Mouvement des Focolari

janvier 2010

Du 18 au 25 janvier on célèbre, en de nombreux pays du monde, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, tandis que d’autres pays la célèbrent à la Pentecôte.
Chiara Lubich, on s’en souvient, proposait à cette occasion comme parole de vie du mois le verset biblique choisi pour la Semaine de prière et le commentait.
Cette année, la phrase choisie pour la Semaine de prière est tirée de l’Évangile de Luc : « C’est vous qui en êtes les témoins » (Lc24,48). Pour nous aider à la vivre, nous proposons ce texte de Chiara qui, bien que commentant un autre texte biblique, est un appel pressant à nous, chrétiens, à témoigner ensemble de la présence de Dieu au monde.

« Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il demeurera avec eux.
Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux. » (Ap 21, 3)

Ecoutons-la bien cette Parole de Dieu : si nous voulons appartenir à son peuple, il nous faut le laisser vivre parmi nous.
Mais comment est-ce possible ? Comment goûter, dès ici-bas, cette joie sans fin que nous procurera la vision de Dieu ?
C’est justement ce que Jésus est venu nous révéler : nous communiquer sa communion d’amour avec le Père, afin que nous en vivions nous aussi.
Dès maintenant, nous chrétiens, nous pouvons en vivant cette phrase obtenir la présence de Dieu parmi nous. Les Pères de l’Église nous en donnent déjà certaines conditions. Pour Basile, il faut vivre selon la volonté de Dieu, pour Jean Chrysostome, aimer comme Jésus a aimé ; pour Théodore Studite l’amour réciproque est nécessaire, et pour Origène la concordance de pensées et de sentiments, afin de parvenir à l’entente qui « unit et contient le Fils de Dieu » .
Mais ce sont les paroles de Jésus qui nous donnent la clé pour que Dieu puisse demeurer parmi les hommes : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». (cf. Jn 13, 34). L’amour réciproque nous introduit à la présence de Dieu. « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous » (1 Jn 4, 12), car « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18, 20), dit Jésus.

« Il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples »
 
Le jour qui marquera l’accomplissement de toutes les promesses de l’Ancienne Alliance n’est donc pas si éloigné ni impossible à atteindre : « Ma demeure sera auprès d’eux : je serai leur Dieu et eux seront mon peuple » (Ez 37, 27).
Cette prophétie se réalise déjà en Jésus qui continue, au-delà de son existence historique, à être présent parmi ceux qui vivent selon la loi nouvelle de l’amour réciproque, cette norme qui les constitue en peuple, le peuple de Dieu.
Cette parole de vie est donc un appel pressant, spécialement pour nous chrétiens, à témoigner par l’amour de la présence de Dieu. « A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples, à l’amour que vous aurez les uns pour les autres » (Jn 13, 35). Le commandement nouveau vécu de cette façon établit les conditions pour que s’actualise la présence de Jésus parmi les hommes.
Sans cette présence qui donne son sens à la fraternité d’origine divine que Jésus a portée sur la terre pour toute l’humanité, nous ne pouvons rien faire.

« Il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux »

Mais c’est surtout à nous, chrétiens, bien qu’appartenant à différentes communautés ecclésiales, de donner au monde le spectacle d’un seul peuple constitué de toutes langues, races et cultures, de grands et de petits, de malades et de bien portants. Un seul peuple dont on puisse dire, comme des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment, ils sont prêts à donner la vie l’un pour l’autre ».
Voilà le « miracle » que l’humanité attend afin de pouvoir espérer encore, voilà la contribution nécessaire au progrès œcuménique, au chemin vers une unité pleine et visible des chrétiens. C’est un « miracle » à notre portée, ou mieux, à la portée de Celui qui, en demeurant parmi les siens unis par l’amour, peut changer les destinées du monde, en menant l’humanité entière vers l’unité.

