Mouvement des Focolari

PAROLE DE VIE DE JANVIER 2003

Impressionnés par les prédicateurs de leur époque, les chrétiens de Corinthe avaient tendance à faire le parallèle avec l’apôtre Paul, un homme simple, fragile et physiquement éprouvé, qui renonçait à l’érudition et à l’éloquence de la sagesse humaine. C’est pourtant à lui que, sur la route de Damas, Jésus s’était pleinement révélé. Depuis lors, la lumière de la connaissance du Fils de Dieu n’avait cessé de briller en lui, et Dieu avait fait de lui un instrument de choix pour la porter à tous les hommes. Paul était bien le premier à se rendre compte de l’écart entre la grandeur de sa mission et la faiblesse de sa personne : un trésor placé dans un pauvre vase de terre cuite.
Bien souvent, nous faisons le même constat : notre pauvreté, notre insuffisance, notre impuissance devant des situations qui nous dépassent. Nous percevons notre tendance au mal, et la difficulté à y résister à cause de la faiblesse de notre volonté. Comme Paul, nous nous sentons des vases d’argile.
Et ces faiblesses, ces fragilités, nous les décelons chez les personnes qui nous entourent, en famille, dans la communauté ou le groupe dont nous faisons partie. Tout particulièrement pendant ce mois où l’on célèbre la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous ressentons douloureusement le fait que, malgré le trésor que Dieu nous a donné, nous n’avons pas réussi à vivre en unité.

« Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile. »

À regarder les vases d’argile que nous sommes, nous pourrions perdre courage. Mais ce qui a de la valeur – et sur quoi nous voulons porter toute notre attention – c’est le trésor que nous portons en nous ! Paul, lui, savait que son vase d’argile était habité par la lumière du Christ , ce qui lui donnait l’audace de tout oser pour la diffusion de son Royaume. Comme chrétiens, nous portons, nous aussi un trésor infini : la sainte Trinité. Si je regarde au fond de moi-même, je peux découvrir une immensité d’amour un abîme, un soleil divin. Si je regarde autour de moi, au-delà du « vase d’argile » qui me saute aux yeux chez les autres, je découvre le trésor qui est en eux. Je vais ainsi au-delà des apparences. La lumière de la Trinité qui habite en nous, rappelle Jean Paul II, « doit être aussi perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés » .

« Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile. »

C’est bien à nous que cette Parole de Vie s’adresse. À nous tous. « Les chrétiens doivent faire connaître ensemble ce trésor qui resplendit glorieux dans le visage du Ressuscité. »  Mais il nous faut entrer en communion avec lui pour prendre conscience de la richesse que nous possédons. Oui, nous pouvons apprendre à vivre avec la sainte Trinité, jusqu’à nous perdre en elle. Oui, nous pouvons établir un rapport personnel avec chacune des trois Personnes divines, le Père, le Fils et l’Esprit Saint, afin que ce soit Dieu lui-même qui vive et agisse en nous.
Le Père est en nous, présent dans le vase d’argile que nous sommes. Nous pouvons nous décharger sur lui de tous nos soucis comme nous le suggère l’apôtre Pierre . À un père on se remet en tout et pour tout, en pleine confiance. Un père est le soutien, l’assurance de son fils qui, comme un enfant, se jette avec insouciance dans ses bras.
Le Fils est lui aussi en nous. Le Verbe incarné, Jésus, vit en nous. Nous avons appris à le découvrir et à l’aimer là où il est présent : dans l’Eucharistie, dans la Parole, quand nous sommes unis en Son nom, dans le pauvre, dans l’autorité qui le représente… au plus profond de notre cœur. Nous pouvons même apprendre à l’aimer dans nos limites, nos faiblesses, nos échecs, parce qu’il a assumé notre faiblesse et notre fragilité, sans être lui-même pécheur. Jésus, Verbe incarné, qui a tout partagé avec nous, peut nous soutenir dans toutes les épreuves de la vie, en nous suggérant comment les dépasser, afin de nous redonner lumière, force et paix.
Et à l’Esprit Saint, nous nous confions avec assurance, comme à un autre nous-mêmes. Il nous répond toujours lorsque nous l’invoquons et nous suggère des paroles de sagesse. Il nous réconforte, nous soutient, nous aime comme un véritable ami, en nous donnant sa lumière.
Que voulons-nous de plus ? Un unique Amour règne dans notre cœur : c’est notre trésor. Le vase d’argile, chez nous comme chez les autres, ne nous découragera plus. Il nous rappellera simplement que la lumière et la vie que Dieu veut dégager en nous et autour de nous n’est pas tant le fruit de nos capacités humaines que l’effet de sa présence à l’œuvre en nous, si nous savons la reconnaître et l’aimer.
Alors, comme Paul, nous pourrons nous aussi tout oser pour le Royaume de Dieu, et tendre plus fortement à une communion pleine et visible entre les chrétiens, afin de pouvoir répéter comme lui : « Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non de nous » (2 Co 4, 7).

