambassadrice de la paix du Moyen-Orient, et Fouad Sfeir ont raconté comment ils avaient « intégré la culture de la paix, en éduquant nos enfants et en les élevant avec les bonnes valeurs de l’amour et du don pour construire une société meilleure, dans un environnement de non-violence et de justice ». Parmi les nombreux intervenants, citons également le Gen Rosso relié depuis l’île de Lampedusa en Italie, connue pour son accueil des migrants : « Nous sommes à Lampedusa pour soutenir ces gens merveilleux qui accueillent ceux qui sont contraints de quitter leur terre à cause de la guerre, de la faim et de la violence. Lampedusa est une île de fraternité, un port ouvert, des gens qui regardent l’horizon et se jettent à la mer pour atteindre et sauver ceux qui sont à la merci des vagues. Lampedusa : lampe, balise lumineuse qui dit terre. Un terrain qui dit maison. D’ici, nous voulons dire : gardons toujours les portes de nos cœurs grandes ouvertes ». Margaret Karram, présidente du mouvement des Focolari, a ensuite donné un message : « Vous avez construit le chantier avec votre témoignage de vie ». (…) « Ne vous sentez pas seuls, sachez que le Mouvement dans le monde entier est avec vous et vous soutient. (…) Je me sens trop souvent impuissante face au mal dans le monde : les guerres, l’injustice, la destruction de la nature. Dans ces moments-là, cela m’aide de parler avec Dieu. Cela me donne de la force et du courage de savoir qu’il est avec nous. La certitude de son amour réchauffe mon cœur, me rend capable d’aimer, de pardonner, de tendre la main pour construire l’unité avec ceux que je rencontre chaque jour. Je sens que c’est seulement de cette manière que je peux être avant tout une petite artisane de la paix ».

Lorenzo Russo

Ukraine : accord avec Caritas-Spes pour l’assistance à la population

Ukraine : accord avec Caritas-Spes pour l’assistance à la population

Les contributions collectées par la Coordination d’Urgence du Mouvement des Focolari par l’intermédiaire des ONG Action pour un Monde Uni (AMU) et Action Familles Nouvelles (AFN) servent à soutenir les activités d’aide à la population menées par Caritas-Spes Ukraine. La guerre en Ukraine ne s’arrête pas et parmi la population, il y a des milliers de personnes déplacées qui fuient et beaucoup tentent de survivre parmi les refuges et les abris d’urgence, où ils peuvent recevoir un premier soutien. Avec les contributions recueillies dans le cadre de l’appel lancé par la Coordination des Urgences du Mouvement des Focolari, l’AMU et AFN soutiennent en premier lieu les actions de Caritas-Spes Ukraine, qui apporte les premiers secours à des milliers de personnes contraintes d’abandonner leurs maisons pour fuir vers la frontière ou se réfugier dans des abris souterrains aménagés dans la mesure du possible. Caritas-Spes s’est engagée à fournir un abri sûr, de la nourriture, des médicaments et des produits d’hygiène, ainsi qu’un soutien psychologique à quelque 500 mères déplacées avec enfants hébergés dans ses centres. Plus de 2 500 personnes reçoivent également de l’aide par l’intermédiaire des Caritas paroissiales et des 14 cantines des soupes populaires qui restent actives dans les régions de Kiev, Lutsk, Berdiansk, Kamenets-Podolsky, Zhytomyr, Kharkiv, Lviv, Odessa, Vinnitsa et diverses villes de la région de Transcarpathie. Les images de la guerre en Ukraine qui nous parviennent quotidiennement des médias internationaux et les témoignages de nos contacts sur le terrain, comme Mira Milavec, focolarina slovène qui vit en Ukraine et collabore avec Caritas-Spes, décrivent l’état d’urgence d’une population assiégée, sans défense face aux bombardements, entassée le long des routes pour atteindre les frontières ou dans les caves et les abris où des lits de fortune ont été installés dans l’attente d’un repas chaud, d’eau potable et d’électricité. À la frontière avec la Pologne, la file de personnes désespérées qui tentent de passer la frontière atteint des dizaines de kilomètres. Caritas-Spes à Lviv a organisé une assistance spécifique pour les mères qui tentent de s’échapper avec des enfants, même très jeunes, dans leurs bras. Ils ont besoin de tout, notamment d’eau chaude pour préparer les repas ou changer les couches. A Odessa, attaquée, des abris sont mis en place, même sous la cathédrale, le tout rythmé par le son des sirènes annonçant l’arrivée du danger ou son arrêt temporaire. À Vinnitsa, un psychologue organise des sessions de formation en ligne pour les volontaires et les opérateurs sur l’aide psychologique qui peut être apportée dans des situations stressantes comme celle-ci : plus de 120 personnes ont déjà participé à la première. Actuellement, la collecte de fonds pour l’urgence liée à la guerre en Ukraine, réalisée par la  Coordination des Urgences du Mouvement des Focolari (AMU et APN), a déjà atteint 100 000 euros et un premier envoi de fonds a déjà été envoyé sur place, qui servira à soutenir les actions de Caritas-Spes pour les premières aides aux familles ukrainiennes. Nous évaluons également la possibilité de soutenir les frais d’accueil des nombreux réfugiés ukrainiens qui arrivent dans les pays voisins, comme la Slovaquie et la Pologne, accueillis par la générosité des familles locales qui leur ouvrent leurs maisons. Malheureusement, les actions militaires ne s’arrêtent pas et, comme le confirment les contacts locaux, les besoins vont augmenter. Des mises à jour régulières sur l’aide que nous apportons sur le terrain sont disponibles sur les canaux web et sociaux de l’AMU et d’AFN. Pour soutenir l’action en Ukraine et l’aide aux familles dévastées par la guerre, vous pouvez faire un don en ligne sur les sites web : AMU : www.amu-it.eu/dona-online-3/ AFN : www.afnonlus.org/dona/ ou par virement bancaire sur les comptes bancaires suivants Action Monde Uni ONLUS (AMU) IBAN : IT 58 S 05018 03200 000011204344 à la Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX Action Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN : IT 92 J 05018 03200 000016978561 avec la Banca Popolare Etica Code SWIFT/BIC: ETICIT22XXX Communication : Urgence Ukraine

