Vivre la charité, source de toute vertu, fait ressortir en nous la figure du Christ, car en aimant on devient un autre Lui. Malgré notre amour pour nos frères, nous traînons avec nous quelques défauts qui enlèvent quelque chose à la beauté du Christ en nous. […] Vous savez que pour acquérir les vertus et lutter contre les vices qui leur sont opposés, nous, qui sommes appelés par Dieu à voir dans le frère notre « chance », c’est justement dans l’amour pour Lui que nous trouvons le renoncement à nous-mêmes. Plutôt que de nous attaquer à nos défauts les uns après les autres pour nous améliorer, notre manière de vivre nous incite à contourner les obstacles, à « changer de pièce » comme nous disons, « en vivant l’autre » et en nous plongeant ainsi dans la charité, source de toute vertu. […] D’ailleurs Jésus abandonné, à qui nous avons donné notre vie, est pour nous le modèle de toutes les vertus. C’est pourquoi nous lui répétons sans cesse que nous voulons l’aimer non seulement lorsque la souffrance se présente, mais aussi en vivant les vertus. La charité, en effet, modèle en nous la figure du Christ car, en aimant, on devient un autre lui. Et lorsqu’on aime Jésus abandonné en mettant en pratique les vertus, on a l’impression de ciseler en nous cette figure du Christ, de la parfaire. Nous voyons bien que notre amour pour nos frères ne nous empêche pas de traîner avec nous depuis des années de petits ou plus gros défauts qui, sans être graves, enlèvent quelque chose à la beauté du Christ en nous. […] Quels sont ces défauts ? Chacun a les siens. Nous gâchons quelquefois ce que nous faisons parce que nous sommes trop pressés ; nous accomplissons de façon imparfaite la volonté de Dieu ; nous sommes distraits dans les prières ; nous perdons notre temps à des bagatelles qui plaisent au monde ; nous ne savons pas mettre de frein à notre gourmandise ; nous nous laissons souvent dominer par la curiosité ou la vanité ; nous parlons à tort et à travers, ou sans raison ; nous nous attachons à des objets futiles, nous sommes esclaves de la télévision ; nous nous faisons servir par nos frères, nous manquons de constance, etc. Que faire ? Jésus nous invite à agir avec décision, lui qui a affirmé : « Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le » (cf. Mt 5, 29). Par amour pour Jésus abandonné nous devons donc, nous aussi, ne pas hésiter et, tout en persévérant sur la voie de l’amour et en restant ce que nous sommes, arracher nos défauts un par un. […] Je suis convaincue que, sur la voie que nous avons prise, nous pouvons y parvenir, car l’amour, qui est renoncement à soi, nous vient en aide et brûle toute imperfection. Toutefois, il ne sera pas mal de viser quelques défaut et de prendre l’habitude contraire. […] Alors, courage et à l’œuvre !
Chiara Lubich
(d’une liaison téléphonique, Rocca di Papa, Rocca di Papa 21 juin 1984) Extrait de : Chiara Lubich, Sur les pas du Ressuscité, Ed. Nouvelle Cité, 1992, p. 15-16.
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