S’entendre dire : « Je t’aime », qu’y a-t-il de plus beau ? Alors nous ne nous sentons plus seuls et pouvons affronter difficultés et situations critiques. Et, si cet amour devient réciproque, l’espérance et la confiance se renforcent. Les enfants pourraient-ils grandir sans le soutien, sans l’amour des autres ? D’ailleurs cela s’observe aussi à tout âge. Pour cette raison, la Parole de vie de ce mois nous invite à être « bons les uns pour les autres », c’est-à-dire à nous aimer. Et elle nous donne Dieu même pour modèle. C’est son exemple justement qui nous rappelle qu’aimer n’est pas un simple sentiment. C’est vouloir le bien de l’autre de manière concrète et exigeante. Jésus s’est fait proche des malades et des pauvres, il a éprouvé de la compassion envers les foules, il a été miséricorde envers les pécheurs, pardonnant même à ceux qui l’avaient crucifié. Si nous désirons le bien de l’autre, écoutons-le, accordons-lui une attention sincère, partageons ses joies et ses peines, prenons soin de lui, accompagnons-le sur son chemin. L’autre n’est jamais un étranger, mais un frère, une sœur à servir. Tout le contraire de ce qu’on éprouve en le percevant comme un rival, voire un ennemi, jusqu’à lui vouloir du mal ou même le supprimer, comme la presse nous en donne malheureusement tant d’exemples chaque jour ! Et nous-mêmes, n’accumulons-nous jamais rancœurs, méfiance, hostilité ou même simplement indifférence envers les personnes qui nous font du mal ou qui nous sont antipathiques ou viennent d’un autre milieu ? Vouloir le bien des autres, comme l’enseigne la Parole de vie, signifie prendre un chemin de miséricorde, prêts à nous pardonner les uns les autres chaque fois que nous avons fait fausse route. Chiara Lubich raconte, à ce propos, qu’elle et ses compagnes s’étaient promis de s’aimer mutuellement les unes les autres, au tout début de leur expérience communautaire, pour mettre en pratique le commandement de Jésus. Malgré tout, « surtout dans un premier temps, il n’était pas toujours facile pour notre groupe de jeunes filles de vivre l’amour de manière radicale. Nous étions comme les autres, même si un don spécial de Dieu nous soutenait. Entre nous, dans nos relations quotidiennes, il arrivait qu’il y ait des “grains de sable dans les rouages” et l’unité pouvait s’affaiblir. C’était le cas, par exemple, quand nous prenions conscience des défauts des autres et les jugions, au lieu de maintenir l’amour réciproque. « Pour réagir dans ces cas-là, nous avons imaginé un jour de faire entre nous un “pacte de miséricorde”, c’est-à-dire de voir chaque matin notre prochain – au focolare, à l’école, au travail, etc. – comme nouveau, en ayant oublié ses erreurs, ses défauts, en recouvrant tout d’amour. Ce pardon universel revenait à une amnistie complète de notre part. C’était un engagement fort, pris par nous toutes ensemble, qui nous aidait à être toujours les premières à aimer, comme le fait Dieu miséricordieux, qui pardonne et oublie*. » Un pacte de miséricorde ! Ne serait-ce pas une façon de grandir en bienveillance ?
Commentaire du P. Fabio Ciardi
- D’après L’amour réciproque, Conversation avec des amis musulmans, Castel Gandolfo, 1er novembre 2002.
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