Mouvement des Focolari

Corée : le dialogue est la culture de la famille humaine

Avr 27, 2023

Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, viennent de terminer l'étape coréenne de leur premier voyage officiel en Asie et en Océanie, qui se poursuivra par des visites au Japon, aux îles Fidji, en Australie et en Indonésie, jusqu'au 25 mai. Voici une brève mise à jour de ce qui s'est passé en Corée.

Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, viennent de terminer l’étape coréenne de leur premier voyage officiel en Asie et en Océanie, qui se poursuivra par des visites au Japon, aux îles Fidji, en Australie et en Indonésie, jusqu’au 25 mai. Voici une brève mise à jour de ce qui s’est passé en Corée.

« Apprends-nous, Seigneur, à marcher ensemble le regard tourné dans la même direction, unis par le même objectif, à la recherche des mêmes valeurs vers Celui qui nous aime et nous attend c’est le fondement de toute nouvelle amitié. »

Cette prière, qui a ouvert la rencontre de 160 focolarini et focolarines de la zone de l’Asie de l’Est (avec plusieurs personnes en ligne) le 22 avril, exprime bien le sens du premier voyage officiel de Margaret Karram et Jesús Morán en Asie et en Océanie. Première étape : la Corée, puis ils visiteront le Japon, les îles Fidji, l’Australie et enfin l’Indonésie. Ils sont accompagnés par Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, conseillers de la zone et coresponsables du dialogue interreligieux des Focolari. En Asie de l’Est (qui comprend la Corée, le Japon et l’aire géographique de langue chinoise), le Mouvement est présent depuis la fin des années 1960 – en Corée, le Père Francis Shim a introduit la spiritualité de l’unité en 1967 et, à Hong Kong, le premier focolare a été ouvert en 1970. Entre membres internes et adhérents, environ 10 000 personnes vivent la spiritualité de l’unité dans cette partie de l’Asie.

Margaret Karram : repartir du dialogue

« Pourquoi avez-vous choisi l’Asie pour votre premier voyage ? » a demandé à Margaret, un journaliste de “Catholic Chinmoon“, le principal hebdomadaire catholique de Corée. « Je suis ici pour écouter, pour connaître, apprendre, mais surtout pour aimer le “continent de l’espérance” », a-t-elle répondu. « La richesse spirituelle de ces peuples sera un don pour tous. Je pense qu’il est très important de raviver dans le Mouvement la voie du dialogue, l’instrument par excellence pour construire la paix, le bien dont le monde a tant besoin aujourd’hui. »

Corée : entre contradictions et espoir de paix

Avec quasiment 10 millions d’habitants, la capitale Séoul montre le visage d’un pays qui, depuis 50 ans, avance à plein régime et qui est devenu l’un des États les plus avancés et technologiques de la planète. Rapidité, efficacité et compétitivité sont les caractéristiques de la société coréenne moderne –  explique Matthew Choi, journaliste et focolarino coréen -, tant du point de vue économique que culturel, mais cela s’accompagne de nombreuses contradictions. « Ici, l’accent est mis sur le résultat – ajoute Kil Jeong Woo, délégué du Mouvement politique pour l’Unité en Corée -, avec un système universitaire hautement compétitif et une forte éthique du travail. Nous avons des problèmes d’inégalité sociale et nous nous efforçons d’y remédier par des réformes sociales et politiques, mais les progrès sont lents à venir. »

L’Église coréenne, pont dans une société divisée

L’archevêque de Séoul, Mgr Peter Chung Soon-taek, souligne également parmi les défis sociaux, les conflits intergénérationnels et le vieillissement de la population. « Dans l’Église, explique-t-il, le risque est de nous enfermer dans nos communautés. Il est nécessaire de s’ouvrir et c’est la contribution que les Focolari peuvent apporter. » Margaret Karram et Jesús Morán ont rencontré ensuite Mgr Thaddeo Cho, archevêque de Daegu, Mgr Augustino Kim, évêque de Daejeon et Mgr Simon Kim, évêque de Cheng-ju. Dans le climat social et politique de fortes polarisations entre progressistes et conservateurs, l’Église cherche à être un pont et un antidote à la sécularisation qui touche particulièrement les jeunes

