Mouvement des Focolari

Juillet 2009

Tu es jeune ? Tu as l’exigence d’une vie conforme à un idéal, d’une vie où tu te donnes totalement ? Ecoute Jésus. Personne n’a jamais été plus exigeant que lui. Tu as là l’occasion de témoigner de ta foi, de faire preuve de ta générosité et de ton héroïsme.
Tu es une personne mûre ? Tu aspires à une existence sérieuse, engagée et sûre en même temps ? Ou peut-être es-tu déjà âgé ? Tu souhaites alors vivre tes dernières années sans être rongé par les préoccupations, en t’abandonnant à quelqu’un qui ne te trompe pas ? Ces paroles de Jésus sont valables aussi pour toi.
Elles sont la conclusion d’une série d’exhortations par lesquelles il t’invite à ne pas te préoccuper de ce que tu mangeras, ni de ce que tu auras pour t’habiller. Comme le font les oiseaux du ciel qui ne sèment pas et les lis des champs qui ne filent pas. II te faut donc éliminer de ton cœur toute inquiétude par rapport aux biens de la terre, car le Père t’aime bien plus que les oiseaux et les fleurs, et  lui-même pense à toi. Voilà pourquoi il dit :

« Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ; là ni voleur n’approche, ni mite ne détruit. »

L’Évangile, dans son ensemble comme dans chacune de ses paroles, demande aux hommes un don total de ce qu’ils sont et de ce qu’ils ont.
Dieu n’en demandait pas tant avant la venue du Christ. L’Ancien Testament considérait la richesse terrestre comme un bien, comme une bénédiction de Dieu. Et s’il demandait de faire l’aumône aux personnes dans le besoin, c’était pour obtenir la bienveillance du Tout-puissant. Plus tard dans le judaïsme, l’idée de la récompense dans l’au-delà était devenue plus commune. A quelqu’un qui lui reprochait de gaspiller ses biens, un roi répondit : « Mes ancêtres ont amassé des trésors pour ici-bas, moi j’ai amassé des trésors pour en haut. » (…)
L’originalité de la phrase de Jésus tient au fait qu’il exige de toi un don total, il te demande tout. Il veut que tu sois un fils sans préoccupations au sujet du monde : un fils qui s’appuie seulement sur lui.
II sait que la richesse constitue un énorme obstacle pour toi, parce qu’elle occupe ton cœur alors qu’il le veut tout entier pour lui.
C’est pourquoi il recommande :

« Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ; là ni voleur n’approche, ni mite ne détruit. »

Si tu ne peux te défaire de tes biens matériellement parce que tu es lié à d’autres personnes, ou s’ils sont nécessaires à ta fonction, alors détache-toi spirituellement de ce que tu possèdes pour n’en être que le simple administrateur. Ainsi tout en t’occupant des biens dont tu disposes, tu aimeras les autres et, en les gérant pour eux, tu amasseras un trésor que le ver ne ronge pas et que le voleur n’emporte pas.
Cependant, es-tu bien sûr de devoir tout garder ? Dieu parle en toi. Écoute-le. Si tu n’y vois pas clair, demande conseil. Tu te rendras compte alors de tout le superflu que tu possèdes. Ne les garde pas, donne-les. Donne à celui qui n’a pas. Mets en pratique les paroles de Jésus : « Vends… et donne ». Ainsi tu rempliras les « bourses inusables » dont il parle.
Evidemment, pour vivre il faut bien s’occuper d’argent et d’affaires. Mais ce que Dieu veut, c’est que tu t’en occupes, et non que tu t’en préoccupes. Occupe-toi de ce minimum qui t’est indispensable pour vivre selon ta situation. Pour le reste :

« Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ; là ni voleur n’approche, ni mite ne détruit. »