CHIARA LUBICH

 

Parole de vie décembre 2009

La lumière resplendit dans les « bonnes actions » que réalisent les chrétiens. C’est à travers elles qu’elle peut briller. Mais, me diras-tu, les chrétiens ne sont pas les seuls à agir ainsi. Bien d’autres s’engagent pour le développement, construisent des maisons, œuvrent pour plus de justice…

Tu as raison. Mais si un chrétien peut et doit également accomplir tout cela, telle n’est pas, pourtant, sa fonction spécifique. Il doit accomplir les « bonnes actions » avec un esprit nouveau, un esprit manifestant que c’est le Christ lui-même qui agit en lui.

L’évangile en effet, ne fait pas seulement référence à des actions de charité isolées : visiter les prisonniers, vêtir les indigents et toutes les œuvres de miséricorde en lien avec les exigences d’aujourd’hui. Il veut parler d’une adhésion totale du chrétien à la volonté de Dieu qui transforme sa vie entière en une « bonne action ».

Si le chrétien se comporte ainsi, à travers lui il laissera transparaître le Christ à qui reviendra la louange pour les « bonnes œuvres » accomplies. Et Dieu, à travers lui, sera présent dans le monde. Le chrétien doit donc laisser transparaître cette lumière qui l’habite, il doit être le signe de la présence de Dieu parmi les hommes.

« Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. »

Si la bonne action du croyant pris individuellement a cette caractéristique, il en va de même pour la communauté chrétienne au milieu de ce monde. Sa vie doit révéler la présence de Dieu, qui se manifeste là où deux ou trois sont unis en son nom, présence promise à l’Église jusqu’à la fin des temps.

L’Église primitive accordait une grande importance à ces paroles de Jésus. Dans les moments d’épreuve en particulier, elle incitait les chrétiens à ne pas réagir par la violence à la calomnie. Leur comportement devait être la meilleure réfutation du mal que l’on disait d’eux. Dans l’épître à Tite, on peut d’ailleurs lire à ce sujet : « Exhorte aussi les jeunes gens à la pondération en toutes choses. Montre en ta personne un modèle de belles œuvres : pureté de doctrine, dignité, parole saine et inattaquable, afin que l’adversaire, ne trouvant aucun mal à dire à notre sujet, soit couvert de confusion » (Tt 2,6-8).

« Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. »

Le christianisme vécu est, aujourd’hui encore, une lumière qui porte les hommes à Dieu.

Voici un petit fait à ce sujet. Antoinette, une jeune fille sarde, s’est rendue en France, à Grenoble, pour son travail. Dans son bureau peu ont envie de travailler. Antoinette est chrétienne et elle se met au service de Jésus dont elle reconnaît la présence en chaque personne. Elle aide chacun et reste toujours calme et souriante. Il arrive souvent que quelqu’un se mette en colère, hausse le ton et passe sa mauvaise humeur sur elle en se moquant : « Puisque tu as envie de travailler, tape donc aussi mon travail. »

Antoinette ne dit mot et continue à travailler. Elle sait qu’ils ne sont pas foncièrement mauvais. Chacun a probablement ses soucis.

Un jour, alors que les autres sont absents, le chef de bureau vient la trouver et lui déclare : « Maintenant vous allez me dire comment vous faites pour ne jamais perdre patience et garder toujours le sourire. » Antoinette élude la question et répond : « Je m’efforce de rester calme, de prendre les choses du bon côté. » Son interlocuteur frappe alors du poing sur la table et s’exclame : « Non ! Dieu a quelque chose à voir là-dedans. Sinon c’est impossible. Et dire que je ne croyais pas en lui. »

Quelques jours plus tard le directeur appelle Antoinette. Il l’informe qu’elle va être mutée dans un autre bureau « afin, ajoute-t-il, qu’elle le transforme comme elle l’a fait dans son poste précédent. »

« Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. »

Chiara Lubich

Fondatrice du mouvement des Focolari

dont elle a été présidente de 1943 jusqu’à son décès en 2008.

