Mouvement des Focolari
UNIRedes : espérance pour l’Amérique Latine et pour le monde

UNIRedes : espérance pour l’Amérique Latine et pour le monde

L’antenne de Pedrinhas (SP, Brésil) de la Fazenda da Esperança accueille des jeunes et des adultes qui sont à différents stades de rétablissement de la toxicomanie et de différentes formes de dépendance et de malaise social. Il n’y avait pas de meilleur lieu pour accueillir la rencontre d’UNIRedes, la plateforme d’ONG, de projets sociaux, humanitaires et d’agences culturelles qui s’inspirent de la spiritualité de l’unité de Chiara Lubich en Amérique latine. 140 personnes représentant 37 des 74 organisations partenaires d’UNIRedes, actives dans 12 pays d’Amérique latine et des Caraïbes, étaient présentes.

L’objectif de la rencontre était de présenter le travail de ces années à Margaret Karram et Jesús Morán, présents à la rencontre ; de définir les prochaines étapes communes à toutes les organisations partenaires et de renforcer le lien avec le Mouvement des Focolari, afin de partager l’expérience acquise, y compris au-delà du continent latino-américain.

UNIRedes : un réseau de réseaux

Maria Celeste Mancuso, d’Argentine, coresponsable internationale du Mouvement Humanité Nouvelle, explique qu’UNIRedes n’est pas seulement un super projet de solidarité : « C’est aussi un espace qui génère une réflexion culturelle visant à identifier les catégories anthropologiques et épistémologiques nécessaires pour générer une nouvelle culture de l’attention à la personne et aux sociétés latino-américaines. »
C’est pour cette raison que les agences culturelles inspirées par le charisme de l’unité, telles que l’Institut Universitaire Sophia (Loppiano, Italie), sa branche locale, Sophia Amérique Latine et Caraïbes (ALC), et le Centre Universitaire ASCES UNITA de Caruaru (PE), en font partie intégrante.

Virginia Osorio, Uruguayenne, l’une des initiatrices du projet, en explique les origines : Les changements politiques et économiques constants dans nos pays rendaient nos organisations de plus en plus fragiles et isolées. Avec UNIRedes, nous avons trouvé un lieu où nous renforcer mutuellement et partager nos souffrances et nos espoirs. Notre dernier projet concernait le Genfest : des centaines de jeunes ont fait du volontariat auprès de plusieurs de nos organisations, faisant ainsi une expérience directe de fraternité et de proximité avec les plus démunis.

La racine commune : « Donner la vie pour son peuple »

La première racine d’UNIRedes ne repose pas sur des analyses géopolitiques ou économiques : il faut remonter au début des années soixante-dix, lorsque les Gen, les jeunes des Focolari, comme beaucoup des jeunes de leur âge de nombreux pays, voulaient changer le monde et instaurer l’égalité, la justice, la dignité.

Chiara Lubich, qui les rencontrait fréquemment, avait soutenu et confirmé la nécessité d’une révolution sociale pacifique, en particulier en Amérique latine, continent qu’elle considérait comme ayant cette vocation particulière. Elle disait aux jeunes des Focolari que « chacun doit sentir que nous devons donner notre vie pour l’humanité, mais il faut que nous trouvions notre Jésus abandonné local, afin de donner la vie pour notre peuple[1] ».



« C’est ainsi que beaucoup se sont rendus à la périphérie des villes, dans les favelas, partout où la pauvreté privait les personnes de leur dignité », explique Gilvan David, un Brésilien du groupe latino-américain de coordination de UNIRedes. « Les premières ONG sont nées et, entre-temps, nous tentions de nous structurer, mais ce n’était pas suffisant : “Vous venez à nous – nous disaient les [plus] pauvres -, mais ensuite vous partez et vous nous laissez seuls.” Pour répondre à ce cri, nous avons commencé à travailler en réseau avec les politiques publiques locales et, à la même période, plusieurs prêtres qui vivaient la spiritualité de l’unité ont fondé des projets sociaux : Frei Hans avec la Fazenda da Esperança, le père Renato Chiera avec la Casa do Menor et d’autres. »