Paul VI   était vraiment pauvre. La manière dont il a voulu être enterré l’a bien montré : dans un cercueil sans apparat, « dans la terre toute simple ». Peu de temps avant de mourir il avait dit à son frère : « il y a longtemps que j’ai préparé mes valises pour ce grand voyage. »
C’est ce que tu dois faire toi aussi : préparer tes valises. C’est sans doute ce qu’à l’époque de Jésus on appelait des « bourses ».
Prépare-les jour après jour. Remplis-les le plus possible de ce qui peut rendre service aux autres. C’est ce que tu donnes qui t’enrichit. Pense à la faim dans le monde, à toute la souffrance, à tous les besoins…
Mets-y aussi chaque acte d’amour, chaque action en faveur des frères.
Accomplis toutes ces actions pour Jésus. Dis-le lui dans ton cœur : pour Toi. Et fais-les bien, à la perfection ! Elles sont destinées au Ciel, elles demeureront pour l’éternité.

Chiara Lubich

Juin 2009

Imagine un sarment détaché de la vigne… Quel peut être son avenir ? Il n’a plus d’espérance ! Stérile, il se dessèchera et sera brûlé.
En tant que chrétien, vois quelle mort spirituelle t’attend si tu ne restes pas uni au Christ. Il y a de quoi prendre peur ! Même si tu travailles du matin au soir, même si tu crois être utile à l’humanité ou si tes amis t’applaudissent, même si tu t’enrichis des biens de la terre, même si tu fais d’énormes sacrifices, c’est la stérilité totale. Tout cela a un sens pour toi ici-bas, mais aucun pour le Christ et pour l’éternité. Or c’est bien celle-là, la vie qui compte le plus.

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

Comment peux-tu demeurer dans le Christ et le Christ en toi ? Comment rester un sarment vert et vigoureux qui forme corps avec la vigne ?
Il te faut d’abord croire au Christ, mais ce n’est pas suffisant. Ta foi doit avoir une influence concrète sur ta vie. Il te faut donc vivre conformément à cette foi, en mettant en pratique les paroles de Jésus, recourant aux moyens divins que le Christ t’a donnés pour obtenir ou retrouver l’unité éventuellement rompue avec lui.
De plus, tu ne seras pas bien ancré en Christ si tu ne t’efforces pas de t’insérer dans ta communauté ecclésiale, dans l’Eglise locale.

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure ».
  As-tu remarqué que le Christ parle en même temps de ton union avec lui, et de la sienne avec toi ? Si tu restes uni, il est en toi, présent dans ton cœur. D’où une relation, un dialogue d’amour réciproque, une collaboration entre Jésus et toi, son disciple.
Et qu’en résulte-t-il ? Du fruit en abondance, comme les belles grappes que porte le sarment bien attaché à la vigne.
« …du fruit en abondance », cela signifie que tu posséderas une véritable fécondité apostolique. Tu pourras ainsi faire comprendre à beaucoup les paroles uniques et révolutionnaires du Christ et leur donner la force de les suivre.
Cela signifie encore que tu sauras susciter ou créer des œuvres – petites ou grandes – pour soulager les besoins du monde les plus divers, selon les dons que Dieu t’a donnés.
«…en abondance » c’est à dire à profusion, pas un peu seulement. Cela peut vouloir dire que tu sauras porter au milieu des hommes qui t’entourent un courant de bonté, de communion, d’amour réciproque.

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

 « Produire du fruit en abondance » ne concerne pas seulement le bien spirituel et matériel des autres, mais aussi le tien.
Grandir intérieurement, te sanctifier, cela aussi dépend de ton union au Christ. Te sanctifier. Dans le monde actuel, trouves-tu ce mot anachronique, inutile, voire utopique ?
Ce n’est pas exact. L’époque présente s’en va, emportant ses façons de voir limitées, relatives ou erronées. La vérité demeure. II y a deux mille ans, l’apôtre Paul disait que c’est la volonté de Dieu que tous les chrétiens parviennent à se sanctifier. Et pour Thérèse d’Avila, docteur de l’Église, n’importe qui peut parvenir à la plus haute contemplation. Enfin le concile Vatican II rappelle que tout le peuple de Dieu est appelé à la sainteté.
Il s’agit là de voix autorisées…
Par conséquent, fais tout pour recueillir dans ta vie le « fruit en abondance » de la sanctification que seule peut te donner ton union au Christ.