Parole de vie de novembre 2009

Cette phrase t’impressionne sûrement. Tu as raison, je crois, d’en rester perplexe et de réfléchir à ce qu’il te convient de faire. Jésus ne s’est jamais exprimé au hasard. Prends donc ces mots au sérieux, sans minimiser leur portée.
Mais essayons de comprendre leur vraie signification. Regardons pour cela comment Jésus se comportait avec les riches qu’il rencontrait, car il fréquentait aussi des personnes menant une vie aisée. À Zachée, qui donne la moitié de ses biens, il déclare : « Le salut est venu pour cette maison. » (Lc 19,9)
Les Actes des apôtres nous rapportent que dans l’Église primitive la communion des biens était libre. Les premiers chrétiens n’étaient pas tenus d’abandonner tout ce qu’ils possédaient. Jésus n’avait donc pas l’intention de fonder une communauté composée uniquement de membres ayant renoncé à tous leurs biens pour le suivre.
Mais il affirme pourtant :

« Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. »

Que Jésus réprouve-t-il alors ? Certainement pas les biens en tant que tels, mais plutôt l’attachement qu’y porte le « riche ». Pourquoi ? Parce que celui-ci se comporte en propriétaire de ce qui n’appartient qu’à Dieu.
Effectivement les richesses prennent facilement la place de Dieu dans le cœur de l’homme. Elles rendent aveugle et ouvrent la voie à toute sorte de vices. L’apôtre Paul écrivait : « Quant à ceux qui veulent s’enrichir, ils tombent dans le piège de la tentation, dans de multiples désirs insensés et pernicieux, qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. La racine de tous les maux, en effet, c’est l’amour de l’argent. Pour s’y être livrés, certains se sont égarés loin de la foi et se sont transpercé l’âme de tourments multiples. » (1 Tm 6, 9-10) Déjà Platon disait : « Il est impossible qu’un homme soit en même temps extraordinairement bon et extraordinairement riche. »
Alors quelle doit être l’attitude de celui qui possède des biens ? C’est de conserver un cœur libre, entièrement ouvert à la volonté de Dieu. Qu’il se sente en fait l’administrateur de ses biens, du capital de Dieu, que Jean Paul II a dit « grevé d’une hypothèque sociale ».
Les biens ne sont pas un mal en soi. Il ne faut pas les mépriser, mais apprendre à bien les utiliser. Ce n’est pas la main, mais le cœur qui doit s’en écarter. Sachons les gérer pour le bien des autres car celui qui est riche doit l’être pour eux.

« Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu. »

Peut-être diras-tu : je ne suis pas vraiment riche et cette phrase ne me concerne pas. Attention ! Vois la question que les disciples, consternés, ont posée au Christ immédiatement après la réflexion qu’il venait de faire : « Qui donc peut être sauvé ? » (Mt 19, 25) Cela montre clairement que cette phrase du Christ s’adressait à tous. Même celui qui a tout quitté pour le suivre peut avoir le cœur attaché à mille choses. Même un pauvre qui jure parce qu’on touche à son baluchon peut être un « riche » devant Dieu.

Chiara Lubich
Fondatrice du mouvement des Focolari
dont elle a été présidente de 1943 jusqu’à son décès en 2008.

 

Octobre 2009

Le terme grec, traduit en français par « persévérance », inclut d’autres qualités comme la patience, la constance, la résistance, la confiance.
La persévérance ainsi comprise, est bien nécessaire dans la souffrance, les tentations, les moments de découragement, les séductions du monde ou les  persécutions.
Ces situations, tu as dû toi aussi les connaître, découvrant que ta persévérance t’a empêché de tomber. Ce qui a d’ailleurs pu t’arriver quelques fois. Peut-être même vis-tu actuellement une telle épreuve ?
Alors quoi faire ?
Ressaisis-toi et… persévère. Sinon tu ne peux te dire vraiment chrétien.
Tu le sais : celui qui veut suivre le Christ doit prendre sa croix chaque jour, et, au moins avoir la volonté d’accepter la souffrance. La vocation chrétienne est une vocation à la persévérance.
L’apôtre Paul présente à la communauté la persévérance comme un signe d’authenticité chrétienne. Il ne craint pas de la situer au même niveau que les miracles.
En outre, si nous prenons notre croix et si nous persévérons, nous pourrons suivre le Christ monté aux cieux et donc « gagner la vie ».