Une “unique” Amérique Latine

Puis les premiers groupes d’organisations ont vu le jour – poursuit Gilvan David –, ‘Sumá Fraternidad’ qui regroupait les projets de quelques pays hispanophones ; l’association civile ‘Promocion Integral de la Persona’ (PIP) au Mexique et les organisations sociales brésiliennes continuaient à se développer, trouvant leur propre identité et leur espace de service. Ces années n’ont pas été faciles, mais nous avons commencé plusieurs parcours dans différents territoires d’Amérique latine pour soutenir leur engagement social, qui ont ensuite fusionné avec UNIRedes.
Nous nous sommes réunis à plusieurs reprises, mais la rencontre fondatrice a eu lieu en 2014, en présence de Maria Voce (Emmaüs) et de Giancarlo Faletti, alors respectivement Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari. Emmaüs avait dit à cette occasion : “Vous donnez au Mouvement une nouvelle visibilité, un nouveau sens à son action, vous êtes un témoignage pour ceux qui vous regardent de l’extérieur ; vous donnez une visibilité complète au charisme par le biais d’actions concrètes.” Je dirais que c’est à ce moment-là que nous nous sommes reconnus comme une réalité unique pour toute l’Amérique Latine : nous nous sommes retrouvés enveloppés par le “charisme de l’unité”.

Les contributions qui ont construit cette rencontre ont été nombreuses et substantielles, avec la présentation des différentes organisations partenaires.

Juan Esteban Belderrain : de l’inégalité à l’espérance

Le politologue argentin Juan Esteban Balderrain a analysé le plaie de l’inégalité, dont l’Amérique latine détient le record mondial. « Il s’agit de construire une vision de ce continent qui parte de l’espoir et c’est possible parce que si nous regardons la racine la plus profonde du problème des inégalités, nous trouvons la perte de référence au Dieu qui est amour et qui nous aide à comprendre que nous sommes frères et sœurs les uns des autres et de la nature, qui est aussi l’expression de son amour. Se référant au XXe siècle, Paul VI a dit que c’était un temps béni parce qu’il exigeait de tous la sainteté. Je pense que ces mots s’appliquent également au nôtre. »

Père Vilson Groh : La « mystique des yeux ouverts »

Depuis plus de 40 ans, le père Vilson vit dans le “morro”, une favela de Florianopolis (Santa Catarina, Brésil), où il mène des projets sociaux, en particulier pour les jeunes. Il a parlé de la « mystique des yeux ouverts » : « Nous devons porter nos organisations dans les caves sombres de nos périphéries, y être un espoir. Le Genfest a apporté la perspective de “l’ensemble”, que le pape François promeut. Cela requiert un cheminement patient et résilient ; cela demande d’être déterminés dans la poursuite du bien commun. L’unité est supérieure au conflit, dit toujours le Pape, et l’unité, est pluralité. Introduisons la diversité dans nos organisations : le charisme de l’unité est une porte par laquelle le Christ blessé ouvre des espaces. »

Vera Araujo : L’Amérique Latine constructrice de fraternité

L’intervention de la sociologue brésilienne s’est concentrée sur une vision positive qui sait reconnaître le patrimoine culturel et humain latino-américain et qui l’offre au monde comme un don.

« UNIRedes trouve son origine dans le charisme de Chiara Lubich et peut devenir une chance inouïe pour le reste du monde : l’unité vue non seulement comme une valeur religieuse, mais aussi comme une force capable de former efficacement la famille humaine, en réalisant une interaction entre la multiplicité des personnes, tout en préservant les distinctions dans le contexte des réalités sociales. Ici, le charisme de l’unité offre une solution qui n’est pas facile, mais un sens, une signification, une Personne : le Christ abandonné sur la croix.

« Pour bien aimer – dit Chiara -, ne pas considérer seulement les difficultés, les erreurs et les souffrances du monde comme des maux sociaux auxquels (il faut) porter remède, mais y découvrir le visage du Christ qui ne dédaigne pas de se cacher derrière toute misère humaine [2].»



Susana Nuin Núñez : la marche des peuples et des mouvements sociaux

La sociologue uruguayenne a décrit le parcours et la richesse sociale, politique, économique des peuples du continent et de quelques mouvements sociaux. « Ces réseaux aux physionomies les plus variées, avec leurs développements dans les pratiques sociales ou dans le monde académique, agissent de manière complémentaire, générant un tissu socioculturel indiscutable au caractère communautaire multiforme dont l’Amérique latine est porteuse. » Elle a souligné ensuite la particularité d’UNIRedes qui, depuis plus de dix ans, est un sujet social qui guérit, révolutionne, transforme et agit à partir de l’Évangile et de la Parole de l’unité.

