Mouvement des Focolari

Parole de Vie Juillet 2008

As-tu jamais éprouvé une soif d’infini ? As-tu jamais eu le désir impérieux d’embrasser l’immensité ?
N’as-tu jamais été insatisfait au plus profond de toi-même de ce que tu fais, de ce que tu es ?
Si tel est le cas, tu seras heureux de trouver une formule qui te donnera la plénitude dont tu rêves, quelque chose qui ne te laissera plus le goût amer de journées à moitié vides.
Il existe une parole dans l’Évangile qui donne à réfléchir et qui, à peine comprise, fait tressaillir de joie. Elle récapitule tout ce que nous avons à faire dans la vie. Elle résume toute loi inscrite par Dieu en chaque être humain.
Écoute-la :
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes. »On appelle cette phrase la « règle d’or ».
C’est le Christ qui l’a prononcée, mais elle était déjà connue universellement. L’Ancien Testament la possédait. Elle était connue de Sénèque et, en Orient, de Confucius. Et de bien d’autres encore. Cela nous dit combien elle tient au cœur de Dieu, combien il désire que tous les hommes en fassent leur règle de vie.
Cette phrase est agréable à lire et sonne comme un slogan, une devise.
Encore une fois, écoute-la :
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes. »Aimons de cette façon chaque prochain que nous rencontrerons au cours de la journée.
Imaginons que nous sommes dans sa situation et traitons-le comme nous aimerions être traités si nous étions à sa place.
Dieu, qui demeure en nous, nous suggérera l’expression d’amour qui convient pour chaque circonstance.
A-t-il faim, ce prochain que nous rencontrons ? Nous nous dirons : c’est moi qui ai faim, et nous lui donnerons à manger.
Subit-il une injustice ? C’est moi qui la subis !
Est-il dans l’obscurité et le doute ? Je suis dans le noir avec lui. Nous lui offrons des paroles de réconfort et partagerons sa peine. Nous ne serons pas en paix tant qu’il ne verra pas clair, tant qu’il ne sera pas soulagé. C’est ainsi que nous voudrions être traités.
Est-il handicapé ? Je veux l’aimer jusqu’à éprouver son infirmité dans mon cœur et presque jusque dans mon corps. L’amour me suggérera le moyen approprié pour qu’il se découvre égal aux autres, avec même une grâce de plus car nous, chrétiens, nous savons toute la valeur de la souffrance.
Et ainsi de suite, sans faire de distinction entre personnes sympathiques et antipathiques, entre jeunes et personnes âgées, entre amis et ennemis, entre ceux qui sont de mon pays et les étrangers, entre ceux qui sont beaux et ceux qui sont laids… L’Évangile parle d’aimer tous les hommes sans distinction.
J’ai l’impression d’entendre murmurer…
Je comprends… sans doute mes paroles semblent-elles un peu naïves. Pourtant quel retournement elles demandent ! Comme elles sont éloignées de notre façon habituelle de penser et d’agir !
Courage alors ! Essayons.
Une journée vécue ainsi vaut une vie entière. Le soir nous ne nous reconnaîtrons plus nous-mêmes. Une joie nous inondera, comme jamais nous n’en avons éprouvée. Une force nous envahira. Dieu sera avec nous, parce qu’il demeure avec ceux qui aiment.
Nos journées se succéderont, bien remplies.
Parfois peut-être nous ralentirons le rythme, nous serons tentés de nous décourager, de nous arrêter, de reprendre la vie d’avant…
Pourtant non ! Gardons courage ! Dieu nous donne sa grâce.
Recommençons sans cesse. En persévérant, nous verrons le monde changer autour de nous petit à petit.
Nous nous apercevrons que l’Évangile est porteur de la vie la plus fascinante, qu’il éclaire le monde, qu’il donne saveur à notre existence, qu’il contient le principe de la solution de tous les problèmes.
Et nous ne trouverons la paix que lorsque nous communiquerons notre expérience extraordinaire à d’autres, aux amis qui peuvent nous comprendre, à nos parents, à tous ceux auxquels nous nous sentirons poussés à la donner.
Et l’espérance renaîtra.
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes ».
Chiara LUBICH

