Mouvement des Focolari

Gennaio 2011

« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun ». (Ac. 4,32)

Examinons maintenant les aspects de cette unité. Avant tout, l’Esprit Saint réalisait entre les croyants l’unité des cœurs et des esprits. Il les aidait, dans la dynamique de la communion fraternelle, à surmonter les obstacles s’opposant à l’unité. En fait, le plus grand tient à notre individualisme, l’attachement à nos idées, à nos convictions, à nos goûts personnels. Ce sont nos égoïsmes qui édifient les barrières derrière lesquelles nous nous retranchons en rejetant ceux qui sont différents de nous.

« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun ». (Ac. 4,32)

L’unité réalisée par l’Esprit Saint se manifestait ensuite nécessairement dans la vie des croyants. L’unité d’esprit et de cœur s’incarnait dans une solidarité concrète, rendue visible par le partage des biens personnels avec les frères et les sœurs dans le besoin. Justement parce qu’elle était authentique, elle ne tolérait pas que, dans la communauté, certains vivent dans l’abondance et que d’autres soient privés du nécessaire.

« La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun ». (Ac. 4,32)

Alors, comment vivre la Parole de Vie de ce mois ? Elle souligne la communion, l’unité que Jésus a tant recommandée et pour laquelle il nous a donné son Esprit. Ecoutant la voix de l’Esprit Saint, nous essaierons de faire grandir cette communion dans tous les domaines. Avant tout, dans le domaine spirituel, en surmontant les germes de division que nous portons en nous. Par exemple, ne serait-ce pas un contresens que de nous  prétendre unis à Jésus tout en restant divisés par notre individualisme, avançant chacun de notre coté, nous jugeant, voire nous excluant les uns les autres. Cela nous appelle à une nouvelle conversion à Dieu qui nous veut unis. En outre, cette Parole nous aidera à mieux saisir la contradiction entre notre foi chrétienne et l’usage égoïste des biens matériels. Elle nous encouragera à réaliser, dans la mesure de nos moyens, une solidarité authentique avec nos frères dans le besoin. Enfin, dans ce mois de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, cette Parole nous poussera à prier en vue de renforcer nos liens d’unité et d’amour avec nos frères et sœurs des différentes Eglises. Ne partageons-nous pas avec eux l’unique foi et l’unique Esprit du Christ, reçu à notre baptême !   Chiara Lubich

Parole de vie de décembre 2010

Lorsqu’à l’annonce de l’ange, Marie demanda : « Comment cela se fera-t-il » , elle reçut cette réponse : « Rien n’est impossible à Dieu ». Et l’ange lui donna l’exemple d’Élisabeth qui avait conçu un fils dans sa vieillesse. Marie crut et devint la Mère du Seigneur.
Dieu est tout puissant : on le désigne d’ailleurs souvent sous ce nom dans les Écritures pour exprimer la puissance de Dieu qui bénit, juge, dirige le cours des événements et réalise ses desseins.
Il n’est qu’une seule limite à la toute puissance de Dieu : notre liberté qui a le pouvoir de s’opposer à Sa volonté, retirant alors à l’homme toute puissance, alors qu’il serait appelé à partager la force même de Dieu.

« Rien n’est impossible à Dieu »

(…) Cette Parole nous ouvre à une confiance illimitée en l’amour de Dieu-Père.
Si Dieu existe et si son être est Amour, avoir en lui une totale confiance n’en est que la conséquence logique.
Il dispose de toutes les grâces : temporelles et spirituelles, possibles et impossibles. Il les accorde à qui les lui demande et même à qui ne les lui demande pas, car, comme le dit l’Évangile, le Père « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » . Il nous demande à tous d’agir comme lui, animés du même amour universel, soutenus par la foi que :

« Rien n’est impossible à Dieu ».

Comment vivre alors cette Parole ?
Nous connaissons tous des situations difficiles, même douloureuses, dans notre vie personnelle ou dans nos relations avec les autres. Nous mesurons parfois l’étendue de notre impuissance, en découvrant en nous des attachements à des objets, des situations ou des personnes qui nous rendent esclaves de liens dont nous voudrions nous libérer. Nous nous heurtons souvent à des murs d’indifférence et d’égoïsme, et le découragement nous envahit face à des événements qui semblent nous dépasser.