Margaret Karram et Jesús Morán : UNIRedes fait partie du Mouvement des Focolari

« Ceux qui veulent vivre l’Evangile dans cette région sont toujours en crise parce qu’ils voient constamment des inégalités » – a souligné Jesús. « L’unité ne peut laisser de côté cette réalité. Comment pouvons-nous construire l’unité sur ce continent, sans prendre en compte ceux qui sont rejetés par la société ? Ce que vous faites en tant qu’UNIRedes doit inspirer l’ensemble du Mouvement dans cette région. Son travail pour l’unité n’est pas crédible s’il ne passe pas aussi par les œuvres sociales. Bien sûr, ce n’est pas nous qui résoudrons les problèmes sociaux. La seule chose que nous pouvons faire, c’est faire en sorte que les personnes se convertissent à l’amour. Si nous touchons les cœurs, quelqu’un saisira l’esprit et, dans la liberté, comprendra comment vivre l’Évangile. »


Margaret a encouragé UNIRedes à aller de l’avant : « Maintenant, vous devez comprendre comment faire arriver à tous dans le monde votre vie et votre exemple. ». Citant une intervention de Chiara Lubich datant de 1956, elle a rappelé que, dans son engagement social, le Mouvement ne doit pas oublier que la clé de la résolution des problèmes qu’offre le charisme de l’unité réside dans la nouveauté de la réciprocité plus que dans la justice. Il promeut le partage, la mise en commun entre tous du peu ou de la richesse dont on dispose pour créer un plus grand Bien Commun qui, en plus de résoudre les problèmes sociaux, produit l’épanouissement humain et spirituel qui ne se produit que dans la communion entre tous. Enfin, Margaret la lancé une proposition : « Ajouter un nouvel article à votre Charte des principes et des engagements : un pacte solennel de fraternité à proposer à ceux qui veulent faire partie d’UNIRedes : nous sommes ici pour témoigner de l’amour réciproque et c’est seulement si nous avons cet amour que le monde croira. »

« UNIRedes nous parle d’espérance », a conclu M. Celeste Mancuso. « Il s’agit d’une proposition transversale et synodale de réseau organisationnel, qui peut inspirer des modèles semblables pour les périphéries existentielles d’autres parties de notre vaste monde. De cette manière, nous pourrons penser à construire des réseaux mondiaux de fraternité qui promeuvent le bien commun. »

Stefania Tanesini


[1] Chiara Lubich aux jeunes des Focolari, Rocca di Papa (Rome, Italie), 15 mai 1977.

[2] Chiara Lubich, “Pour une civilisation de l’unité”. Discours prophétique au Congrès “Une culture de paix pour l’unité des peuples”. Castelgandolfo, (Rome) 11-12 juin 1988.

Depuis la communauté “tri-nationale” un avenir de fraternité pour l’Amérique Latine

Depuis la communauté “tri-nationale” un avenir de fraternité pour l’Amérique Latine

À ce carrefour de pays, où les fleuves d’Iguaçu et Parana se rencontrent, se trouve la frontière la plus fréquentée d’Amérique latine ; la zone est caractérisée par une grande diversité culturelle et la présence séculaire de peuples indigènes, tels que le grand peuple Guaraní. Le tourisme est la principale ressource économique de cette région où les personnes viennent principalement pour visiter les chutes d’Iguaçu, qui sont les plus grandes au monde, avec une largeur de 7,65 km, et sont considérées comme l’une des sept merveilles naturelles de la planète.

Dans son message de bienvenue, Tamara Cardoso André, présidente du Centre des droits de l’homme et de la Mémoire Populaire de Foz do Iguaçu (CDHMP-FI), explique qu’en ce lieu, ils veulent donner un sens différent aux frontières nationales : « Nous voulons que notre triple frontière devienne toujours plus un lieu d’intégration, une terre que tous sentent leur, comme l’entendent les peuples autochtones qui ne connaissent pas de frontières. »