Chiara LUBICH

 

PAROLE DE VIE DE DÉCEMBRE 2002

Ces paroles marquent le début de l’aventure divine de Marie. L’Ange vient juste de lui révéler le projet que Dieu a sur elle : qu’elle soit la mère du Messie. Avant de donner son accord, elle a voulu s’assurer que telle était bien la volonté de Dieu et, une fois qu’elle a compris que c’était ce qu’il voulait, elle n’a pas hésité un seul instant à adhérer pleinement à cette volonté. Et dès lors, Marie a continué à s’abandonner complètement au vouloir de Dieu, même dans les moments les plus douloureux et les plus tragiques.
Parce qu’elle a accompli la volonté de Dieu et non la sienne, parce qu’elle a eu totalement confiance en ce que Dieu lui demandait, toutes les générations la proclameront bienheureuse (cf. Lc 1, 48) et elle s’est réalisée pleinement au point de devenir la Femme par excellence.
Car c’est bien ce qui se produit lorsque nous accomplissons la volonté de Dieu : nous réalisons notre personnalité, nous acquérons notre pleine liberté, nous atteignons notre être véritable. Car depuis toujours Dieu a pensé à nous, de toute éternité il nous a aimés ; depuis toujours nous avons une place dans son cœur. Comme à Marie, Dieu veut nous révéler ce qu’il a pensé pour chacun de nous, il veut nous faire connaître notre véritable identité. « Veux-tu que je fasse de toi et de ta vie un chef-d’œuvre ? – semble-t-il nous dire – Suis la route que je t’indique et tu deviendras tel que tu es depuis toujours dans mon cœur. Car, de toute éternité, j’ai pensé à toi et je t’ai aimé, j’ai prononcé ton nom. En te disant quelle est ma volonté, je te révèle qui tu es. »
Sa volonté n’est donc pas une réalité imposée qui nous étouffe, mais la révélation de son amour pour nous, de son projet sur nous ; ce projet est sublime comme Dieu lui-même, fascinant comme son visage : c’est lui-même qui se donne à nous. La volonté de Dieu est un fil d’or, une trame divine qui tisse toute notre vie terrestre et au-delà, une parabole qui va de l’éternité à l’éternité : dans l’esprit de Dieu d’abord, ensuite sur cette terre, et enfin au Paradis.
Mais pour que le dessein de Dieu s’accomplisse pleinement, il demande mon accord et le tien, comme il l’a demandé à Marie. C’est la condition pour que se réalise la parole qu’il a prononcée sur toi, sur moi. Nous sommes alors appelés à dire, comme Marie :

« Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit. »