Nouvelles du focolare en Ukraine

Donatella Rafanelli raconte à Maria Chiara Biagioni de l’agence de presse SIR la vie de la communauté des Focolari en Ukraine ces derniers jours. Un voyage de 29 heures depuis Kiev. « Maintenant, notre rêve est d’y retourner ». Un voyage de 29 heures depuis Kiev vers une ville de l’ouest du pays, Mukachevo. La circulation sur les routes, les longues files d’attente aux guichets automatiques des banques et aux stations-service, les chars et les gens le long de la route qui demandent une place dans les voitures qui passent. Donatella Rafanelli, une focolarine italienne de Pistoia, qui vit à Kiev depuis 2019 dans la communauté du Mouvement fondé par Chiara Lubich, a raconté à l’agence SIR ce qui se passe pendant ces heures le long de cette route des personnes déplacées d’Ukraine. « Nous étions à Kiev lorsqu’ils nous ont appelés très tôt le jeudi matin pour nous dire de faire rapidement nos valises car ils étaient en train de tirer à 70 kilomètres de la capitale », raconte Donatella. « Nous ne savions pas quoi faire car c’était la première fois que nous nous retrouvions dans une telle situation. Nous sommes donc partis à la recherche de l’abri le plus proche de notre maison et on nous a indiqué un parking souterrain. Après, nous sommes rentrés chez nous et avons appelé l’ambassade d’Italie sur un numéro d’urgence gratuit. Ils nous ont dit de rester chez nous et de ne nous rendre au refuge que si l’alerte était donnée. Tout semblait normal. Les gens parlaient depuis des jours de la possibilité d’une attaque sur Kiev, mais quand c’est arrivé, la première chose que nous avons faite a été de nous regarder dans les yeux. Nous avons dit : ça y est, nous sommes en guerre. Et nous avons prié. Nous avons demandé à Jésus de nous donner la force et de nous donner la paix. A partir de là, cela a été une course contre la montre. Nous avons mis trois choses ensemble dans une valise. Nous avons pris très peu de choses avec nous, juste le nécessaire et nos documents personnels. Nous avons immédiatement cherché un billet de train afin de pouvoir voyager vers l’ouest, mais ils étaient tous vendus. L’aéroport était fermé. Nous avons donc dû décider de voyager en voiture. Les routes sortant de Kiev étaient bloquées. Il y avait de longues files d’attente devant la banque pour obtenir de l’argent et dans les supermarchés. Il a fallu beaucoup de temps, surtout pour sortir de la ville. Nous nous sommes arrêtés deux fois pour prendre de l’essence. À la première station-service, nous avons fait la queue pendant une heure. Et juste là, pendant qu’on attendait, on a entendu les coups de feu, les tirs. C’était fort. Nous sommes restés immobiles, en silence. Une fois de nouveau sur la route, nous avons pu voir des chars et des personnes faisant de l’auto-stop pour se faire conduire. Sur le chemin, les téléphones envoyaient et recevaient constamment des messages et des appels : ceux qui étaient partis, ceux qui avaient décidé de rester. Donner des nouvelles et mettre les personnes en fuite en contact avec les communautés des Focolari de Slovaquie et de Pologne qui avaient proposé de les accueillir. Ce n’est que pendant le voyage, confie Donatella, que nous avons réalisé ce qui nous était arrivé. Nous n’étions pas dans la voiture pour aller à un rendez-vous ou pour faire un voyage. Nous quittions une ville, notre maison. Nous n’avons jamais voulu partir. Mais nous avons réalisé que c’était impossible de rester ». À Mukachevo, Donatella et ses compagnons de voyage ont été accueillis par un prêtre dans une paroisse et par la communauté des Focolari de cette ville. « Nous sommes ici en Ukraine. Et c’est très important pour nous. Nous ne nous sommes pas enfuis. Nous voulons vivre et rester dans ce pays. Ils nous ont proposé un millier d’endroits où aller. Si nous nous sommes éloignés de Kiev, c’est uniquement parce que c’est dangereux en ce moment. Il n’y avait aucune raison de rester sous les bombardements. Mais maintenant, notre rêve est d’y retourner. La guerre ? C’est de la pure folie », répond Donatella sans hésiter. « Parce que personne n’a le droit de prendre la vie d’une autre personne ainsi que la possibilité de vivre une vie normale. Ici, les gens ont fait tellement de sacrifices pour acheter une maison, pour économiser de l’argent. Et maintenant, avec la guerre, les plans d’avenir sont réduits à néant, les rêves sont brisés. Nous prions pour que cette folie prenne fin le plus rapidement possible. Nous suivons l’actualité des discussions entre les délégations et les efforts déployés au niveau de la diplomatie internationale. Je pense que la seule chose qui puisse  nous aider est un miracle. Et toutes les nouvelles provenant des personnes qui prient pour nous et manifestent dans les rues pour la paix nous font beaucoup de bien. Nous avons besoin d’un miracle ».