C’est dans ces moments-là que la Parole de vie peut nous venir en aide. Jésus nous laisse constater notre incapacité, non pas pour nous décourager, mais pour nous aider à mieux comprendre que « rien n’est impossible à Dieu » et nous préparer ainsi à reconnaître l’extraordinaire puissance de sa grâce. Elle se manifeste justement dans la prise de conscience de nos pauvres forces.

« Rien n’est impossible à Dieu »

En nous répétant cela dans les épreuves, nous puiserons dans la Parole de Dieu l’énergie qu’elle contient, et elle nous fera participer à la toute puissance même de Dieu. À condition, toutefois, de vivre sa volonté, cherchant à faire rayonner cet amour déposé dans nos cœurs. Nous serons ainsi à l’unisson avec l’Amour tout puissant de Dieu pour ses créatures. Pour lui tout est possible, tout ce qui concourt à réaliser ses plans sur les individus et sur l’humanité.
Le moment le plus favorable pour vivre cette Parole et nous rendre compte de son efficacité est celui de la prière.
Jésus a dit qu’il nous accorderait tout ce que nous demanderions au Père en son nom. Demandons-lui alors tout ce qui nous tient le plus à cœur, avec foi, avec la certitude que rien ne lui est impossible : la solution de cas désespérés, la paix du monde, la guérison de maladies graves, la résolution de conflits familiaux et sociaux.
Et si nous sommes plusieurs à exprimer la même demande, en plein accord grâce à l’amour réciproque, Jésus lui-même, présent au milieu de nous, priera le Père et, selon sa promesse, nous serons exaucés.
C’est avec une telle foi en la toute-puissance de Dieu et en son Amour, que nous avons demandé nous aussi un jour que la tumeur décelée chez une amie sur une radiographie, « disparaisse », qu’elle s’avère n’être qu’une erreur ou un fantasme. Et cela se réalisa.
Cette confiance infinie, qui nous donne la certitude d’être dans les bras d’un Père pour qui tout est possible, doit nous accompagner toute notre vie.
Il n’est pas dit que nous obtiendrons toujours tout ce que nous demanderons. Sa toute puissance est celle d’un Père et il ne l’utilise que pour le bien de ses fils, qu’ils en aient conscience ou non.
L’important est de vivre dans la certitude que rien n’est impossible à Dieu, et nous expérimenterons une paix encore jamais éprouvée.

Chiara Lubich

 

Novembre 2010

La prédication de Jésus débute par le discours sur la montagne. Sur une colline des environs de Capharnaüm, face au lac de Tibériade, Jésus, assis comme le faisaient les maîtres, annonce aux foules l’homme des béatitudes. Déjà à plusieurs reprises, l’Ancien Testament citait le terme « bienheureux » qui magnifiait ainsi celui qui accomplit la Parole du Seigneur.
Pour les disciples, les béatitudes de Jésus en évoquent donc certaines qu’ils connaissent déjà. Mais là, ils entendent dire pour la première fois que ceux qui ont le cœur pur, non seulement sont dignes de gravir la montagne du Seigneur, comme le chantait le psaume , mais peuvent même voir Dieu. Quelle est donc cette pureté si élevée qu’elle mérite une telle récompense ? Jésus va l’expliquer plusieurs fois au cours de sa prédication. Cherchons à le suivre, pour puiser à la source de l’authentique pureté.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

