Le livre « L’Unité. Un regard du Paradis de ’49 de Chiara Lubich », édité par Stefan Tobler et Judith Povilus (Città Nuova, Rome 2021) est sorti de presse. Il sera bientôt publié dans d’autres langues. Un approfondissement à plusieurs voix qui nous aide à comprendre ce qu’est l’unité, pivot central de la spiritualité des Focolari. « L’unité est notre vocation spécifique »[1] ; « L’unité est donc notre idéal, et non pas un autre »[2]. Chiara Lubich était bien consciente de la mission de l’œuvre à laquelle elle avait donné vie. Si « l’unité est ce qui caractérise le Mouvement des Focolari »[3], celui-ci est appelé à s’interroger sur l’héritage qu’il a reçu et sur la manière de le développer de façon créative et fidèle. Comment vivre l’unité aujourd’hui dans les focolares, dans les noyaux, parmi ceux qui partagent la « Parole de Vie » ? Comment pouvons-nous marcher avec audace et liberté sur un chemin qui évite les autoritarismes et les individualismes, qui permette le plein développement des dons personnels et la poursuite d’objectifs communs ? Comment pouvons-nous parcourir le difficile chemin de la communion qui exige la sauvegarde de l’autonomie légitime et la recherche de l’identité et de l’accueil, de l’intégration et de l’ouverture à la diversité ? Le thème touche au vif, l’ensemble de l’Œuvre. En même temps, l’héritage de Chiara Lubich est beaucoup plus large : l’unité concerne le monde ecclésial, les relations entre les religions, les cultures, les nations… À la demande du Centre de l’Œuvre de Marie, l’École Abbà se penche depuis quelques années sur ce thème, en partant, comme c’est sa nature, de l’expérience de Chiara Lubich dans les années 1949-1951. Le livre « Unité. Un regard du Paradis de ‘49 de Chiara Lubich ». Il est divisé en trois parties. Le premier – ‘’Fondements’’ – offre un regard global sur l’unité d’un point de vue biblique, théologique et spirituel. Les écrits de Chiara sont traversés dans toute leur profondeur et leur audace. Pris dans leur contexte, ils montrent la ‘’logique’’ divine, celle d’un Dieu dont ‘’l’intérieur’’ « ne doit pas être pensé comme un tout en soi, dans lequel les différences disparaissent, au contraire : Dieu est l’Un précisément en étant une multiplicité infinie », une dynamique qui se reflète dans la création. Comme l’écrit Chiara, le Père « dit ‘’Amour’’ sur des tons infinis », en indiquant l’extraordinaire richesse des manifestations infinies de son amour. La deuxième partie de l’ouvrage propose une lecture de quelques textes du Paradis de ‘49 afin de faire émerger les intuitions fondamentales sur l’unité. Ainsi, des pages ou des formules que l’usure du temps ou la répétition paresseuse ont parfois rendues incompréhensibles ou inacceptables sont éclairées d’une lumière nouvelle. Pour vivre l’unité, faut-il ‘’annuler sa propre personnalité’’, ou non pas plutôt « vivre le don sans réserve de soi, dans la logique de la vie de Dieu, qui conduit à ‘’courir le risque’’ de ‘’perdre la sienne’’ »? Que signifie vivre « à la manière de la Trinité » ? Dans l’unité, y a-t-il un nivellement ou n’est-ce pas plutôt l’épiphanie de la pluralité ? Le livre traite de malentendus et de dérives auxquels peut conduire une compréhension inexacte d’expressions telles que ‘’se perdre’’, ‘’mourir’’, ‘’s’annuler’’, et il met en évidence la fécondité d’un amour exigeant et total qui conduit à la pleine réalisation de soi : « Nous avons clairement vu – affirme Chiara – que chacun de nous a une personnalité distincte et inimitable », qui est « la parole que Dieu a prononcée quand il nous a créés ». L’unité apparaît alors dynamique, en constant devenir, créative, ayant besoin de la contribution de chacun et de tous, respectueuse de chacun et de tous. Cela inclut également la contribution et la position unique et irremplaçable de la personne de Chiara comme fondatrice et comme instrument de médiation du charisme. La troisième partie du livre est ouverte à différentes disciplines qui s’inspirent du texte du Paradis de ’49 pour faire une proposition en rapport avec leur domaine spécifique. Cette dernière partie est celle qui a nécessité une plus grande attention méthodologique. Le langage du Paradis de ’49 étant essentiellement de nature religieuse, nous nous sommes demandé comment écrire un livre transdisciplinaire autour d’une parole multi-sémantique – l’unité – sans risquer de parler de choses différentes et de mélanger les langages. Si un Mouvement et une spiritualité qui se définissent comme ‘’ de l’unité’’ ont donné lieu à des réalités sociales et à des contributions académiques dans les domaines les plus divers, cela signifie qu’il existe un dénominateur commun, un point de départ, et un fondement stable qui rende possible à tous, tout en travaillant dans des domaines différents, de reconnaître dans l’unité, un horizon commun, également lorsqu’ils s’expriment dans le langage spécifique de leur propre discipline. Ils viennent seulement tracer quelques lignes intuitives dans quelques domaines de la vie sociale et de la pensée, qui demanderont d’ultérieurs développements. Le livre est le fruit d’un lent processus de l’École Abbà. Pendant plus de deux ans, en commençant autour de 2017, le Paradis de ‘49 a été lu à la lumière de cette thématique spécifique. Chacune des douze contributions porte la signature de son auteur respectif, qui conserve son style, son expertise et sa méthodologie spécifiques. En même temps, il est le fruit de la communion de tout le groupe ; une façon de travailler qui a exigé un exercice d’ ‘’unité’’ – en accord avec le thème lui-même ! – ce qui n’a pas toujours été facile – afin d’accueillir et de comprendre l’autre dans sa diversité, due au fait qu’il vient d’un pays différent, a des formations scientifiques différentes et des domaines disciplinaires et méthodologiques spécifiques. Le livre se limite à la lecture de quelques pages du Paradis de ’49. Il ne prétend donc pas épuiser un thème aussi vaste et exigeant, même si, grâce à la profondeur des textes de référence, il offre une grande richesse d’intuitions et de propositions.
Fabio Ciardi
[1] L’unité et Jésus Abandonné, Città Nuova, Rome1984, p.26. [2] Idem, p.43. [3] Idem, p.26.
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