Maria Chiara Biagioni (SIR)

Marcher ensemble : le chemin synodal en Terre Sainte

Le synode 2021-2023 convoqué par le pape François est une occasion d’écouter et de dialoguer avec les autres, une occasion de redécouvrir la véritable identité de l’Église, “universelle” depuis le début. Ce parcours concerne tous les diocèses du monde, y compris la Terre Sainte. « Alors que nous nous préparons à faire route ensemble, nous sommes plus que jamais conscients qu’ en tant que disciples du Christ sur cette Terre qui est sa maison, nous sommes appelés à être ses témoins. Rappelons-nous que son plus grand désir est que nous soyons un (cf. Jn 17) » C’est ce que nous lisons dans la lettre du 26 janvier 2022 envoyée par les Ordinaires catholiques aux responsables des Églises chrétiennes de Terre Sainte concernant le Synode 2021-2023 convoqué par le Pape François et intitulé « Pour une Église synodale. Communion, participation, mission. » Désirant explicitement informer et impliquer les frères des autres communautés ecclésiales locales sur le parcours synodal articulé, commencé également en Terre Sainte, le Patriarche Latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, qui a signé le texte, souligne l’importance de s’écouter mutuellement pour grandir ensemble sur ce chemin de communion. Un regard sur la nature missionnaire d’une Église “universelle”, en particulier celle de Jérusalem, dont le patriarche avait parlé le 9 novembre 2021, lors d’une rencontre avec les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés présentes en Terre Sainte après l’ouverture du chemin synodal : « Notre Église, l’Église de Jérusalem est née au Cénacle, à la Pentecôte, et elle est née, même alors, comme une Église tout à la fois universelle et locale. (…) Elle s’est enrichie, surtout ces dernières années, de beaucoup plus de charismes. Pour cette raison, votre présence ici n’est pas seulement un cadeau, un signe de la Providence (…), mais elle fait partie du désir de Dieu (…) » Les représentants des différentes instances présentes ont pu à cette occasion s’écouter, témoigner de leur propre expérience et, avec l’aide précieuse du Patriarche, mieux comprendre comment aborder le Synode au niveau local. Mgr Pizzaballa, répondant à diverses questions, a partagé ses réflexions sur la synodalité, qui « est un style – a-t-il dit – une manière d’être dans la vie, dans l’Église, mais aussi en dehors de l’Église. C’est une attitude. Et l’écoute et le dialogue en sont des expressions (…). » Il est donc nécessaire que les différents mouvements et les différents groupes travaillent en “cross-platform” (multi-plateforme) en allant au cœur de l’expérience de “communion” de l’Église universelle, une expérience qui, plus que d’autres, semble vraiment difficile à vivre en Terre Sainte. « Par communion, j’entends la conscience d’avoir reçu – poursuit-il – un don gratuit, une vie greffée dans l’autre (…) Tout cela jaillit de l’expérience de la rencontre avec Jésus. (…) après avoir rencontré le Seigneur et fait l’expérience du salut, vous comprenez que cette expérience devient complète, profonde, lorsqu’elle est partagée dans une communauté (…) » Un désir profond qui se renouvelle dans les mots de cette lettre envoyée par les Ordinaires catholiques aux responsables des différentes Églises chrétiennes de Terre Sainte et qui ouvre des horizons, soulignant aussi le désir de grandir dans la fraternité et de s’enrichir de la sagesse des autres. La possibilité « d’être ensemble » : telle est l’aspiration du chemin synodal, un moment qui a la saveur d’un repas partagé, d’une souffrance mise en commun, d’une joie que l’on est impatient de communiquer; c’est la marche des disciples d’Emmaüs qui, bien que déçus et tristes, cheminent ensemble et, en communion, se soutiennent mutuellement, jusqu’à ce que le Seigneur ressuscité vienne à eux. Une occasion à ne pas manquer, pour le reconnaître parmi nous.