Dialogues et inondations : le processus est lancé

Le Mouvement des Focolari en Corée apporte sa contribution au dialogue œcuménique et interreligieux, et dans les différents milieux culturels. Un exemple en a été l’événement du 14 avril à Séoul, intitulé : « Le dialogue devient la culture de la famille humaine. » Sont intervenus des représentants de différentes Églises chrétiennes, de différentes Religions, des représentants des milieux sociaux, animés par un esprit constructif de collaboration pour la réconciliation sociale et la paix. « Il est très important que chacun puisse créer des espaces qui ouvrent les portes au ‘’dialogue de la vie’’ – a dit Margaret Karram dans son intervention – en mettant en pratique les enseignements de sa propre confession religieuse. » Jesús Morán les a encouragés à poursuivre ce chemin ensemble : « Peu importe que les choses que vous faites soient grandes ou petites. L’important est qu’elles portent la semence de la nouveauté. Les témoignages que vous avez présentés sont porteurs de cette empreinte. » Sa Young-in, directrice du Bureau des Nations unies pour le bouddhisme Won, a déclaré que lorsqu’elle était jeune, elle rêvait d’un “village religieux” où les croyants de différentes religions pourraient partager l’amour, la grâce et la miséricorde. « Ce que j’imaginais, a-t-elle dit, j’ai l’impression de le voir se réaliser ici aujourd’hui. »

Gen 2 : « Courage, allez de l’avant ! »

Le 15 avril, 80 Gen étaient présents au Centre Mariapolis : 70 Gen de Corée, 9 de Hong Kong et d’autres reliés depuis le Japon et les régions de langue chinoise. Ils ont apporté à Margaret Karram et Jesús Morán le résultat de leur travail effectué dans quatre ateliers : la manière d’incarner la spiritualité de l’unité dans la vie de tous les jours ; les relations à l’intérieur et à l’extérieur du Mouvement, les difficultés à trouver leur identité humaine et spirituelle et la manière dont ils “rêvent” le Mouvement. « Nous avons une seule identité », leur a dit Margaret. Nous ne sommes pas d’abord Gen, puis nous devenons quelqu’un d’autre lorsque nous allons, par exemple, à l’université. Le don de la spiritualité que nous avons reçu fait de nous des personnes libres ; il nous donne le courage et la force de proclamer ce que nous sommes et ce en quoi nous croyons, et je voudrais aussi vous dire ce que le Pape m’a dit lorsque j’ai été élue Présidente : « Courage, allez de l’avant. » « Après le départ de Chiara, a raconté un Gen, j’ai eu des moments de nostalgie et d’obscurité. Aujourd’hui, la proximité, la confiance et l’écoute de Margaret et de Jesús m’encouragent beaucoup. Ils me font comprendre une fois de plus que l’héritage de Chiara est un don de Dieu adapté à chaque époque. »

Cité-pilote Armonia (Harmonie)

Le 16 avril dernier, Margaret Karram et Jesús Morán se sont rendus sur le terrain que le Mouvement a reçu en don à une soixantaine de kilomètres au sud de Séoul, pour réaliser un rêve déjà exprimé par Chiara lors de sa visite en Corée en 1982 : la naissance d’une cité-pilote de formation et de témoignage de la vie de l’Évangile et de la spiritualité de l’unité pour cette partie de l’Asie. En présence d’environ 200 personnes – membres des Focolari, bienfaiteurs et amis qui ont apporté leur contribution de différentes manières – le terrain a été béni et une médaille de la Vierge y a été déposée en guise de sceau. « Confions-Lui cette Œuvre – a conclu Margaret Karram – et demandons-Lui de nous aider à adhérer aux plans de Dieu que nous ne connaissons peut-être pas, mais Il est plus grand que nous et si nous Lui donnons notre disponibilité et générosité, Il pourra agir. »