Foz do Iguaçu, dernière étape

C’est ici que s’achève le voyage au Brésil de Margaret Karram et Jesús Morán, président et co-président du mouvement des Focolari. Ils l’ont parcouru du nord au sud : depuis l’Amazonie brésilienne, en passant par Fortaleza, Aparecida, la Mariapolis Ginetta à Vargem Grande Paulista, la Fazenda da Esperança à Pedrinhas et Guaratinguetà (SP), jusqu’à Foz do Iguaçu. Ici, la famille “élargie” de la communauté tri-nationale des Focolari célèbre sa jeune histoire et raconte la contribution d’unité qu’elle apporte à ce lieu : l’étreinte de trois peuples que la spiritualité de l’unité rassemble en un seul, transcendant les frontières nationales, tout en conservant chacun sa propre identité culturelle distincte.
Sont également présents pour l’occasion le card. Adalberto Martinez, archevêque d’Asuncion (Paraguay), l’évêque du lieu, Mgr Sérgio de Deus Borges, Mgr Mario Spaki, évêque de Paranavaí et Mgr Anuar Battisti, évêque émérite de Maringá. Un groupe de la communauté musulmane de Foz, avec laquelle des relations d’amitié fraternelle existent depuis longtemps, est également présent.

Des peuples aux racines communes

Arami Ojeda Aveiro, étudiante en médiation culturelle à l’Université Fédérale d’Intégration Latino-Américaine (UNILA), illustre le cheminement historique de ces peuples et les graves blessures qui se sont accumulées au long des siècles. Le conflit entre le Paraguay, d’une part, et l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay, d’autre part (1864-1870), a été l’un des plus sanglants d’Amérique du Sud en termes de vies humaines, avec des conséquences sociales et politiques pour l’ensemble de la région.
D’autre part, il existe également de nombreux facteurs culturels communs, tels que la musique, la gastronomie, les traditions populaires issues des mêmes racines culturelles indigènes, comme la Yerba Mate Guaranì, une boisson typique des trois peuples.

La culture Guaraní est l’une des plus riches et des plus représentatives d’Amérique du Sud ; elle est le témoignage vivant de la résilience et de la capacité d’adaptation d’un peuple qui a su préserver son identité au fil des siècles avec une cosmogonie unique, où le lien avec la nature et le respect des traditions sont fondamentaux et peuvent constituer une grande richesse pour toute l’humanité.

« Ainsi – conclut Arami Ojeda Aveiro -, la région de la triple frontière ne constitue pas seulement une frontière géographique, mais un espace multiculturel et de coopération qui renforce l’ensemble de la région.

La communauté “tri-nationale” des Focolari

De toutes les communautés des Focolari dans le monde, celle-ci présente un caractère unique : « Il nous serait impossible de nous sentir une seule famille si nous ne regardions que nos histoires nationales », explique une jeune femme d’Argentine. Monica, du Paraguay, l’une des pionnières de la communauté avec Fatima Langbeck, du Brésil, nous raconte que tout a commencé par sa prière quotidienne : « Seigneur, ouvre-nous la voie pour que nous puissions établir une présence plus solide du Focolare et que ton charisme d’unité puisse fleurir parmi nous. Depuis 2013, nous formons une unique communauté et nous voulons écrire pour cette terre une autre histoire, qui témoigne que la fraternité est plus forte que les préjugés et les blessures séculaires. La parole de l’unité de Chiara Lubich nous unit, lorsqu’elle dit que la véritable socialité dépasse l’intégration, parce qu’elle est l’amour réciproque en action, tel qu’il est annoncé dans l’Évangile. Nos particularités et nos différences nous rendent plus attentifs les uns aux autres, et les blessures de nos histoires nationales nous ont appris à nous pardonner mutuellement. »

Les contributions artistiques témoignent de la vitalité et de l’actualité des racines culturelles des peuples qui habitent cette région. Il y a les chants de la communauté argentine arrivée du “littoral“, de la côte ; puis “El Sapukai”, la danse paraguayenne très rythmée qui se danse avec (jusqu’à) trois bouteilles sur la tête ; la représentation du peuple Guaraní entonne un chant dans sa langue à la louange de la “grande mère”, la forêt, qui doit être protégée, qui produit de bons fruits et donne vie à toutes les créatures.

Le père Valdir Antônio Riboldi, prêtre du diocèse de Foz, qui a connu les Focolari en 1976, poursuit le récit en écrivant : « Les Focolari de Curitiba au Brésil et d’Asuncion au Paraguay ont commencé à promouvoir des événements qui réunissaient des personnes des trois pays voisins, une expérience que nous avons appelée ”Focolare tri-national”. Ici aussi, la vie ecclésiale évolue dans le sens de la communion, en promouvant des initiatives conjointes entre les différents diocèses. »

Il est clair que la vie de cette région et de la communauté locale des Focolari ne s’adresse pas seulement à l’Amérique latine, mais au monde entier. Elle dit qu’il est possible de marcher ensemble, tout en étant différents : c’est la spiritualité de l’unité qui entre en contact avec la partie la plus profonde de l’identité des personnes et des peuples, faisant fleurir l’humanité et la fraternité communes.