Bien sûr, sa volonté n’est pas toujours facile à comprendre. Comme Marie, nous devons aussi demander des éclaircissements pour comprendre ce que Dieu veut. Il faut écouter attentivement sa voix en nous, en toute sincérité, en nous faisant conseiller si besoin est par quelqu’un qui puisse nous aider. Mais une fois que nous avons compris sa volonté, disons-lui oui tout de suite. Car si nous avons compris que, dans notre vie, sa volonté est ce qu’il y a de plus grand et de plus beau, nous ne nous résignerons pas à « devoir » faire la volonté de Dieu, mais nous serons heureux de « pouvoir » la faire, de pouvoir seconder son projet pour que se réalise ce qu’il a pensé pour nous. C’est la chose la plus intelligente que nous puissions accomplir.
Les paroles de Marie – « Je suis la servante du Seigneur » – sont donc notre réponse d’amour à l’amour de Dieu. Elles nous maintiennent toujours tournés vers lui, à l’écoute, dans une attitude d’obéissance, avec l’unique désir d’accomplir sa volonté pour être comme il le désire.
Pourtant, ce qu’il nous demande peut parfois nous sembler insensé. Nous avons l’impression qu’il faudrait faire autrement, nous voudrions prendre nous-mêmes notre vie en main. On aurait même parfois envie de donner des conseils à Dieu, de lui indiquer ce qu’il faut faire ou éviter. Mais si je crois que Dieu est amour, et que je lui fais confiance, je crois aussi que ce qu’il a prévu pour ma vie et pour celle de ceux qui m’entourent est pour notre bien. Je m’abandonne pleinement à sa volonté, je la désire de tout mon être, jusqu’à ne plus faire qu’un avec elle, sachant qu’accueillir sa volonté c’est accueillir Dieu, l’étreindre, se nourrir de lui.
Rien, nous devons le croire, ne survient par hasard. Aucun événement joyeux, indifférent ou douloureux, aucune rencontre, aucune situation de famille, de travail, d’école, aucune condition de santé physique ou morale n’est privée de sens. Tout – événements, circonstances, personnes – nous porte un message de la part de Dieu, tout contribue à l’accomplissement du dessein de Dieu, que nous découvrirons peu à peu, jour après jour, en faisant, comme Marie, la volonté de Dieu.

« Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit. »

Comment vivre alors cette Parole ? Notre oui à la Parole de Dieu entraîne concrètement notre adhésion entière, à chaque instant, à l’action que la volonté de Dieu nous demande. Être tout entier dans cette action, en éliminant tout le reste, en abandonnant nos propres pensées, nos désirs, nos souvenirs, ainsi que tout autre travail.
Devant chaque volonté de Dieu, qu’elle soit douloureuse, joyeuse, indifférente, il s’agit de dire à notre tour : « Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit », ou bien, comme Jésus nous l’a enseigné dans le Notre Père : « Que ta volonté soit faite ». Disons « Que ta volonté soit faite » avant chacune de nos actions. Et nous accomplirons, instant par instant, morceau par morceau, la mosaïque merveilleuse et unique de notre vie, que le Seigneur a pensée depuis toujours pour chacun de nous.

Chiara LUBICH

 

PAROLE DE VIE DE NOVEMBRE 2002

Jésus vient de sortir du temple. Ses disciples lui font remarquer avec fierté la majesté et la beauté de cet édifice. Jésus leur répond : « Vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? En vérité, je vous le déclare, il ne restera pas ici pierre sur pierre : tout sera détruit. » Puis il se rend au Mont des Oliviers, s’assied et, regardant Jérusalem qui s’étend à ses pieds, se met à parler de la destruction de la ville et de la fin du monde.
Comment se déroulera la fin du monde ? Quand arrivera-t-elle ? À la suite des disciples, toutes les générations de chrétiens se poseront cette question qui nous concerne tous.
L’avenir reste toujours un mystère qui souvent nous effraie. Aujourd’hui encore certains consultent à ce sujet des voyants ou interrogent leur horoscope : quel sera mon avenir ? Que va-t-il se passer ?
La réponse de Jésus est claire. À la fin des temps, lui, le Seigneur de l’histoire, reviendra. Le point lumineux de notre avenir, c’est lui.
Et quand cette rencontre aura-t-elle lieu ? Personne ne le sait. Elle peut avoir lieu à tout moment. Notre vie est entre les mains du Seigneur. Il nous l’a donnée. Il peut nous la reprendre subitement. Il nous avertit cependant : si vous veillez, vous serez prêts pour cet événement.

« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

Cette parole de Jésus nous rappelle avant tout qu’il reviendra. Notre vie sur la terre s’achèvera ; une vie nouvelle commencera, qui n’aura pas de fin. Personne ne veut parler de la mort aujourd’hui. Parfois, pour éviter d’y penser, on se plonge à corps perdu dans les activités quotidiennes. Au point même d’en oublier celui qui nous a donné la vie et nous la redemandera pour nous introduire dans la plénitude de sa propre vie, dans la communion avec son Père au Paradis.
Serons-nous prêts pour cette rencontre ? Aurons-nous notre lampe allumée comme les vierges sages attendant l’époux ? Autrement dit : serons-nous dans l’amour ? Ou bien notre lampe sera-t-elle éteinte, car le tourbillon de nos activités, notre poursuite de joies éphémères, la possession des biens matériels nous auront fait oublier la seule chose nécessaire : aimer.

« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

Mais comment veiller ? Nous le savons : le bon veilleur, c’est celui qui aime. C’est la femme qui attend son mari qui rentre plus tard que prévu de son travail ou d’un voyage. C’est la mère qui s’inquiète parce que ses enfants ne sont pas encore là. C’est le garçon qui brûle d’impatience de retrouver celle qu’il aime. Et ainsi de suite. Celui qui aime continue à attendre même lorsque l’autre tarde.
On attend Jésus lorsqu’on l’aime et qu’on désire ardemment le rencontrer.
Et l’attente de Jésus se peuple de gestes d’amour concrets, comme le service de nos frères, l’engagement dans la construction d’une société plus juste. Jésus lui-même nous y invite dans la parabole du serviteur fidèle qui, en l’absence de son maître, prend soin des domestiques et de la maison ; ou bien dans celle des serviteurs qui, toujours dans l’attente de leur maître, font fructifier les talents qu’ils ont reçus de lui.

« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

C’est bien parce que nous ne connaissons ni le jour ni l’heure de sa venue que nous pouvons nous concentrer plus facilement sur l’aujourd’hui qui nous est donné et sur chaque moment présent que la providence nous donne à vivre.
J’ai écrit autrefois spontanément, cette prière. Je voudrais la rappeler aujourd’hui : « Jésus, fais que chacune de mes paroles soit comme si c’était la dernière que je prononce. Fais que chacune de mes actions soit comme si c’était la dernière que j’entreprends. Fais que chacune de mes souffrances soit comme si c’était la dernière que je peux t’offrir. Fais que chacune de mes prières soit comme si c’était la dernière occasion que j’ai ici-bas de m’entretenir avec toi. »

Chiara LUBICH

 

PAROLE DE VIE D’OCTOBRE 2002

Quel est le plus grand commandement de la Loi ? Question classique dans les écoles rabbiniques à l’époque du Christ… On la pose à Jésus, considéré comme maître. Il y répond de manière originale en liant l’amour de Dieu et celui du prochain. Ses disciples ne devront jamais les dissocier, pas plus qu’on ne saurait séparer le tronc des racines d’un arbre. Notre amour pour Dieu intensifie notre amour envers nos frères et plus nous aimons notre prochain, plus s’approfondit notre amour pour Dieu.
Mieux que personne, Jésus connaît ce Dieu que nous devons aimer et comment il doit être aimé : il est son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu (cf. Jn 20, 17). Il aime chacun personnellement. Il est mon Dieu, il est ton Dieu. Il est le Dieu de tous, qui dit à chacun de nous : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ».
Et c’est parce qu’il nous a aimés le premier que nous pouvons répondre à son amour en l’aimant. Tournons-nous vers lui avec la même confiance de Jésus lorsqu’il l’appelait Abbà, Père. Parlons-lui souvent, confions-lui nos besoins, nos résolutions, nos projets. Redisons-lui notre amour exclusif. Attendons avec impatience ce moment de dialogue, de communion, d’intense intimité et de contact profond avec lui qu’est la prière. Nous pouvons alors lui exprimer tout notre amour, l’adorer, chanter sa gloire, lui qui est présent dans l’univers entier, le louer au fond de notre cœur ou vivant dans le tabernacle. A n’importe quel moment nous pouvons penser à lui, là où nous sommes, dans notre chambre, au travail, au bureau, que nous soyons seuls ou avec d’autres…