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

As-tu remarqué que Jésus ne demande pas directement le fruit, mais il le voit comme la conséquence de demeurer uni à lui ?
Il se peut que toi aussi, tu fasses la même erreur que beaucoup de chrétiens : l’activisme, l’activisme, des actions et des œuvres faites pour le bien des autres, mais sans prendre le temps de considérer si l’on est vraiment uni au Christ.
C’est une erreur : on croit porter du fruit, mais ce n’est pas celui que pourrait produire le Christ en toi, avec toi.
Pour porter du fruit de manière durable, un fruit qui porte la marque divine, il faut demeurer unis au Christ. Et plus tu lui resteras uni, plus tu porteras du fruit.
En outre, le verbe « demeurer » qu’utilise Jésus, fait penser non pas à des moments où l’on porte du fruit, mais à un état permanent de fécondité.
En fait, si tu connais des personnes qui vivent ainsi, tu verras qu’elles touchent les cœurs, parfois jusqu’à leur faire retrouver Dieu. Elles le font peut-être à travers un simple sourire, une parole, par leur comportement quotidien ou leur attitude face aux différentes situations de la vie.
C’est ainsi qu’ont vécu les saints. Nous ne devons pas nous décourager. Tous les chrétiens, quels qu’ils soient, peuvent porter du fruit. En voici un exemple.
La politisation du monde étudiant actuel laisse peu de place à ceux qui veulent l’ouvrir à d’autres idéaux pour le bien de l’humanité.
Nous sommes au Portugal. Maria do Socorro, entrée à l’université, se heurte à cette situation. Beaucoup de ses camarades suivent leur idéologie, chacun cherchant à entraîner à sa suite ceux qui n’ont pas encore pris parti.
Maria, elle, a déjà choisi son chemin : suivre Jésus et rester unie à lui. Pour ses camarades, ignorant ses idées, elle manque d’énergie et n’a pas d’idéal. Parfois, surtout en entrant dans une église, elle éprouve une sensation de respect humain. Mais elle continue à y aller, voulant rester unie à Jésus.
Noël approche. Certains étudiants, habitant trop loin, ne peuvent retourner chez eux. Marie propose aux autres d’offrir ensemble un cadeau à ceux qui ne partent pas. A sa grande surprise, tous acceptent.
Quelques temps après vient la période des élections. A son grand étonnement, Marie se voit désignée pour représenter son année. Mais sa plus grande surprise est de s’entendre dire : « C’est logique que tu aies été choisie. Tu es la seule qui a une ligne de conduite précise et tu sais comment la réaliser. » Depuis, certains se sont intéressés à son idéal et veulent le vivre eux aussi.
Voilà un beau fruit de la persévérance de Maria do Socorro à vouloir demeurer unie à Jésus.

Chiara Lubich
 

 

(suite…)

Mai 2009

Edith, aveugle de naissance, vit dans un institut spécialisé pour jeunes malvoyants. L’aumônier, paralysé des jambes, ne pouvant plus venir célébrer la messe, Edith s’adresse à l’évêque pour que demeure dans la maison la présence de l’Eucharistie, cette lumière dans leurs ténèbres. Elle obtient même l’autorisation de distribuer elle-même la communion à l’aumônier et aux jeunes qui le souhaitent.
Désireuse de se rendre utile, Edith a aussi obtenu la possibilité d’intervenir dans une radio locale. Elle cherche à y donner grâce à son expérience le meilleur d’elle-même : des conseils, des idées, des réponses à des questions d’ordre moral, un soutien à ceux qui souffrent. Edith… on pourrait en raconter encore plus à son sujet. Bien qu’aveugle, elle a réussi à trouver la lumière à travers sa souffrance.
Je pourrais citer  d’autres exemples qui montrent que le bien existe et ne fait pas de bruit. Edith vit tout simplement en chrétienne, concrètement, mettant, comme chacun de nous peut le faire, ses propres dons au service des autres.
Oui, car un « don » (ou « charisme », selon le terme grec) ne signifie pas seulement les grâces consenties par Dieu à ceux qui doivent gouverner l’Église. Ni des dons extraordinaires accordés directement à certains fidèles pour le bien de tous, en cas de situations exceptionnelles, ou de graves dangers (…). Il peut s’agir aussi de la sagesse, de la science, du don des miracles, de celui de parler en langues, d’un charisme suscitant une nouvelle spiritualité dans l’Église, ou autre.
Les termes « don », ou « charisme » ne se réfèrent pas seulement aux exemples cités plus haut, mais aussi à de simples talents que beaucoup possèdent, et que l’on remarque au bien qu’ils produisent. (…) L’Esprit Saint est à l’œuvre. Chacun dispose d’aptitudes naturelles. Chacun en possède. Toi aussi.
Quel usage dois-tu en faire ? Pense à les développer. Ils t’ont été donnés non seulement pour toi, mais aussi pour le bien de tous.