La parole à Margaret Karram et Jesús Morán

« Je me suis sentie accueillie non pas par un, mais par trois peuples, a déclaré Margaret Karram. Toute ma vie, j’ai rêvé de vivre dans un monde sans frontières. Ici, j’ai eu l’impression que mon souhait le plus profond avait été exaucé, pour cette raison, je sens que je fais partie de vous. Vous êtes la confirmation que seul l’amour fait tomber tous les obstacles et abolit les frontières. »

« J’ai vécu 27 ans en Amérique latine – a dit pour sa part Jesús Morán -, mais je n’étais jamais venu dans cette région. Vous avez connu beaucoup de souffrance : le peuple guarani a été dépossédé de ses terres et dispersé. Ce que vous faites aujourd’hui est important, même si c’est modeste : Nous ne pouvons pas réécrire l’histoire, mais nous pouvons aller de l’avant et guérir les blessures, en faisant nôtre le cri de Jésus abandonné. Les blessures se guérissent en créant des relations interrégionales, aussi avec les peuples d’origine, parce qu’ils sont en fait les seuls à être véritablement “tri-nationaux”. Eux aussi ont reçu la lumière du Christ ; n’oublions pas le travail d’évangélisation et de promotion humaine que les Jésuites ont accompli dans cette région avec “las Reduciones” entre les années 1600 et 1700. Aujourd’hui, nous sommes liés à cette histoire, à tout ce que fait l’Église, et nous savons que l’unité est la réponse dans ce monde qui a besoin d’une âme et de bras pour réaliser une véritable mondialisation à la hauteur de la dignité de l’homme. »

À la fin, reprenant la parole, Margaret a partagé ce qu’elle avait vécu au cours de ce mois : « Ce voyage a fait grandir en moi la foi, l’espérance et la charité. En Amazonie, aux confins du monde, la “foi” a émergé, puissante : j’ai rencontré des personnes qui croient fermement que tout est possible, même les choses les plus difficiles. Ils rêvent et ils réalisent ! Je voudrais avoir ne serait-ce qu’une graine de leur foi, comme le dit l’Évangile : “Si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : ‘Passe d’ici jusque là-bas’, et elle y passera ; rien ne vous sera impossible” (Mt 17, 20). De là, je retiens cette foi qui déplace les montagnes et le courage de rêver de grandes choses. Ensuite, le message du Genfest ne peut être qu’”espérance” : nous avons vécu cette expérience ensemble : tout le Mouvement était engagé avec les jeunes et pour les jeunes. Cela a été aussi un événement œcuménique et interreligieux qui a donné beaucoup d’espérance.

Et enfin, la “charité”, qu’aujourd’hui j’ai vue ici parmi vous et que nous avons touchée du doigt dans les nombreuses organisations sociales avec lesquelles nous sommes entrés en contact ce mois-ci : la Fazenda da Esperança, les nombreux mouvements et nouvelles communautés ecclésiales que nous avons rencontrées à Fortaleza ; la rencontre de UniRedes, qui réunit toutes les organisations sociales et les agences culturelles d’Amérique latine qui s’inspirent du charisme de l’unité [dont nous parlerons séparément]. Tout cela dit “charité”, car chaque réalité sociale naît de l’amour du prochain, de la volonté de donner sa vie pour son peuple.

De cette frontière part une espérance pour toutes les communautés des Focolari dans le monde et au-delà.
En décembre dernier, j’avais suggéré le projet “Méditerranée de la fraternité”, où seraient rassemblées toutes les actions déjà en cours et celles qui verront le jour, pour construire la paix dans cette région très éprouvée par la guerre. Un projet de “fraternité pour l’Amérique latine” pourrait aussi partir d’ici et s’étendre à tous les pays qui la composent, nous le confions à Marie. »

Stefania Tanesini

Mariapolis Ginetta et Polo Spartacus : le courage du changement

Mariapolis Ginetta et Polo Spartacus : le courage du changement

« Le charisme d’unité de Chiara Lubich est l’une de ces grâces pour notre époque, qui connaît des changements radicaux et des appels à la réforme spirituelle ».1

Sur la page web de la « Mariapolis Ginetta », la plus développée des trois citadelles des Focolari au Brésil, le récit de son histoire commence par cette phrase du pape François, qui met bien en évidence ce qui a caractérisé les dernières années de ce lieu : un cheminement vers un changement organisationnel pour mieux témoigner de la fraternité vécue au quotidien et pour répondre aux besoins et aux questions des personnes qui visitent la cité-pilote et l’environnement dans lequel elle s’insère.