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » (Mt 22,37)

Jésus nous enseigne aussi une autre manière d’aimer le Seigneur notre Dieu. Pour lui, aimer voulait dire accomplir la volonté de son Père, en mettant son esprit, son cœur, ses énergies, sa vie même, à sa disposition. Il s’est complètement donné au projet que le Père avait sur lui. L’Évangile nous le montre toujours et totalement tourné vers le Père (cf. Jn 1, 18), toujours en lui, attentif à ne dire que ce qu’il avait entendu du Père, à n’accomplir que ce que le Père lui avait dit de faire. De nous aussi, Dieu attend cet amour total. Aimer signifie faire la volonté de l’Aimé, sans demi-mesure, de tout notre être : « de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée ». Car l’amour n’est pas simplement un sentiment : « Et pourquoi m’appelez-vous “Seigneur, Seigneur” et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Lc 6, 46), demande Jésus à ceux qui n’aiment qu’en paroles.

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée »

Comment vivre alors ce commandement de Jésus ? En entretenant avec Dieu un rapport filial et de confiance, mais surtout en faisant sa volonté. Comme Jésus, notre attitude envers Dieu sera de nous tourner toujours vers le Père, à son écoute, lui obéissant pour accomplir son œuvre et rien d’autre.
Il nous est demandé de l’accomplir de tout notre être, car, à Dieu, on ne peut pas donner moins que tout : tout notre cœur, toute notre âme, toute notre pensée. Cela veut dire bien faire, et complètement, cette action qu’il nous demande.
Pour vivre sa volonté et nous y conformer, il faudra souvent brûler la nôtre, sacrifiant tout ce qui, dans notre cœur et notre esprit, ne concerne pas le présent. Il peut s’agir d’une idée, d’un sentiment, d’une pensée, d’un désir, d’un souvenir, d’un objet, d’une personne…
Nous serons alors tout entiers à ce qui nous est demandé dans l’instant présent. Qu’il s’agisse de parler, de téléphoner, d’écouter, d’aider, d’étudier, de prier, de manger, de dormir… Accomplir tout cela parfaitement, de tout notre cœur, notre âme, notre pensée ; avoir l’amour comme unique moteur de nos actions, au point de pouvoir dire, à chaque instant de la journée : « Oui, mon Dieu, en cet instant, en cette action, je t’ai aimé de tout mon cœur, de tout moi-même ». Et nous pourrons dire que nous aimons Dieu, que nous répondons à son Amour.

« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » (Mt 22,37)

Comment vivre cette Parole de vie ? Il pourra être utile de nous examiner de temps en temps, en nous demandant si Dieu est vraiment à la première place dans notre âme. Mais pour conclure, que devons-nous faire en ce mois ? Choisir à nouveau Dieu comme unique idéal, comme le tout de notre vie, en le remettant à la première place, en vivant à la perfection sa volonté dans le moment présent. Nous devons pouvoir lui dire sincèrement : « Mon Dieu et mon tout », « Je t’aime », « Je suis tout à toi », « Tu es Dieu, tu es mon Dieu, notre Dieu d’amour infini ! »

Chiara LUBICH

 