En visite à Sungsimdang

Tout a commencé en 1956, avec deux sacs de farine pour faire du pain à la vapeur et le vendre devant la gare de Daejeon. Aujourd’hui, Sungsimdang est devenue l’entreprise de restauration la plus fameuse de la ville et, avec ses 848 employés, elle vit pleinement l’esprit de l’Économie de Communion (ÉdeC) depuis 1999. Margaret Karram et Jesús Morán l’ont visitée, une rencontre joyeuse avec Fedes Im et son épouse Amata Kim, propriétaires et Volontaires du Mouvement. « Je n’ai pas étudié l’administration ou la gestion – raconte Fedes – mais j’ai suivi Chiara ». « Cherchez à faire ce qui est bien devant tous les hommes », est la devise que Chiara a donnée à l’entreprise qui sert 10.000 clients par jour et vit depuis toujours le partage, apportant quotidiennement du pain à 80 centres d’assistance sociale. Mais ce qui frappe, c’est le style des relations et du travail : « Pour nous – raconte sa fille Sole, responsable du secteur restauration – toutes les personnes ont la même valeur : hommes et femmes, riches et pauvres, dirigeants et employés, fournisseurs et clients. Nous essayons de mettre la personne au centre de chacune de nos décisions.» Jesús a souligné l’importance de l’impact de l’entreprise sur le territoire, prérogative des entreprises qui opèrent selon le style de l’ÉdeC, et Margaret a comparé le témoignage de cette entreprise à celui d’une cité-pilote dont on peut dire « venez et voyez ». « Et cela – a-t-elle ajouté – est le plus grand remède que le monde attend ».

Écouter, connaître, partager

Les journées coréennes de Margaret Karram et Jesús Morán ont été intenses et variées : ils ont également trouvé le  temps de faire une halte touristique sur l’ancien site de Bulguksa, pour connaître les racines de la culture bouddhiste nationale. Avec ses temples millénaires, immergés dans une nature fraîche, une journée vraiment régénérante ! Puis il y a eu les nombreuses rencontres avec les membres du Mouvement de cette vaste zone, comme le joyeux après-midi avec les focolarini et quelques membres des territoires de langue chinoise. Le moment avec 80 prêtres, consacrées et religieux a été une expérience de ‘Cénacle’, avec des témoignages de fidélité et de vie évangélique authentique, dans un échange intime avec Margaret Karram et Jesús Morán. Puis, le 23 avril, ce fut le tour de la rencontre très attendue de tous les membres du Mouvement ; 1 200 personnes étaient présentes, avec 200 personnes reliées depuis différents pays. Une fête extraordinaire, qui a rassemblé des peuples et des cultures que l’on verrait difficilement danser et chanter sur la même scène, et se réjouir réciproquement de la beauté et de la richesse des autres. C’est peut-être la raison pour laquelle quelqu’un a qualifié l’événement de “miracle” et de semence d’une société renouvelée par l’unité. Au cours du dialogue, Margaret Karram et Jesús Morán, avec les conseillers Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, ont répondu sur différents arguments : le “dessein” du continent asiatique, l’actualité du dialogue entre les religions. À la question de savoir comment approfondir la relation avec Jésus Eucharistie, Jesús a expliqué qu’il ne s’agit pas de “sentir” la relation avec Lui, mais de “la vivre”, car l’Eucharistie alimente toute notre personne et nous fait vivre comme un corps, dans l’amour pour les autres. Quant à la baisse des vocations dans le Mouvement, Margaret a affirmé que les relations personnelles et le témoignage authentique des adultes sont importants pour les jeunes. « Si notre vie est le fruit de l’union à Dieu, si elle est cohérente avec l’Évangile, ils seront attirés, parce qu’ils s’inspirent de ceux qui “osent” vivre pour Dieu et ils comprendront ainsi où Il les appelle. » À la dernière question sur ce que doivent être nos relations pour pouvoir dialoguer avec tous, Margaret répond par une expérience : « Cette année, nous avons approfondi notre vie de prière et l’amour envers Dieu, un amour “vertical” pourrions-nous dire, comme ces pins dont les branches s’élancent vers le haut. L’autre jour, en me promenant, j’ai vu un arbre qui m’a beaucoup plu : ses branches étaient ouvertes, elles s’étendaient vers l’extérieur ; elles s’entrelaçaient avec d’autres arbres. C’est ainsi que devraient être nos relations : nos bras devraient toujours être ouverts, aller vers les autres ; nous devrions avoir le cœur grand ouvert aux joies, aux peines et à la vie de toutes les personnes qui nous croisent. »

« C’est l’heure de l’Asie » avait déjà écrit Chiara Lubich en 1986, lors de son premier voyage sur ces terres ; des paroles qui manifestent aujourd’hui toute leur actualité et leur valeur prophétique.

Stefania Tanesini

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