Maria Grazia Berretta

Chiara Lubich : l’actualité de l’Évangile

Approcher l’Évangile aujourd’hui signifie trouver la Parole de Dieu vivante. Chiara Lubich, à travers son expérience avec la première communauté du Mouvement à Trente, nous fait goûter les effets de sa mise en pratique. […] Si Dieu nous parle, pouvons-nous ne pas accueillir sa Parole ? La Bible nous invite à nous mettre à son écoute à plus de 1150 reprises. « Écoutez-le[1] » : le Père lui-même y invite les disciples, quand son Fils, la Parole, vient habiter au milieu des hommes. Mais l’écoute dont parle la Bible s’adresse plus au cœur qu’à l’oreille. Il s’agit d’adhérer entièrement à ce que Dieu dit, de lui obéir, avec la confiance d’un enfant qui s’abandonne entre les bras de sa mère et se laisse porter par elle. […] Cette parole fait écho à l’enseignement de Jésus. Ne déclare-t-il pas bienheureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui l’observent[2] ? Ne considère-t-il pas comme sa mère et ses frères ceux qui écoutent la Parole et la mettent en pratique[3]. […] Au terme du « discours sur la montagne » Jésus affirme encore que celui qui sait écouter la Parole est celui qui la met en pratique, construisant ainsi sa vie aussi solidement qu’une maison bâtie sur le roc[4]. Chacune des Paroles de Jésus exprime tout son amour pour nous. Devenons nous-mêmes paroles vivantes et nous constaterons, en nous et autour de nous, la puissance de vie qu’elles contiennent. Aimons l’Évangile au point de nous laisser transformer en lui et de la faire déborder sur les autres. Ainsi nous pourrons rendre à Jésus son amour. Ce ne sera plus nous qui vivrons, mais le Christ qui prendra forme en nous. Nous nous sentirons libérés de nous-mêmes, de nos limites, de nos dépendances, et surtout nous verrons se répandre la révolution d’amour que Jésus, vivant en nous, provoquera dans le tissu social dans lequel nous sommes immergés. Cela, nous en avons fait l’expérience dès le début du Mouvement, à Trente, durant la seconde guerre mondiale, lorsque nous devions nous réfugier dans les abris, n’emportant avec nous que le petit livre de l’Évangile. Nous l’ouvrions, nous le lisions et, sans doute par une grâce particulière de Dieu, ces paroles, pourtant si souvent entendues, s’éclairaient d’une lumière nouvelle. Paroles de vie, elles étaient pour nous devenues Paroles à vivre. […] Nous avons vu naître autour de nous, après seulement quelques mois, une communauté vivante composée de 500 personnes. Tel était le fruit de notre communion constante à la Parole, qui rendait notre vie dynamique à chaque instant. Nous étions ivres de la Parole, nous pourrions dire que la Parole en quelque sorte « vivait à notre place ». Il nous suffisait de nous demander : « Vis-tu la Parole ? », « Es-tu la Parole vivante ? » pour augmenter notre engagement à la vivre. Revenons à la vie de cette époque. L’Évangile est-toujours actuel. C’est à nous d’y croire et de l’expérimenter.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 789-791) [1] Mt 17, 5. [2] Cf. Lc 11, 28. [3] Cf. Lc 8, 20-21. [4] Mt 7, 24.