« Celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3, 21).
« Faire » la vérité ? On pense d’ordinaire que celle-ci s’apprend ou se dit… Mais Jésus, une fois de plus, nous surprend. Pour lui, la vérité « se fait ».
Nicodème, un rabbin membre du Sanhédrin, en est lui aussi étonné. Alors qu’il demande à Jésus comment on peut entrer dans le Royaume des cieux, il s’entend répondre qu’il faut renaître, c’est-à-dire accueillir la vie nouvelle que Jésus est venu apporter, se laisser transformer intérieurement jusqu’à devenir enfant de Dieu et entrer ainsi dans son monde à lui. Plutôt qu’une conquête humaine, le salut est un don qui vient d’En Haut.
Nicodème, venu trouver Jésus de nuit, dans les ténèbres, en sort tout illuminé.
« Celui qui fait la vérité vient à la lumière. »
Cette Parole de vie nous invite à agir conformément à la vérité, à être cohérents avec l’Évangile. Elle nous demande de ne pas nous contenter d’écouter la Parole de Dieu, mais de la mettre en pratique . Comme l’affirme un Père de l’Église, Hilaire, évêque de Poitiers, « il n’est rien des paroles de Dieu qui ne doive s’accomplir ; et tout ce qui a été dit comporte la nécessité d’être mis en œuvre, car les paroles de Dieu sont des décrets. »
Foi et comportement moral sont étroitement liés.
L’entretien profond de Jésus avec Nicodème nous indique clairement qu’en Jésus la lumière, la vie et l’amour en acte coïncident. Il en sera donc de même pour ceux qui, accueillant le Christ, deviennent en lui enfants de Dieu. « Celui qui obéit au Seigneur et suit, par son intermédiaire, l’Écriture – écrit Clément d’Alexandrie, un autre père de l’Église – est transformé pleinement à l’image de son Maître : il se met à vivre comme Dieu de chair » .
Or, même celui qui ne reconnaît aucune religion n’est pas exempté d’être cohérent. Lui aussi doit traduire en fait les convictions profondes que lui dicte sa conscience.
« Celui qui fait la vérité vient à la lumière. »
Vivre dans la vérité nous fait déboucher sur la lumière, « accueillir » le Christ. Jésus l’a promis : « Celui qui m’aime… je me manifesterai à lui » . Lui est la « vraie lumière » .
Mais faire la vérité constitue aussi un témoignage social. Jésus l’a dit, en nous invitant à faire resplendir notre lumière « aux yeux des hommes, pour qu’en voyant nos bonnes actions ils rendent gloire à notre Père qui est aux cieux » .
La cohérence de la vie est le plus éloquent des discours. Les enfants la demandent à leurs parents : ils les veulent unis, occupés à établir l’harmonie familiale. Les citoyens attendent cette même cohérence de la part de leurs élus : la fidélité à leur programme, le souci du bien commun et l’honnêteté dans leur gestion. Les étudiants désirent que leurs enseignants soient cohérents dans leur travail didactique et éducatif. Probité, transparence, compétence sont exigées des commerçants, des ouvriers, de tout travailleur…
La société se construit aussi par la correspondance entre nos idéaux et nos choix concrets quotidiens.
« Celui qui fait la vérité vient à la lumière. »
C’est l’expérience d’hommes comme Nelson Mandela qui, pour être fidèle à son engagement pour l’égalité, a fait de longues années de prison, avant de revenir sur le devant de la scène pour diriger son Pays ; ou comme Martin Luther King, qui a payé de sa vie sa cohérence.
C’est encore l’expérience de nombreux hommes et femmes inconnus, sans être pour autant moins authentiques dans leurs choix. Ainsi ce chef d’entreprise, dont un gros client exige des pots-de-vin en échange d’une commande de nouvelles fournitures. Conscient qu’il risque de perdre une grande partie de son chiffre d’affaires, il ne renie pas ses principes. Sa décision est douloureuse mais ferme. Le grand magasin qui distribue ses produits retire, comme prévu, ses commandes, mettant ainsi son fournisseur au bord de la faillite. Mais quelques mois plus tard, cette grande surface est obligée de faire machine arrière devant les protestations de ses clients. En effet ceux-ci ne trouvent plus dans les rayons les produits auxquels ils sont attachés. La cohérence de vie a ainsi été reconnue.
Chiara LUBICH
La Parole de Vie du mois de mars est extraite des lectures du dimanche 26 mars 2005.
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