Pour Jésus, un moyen de purification l’emporte sur tous les autres : « Déjà vous êtes émondés par la parole que je vous ai dite » . Ce ne sont pas tant les exercices rituels qui purifient l’âme, mais sa Parole. Celle de Jésus n’est pas comme celle des hommes. Le Christ y est présent, comme il l’est – quoique d’une façon différente – dans l’Eucharistie. Par sa Parole, le Christ entre en nous et, si nous la laissons agir, elle nous libère du péché, purifiant ainsi notre cœur.
La pureté est, par conséquent, le fruit de la Parole vécue. Les Paroles de Jésus nous libèrent des inévitables attachements qui nous menacent si notre cœur n’est pas orienté vers Dieu et ses enseignements. Quels attachements ? Tout simplement aux biens, aux personnes ou à nous-mêmes. Mais si notre cœur est centré sur Dieu seul, tout le reste disparaît.
Pour y parvenir, tenons à dire souvent à Dieu, à Jésus, au cours de la journée, cette invocation du psaume : « C’est toi, le Seigneur ! Je n’ai pas de plus grand bonheur que toi ! » Répétons-la souvent, surtout lorsque les tentations risquent d’entraîner notre cœur vers des images, des sentiments et des passions qui peuvent occulter en nous la conscience du bien et nous priver de notre liberté.
Sommes-nous tentés de regarder certaines affiches publicitaires, de suivre certains programmes télévisés ? À ce moment-là, disons-lui : « C’est toi, le Seigneur ! Je n’ai pas de plus grand bonheur que toi ! » Ce premier pas nous fera sortir de nous-mêmes, en re-déclarant à Dieu notre amour. Nous aurons ainsi grandi dans la pureté.
Une personne, ou une activité, s’interposent-t-elles entre Dieu et nous, faisant obstacle et même altérant notre rapport avec Lui ? C’est le moment de lui redire : « Tu es, Seigneur, mon unique bien ». « C’est toi, le Seigneur ! Je n’ai pas de plus grand bonheur que toi ! » Cela nous aidera à purifier nos intentions et à retrouver la liberté intérieure.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

Vivre la Parole nous rend libres et purs parce qu’elle est amour. Et le feu divin de l’amour purifie nos intentions et notre être profond, car, d’après la Bible, le « cœur » est le siège de l’intelligence et de la volonté.
Et Jésus nous commande une façon d’aimer qui nous permet de vivre cette béatitude.
C’est l’amour réciproque, l’amour de celui qui est dans la disposition de donner sa vie pour les autres, à l’exemple de Jésus. Ce style d’amour suscite un courant, un échange, une atmosphère dont la caractéristique dominante est justement la transparence, la pureté. En effet, dans cet amour-là, Dieu est présent et Lui seul peut créer en nous un cœur pur. Lorsque nous vivons l’amour réciproque la Parole agit, apportant purification et sanctification.
Un individu isolé est incapable de résister de manière durable aux sollicitations du monde. En revanche, l’amour réciproque constitue un excellent terrain où chacun peut rester pur et vivre sa vie chrétienne de façon authentique.

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu. »

Et quel est l’effet de cette pureté, qu’il faut toujours conquérir ? On peut « voir » Dieu, ce qui signifie comprendre son action dans notre vie et dans l’histoire, entendre sa voix dans notre cœur, savoir saisir sa présence là où elle se trouve : dans les pauvres, dans l’Eucharistie, dans sa Parole, dans la communion fraternelle, dans l’Église.
C’est un avant-goût de la présence de Dieu qui nous est donné dès ici-bas, dans cette vie où nous « cheminons par la foi, non par la vue », en attendant de pouvoir le voir « face à face » , éternellement.

Chiara Lubich

Octobre 2010

Cette Parole se trouve déjà dans l'Ancien Testament
Répondant à une question, Jésus s’inscrit dans la tradition prophétique et rabbinique, qui recherchait le principe unificateur de la Torah, c’est-à-dire de l’enseignement de Dieu contenu dans la Bible. Rabbi Hillel, un de ses contemporains, avait dit : « Ne fais pas à ton prochain ce qui est détestable à tes yeux, voilà toute la loi. Le reste n’en est qu’une explication » .
Pour les maîtres du judaïsme, l’amour du prochain découle de l’amour de Dieu qui a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. On ne peut donc aimer Dieu sans aimer sa créature : voilà le véritable fondement de l’amour du prochain et c’est « un grand principe général de la loi »
Jésus confirme ce principe et ajoute que le commandement d’aimer le prochain est semblable au premier et au plus grand commandement, celui d’aimer Dieu de tout son cœur, de tout son esprit et de toute son âme. En affirmant qu’il existe une relation de similitude entre les deux commandements, Jésus les soude définitivement et c’est ce que fera toute la tradition chrétienne. Comme le dira l’apôtre Jean en une formule concise : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas » .

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Le prochain — tout l’Évangile le dit clairement — c’est tout être humain, homme ou femme, ami ou ennemi, et on lui doit respect, considération, estime. L’amour du prochain est universel et personnel à la fois. Il embrasse toute l’humanité et se concrétise envers celui-qui-se-tient-près-de-toi.
Mais qui peut nous donner un cœur aussi grand, qui peut susciter en nous une telle bienveillance au point de nous faire nous sentir proches des êtres les plus étrangers, au point de nous faire dépasser notre amour de nous-mêmes et voir ce ‘nous-mêmes’ dans les autres ?
Un cœur si grand est un don de Dieu, c’est l’amour même de Dieu qui « a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné »
Il ne s’agit donc pas d’un amour ordinaire, ni d’une simple amitié, ni de philanthropie, mais de cet amour versé dans nos cœurs depuis notre baptême : cet amour qui est la vie même de Dieu, de la Trinité, à laquelle nous pouvons participer.
Ainsi l’amour est tout, mais pour pouvoir bien le vivre il faut connaître ses qualités telles qu’elles ressortent de l’Évangile ou des Écritures en général et que nous pouvons résumer en quelques aspects fondamentaux.

Tout d’abord, Jésus – mort pour tous, par amour de tous – nous enseigne que le véritable amour doit s’adresser à tous. Ce n’est pas comme l’amour simplement humain que nous vivons si souvent, et qui se limite à un domaine restreint : la famille, les amis, les proches…
Le véritable amour que Jésus demande n’admet aucune discrimination : il ne fait pas de différence entre la personne sympathique et l’antipathique ; pour lui, il n’existe pas le beau, le laid, le grand, le petit. Cet amour ne fait pas de distinction entre le compatriote et l’étranger, la personne qui appartient à mon Église et celle qui appartient à une autre, à ma religion ou à une autre. Cet amour aime tout le monde.
C’est ce que nous devons faire nous aussi : aimer tout le monde.
Et encore : l’amour véritable aime en premier, il n’attend pas d’être aimé, comme cela se passe en général pour l’amour humain : on aime celui qui nous aime. Non, l’amour vrai prend l’initiative, comme l’a fait le Père. Alors que nous étions encore pécheurs, et pas dans une attitude d’amour, il a envoyé son Fils pour nous sauver.
Donc : aimer tout le monde et aimer en premier.
Et encore : le véritable amour voit Jésus en chacun de nos prochains : « C’est à moi que tu l’as fait » , nous dira Jésus au jour du jugement dernier. Cela est valable pour le bien que nous faisons et malheureusement aussi pour le mal.
L’amour véritable aime l’ami et aussi l’ennemi : il lui fait du bien, il prie pour lui.
Jésus veut également que l’amour, qu’il a porté sur la terre, devienne réciproque : que l’un aime l’autre et réciproquement, jusqu’à parvenir à l’unité.
Toutes ces qualités de l’amour nous aident à comprendre la Parole de vie de ce mois et à mieux la vivre.

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Oui, le véritable amour aime l’autre comme soi-même. Nous devons prendre cette phrase à la lettre, voir réellement dans l’autre un autre nous-même et faire à l’autre ce que l’on ferait pour soi-même.
L’amour vrai sait souffrir avec celui qui souffre, se réjouir avec celui qui est dans la joie, porter les poids de l’autre ; il sait, comme le dit Paul, « se faire un » avec la personne aimée.
C’est donc un amour qui n’est pas seulement fait de sentiments ou de belles paroles, mais de faits concrets.
Ceux qui se réfèrent à un autre credo cherchent eux aussi à vivre ce que l’on appelle la « règle d’or », qui existe dans toutes les religions. Elle demande que l’on fasse aux autres ce que l’on aimerait que l’on fasse pour nous. Gandhi l’explique d’une manière très simple et efficace : « Je ne peux pas te faire de mal sans me blesser moi-même » .

Ce mois-ci doit donc être une occasion pour remettre au premier plan l’amour du prochain, qui se présente sous de si nombreux visages : du voisin à l’amie d’école, de l’ami au parent le plus proche…
Mais il nous apparaît aussi sous les visages de l’humanité angoissée que la télévision introduit dans nos maisons depuis les lieux touchés, par exemple, par la guerre et les catastrophes naturelles. Inconnus autrefois et à mille lieues de chez nous, ils sont maintenant devenus, eux aussi, nos prochains.
L’amour nous suggérera chaque fois ce qu’il faut faire et dilatera peu à peu notre cœur à la mesure de celui de Jésus.