« Mettez-vous, chacun selon le don qu’il a reçu, au service les uns des autres, comme de bons administrateurs de la grâce de Dieu, variée en ses effets ».

Dans la grande diversité des dons chacun possédant le sien a donc sa fonction particulière dans la communauté.
Mais dis-moi : et toi ? Tu possèdes un diplôme ? N’as-tu jamais pensé à consacrer quelques heures de la semaine à l’enseignement pour celui qui en a besoin ou pour celui qui n’a pas les moyens d’étudier ?
Toi qui as un cœur particulièrement généreux, n’as-tu jamais pensé à utiliser toutes tes forces pour aider des gens pauvres ou vivant en marge de la société ? Ainsi tu pourrais remettre dans le cœur de beaucoup le sens de la dignité humaine. (…)
Tu as le don particulier de réconforter les personnes ? Ou bien, tu es capable de tenir une maison en ordre, de faire la cuisine, de confectionner avec peu de moyens des vêtements utiles ou de faire des travaux manuels ? Regarde autour de toi et vois qui peut avoir besoin de tes services.
N’est-il pas regrettable de voir tant de temps libre inutilisé ? Est-ce admissible pour nous chrétiens, tant qu’on trouvera sur terre un malade, quelqu’un qui a faim, un prisonnier, un toxicomane, un frère à instruire, ou triste ou dans le doute, (…) une veuve ou un orphelin…
Et la prière ? Ne te semble-t-elle pas un don extraordinaire à utiliser ? Alors qu’à chaque instant nous pouvons nous adresser à Dieu présent partout (…)

 « Mettez-vous, chacun selon le don qu’il a reçu, au service les uns des autres, comme de bons administrateurs de la grâce de Dieu, variée en ses effets ».

Imagine-toi ce que deviendrait l’Église si tous les chrétiens, quel que soit leur âge, mettaient leurs dons à la disposition des autres ?
L’amour réciproque y gagnerait tant, il prendrait tellement d’ampleur et de relief qu’on pourrait y reconnaître là les disciples du Christ. (…)
Pourquoi ne pas faire tout notre possible pour  parvenir à un tel résultat ?
Chiara Lubich

avril 2009

As-tu remarqué qu’en général, tu ne vis pas ta vie ? Tu la subis plutôt, dans l’attente d’un « après » qui devrait être « meilleur » ?
C’est vrai : un « après-meilleur » doit arriver, mais pas celui auquel tu t’attends.
D’instinct – et c’est Dieu qui l’a mis en toi – tu es porté à attendre quelqu’un ou quelque chose qui puisse te satisfaire pleinement : un jour de fête par exemple, ou des vacances, ou une certaine rencontre. Et lorsque ces moments sont passés, tu n’es pourtant pas satisfait, tout au moins pas entièrement. Et tu reprends le train-train d’une existence vécue sans conviction, et toujours en attente de quelque chose.
En réalité, parmi les facteurs qui composent ta vie, il en est un auquel personne ne peut échapper : la rencontre face à face avec le Seigneur. Voilà le « meilleur » auquel tu aspires inconsciemment, parce que tu es fait pour le bonheur. Et la plénitude du bonheur, lui seul peut la donner.
Sachant combien toi, comme moi, nous recherchons aveuglément cette plénitude, Jésus nous recommande :