Ceci a été réalisé en initiant un processus de modernisation et une gestion plus participative et moins centralisée des différentes réalités qui la composent. Aujourd’hui, chacune dispose de son propre conseil ou comité de gestion, composé de personnes de la Mariapolis et de professionnels du secteur, qui travaillent également en synergie avec le conseil de la cité-pilote. La « coresponsabilité » est un mot-clé de la Mariapolis Ginetta, ainsi qu’un regard vers l’avenir et une recherche continue pour actualiser la mission de la cité-pilote : « accueillir, former, témoigner et rayonner ».

En 2022, la cité-pilote a fêté ses 50 ans d’existence et depuis le premier groupe de focolarines dans une masure sans électricité ni gaz, elle compte aujourd’hui un total de 454 habitants qui vivent sur et autour de son terrain.

Au fil des ans, des dizaines de milliers de personnes sont passées par là : de nombreux jeunes qui ont passé une période ou quelques années à apprendre à vivre la fraternité dans leur vie quotidienne, ou à emprunter le chemin de la consécration à Dieu dans le mouvement des Focolari, puis des familles, des prêtres, des religieux et des visiteurs occasionnels.

La Mariapolis Ginetta fait partie de la municipalité de Vargem Grande Paulista, à une heure à peine de la mégalopole de São Paulo, et le dépaysement en arrivant est total : beaucoup de verdure, des maisons, pas de gratte-ciel, des parcs et des aires de jeux pour les enfants ; l’habitabilité d’une petite ville, comparée à une métropole, est la valeur ajoutée de ce lieu. « Nous avons déménagé de São Paulo il y a six ans », explique un très jeune couple avec trois enfants. Ils font partie des quatorze familles qui ont quitté différentes villes ces dernières années pour élever leurs enfants « dans un endroit où ils apprennent à traiter les autres avec amour, où il y a de la place pour vivre une vie à échelle humaine ». Cette initiative, ainsi que l’école des jeunes qui s’apprête à entamer sa huitième édition, sont les signes d’une vitalité sociale renouvelée de la cité-pilote.

« Aujourd’hui, dans la cité-pilote, on trouve de nombreux éléments qui constituent une cohabitation urbaine », expliquent Iris Perguer et Ronaldo Marques, coresponsables de Mariapolis Ginetta. « Il y a des logements, un centre-ville représenté par la structure du Centre Mariapolis et l’église de Jésus Eucharistie, la maison d’édition Cidade Nova, un centre audiovisuel, des cabinets médicaux, divers ateliers, la célèbre boulangerie et cafétéria Espiga Dourada, des projets sociaux au service de la population la plus défavorisée, le Polo Spartaco, une zone commerciale et de production où les entreprises opèrent selon les principes de l’économie de communion, la section brésilienne de l’Institut universitaire Sophia ALC (Amérique Latine et Caraïbe).

« Cette nouvelle modalité de gestion participative que vous mettez en œuvre, a commenté Margaret Karram, est une occasion extraordinaire d’ouvrir la cité-pilote à d’autres personnes qui veulent contribuer à sa construction, se former et faire l’expérience de l’unité. Je dois vous dire qu’après avoir participé au Genfest, une grande espérance est née dans mon cœur ; j’ai eu la forte impression qu’en ces jours, Dieu a de nouveau frappé à la porte du Brésil et nous demande de répondre et de soutenir ce qui est né chez les jeunes. Cette cité-pilote aussi, avec la Mariapolis Gloria et la Mariapolis Santa Maria, a maintenant une nouvelle opportunité et une nouvelle responsabilité pour comprendre comment répondre, pour offrir un témoignage de vie évangélique vécue dans une communauté sociale ”.

Mariza Preto affirme que le pôle entrepreneurial s’est également lancé dans un courageux voyage de développement et d’ouverture.