Chiara Lubich

Septembre 2010

Après avoir écouté Jésus, Pierre lui demande : « Seigneur, quand mon frère commettra une faute à mon égard, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répond : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »
Touché par la prédication de Jésus, Pierre, avec toute sa générosité, avait probablement l’intention d’y répondre par une action exceptionnelle : aller jusqu’à pardonner sept fois.(…)
Mais en précisant : «…jusqu’à soixante-dix fois sept fois », Jésus montre que pour lui le pardon ne doit pas avoir de limites, qu’il faut toujours pardonner.

« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »

Cette parole rappelle le chant biblique de Lamek, un descendant d’Adam : « Oui, Caïn sera vengé sept fois, mais Lamek soixante-dix-sept fois. »  Ainsi commence l’invasion de la haine dans les rapports entre les hommes : elle enfle comme un fleuve en crue.
À ce débordement du mal, Jésus oppose un pardon sans limite, sans condition, seul capable d’arrêter la spirale de la violence.

« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »

Pardonner. Pardonner sans cesse.
Le pardon n’est pas synonyme d’oubli, qui manifeste souvent le refus de regarder la vérité en face. Ni de faiblesse, qui pousse à ne pas tenir compte d’un tort, par peur du plus fort qui l’a commis.
Le pardon ne considère pas comme sans importance ce qui est grave, ou comme bien ce qui est mal.
Le pardon n’est pas de l’indifférence.
Le pardon est un acte de volonté et de lucidité, donc de liberté, qui consiste à accueillir le frère, ou la sœur, tel qu’il est, malgré le mal qu’il nous a fait, comme Dieu nous accueille, nous, pécheurs, malgré nos défauts.
Le pardon consiste à ne pas répondre à l’offense par l’offense, mais à faire ce que dit Paul : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien. »
  Pardonner revient à donner à celui qui t’a fait du tort la possibilité de construire un nouveau rapport avec toi. Il vous permet, à lui et à toi, de repartir dans la vie, il ouvre un avenir où le mal n’a pas le dernier mot.

« Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »

Comment vivre alors cette Parole ?
Pierre avait demandé à Jésus : « Combien de fois devrai-je pardonner à mon frère ? ».
Par sa réponse, Jésus visait surtout les rapports entre chrétiens, entre membres de la même communauté. C’est donc avant tout avec nos frères et sœurs dans la foi que nous devons nous comporter ainsi : en famille, au travail, à l’école ou dans la communauté à laquelle nous appartenons.
Combien de fois, nous le savons, cherchons-nous à compenser par un acte, ou une parole équivalente, l’offense que nous avons subie.
On sait combien, pour toutes sortes de raisons – différences de caractère, nervosité, etc. – les manques d’amour entre proches sont fréquents. Eh bien, rappelons-nous que seule une attitude de pardon, toujours renouvelée, peut maintenir la paix et l’unité entre frères.
On aura toujours tendance à penser aux défauts des autres, à se souvenir de leur passé, à les vouloir différents… Prenons l’habitude de les voir avec un regard nouveau. Considérons-les comme des êtres nouveaux. Acceptons-les toujours, tout de suite et totalement, même s’ils ne se repentent pas.
Vous me direz : « C’est difficile ! ». C’est vrai. Mais c’est en cela que réside la beauté, la grandeur du christianisme. Ce n’est pas pour rien que nous marchons à la suite du Christ Ressuscité qui, sur la croix, a demandé pardon au Père pour ceux qui l’avaient mis à mort.
Courage ! Mettons-nous à vivre ainsi et nous éprouverons une paix et une joie jusque-là inconnues.