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir. »

Veillez. Soyez sur vos gardes. Restez éveillés.
Car s’il existe une certitude, c’est bien qu’un jour nous devrons mourir. Ce qui, pour un chrétien, signifie se présenter devant le Christ.
Peut-être appartiens-tu, toi aussi, à la majorité de ceux qui oublient intentionnellement et délibérément la mort. Et, redoutant ce moment, tu vis comme s’il n’existait pas. Et ta façon de vivre toujours plus enracinée sur la terre, revient à dire : comme la mort me fait peur, donc, pour moi, elle n’existe pas. Or, elle viendra. Car le Christ vient. Soyons-en certains.

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir. »

Dans cette phrase, Jésus veut parler de sa venue au dernier jour. De même qu’il a quitté les apôtres pour monter au ciel, ainsi reviendra-t-il.
Mais il s’agit aussi de la venue du Seigneur au terme de la vie de chaque homme. (…)
Et puisque tu ne sais pas si le Christ viendra aujourd’hui, ce soir, demain, dans un an ou plus tard, il te faut veiller. Comme ceux qui restent éveillés dans l’attente des cambrioleurs, mais sans en connaître l’heure.
Et si Jésus vient, cela signifie que la vie ici-bas est un passage. Alors s’il en est ainsi, plutôt que de dévaloriser ta vie, accorde-lui l’importance qu’elle mérite et prépare-toi à cette rencontre par une vie digne de ce nom.
(…)

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir. »

Une chose est sûre : tu dois veiller toi aussi. Ta vie ne comprend pas uniquement des actes se succédant sans heurts. Elle est aussi une lutte. Et les tentations les plus variées : orgueil, attachement à l’argent, impureté, violence, en sont les premiers ennemis.
Si tu restes toujours éveillé, tu ne te laisseras pas surprendre.
Et celui qui aime veille toujours. Veiller est une des caractéristiques de l’amour.
Lorsqu’on aime une personne, le cœur veille toujours lorsqu’on l’attend et chaque minute passée en son absence est vécue en fonction d’elle.
C’est ce que fait une femme qui met le meilleur d’elle-même pour préparer ce dont son mari absent aura besoin : elle fait tout en fonction de lui. Et à son arrivée, son accueil plein d’entrain contient tout son travail joyeux de la journée.
C’est ce que fait une maman, quand elle prend un court moment de repos auprès de son enfant malade. Elle dort, mais son cœur veille.
 C’est ce que fait celui qui aime Jésus. Il fait tout en fonction de lui. Il le rencontre ainsi à chaque instant dans l’observation toute simple de sa volonté, et l’accueillera solennellement le jour de sa venue.

Je me souviens qu’à Santa Maria, au sud du Brésil, une rencontre de 250 jeunes chrétiens venait de se terminer. La majeure partie venant de la ville de Pelotas.
Un premier car de 45 personnes est parti, au milieu des chants, dans la joie, exprimant tout leur amour pour Jésus. Pendant le voyage, quelques jeunes filles se sont mises à réciter le chapelet, les mystères douloureux, et elles ont prié, demandant d’être fidèles à Dieu, jusqu’à la mort.
Dans un virage, à cause d’un incident mécanique, le car tombe dans un ravin d’une cinquantaine de mètres, en se retournant trois fois. Six jeunes filles meurent.
Une survivante raconte : « J’ai vu la mort de près, mais je n’ai pas eu peur parce que Dieu était là. »
Une autre : « Quand j’ai constaté que je pouvais bouger, au milieu des débris, j’ai regardé le ciel étoilé et à genoux au milieu des corps de mes compagnes, j’ai prié. Dieu était là, à côté de nous. » Le père de Carmen Regina, une des victimes, a raconté que souvent sa fille répétait : « C’est beau de mourir, papa, on  va demeurer avec Jésus. »

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir ».

Les jeunes filles de Pelotas veillaient parce qu’elles aimaient. Et quand le Seigneur vint, elles allèrent à sa rencontre avec joie.