« En 2016, une dette accumulée au fil des ans en raison d’impayés indiquait clairement que la durabilité économique du Pôle était en danger. Les entrepreneurs étaient démotivés, inquiets parce qu’aucune personne intéressée par la création d’une nouvelle entreprise au sein du Pôle n’était visible à l’horizon.
Ce furent des années difficiles, au cours desquelles nous avons essayé de nombreuses possibilités, y compris la construction de relations avec les entrepreneurs de la région, ce qui a conduit à des événements communs et à des moments de discussion et de rencontre. Mais le tournant s’est produit en 2019 lorsque, lors d’une foire d’exposition que nous avons organisée au Polo, la plupart des exposants venaient de l’extérieur de notre région. A cette époque, ‘Espri’, la société de gestion du Polo, avait de nombreux hangars vacants et une fragilité financière grandissante. C’est alors que le Conseil du Pôle a décidé d’accueillir des entreprises et des entrepreneurs qui ne connaissaient pas l’Economie de Communion mais qui souhaitaient agir selon ses principes. C’est ainsi qu’est née la ‘renaissance’ du Pôle : chaque entreprise qui souhaite rejoindre le Pôle aujourd’hui suit un processus d’apprentissage de la vie économique que nous vivons ici et adhère aux lignes de gestion d’une entreprise de l’Economie de Communion ».
”.

Trente ans après sa fondation, le Pôle Spartacus est aujourd’hui composé de 9 bâtiments et accueille 10 entreprises pour un total de 90 employés.

« L’économie de communion est vivante ici », affirme Jésus Morán. Outre l’aspect charismatique, nous voyons ici fonctionner l’aspect productif et le changement générationnel des entrepreneurs. Tout cela nous indique que nous sommes entrés dans une nouvelle phase où la prophétie de Chiara Lubich est vivante. Nous remercions tous les pionniers, ceux qui ont commencé, qui y ont cru et qui nous ont permis d’en arriver là ». ”.

C’est par l’intermédiaire de la SMF (Sociedade Movimento dos Focolari) que la Cité-pilote s’engage dans diverses œuvres sociales dans la région. La SMF promeut le renforcement de la communauté et l’accès aux droits et aux garanties de protection, en particulier pour les enfants, les jeunes et les femmes en situation de vulnérabilité sociale. Les trois Œuvres Sociales dans lesquelles travaillent les habitants de Mariapolis Ginetta interviennent dans le domaine de la prévention auprès des jeunes en situation de vulnérabilité, mettent en œuvre des parcours d’accompagnement pour leurs familles et accueillent des personnes sans domicile fixe. C’est une goutte d’eau dans l’océan des besoins de dignité, de travail et de justice de tant de personnes, et comme l’a expliqué Sérgio Previdi, vice-président de SMF : « Ce n’est qu’une partie du projet culturel basé sur la fraternité que nous voulons développer dans la région et dans notre ville ».

Stefania Tanesini


[1] Message du Saint-Père François pour l’ouverture de la conférence internationale « Un charisme au service de l’Église et de l’humanité » à l’occasion du centenaire de la naissance de la Servante de Dieu Chiara Lubich

Une colocation originale

Une colocation originale


Sur un terrain de 112 hectares, 23 organisations – communautés et instituts catholiques – ont choisi de vivre une expérience de communion entre charismes. Depuis 24 ans, cette expérience à Fortaleza (Brésil) est connue sous le nom de Condominio Espiritual Uirapuru (CEU), un acronyme qui signifie « ciel » en portugais.


Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, en voyage au Brésil pour rencontrer les communautés des Focolari, se sont également arrêtés à Fortaleza pendant ces semaines-ci. Ils ont pu participer à plusieurs rencontres avec différentes réalités charismatiques de l’Église. Au CEU, ils ont rencontré des responsables d’autres communautés, dont Nelson Giovanelli et Frère Hans de la Fazenda da Esperança, Moysés Azevedo de la Communauté Shalom et Daniela Martucci de Nuovi Orizzonti.


À travers les organisations qui la composent, la CEU mène diverses actions de soutien et de protection de la personne humaine, depuis les enfants vulnérables victimes d’abus et d’exploitation sexuelle jusqu’aux jeunes et adultes vivant dans la rue ou souffrant de dépendances. L’union des charismes présents est l’expression de l’amour qui permet de développer des activités visant à restaurer et à renforcer la dignité humaine, en particulier pour ceux qui en ont le plus besoin.