« C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie. »

On peut distinguer deux catégories de personnes. Les premières se sentent appelées à être de vrais chrétiens. Mais cet appel tombe dans leur cœur comme la semence jetée sur un terrain pierreux. L’enthousiasme est grand mais tel un feu de paille, il s’éteint bien vite.
Les personnes de la seconde catégorie accueillent l’appel, comme le bon terrain reçoit la semence. Et la vie chrétienne se développe, grandit, arrive à surmonter les difficultés et à résister aux tempêtes.
Ces personnes vivent la persévérance et…

« C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie. »

Naturellement, si tu veux persévérer il ne te faudra pas compter sur tes seules forces. L’aide de Dieu te sera nécessaire.
Saint Paul parle de Dieu comme du « Dieu de la persévérance » (Rm 15,5).
C'est donc à lui que tu dois la demander, et il te la donnera. Si tu es chrétien, tu ne peux pas te contenter d’être baptisé, de quelques pratiques religieuses et d’une charité occasionnelle. Il faut que le chrétien grandisse en toi. Et toute croissance sur le plan spirituel ne peut se réaliser qu’au milieu d’épreuves, de souffrances, d’obstacles et de combats.
Et celui qui aime sait vraiment persévérer. L’amour ne s’arrête pas aux obstacles, aux difficultés, aux sacrifices. La persévérance est l’amour éprouvé.
[…] Marie est la femme de la persévérance.
Demande à Dieu de faire naître en ton cœur l’amour pour Lui et, ainsi, dans toutes les difficultés de la vie, ta persévérance te conduira à la vie éternelle.

« C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie. »

Mais ne l’oublions pas non plus… la persévérance est contagieuse. Celui qui la possède encourage aussi les autres à aller jusqu’au bout.
[…] Visons haut. Nous n’avons qu’une vie et elle est brève. Tenons bon, jour après jour, affrontons chaque difficulté l’une après l’autre pour suivre le Christ. Et nous « gagnerons » la vie éternelle.
 
Chiara Lubich

septembre 2009

L’Évangile tout entier est révolutionnaire : pas une parole du Christ ne ressemble à celle des hommes. Écoute celle-ci : « Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela (ce qui est nécessaire à la vie) vous sera donné par surcroît. »
En général, l’homme se préoccupe avant tout d’assurer la sécurité de son existence. Toi aussi peut-être. Eh bien, Jésus te propose justement une autre manière de voir et d’agir, la « sienne ». Il te demande même de changer complètement ton comportement sur ce point et de t’y tenir en permanence. Car il s’agit de chercher d’abord le Royaume de Dieu.
Quand tu seras entièrement tourné vers Dieu et que tu feras tout ton possible pour qu’il règne (c’est-à-dire pour qu’il guide ta vie selon ses lois) en toi et chez les autres, le Père te donnera jour après jour ce dont tu as besoin.
Si, au contraire, tu restes centré sur toi-même, soucieux avant tout des choses de ce monde, tu finiras par en devenir la victime. Les biens de cette terre deviendront alors ton vrai problème, l’objectif de tous tes efforts. Comptant sur tes seules forces, tu seras tenté de te passer de Dieu.

« Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. »

Jésus renverse la situation. Si tu te préoccupes d’abord de Lui, de vivre pour Lui, le reste ne sera plus le problème principal de ton existence, mais il deviendra un « surcroît », un simple « plus ».
Tu penses que c’est une utopie ? Une proposition irréalisable pour toi, homme moderne qui vit dans un monde industrialisé soumis à la concurrence, et à des crises économiques fréquentes ? Rappelle-toi simplement qu’à l’époque de Jésus, quand il prononça ces paroles en Galilée, les difficultés pour vivre n’étaient pas moindres pour ses auditeurs.
Utopique ou non, là n’est pas la question. Jésus te met face à l’orientation fondamentale de ta vie : ou tu vis pour toi, ou tu vis pour Dieu.