Chiara Lubich

mars 2009

 N’est-ce pas absurde ? En ce monde, on voit d’une part des hommes qui errent, toujours en recherche, et qui, dans les inévitables épreuves de la vie, ressentent avec angoisse un manque, un besoin d’aide et se sentent orphelins et d’autre part, Dieu, Père de tous, qui ne demande qu’à user de sa toute-puissance pour exaucer les désirs et répondre aux besoins de ses enfants.
C’est comme un vide qui appelle un « plein », et un « plein » qui réclame un vide. Cependant, les deux ne se rencontrent pas.
La liberté donnée à l’homme peut en être la cause, Dieu ne cesse cependant pas d’être Amour pour ceux qui le reconnaissent.
Écoute ce que dit Jésus :

 « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera ».

Nous sommes devant une de ces phrases riches de promesses que Jésus répète de temps à autre dans l’Évangile. A travers elles, avec des accents et sous des aspects différents, il nous enseigne comment obtenir ce dont nous avons besoin.
Seul Dieu peut parler ainsi. Ses possibilités sont illimitées. Toutes les grâces sont en son pouvoir qu’elles soient d’ordre spirituel ou matériel, de l’ordre du possible ou de l’impossible.
Mais écoute bien.
Il te suggère ‘comment’ te présenter au Père pour exprimer ta demande. « En mon nom » dit-il.
Si tu as un peu de foi, ces trois mots devraient te donner des ailes.
Vois-tu, Jésus qui a vécu parmi nous connaît les besoins infinis que nous avons et que tu as. Il en éprouve de la peine pour nous. Alors, il s’interpose dans notre prière. C’est comme s’il disait : « Va auprès du Père en mon nom et demande-lui ceci, et cela, et encore ceci.» Il sait que le Père ne peut pas lui refuser. Jésus est son fils, Jésus est Dieu.
Ne va pas en ton propre nom auprès du Père, va au nom du Christ. Connais-tu le proverbe (italien) qui dit : « Ambassadeur ne porte douleur » ? En allant auprès du Père au nom du Christ, tu agis en simple ambassadeur et les affaires se règlent entre les deux intéressés.
C’est ainsi que prient bien des chrétiens qui pourraient te témoigner de toutes les grâces qu’ils ont reçues. Elles sont la révélation quotidienne de la paternité aimante et attentive de Dieu qui veille sur eux.

« Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera ».

A ce point, tu pourrais me rétorquer : « J’ai demandé, et redemandé, au nom du Christ, mais je n’ai rien obtenu ».
C’est possible. Il y a d’autres passages de l’Évangile où Jésus nous invite à demander, et où il donne d’autres explications qui, peut-être, t’ont échappé.
Il dit, par exemple, que l’on obtient si l’on « demeure » en lui, c’est-à-dire dans sa volonté.
Or, il se peut que ta demande ne corresponde pas au plan de Dieu sur toi, et qu’il la juge inutile ou même néfaste pour ton existence sur cette terre ou pour l’autre vie.
Lui qui est un père pour toi, comment pourrait-il alors t’exaucer? II te tromperait, ce qui est impensable.
Avant de prier, mets-toi donc d’accord avec lui en lui disant : « Père, si cette prière te convient, voici ce que je désire te demander au nom de Jésus. »
Et si la grâce demandée correspond au plan que Dieu, dans son amour, a pensé pour toi, alors se réalisera la parole :

« Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera ».

Il se peut également que tu sollicites des grâces, sans avoir aucune intention de conformer ta vie à ce que Dieu demande.
En ce cas encore, te semblerait-il juste que Dieu t’exauce ? Car il ne veut pas seulement te faire un cadeau, il veut te donner la plénitude du bonheur. Et on l’obtient en s’efforçant de vivre les commandements et les paroles de Dieu. Il ne suffit pas d’y penser, ni seulement de les méditer, il faut les vivre.
Si tu agis ainsi, tu recevras tout.
En conclusion : veux-tu recevoir des grâces ?
Demande tout ce que tu veux, au nom du Christ, en cherchant d’abord sa volonté, décidé à suivre la loi de Dieu.
Dieu est très heureux de donner des grâces. Malheureusement, le plus souvent, c’est nous qui lui lions les mains.
 