« La CEU est la réalisation du rêve que Chiara Lubich avait promis au Pape Jean-Paul II en 1998, celui de travailler à l’unité des Mouvements et des nouvelles communautés », rappelle Nelson Giovanelli, fondateur de la Fazenda da Esperança et président nouvellement élu de la colocation. Le charisme de l’unité, diffusé par Chiara Lubich, inspire l’accomplissement de la mission pour les différentes communautés présentes. Jesús Morán ajoute : « S’il y a un endroit où l’on peut comprendre l’expérience de l’Église, c’est ici, à la CEU. C’est l’Église, de nombreux charismes, petits ou grands, mais tous marchant ensemble pour la réalisation du Royaume de Dieu ».

La CEU compte 230 habitants, dont des enfants et des adolescents, des jeunes et des adultes en rétablissement, et plus de 500 bénévoles. Le week-end dernier, la communauté Obra Lumen a organisé la rencontre « Com Deus Tem Jeito » (Avec Dieu, il y a un chemin possible), qui a permis de récupérer 250 toxicomanes de la rue et de les aiguiller vers un traitement thérapeutique dans diverses communautés partenaires, comme la Fazenda da Esperança. L’espace est également le théâtre d’activités culturelles qui permettent la resocialisation par l’art, comme le festival Halleluya de la communauté Shalom, qui rassemble chaque année plus de 400 000 personnes.

Ces jours-ci, au Brésil également, se déroule le Genfest, un événement organisé par les jeunes du Mouvement des Focolari. « Ensemble pour Prendre Soin » est la devise de cette édition, qui comprendra un événement international au Brésil et plus de 40 Genfest locaux dans divers pays du monde. Chaque Genfest débutera par une première phase au cours de laquelle les jeunes acquerront de l’expérience en matière de volontariat et de solidarité au sein de diverses organisations sociales. Le CEU est l’une de ces organisations. Entre le 12 et le 18 juillet, un groupe de 60 jeunes participants au GenFest a pu faire connaissance avec les différentes communautés et mener diverses activités. « Toutes ces communautés travaillent déjà avec des personnes marginalisées et vulnérables. Notre proposition était de les rejoindre, comme un lien d’unité. Plus nous nous sommes donnés, plus nous nous sommes ouverts aux autres, plus nous avons découvert notre essence », explique Pedro Ícaro, un participant au GenFest qui a vécu à la CEU pendant quatre mois avec des jeunes de différents pays.

« Lorsque cette communion des charismes enflamme le cœur de nos jeunes, ils sont capables de transformer le monde. C’est le but des événements que nous organisons à la CEU, comme le GenFest », explique Moysés Azevedo, fondateur de la communauté Shalom.

Ana Clara Giovani

‘Start Here and Now’, le nouveau single de Gen Verde

‘Start Here and Now’, le nouveau single de Gen Verde

Start Here and Now » est le dernier single du groupe international Gen Verde. Il s’agit d’un hymne à l’unité, à la force, au courage et à la joie qui met en scène deux groupes musicaux de jeunes : Banda Unità (Brésil) et AsOne (Italie). Nous sommes tous invités, avec notre diversité, à dépasser les frontières pour construire un monde où l’attention, l’amour, la justice et l’inclusion sont la réponse à la douleur, à l’horreur des guerres et des divisions », explique le groupe.

Qu’est-ce qui se cache derrière cette chanson ?

La nouvelle chanson est en elle-même une expérience « au-delà des frontières » en raison de la manière dont elle a été produite », poursuit le groupe. Les voix ont été enregistrées dans trois parties différentes du monde et la vidéo a également été tournée dans trois endroits différents : Loppiano et Vérone (Italie) et Recife (Brésil).

Le projet prévoit la participation de deux groupes musicaux de jeunes qui partagent les valeurs du Gen Verde. Banda Unità est un groupe musical brésilien et AsOne est un groupe de Vérone, en Italie. Ces groupes souhaitent également partager à travers la musique, les valeurs de paix, de dialogue et de fraternité universelle.

Ce single se distingue par son rythme très entraînant et ses paroles puissantes, chantées dans différentes langues, pour faire ressortir le processus créatif inspiré par l’interculturalité et l’engagement en faveur de la fraternité universelle qui est mise en lumière lors de l’événement international Genfest », poursuit Gen Verde.

Gen Verde a interprété cette chanson pour la première fois à Aparecida, au Brésil, avec les groupes musicaux Banda Unità et AsOne, le 20 juillet 2024, lors du Genfest, l’événement mondial de la jeunesse du mouvement des Focolari. Cette édition était intitulée « Juntos para Cuidar – Together to Care ».

Lorenzo Russo