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La joie des premiers chrétiens (comme du reste celle des chrétiens de tous les temps, de tous les siècles, lorsque le christianisme est compris dans son essence et vécu dans sa radicalité), la joie des premiers chrétiens était une joie vraiment nouvelle, jamais connue jusque-là. Elle n’avait rien à voir avec l’hilarité, la bonne humeur, l’allégresse, elle n’était pas non plus simplement « la joie exaltante de l’existence et de la vie » – comme le disait Paul VI – ; ni « la joie paisible de la nature et du silence », ni la joie ou « la satisfaction du travail accompli », ni seulement « la joie transparente de la pureté » ou celle « de l’amour pur »… et toutes sont de grandes joies. Mais celle des premiers chrétiens était différente : c’était une joie semblable à l’ivresse qui avait envahi les disciples lors de la venue de l’Esprit Saint. C’était la joie de Jésus. Parce que, comme Jésus a sa paix, Il a aussi sa joie. Et la joie des premiers chrétiens, jaillissant spontanément du plus profond de leur être, les comblait entièrement. Ils avaient trouvé vraiment ce que l’homme d’hier, d’aujourd’hui et de toujours cherche : Dieu, qui – comme nous l’avons vu – le satisfait pleinement. Ils avaient trouvé la communion avec Dieu, et cela les comblait et les amenait à leur pleine réalisation. Ils étaient hommes. En effet, l’amour, la charité, dont le Christ, grâce au baptême et aux autres sacrements, enrichit le cœur des chrétiens, peut être représenté par une petite plante. Plus elle enfonce ses racines dans le terrain de la charité fraternelle – c’est-à-dire, plus les hommes aiment leurs frères – et plus sa tige pointe vers le ciel : plus augmente en eux l’amour pour Dieu, la communion avec Lui, pas objet de foi seulement, mais expérimentée. C’est cela le bonheur : on aime et on se sent aimé. C’était cela la joie des premiers chrétiens, adultes et jeunes, qui s’exprimait dans des liturgies joyeuses, débordantes d’hymnes de louange et d’action de grâce. Joie qui augmentait aussi du fait qu’avec l’amour et grâce à l’amour, ils avaient la lumière. Ils voyaient, ils avaient une certaine compréhension des choses de Dieu, en elles-mêmes impénétrables. Les mystères, par exemple, s’ils étaient acceptés par eux avec foi, n’étaient pas aussi obscurs qu’on peut le penser. Il y avait en eux une certaine pénétration de ces mystères, si savoureuse, si lumineuse qu’ils avaient l’impression de les comprendre, de les posséder. Et cela augmentait encore leur joie : et à la joie de l’amour s’ajoutait celle de la vérité. Ainsi, armés seulement d’amour et de lumière, et revêtus de joie, ils s’étaient répandus en peu de temps dans le monde alors connu : « Nous sommes d’hier – disait Tertullien – et nous avons déjà envahi le monde… » Ils étaient heureux, jusque dans les persécutions et chantaient au moment du martyre. En effet, ils avaient compris un paradoxe du christianisme : la joie, la joie surnaturelle du Christ, se trouve précisément là où il n’y a pas la joie : dans la souffrance. Mais dans la souffrance aimée.
Source : Centre Chiara Lubich
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