Chiara Lubich

(suite…)

Février 2009

Que dis-tu de cela ?
Voilà une phrase terriblement exigeante, qui exprime quelque chose de radical, de jamais vu ! Jésus – qui a affirmé que le mariage était indissoluble et laissé comme commandement d’aimer tout le monde et donc particulièrement les parents – demande ici de mettre au second plan toutes les affections légitimes de cette terre, si elles risquent d’empêcher qu’on lui porte un amour sans réserve. Seul Dieu pouvait en demander autant.
De fait, Jésus arrache les hommes à leur façon de vivre naturelle ; il veut qu’ils soient reliés à lui avant tout, afin de former sur terre la fraternité universelle.
Pour ce faire, lorsqu’il trouve un obstacle à son projet, il « tranche » et dans l’Évangile il va jusqu’à parler de « glaive », au sens spirituel, évidemment.
Il qualifie de « morts » ceux qui n’ont pas su l’aimer plus que leur mère, leur épouse, ou leur propre vie. Tu te souviens de cet homme qui a demandé d’aller enterrer son père avant de le suivre ? C’est à lui que Jésus a répondu : « Laisse les morts enterrer leurs morts » .
Face à une attitude aussi exigeante tu as peut-être pris peur ; tu as peut-être pensé réduire cette phrase de Jésus au contexte de son époque, ou éventuellement la destiner à ceux qui ont choisi de suivre le Christ d’une manière particulière.
Eh bien, tu te trompes. Cette phrase vaut pour tous les temps, y compris le nôtre ; elle est valable pour tous les chrétiens, y compris pour toi.
 
A notre époque, tu peux avoir bien des occasions de mettre en pratique cette invitation de Jésus.
Dans ta famille, quelqu’un conteste-t-il la foi chrétienne ? Jésus veut que tu lui rendes témoignage par ta vie et « au moment opportun » par tes paroles, même au prix d’être tourné en dérision ou calomnié.
Tu attends un enfant et ton mari t’invite à interrompre la grossesse ? Obéis à Dieu et non aux hommes.
Un frère veut t’embarquer dans une association dont les objectifs ne sont pas très clairs ou mêmes répréhensibles ? Romps les liens avec ces gens-là.
Un des tiens t’incite à accepter de l’argent d’origine douteuse ? Reste honnête.
Toute ta famille veut te pousser au laxisme du monde ? Tranche, pour que le Christ ne s’éloigne pas de toi.

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »

Au sein de ta famille non croyante ta conversion a provoqué la division ? Ne t’inquiète pas. C’est un effet de l’Évangile. Offre à Dieu, pour ceux que tu aimes, le déchirement de ton cœur, mais tiens bon.
Le Christ t’a appelé pour lui appartenir d’une manière toute particulière, et le moment est venu où le don total de toi-même te demande de quitter père et mère, ou peut-être de renoncer à ta fiancée ? Va jusqu’au bout de ton choix.
Sans lutte, il n’y a pas de victoire.

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »

 «… et même à sa propre vie ».
Tu habites un pays où sévit la persécution et te montrer chrétien met ta vie en danger ? Garde courage. Parfois notre foi peut nous demander aussi cela. Dans l’Église, l’époque des martyrs n’est jamais complètement révolue.
Pour demeurer un chrétien authentique, chacun de nous devra un jour ou l’autre (…) choisir entre le Christ et une vie sans lui. Tu connaîtras cela toi aussi.
N’aie pas peur. Ne crains pas pour ta vie : mieux vaut la perdre maintenant pour Dieu plutôt que ne plus la retrouver. Car la vie éternelle est une réalité.
Ne crains pas pour les tiens. Dieu les aime. Un jour – si tu sais mettre cette affection de côté pour donner à Dieu la première place – il passera près d’eux et les appellera avec la force des paroles de son amour. Et tu les aideras à devenir avec toi de vrais disciples du Christ.

Chiara Lubich