Notre diocèse de Lodwar – raconte Mgr. Dominic Kimengich – se trouve en Turkana County (Kenya), à la frontière avec l’Ouganda, le Sud Soudan et l’Éthiopie. De Nairobi, à 700 km de là, les voyageurs qui viennent nous rendre visite doivent s’assurer qu’ils seront escortés par la police tout au long de leur trajet, pour ne pas faire face à des incursions fréquentes de bandits et de brigands. A cause des changements climatiques, il ne pleut pas depuis bien longtemps, avec comme conséquence, terrible, la famine qui frappe toute la surface du Turkana. 60% de la population mène encore la vie nomade et a survécu jusqu’ici en élevant chameaux, chèvres, ânes et bovins. Mais n’ayant plus rien à manger, ni d’herbe pour les bêtes, elle est obligée d’émigrer vers les villages voisins, mais comme c’est une zone frontalière, les nombreux conflits entre les tribus qui la longent, en proie à la lutte pour leur survie, provoquent la mort de nombreuses vies innocentes, dont des femmes et des enfants. Dans le diocèse nous avons un énorme camp de réfugiés appelé Kakuma, d’environ 200.000 personnes venant surtout du Soudan du Sud, dont la situation empire de jour en jour. Mais un bon nombre vient aussi de la Somalie. Nous nous trouvons dans une situation très difficile, parce que même les habitants de Lodwar manquent de nourriture et d’eau. On trouve même des enfants qui ne vont plus à l’école parce que sous alimentés. En 1985, lorsque j’étais au séminaire, quelqu’un m’a parlé de la spiritualité des Focolari, mais quand je suis devenu prêtre, j’ai été dans une paroisse où il était difficile de garder contact avec le mouvement. C’est seulement depuis que je suis devenu évêque que je peux participer à quelques rencontres à Nairobi. En 2012, pour célébrer le 50ème anniversaire de l’évangélisation, nous avons pensé inviter les évêques des diocèses voisins : Ouganda, Sud Soudan, Éthiopie et de 4 autres diocèses du Kenya, pour parler de la paix et nous demander ce que nous-mêmes nous pouvions faire. 10 évêques sont venus et nous sommes restés ensemble 3 jours, une rencontre qui a lieu désormais chaque année. Nous avons vu que depuis que nous nous rencontrons le conflit a diminué. Une fois je suis allé rendre visite à l’évêque Markos d’Éthiopie, présent lui aussi à cette rencontre, et de l’unité qui s’est créée avec d’autres évêques nous trouvons la force de faire avancer notre ministère sur une terre tellement éprouvée. Ici à Castelgandolfo c’est merveilleux de partager notre propre expérience avec des évêques du monde entier et d’approfondir ensemble le charisme de l’unité, qui enseigne de manière pratique – et cela avec d’autres évêques – un amour simple dans l’esprit de la fraternité. Participer à ce Congrès a été un grand témoignage de l’amour de Dieu envers moi et de sa volonté que nous nous aimions les uns les autres comme Jésus nous a aimés. Le thème choisi pour cette année fait écho à la réalité de ma vie et de celle du territoire d’où je viens. C’est uniquement en regardant les choses du point de vue de Jésus crucifié et abandonné que nous pouvons espérer en un monde où les gens puissent apprendre à vivre en paix, en partageant ce qu’ils ont jusqu’à arriver à s’embrasser les uns les autres comme les enfants du même Dieu Père. Alors que je me prépare à rentrer dans mon diocèse je peux témoigner avec certitude que je ne suis plus le même qu’avant. Je me sens renforcé par l’unité avec mes frères évêques. Dans l’unité en Jésus abandonné, je sais que je ne suis pas seul dans cette partie du Kenya pour affronter les nombreuses situations difficiles. Jésus est avec moi de manière toute proche. Je sais aussi que je peux compter sur les prières de tout le mouvement. Je suis reconnaissant envers Dieu qui a rendu possible tout cela.
Mettre en pratique l’amour
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