Essayons de bien comprendre cette phrase :

« Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. »

Jésus ne t’exhorte pas à l’indifférence, à la passivité face à ce qui constitue ton environnement quotidien, ou à un comportement irresponsable ou superficiel dans ton travail.
Il veut seulement transformer en « occupation » ta « préoccupation », te libérant ainsi de l’angoisse et du stress.
De fait, il dit : « Cherchez d’abord le Royaume… »
« D’abord » signifie : avant tout. La recherche du Royaume de Dieu est mise à la première place et n’exclut pas que le chrétien doive aussi s’occuper de ce dont il a besoin pour vivre. « Chercher le Royaume et la justice de Dieu » signifie également conformer ta conduite aux exigences de l’Évangile. Ce n’est qu’en cherchant le Royaume de Dieu que le chrétien pourra découvrir toute la puissance attentive du Père pour lui.

Voici un épisode toujours d’actualité bien que remontant à plusieurs années… De fait, je connais de nombreux jeunes qui se comportent aujourd’hui comme l’a fait cette jeune fille.
Elvire fréquentait l’École Normale. Sans ressources, seule une moyenne élevée pouvait lui garantir de poursuivre ses études. Sa foi était solide.
Parlant du Christ ou de l’Église, son professeur de philosophie, athée, cachait ou déformait la vérité. La jeune fille bouillait intérieurement. Non pour elle-même, mais à cause de son amour pour Dieu, pour la vérité et pour ses camarades. Elle savait bien qu’en contredisant le professeur elle risquait d’être mal notée mais ce qu’elle ressentait intérieurement était plus fort qu’elle. A chaque fois, elle levait la main pour demander la parole et disait : « Ce n’est pas vrai, Monsieur. » Il lui arrivait de se trouver à court d’arguments pour répondre aux affirmations élaborées du professeur. Mais ces mots : « Ce n’est pas vrai » contenaient toute sa foi qui est un don de vérité, et qui donnait à réfléchir.
Ses camarades, qui l’aimaient bien, s’efforçaient de la faire renoncer à ses interventions de peur que cela ne lui cause du tort. Mais en vain.
Quelques mois plus tard, arrive le moment des résultats. La jeune fille prend son carnet en tremblant, et ne peut retenir une exclamation de joie : elle a la note maxima !
Elle s’était efforcée, avant tout, de mettre Dieu et sa vérité à la première place, et le reste est venu par surcroît.

« Cherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. »

En cherchant toi aussi le Royaume du Père, tu expérimenteras que Dieu est Providence, qu’il pourvoit à tout ce qui t’est nécessaire. Et tu découvriras, dans leur normalité, l’extraordinaire des paroles de l’Evangile.

Chiara Lubich

Fondatrice et présidente du mouvement des Focolari de 1943 jusqu’à son décès en 2008

(suite…)

parole de vie août 2009

 

As-tu remarqué à quel moment se situe cette phrase dans l’Evangile ? L’évangéliste Jean la place juste avant que Jésus s’apprête à laver les pieds de ses disciples et se prépare à sa passion.
Dans les derniers moments passés avec les siens, Jésus manifeste plus explicitement l’amour sans limites qu’il leur porte.

« Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. »

« Jusqu’à l’extrême », c’est-à-dire jusqu’à la fin de sa vie, jusqu’au dernier soupir. Mais ces mots impliquent aussi l’idée de la perfection. Ils signifient que Jésus aima les siens totalement, jusqu’au bout.
Lorsque Jésus sera entré dans la gloire, ses disciples resteront dans le monde. Ils se sentiront seuls et devront affronter de nombreuses épreuves. Prévoyant cela, Jésus tient à les assurer de son amour.

« Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. »

Ne sens-tu pas à travers ces paroles, un style de vie, une manière d’aimer qui sont propres au Christ ? Voilà qu’il lave les pieds de ses disciples. Son amour le pousse à ce service réservé alors aux esclaves.
Jésus se prépare à vivre le moment tragique du calvaire pour donner aux « siens » et à tous, – en plus de ses paroles, de ses miracles et de tout ce qu’il a accompli – sa vie même. Ils en avaient besoin, c’est ce dont tout homme a le plus grand besoin. Il s’agit d’être libéré du péché, c’est-à-dire de la mort, et de pouvoir entrer dans le royaume des cieux. Ils allaient trouver la paix et la joie dans la Vie qui ne finit plus.
Et Jésus s’offre à la mort, allant jusqu’à crier l’abandon du Père, au point de pouvoir dire à la fin : « Tout est accompli ».

« Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. »

Cette phrase révèle la force et la grandeur de l’amour d’un Dieu et la douceur de l’affection d’un frère. Nous aussi chrétiens, nous pouvons aimer ainsi parce que le Christ est en nous.
Cependant, dans l’immédiat, ce que je te propose n’est pas tant d’imiter Jésus mort pour les autres (quand son heure était venue). Ni de te donner des modèles incontournables, comme le père Kolbe qui meurt dans un camp de concentration à la place d’un frère prisonnier ou le père Damien qui, s’étant fait lépreux avec les lépreux, meurt avec eux et pour eux.
Il ne te sera peut-être jamais demandé au cours des années, d’offrir ta vie corporelle pour les autres. Mais tout ce que Dieu te demande sans aucun doute, c’est de les aimer à fond, jusqu’au bout,  jusqu’à ce que toi aussi tu puisses dire : « Tout est accompli ».

C’est ce qu’a fait Cécile, une petite fille italienne de onze ans. Un jour, elle remarque la grande tristesse d’Anne, une amie de son âge. Elle s’efforce de la réconforter, mais sans succès. Voulant aller plus loin, elle cherche à savoir la raison de son angoisse. Son papa est mort et sa maman l’a laissée seule chez sa grand-mère pour aller vivre avec un autre homme. Cécile se rend compte combien la situation est tragique et elle décide d’agir. Malgré son jeune âge, elle demande à sa compagne de pouvoir parler avec sa mère. Mais son amie lui demande d’abord de l’accompagner sur la tombe de son père. Elle la suit en l’aimant de tout son cœur et elle entend Anne qui pleure et supplie son papa de venir la chercher.
 Cécile sent son cœur se briser. A côté, une petite église délabrée. Elles y pénètrent. Il ne reste qu’un petit tabernacle et un crucifix. Cécile remarque : « Tu vois, en ce monde un jour tout sera détruit, mais ce crucifix et ce tabernacle resteront ! » Anne répond en essuyant ses larmes : « Oui, c’est vrai ! » Puis Cécile prend doucement sa compagne par la main et l’accompagne chez sa mère.
Arrivée chez celle-ci, elle lui dit avec détermination : « Je sais, madame, que cela ne me regarde pas. Mais je voulais vous dire que vous avez laissé votre fille sans l’affection d’une maman et dont elle a besoin. Je puis aussi vous dire que vous ne serez jamais dans la paix tant que vous ne l’aurez pas reprise chez vous et que vous n’aurez pas regretté ce que vous avez fait. »
Le lendemain, Cécile retrouve Anne à l’école et la réconforte par son amour. Mais un fait nouveau se produit : à la sortie, une voiture vient prendre Anne. C’est sa maman qui conduit. Et depuis lors, la voiture revient tous les jours parce qu’Anne vit désormais avec sa mère, et celle-ci a définitivement rompu les liens avec l’homme qu’elle fréquentait.
De cette action de Cécile, modeste et grande à la fois, on peut dire qu’elle a « tout accompli », jusqu’au bout. Et elle a réussi.
Réfléchis un peu. Combien de fois as-tu commencé à prendre soin de quelqu’un pour l’abandonner ensuite, en cherchant mille excuses pour faire taire ta conscience ? Combien d’actions as-tu entrepris avec enthousiasme, sans les poursuivre ensuite parce que tu te heurtais à des difficultés qui te semblaient au-dessus de tes forces ?…
Voici ce que Jésus te dit aujourd’hui :

« Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. »

Fais de même.
Et si un jour Dieu devait te demander ta vie pour de bon, tu n’hésiteras pas. Les martyrs allaient à la mort en chantant. Et pour récompense, tu auras la plus grande gloire parce que Jésus a dit que personne au monde n’a de plus grand amour que celui qui verse son sang pour ses amis.

Chiara Lubich

Fondatrice et présidente du mouvement des
Focolari de 1943 jusqu’à son décès en 2008.

(suite…)