Chiara Lubich

août 2010

Cette Parole s’inscrit dans un événement à la fois d’une grande simplicité mais en même temps très beau : la rencontre entre deux femmes enceintes, deux mères, toutes deux en symbiose totale, spirituellement et physiquement, avec leur enfant.
C’est comme si celui-ci s’exprimait par leur bouche, par leurs sentiments. Lorsque Marie prend la parole, l’enfant d’Elisabeth bondit de joie en son sein. Et lorsque Elisabeth parle, il semble que ses paroles lui soient dictées par le Précurseur. Mais tandis que les premiers mots de son hymne de louange à Marie s’adressent personnellement à la mère du Seigneur, les derniers mots sont dits à la troisième personne : « Bienheureuse celle qui a cru ».
Ainsi, son « affirmation acquiert un caractère de vérité universelle : la béatitude est valable pour tous les croyants, elle concerne ceux qui accueillent la Parole de Dieu et la mettent en pratique, et qui trouvent en Marie un modèle idéal » .

«Bienheureuse celle qui a cru : ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ! »

C’est la première béatitude de l’Evangile qui concerne Marie, mais aussi tous ceux qui veulent la suivre et l’imiter.
En Marie, existe un lien étroit entre foi et maternité, fruit de l’écoute de la Parole. Et Luc suggère ici un point qui nous concerne également. Plus loin dans l’Evangile, Jésus dit : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique » .
En anticipant presque ces paroles, Elisabeth, poussée par l’Esprit Saint, nous annonce que tout disciple peut devenir « mère » du Seigneur, à condition qu’il croie en la Parole de Dieu et qu’il la vive.

« Bienheureuse celle qui a cru : ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ! »

Après Jésus, Marie est celle qui a su dire « oui » parfaitement à Dieu. En cela résident sa sainteté et sa grandeur. Et si Jésus est le Verbe, la Parole incarnée, Marie, par sa foi en la Parole, est Parole vécue, tout en restant une créature comme nous, semblable à nous.
Le rôle de Marie en tant que mère du Seigneur est grand et admirable. Mais Dieu n’appelle pas seulement la Vierge à engendrer le Christ en elle. Bien que d’une manière différente, chaque chrétien a le même devoir : incarner le Christ, au point de redire comme saint Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est Christ qui vit en moi » .

Mais comment réaliser cela ?
En adoptant vis-à-vis de la Parole de Dieu l’attitude de Marie, celle d’une totale disponibilité. Avec Marie croire que se réaliseront toutes les promesses contenues dans la Parole du Christ. Et comme Marie, aller jusqu’à risquer de vivre ce qu’une Parole propose parfois, même si cela peut nous sembler humainement insensé.
Il se produit des faits grands ou petits, mais toujours merveilleux pour celui qui croit à la Parole. On pourrait en remplir des livres entiers.
Qui de nous peut oublier ce que nous avons vécu en pleine guerre ? En croyant aux Paroles de Jésus « Demandez on vous donnera » , nous avons demandé tout ce dont tant de pauvres dans la ville avaient besoin et nous avons vu arriver des sacs de farine, des boîtes de lait, des pots de confiture, du bois, des vêtements.
Cela se produit encore de nos jours. « Donnez et on vous donnera » et les entrepôts de la charité, qui se vident toujours, se remplissent régulièrement.
Mais le plus frappant est que les Paroles de Jésus sont vraies, toujours, et en tout lieu. Et l’aide de Dieu arrive ponctuellement, même en des circonstances impossibles, et dans les points les plus isolés de la terre. C’est ce qui s’est passé pour une mère de famille qui vit dans une grande pauvreté. Elle s’est sentie un jour poussée à donner la dernière somme d’argent qui lui restait à une personne plus pauvre qu’elle. Elle croyait au « donnez et on vous donnera » de l’Evangile. Et elle avait le cœur en paix. Un peu plus tard, la plus jeune de ses filles est rentrée à la maison, montrant un cadeau qu’elle venait de recevoir de la part d’un parent éloigné qui, par hasard, était passé par là : dans sa petite main, se trouvait la somme d’argent multipliée.
Une « petite » expérience comme celle-là nous pousse à croire à l’Evangile. Et chacun de nous peut éprouver cette béatitude, cette joie de voir se réaliser les promesses de Jésus.
Lorsque, chaque jour, nous rencontrerons la Parole de Dieu8888 en lisant les Ecritures, ouvrons nos cœurs à son écoute, avec la foi que ce que Jésus nous demande et nous promet, adviendra. Nous ne tarderons pas à découvrir, comme Marie, et comme cette maman, que, d’une manière ou d’une autre, il tient toujours ses promesses.

Chiara Lubich