PAROLE DE VIE DE SEPTEMBRE 2002

D’où vient cette Parole de Vie ? D’un livre de l’Ancien Testament écrit par Ben Sira, un sage, un scribe de Jérusalem. Il enseigne un thème cher à toute la tradition de la sagesse biblique : Dieu est miséricordieux envers les pécheurs et nous devons l’imiter. « Miséricordieux et bienveillant, lent à la colère et plein de fidélité »  , le Seigneur pardonne toutes nos fautes. Il « détourne les yeux des péchés des hommes pour les amener au repentir ». Il « jette derrière nous tous nos péchés ». Comme tout père ou toute mère, il « multiplie le pardon », car il aime ses enfants, leur fait confiance et les encourage sans jamais se lasser.
Mais étant père et mère, Dieu ne se contente pas d’aimer et de pardonner à ses enfants. Son grand désir est de les voir se traiter en frères et sœurs, s’entendre et s’aimer. Le grand projet de Dieu sur l’humanité ? Une fraternité universelle, plus forte que les divisions, tensions et rancœurs qui s’insinuent si facilement après les incompréhensions et les fautes.
Pourquoi les familles se défont-elles ? Parce que nous ne savons pas nous pardonner. De vieilles haines entretiennent les divisions entre les membres d’une même famille, les groupes sociaux et les peuples. Certains même enseignent à ne pas oublier les torts subis, à nourrir des sentiments de vengeance… Une rancœur sourde empoisonne l’âme et corrompt le cœur.
Le pardon serait-il un signe de faiblesse comme certains le pensent ? Bien au contraire. C’est l’expression d’un grand courage, d’un amour vrai, d’autant plus authentique qu’il est plus désintéressé. « Si vous aimez ceux qui vous aiment », dit Jésus, « quelle récompense allez-vous en avoir ? » Tout le monde en fait autant. « Vous, aimez vos ennemis » .
Demandons donc à Jésus un amour de père, de mère, un amour de miséricorde envers nos prochains, surtout envers ceux qui sont dans l’erreur. Et à ceux qui sont appelés à vivre une spiritualité de communion, comme l’est la spiritualité chrétienne, l’Évangile demande encore plus : « Pardonnez-vous mutuellement ». L’amour réciproque exige presque un pacte entre nous : celui d’être toujours prêts à nous pardonner. C’est la seule manière de contribuer à créer la fraternité universelle.

« Pardonne à ton prochain l’injustice commise ; alors, quand tu prieras, tes péchés seront remis »

Ces paroles non seulement nous invitent à pardonner mais elles nous rappellent que, pour être nous-mêmes pardonnés, il nous faut pardonner. Dieu nous écoute et nous pardonne dans la mesure où nous savons pardonner. Jésus lui-même nous met en garde : « C’est la mesure dont vous vous servez qui servira de mesure pour vous »  . « Heureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde ». Car un cœur endurci par la haine n’est même plus capable de reconnaître et d’accueillir l’amour miséricordieux de Dieu.
Comment vivre alors cette Parole de Vie ? D’abord en pardonnant tout de suite à ceux avec qui nous ne sommes pas encore réconciliés. Mais cela ne suffit pas. Nous avons encore à éliminer de notre cœur la simple indifférence, le manque de bienveillance, la moindre attitude de supériorité ou de négligence envers tous ceux que nous côtoyons.
Bien plus encore, il nous faut faire preuve de prévention. Chaque matin regarder les autres d’un œil nouveau, en famille, à l’école, au travail, prêts à ne pas juger, à faire confiance, à espérer, à croire sans cesse. Approcher les autres avec cette amnistie complète dans le cœur, avec ce pardon universel. Ne pas se souvenir de leurs défauts, tout couvrir avec l’amour. Au cours de la journée, essayer de réparer les impolitesses et les mouvements d’humeur en présentant des excuses ou en faisant un geste d’amitié. Remplacer le rejet instinctif de l’autre par une attitude de plein accueil, de miséricorde sans limites, de pardon complet, de partage et d’attention aux besoins des autres.
Alors quand nous prierons le Père et surtout en lui demandant son pardon, nous verrons notre demande exaucée. Car nous pourrons dire avec confiance : « Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous. »

