Si la spiritualité des Focolari, centrée sur l’amour des frères, est une expression de l’Évangile, alors la « perfection des vertus » aussi, telle que la connaît la tradition chrétienne, doit se réaliser dans la relation avec les autres, avec les frères. C’est cette conviction que Chiara Lubich explique dans le texte suivant. […] Pour nous permettre de faire de notre vie un Saint Voyage et la mener au but comme on le souhaite, L’Imitation de Jésus-Christ, ce livre de méditation si riche de spiritualité et que beaucoup d’entre nous connaissent, dit qu’il est important d’acquérir certaines qualités : le mépris absolu du monde, le désir ardent de progresser dans la vertu, l’amour du sacrifice, la ferveur de la pénitence, le renoncement à soi-même et la capacité de supporter toutes les adversités… Ce sont des qualités que nous devons posséder nous aussi. Mais, selon notre spiritualité, quelle sera notre façon de les acquérir ? La réponse est claire et sans équivoque : nous ne sommes pas appelés à réaliser tout cela dans une vie monastique et séparée du monde. Nous sommes appelés à rester au milieu du monde, à parvenir à Dieu à travers le frère, en passant par l’amour du prochain et l’amour réciproque. En nous engageant à marcher sur cette voie originale et évangélique, nous trouverons, comme par enchantement, notre âme enrichie de toutes ces vertus. Il nous faut rechercher le mépris du monde. Or le meilleur moyen de mépriser quelque chose est bien de l’oublier, de l’ignorer, de ne plus en faire cas. Si le fait de penser aux autres, d’aimer les autres nous saisit complètement, nous ne nous occupons plus du monde, nous l’oublions, nous le méprisons donc, même si cela ne nous dispense pas de faire notre possible pour éloigner ses tentations lorsqu’elles nous assaillent. Il nous faut progresser dans la vertu. Mais c’est grâce à l’amour que l’on y parvient. N’est-il pas écrit : « Je cours sur le chemin de tes commandements car (par l’amour) tu m’ouvres l’esprit » (Ps 1 19,32) ? Si en aimant le prochain on se met à courir pour accomplir les commandements de Dieu, cela veut dire qu’on progresse. Il nous faut aimer le sacrifice. Aimer les autres implique justement de se sacrifier soi-même pour se consacrer au frère. L’amour chrétien est synonyme de sacrifice, même s’il comporte de grandes joies. Il nous faut acquérir la ferveur de la pénitence. C’est dans une vie remplie d’amour que nous trouverons la principale et la meilleure des pénitences. Il nous faut renoncer à nous-mêmes. Dans l’amour pour les autres, le renoncement à soi-même est toujours implicite. Il nous faut enfin savoir supporter toutes les adversités. Beaucoup de nos souffrances ne viennent-elles pas du simple fait que nous vivons avec les autres ? Nous devons être capables de supporter chaque personne et de l’aimer par amour pour Jésus abandonné. Nous dépasserons ainsi de nombreux obstacles de la vie. Oui, aimer le prochain est une excellente manière de faire de sa vie un « Saint Voyage ». […]
Chiara Lubich
(extrait d’une conférence téléphonique, Rocca di Papa, 27 novembre 1986) Tiré de : « Oubli du monde », in : Chiara Lubich, Sur les pas du Ressuscité, Ed Nouvelle Cité, 1992, p. 95-96.
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