Chiara LUBICH

PAROLE DE VIE D’AOÛT 2002

Le lac de Tibériade ou « mer de Galilée »… Seulement 24 kilomètres sur 12. Mais quand le vent s’y engouffre, il effraie même les pêcheurs qui sont habitués à y naviguer. Cette nuit-là, les disciples de Jésus ont vraiment peur. Vent contraire et hautes vagues les empêchent de diriger leur barque. Survient alors un événement inattendu. Jésus qui était resté seul à terre pour prier, apparaît tout à coup sur les eaux. Déjà affolés par la tempête, les Douze, pris de panique, poussent des cris, croyant voir un fantôme. Celui qu’ils voient devant eux ne peut être Jésus car seul Dieu, comme il est écrit au livre de Job, peut « fouler les houles de la mer »  . Mais Jésus leur adresse ces paroles : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » Il monte dans la barque et la mer se calme. Non seulement les disciples retrouvent la paix, mais ils le reconnaissent pour la première fois comme « Fils de Dieu » : « Vraiment, tu es Fils de Dieu ! » 

« Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! »

La barque agitée par le vent et battue par les vagues est devenue le symbole de l’Église de tous les temps. Quel chrétien ne connaît, tôt ou tard, la tempête et la peur ? Qui ne s’est jamais senti poussé par un vent contraire là où il ne voulait pas aller, redoutant que sa vie, ou celle de ses proches, ne fasse naufrage…
Personne n’échappe à l’épreuve. Son visage ? L’échec, la pauvreté, la dépression, le doute, la tentation… Ou bien la souffrance de nos proches : un enfant qui se drogue ou qui n’arrive pas à trouver sa voie, un mari alcoolique ou sans travail, la séparation d’un couple qui nous est cher, des parents âgés ou malades… Ou bien nous sommes angoissés par la société matérialiste et individualiste qui nous entoure, avec ses guerres, ses violences, ses injustices… Face à de telles situations, le doute s’insère en nous : où est Dieu, et son amour ? Et s’il n’était qu’une illusion, qu’un phantasme ?
Rien de plus terrible que la solitude au moment de l’épreuve. Sans personne pour nous écouter, nous conseiller, chaque souffrance devient insupportable. Jésus le sait. C’est alors qu’il nous apparaît sur la mer déchaînée. Il vient auprès de nous et nous dit, à nous aussi :

« Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! »

C’est comme s’il nous disait : « Je suis là, au milieu de ta peur : sur la croix, quand j’ai crié mon abandon, j’ai moi aussi été envahi par la peur de me voir abandonné par le Père. Je suis là, dans ton découragement : sur la croix j’ai moi aussi eu l’impression que le secours du Père me manquait. Tu es troublé ? Je l’étais moi aussi, au point de crier « pourquoi ? ». Comme toi, et plus que toi encore, je me suis senti seul, blessé, en proie au doute… J’ai senti sur moi la douleur de la méchanceté humaine… »
Jésus est véritablement entré en toute douleur, il a pris sur lui chacune de nos épreuves, il s’est identifié avec chacun de nous. Il est derrière tout ce qui nous fait mal, ce qui nous effraie. Toute circonstance douloureuse et terrible est l’un de ses visages. Il est l’Amour et l’amour chasse toute crainte.
Chaque fois que la peur nous assaille, que la douleur nous submerge, nous pouvons discerner la réalité cachée derrière cette situation. C’est Jésus qui apparaît dans notre vie, sous l’un de ses nombreux visages. Appelons-le par son nom : C’est toi, Jésus abandonné, « le doute » ; c’est toi, Jésus abandonné « le trahi » ; c’est toi, Jésus abandonné « le malade ». Faisons-le alors monter dans notre « barque », accueillons-le, laissons-le entrer dans notre vie. Et puis continuons à vivre ce que Dieu veut de nous, mettons-nous à aimer le prochain. Nous découvrirons que Jésus est toujours Amour. Nous pourrons lui dire, comme les disciples : « Vraiment tu es Fils de Dieu ! »
En l’accueillant ainsi, nous retrouverons paix, réconfort, courage, équilibre, force… Jésus sera pour nous l’explication et la solution de tout.

Chiara LUBICH