(suite…)

Parole de Vie juin 2008

Celui qui aime ne voudrait jamais être séparé de la personne aimée. Ce désir est aussi celui de Dieu, qui est Amour. Il nous a créés pour que nous puissions le rencontrer et nous n’aurons la plénitude de la joie que lorsque nous parviendrons à être intimement unis à lui qui seul peut répondre à l’attente de notre cœur. Il s’est fait chair pour demeurer parmi nous et nous introduire dans la communion avec lui.
Dans sa première épître, Jean parle de « demeurer » réciproquement l’un dans l’autre, Dieu en nous et nous en lui, faisant écho à la recommandation exprimée par Jésus au cours de la dernière Cène : « Demeurez en moi comme je demeure en vous ». Il avait souligné, par l’image de la vigne et des sarments, combien est fort et vital le lien qui nous unit à lui.
Mais comment parvenir à l’union à Dieu ? Simplement en observant ses commandements, répond Jean.

« Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

Y a-t-il beaucoup de commandements à observer pour parvenir à cette unité ?
Non, puisque Jésus les a résumés en un seul : « Voici son commandement – dit le verset qui précède immédiatement celui qui a été choisi comme Parole de Vie de ce mois – adhérer avec foi à son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres… »
Croire en Jésus et nous aimer comme lui-même nous aimés : voici l’unique précepte.
Si notre existence trouve son accomplissement lorsque Dieu demeure parmi nous, il n’y a qu’une seule manière de nous épanouir pleinement : aimer ! Jean en est tellement convaincu qu’il ne cesse de le répéter dans son épître : « Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui »  ; « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. »
La tradition raconte, à ce propos, que lorsqu’on l’interrogeait sur les enseignements du Seigneur, Jean, désormais avancé en âge, rappelait souvent les paroles du commandement nouveau. Quand on lui demandait pourquoi il ne parlait pas d’autre chose, il répondait : « Parce que c’est le commandement du Seigneur ! Si on le met en pratique, tout est là ».
Et il en est ainsi pour toute Parole de Vie : elle conduit invariablement à aimer. Il ne peut en être autrement, parce que Dieu est Amour. Chacune de ses Paroles contient l’amour, l’exprime ; et si elle est vécue, elle transforme tout en amour.

« Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

La Parole de ce mois-ci nous invite à croire en Jésus, à adhérer de tout notre être à sa Personne et à son enseignement. Croire qu’il est la manifestation de l’amour de Dieu parmi nous – comme nous l’enseigne encore Jean dans son épître – et que c’est par amour qu’il a donné sa vie pour nous . Croire même lorsqu’il nous semble lointain, lorsque nous ne percevons pas sa présence, lorsque surviennent les difficultés ou qu’arrive la souffrance…
Forts de cette foi, nous saurons vivre à son exemple, et pour obéir à son commandement, nous aimer comme il nous a aimés.
Aimer même quand l’autre nous paraît impossible à aimer, même quand nous avons l’impression que notre amour n’est pas celui qu’il faudrait, ou nous paraît donné en pure perte, sans réciprocité. En agissant ainsi, nous raviverons les relations entre nous, les rendant toujours plus sincères et profondes, et notre unité attirera la présence de Dieu entre nous.

« Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

« Nous nous aimions profondément, mon mari et moi, et nos relations étaient si faciles les premières années de notre mariage, raconte une amie japonaise. Ces derniers temps, cependant, je le sentais fatigué et stressé. Au Japon le travail est un fardeau lourd comme une montagne. Un soir, en rentrant du travail, il s’est mis à table pour le dîner. J’ai voulu m’asseoir à côté de lui, mais il m’a crié de m’en aller : “Tu n’as pas le droit de manger, parce que tu ne travailles pas !” J’ai pleuré toute la nuit, je songeais à quitter la maison, à me séparer de lui. Le lendemain une pensée lancinante : “Je me suis trompée en l’épousant, je n’arrive plus à vivre avec lui”. Dans l’après-midi j’en ai parlé aux amies avec lesquelles je partage ma vie chrétienne. Elles m’ont écoutée avec amour et cette communion m’a donné la force nécessaire pour me remettre sur pied. J’ai réussi à préparer une nouvelle fois le dîner pour mon mari. Au fur et à mesure que l’heure de son retour approchait, ma crainte augmentait : comment va-t-il réagir aujourd’hui ? Mais une voix au fond de moi me disait : “Accueille cette souffrance, tiens bon, continue à aimer”. Et lorsqu’il est apparu sur le seuil de la porte, j’ai vu qu’il m’avait apporté un gâteau. “Pardonne-moi – a-t-il dit – pour ce qui s’est passé hier”. »

Chiara LUBICH

Mai 2008

« Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »

Aujourd’hui comme au temps de Paul, Jésus Ressuscité, le Seigneur, continue à agir dans l’histoire et en particulier dans la communauté chrétienne, à travers son Esprit. Il nous permet à nous aussi de comprendre l’Évangile dans toute sa nouveauté et il l’écrit dans nos cœurs afin qu’il devienne la loi de notre vie. Nous ne sommes pas guidés par des lois imposées de l’extérieur. Ni non plus les esclaves de règlements que nous ne comprenons ni n’approuvons. Le chrétien est animé par un principe de vie intérieure – que l’Esprit a déposé en lui par le baptême – par sa voix qui redit les paroles de Jésus, les lui faisant comprendre dans toute leur beauté, expressions de vie et de joie : il les rend actuelles, il lui enseigne comment les vivre et en même temps il insuffle en lui la force pour les mettre en pratique. C’est le même Seigneur qui, grâce à l’Esprit saint, vient vivre et agir en nous, en nous faisant être Évangile vivant. Être guidés par le Seigneur, par son Esprit, par sa Parole : voilà la véritable liberté ! Elle coïncide avec la réalisation la plus profonde de notre moi.

« Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »

Cependant l’Esprit Saint ne peut agir, nous le savons bien, que s’il nous trouve dans une attitude d’entière disponibilité pour l’écouter, prêts à changer notre mentalité s’il le faut, pour adhérer ensuite totalement à sa voix. Il est si tentant de se laisser conditionner par les pressions de notre entourage social qui peuvent nous entraîner dans de mauvais choix ! Comment vivre la Parole de vie de ce mois ? Apprenons à dire un « non » ferme à la tentation de nous accommoder de comportements qui ne sont pas conformes à l’Évangile. Et répondons un « oui » convaincu à Dieu chaque fois qu’il nous appelle à vivre dans la vérité et dans l’amour. Ainsi nous découvrirons la relation entre la croix et l’Esprit, comme un lien de cause à effet. Chaque émondage, chaque dépouillement, chaque « non » à notre égoïsme est source d’une lumière nouvelle, de paix, de joie, d’amour, de liberté intérieure, de réalisation de soi ; c’est la porte ouverte à l’Esprit. En ce temps de Pentecôte, Il pourra nous partager ses dons de façon plus abondante ; il pourra nous guider ; nous serons reconnus comme de vrais fils de Dieu. Nous serons toujours plus libres du mal, toujours plus libres d’aimer.

« Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »

Cette liberté, un fonctionnaire des Nations Unies l’a trouvée au cours de son dernier poste dans un pays balkanique. Ses missions représentent un travail gratifiant, mais très prenant. Il ressent notamment la difficulté causée par ses absences prolongées loin de sa famille. Même une fois rentré chez lui, il lui faut faire un gros effort pour se couper de ses soucis de travail et se consacrer, l’esprit libre, à sa femme et ses enfants. Et voilà qu’on lui demande de déménager dans une autre ville, toujours dans la même région. Or, il est impensable d’y emmener sa famille car, malgré les accords de paix récemment signés, les hostilités continuent. Que choisir ? La carrière ou la famille ? Il en parle longuement à sa femme avec laquelle il partage depuis longtemps une profonde vie chrétienne. Après avoir demandé la lumière de l’Esprit Saint pour comprendre la volonté de Dieu, ils prennent la décision de quitter un travail très convoité. Décision vraiment singulière dans ce milieu professionnel. Il raconte lui-même : « La force de ce choix a été le fruit de notre amour réciproque. Ma femme n’a jamais reculé devant les sacrifices que ma vie lui imposait. De mon côté, j’avais cherché le bien de ma famille, au-delà des avantages économiques de la carrière et j’avais trouvé la liberté intérieure. » Chiara LUBICH

avril 2008

« En ce jour-là sera répandu sur nous l’Esprit qui vient d’en-haut. Alors le désert deviendra un verger, tandis que le verger sera pareil à une grande forêt. »  Ainsi commence le texte d’où est tirée la Parole de vie de ce mois. Le prophète Isaïe, dans la seconde moitié du VIIIe siècle av. J.-C., annonce un avenir d’espérance pour l’humanité, presque une nouvelle création, un nouveau « jardin », qu’habitent le droit et la justice, capables d’apporter paix et sécurité.
Cette nouvelle ère de paix (shalom) sera l’œuvre de l’Esprit Saint dont la force est capable de renouveler la création. Mais elle sera aussi le fruit du double respect d’un pacte : entre Dieu et son peuple ainsi qu’entre les membres du peuple lui-même. Car la communion avec Dieu comme celle dans la communauté des hommes sont indissociables.

« Le fruit de la justice sera la paix : la justice produira le calme et la sécurité pour toujours. »
Les paroles d’Isaïe invitent à s’engager sérieusement à suivre les règles du vivre-ensemble civique qui s’opposent à l’individualisme et à l’arbitraire aveugle. Elles favorisent la coexistence harmonieuse en coopérant au service du bien commun.
Vivre selon la justice et en pratiquant le droit, est-ce possible ? Oui, à la condition de reconnaître en tous des frères et des sœurs et de considérer l’humanité comme une famille, dans l’esprit de la fraternité universelle.
Considérer l’humanité dans cette optique n’est possible que si l’on reconnaît qu’il existe un Père pour tous, un Père qui a inscrit l’aspiration à la fraternité universelle dans le cœur de chacun. La première volonté d’un Père n’est-elle pas que ses enfants se comportent comme des frères et des sœurs et qu’ils s’aiment ?
C’est pour cette raison que le « Fils » du Père par excellence, le Frère universel, est venu parmi nous et nous a laissé l’amour réciproque comme règle de la vie en société. Respecter les règles du « vivre ensemble » et accomplir chacun son devoir sont une expression d’amour.
L’amour est la règle première de toute action, celle qui anime la véritable justice et porte la paix. Certes, les nations ont besoin de lois toujours plus appropriées aux nécessités de la vie sociale et internationale, mais elles ont surtout besoin d’hommes et de femmes qui se prédisposent à la charité au plus profond d’eux-mêmes. Cette disposition à la charité est justice et seulement ainsi les lois acquièrent toute leur valeur.

« Le fruit de la justice sera la paix : la justice produira le calme et la sécurité pour toujours. »
Alors, comment vivre la Parole de vie ce mois-ci ?
En nous engageant davantage à respecter l’éthique, l’honnêteté et la légalité dans nos tâches quotidiennes. En regardant les autres comme les membres de notre grande famille qui attendent de nous attention, respect, solidarité.
Si dans tes relations avec le prochain tu mets à la première place la charité mutuelle et continuelle, cette charité qui exprime ton amour envers Dieu, alors ta justice sera vraiment celle que Dieu attend de toi.

« Le fruit de la justice sera la paix : la justice produira le calme et la sécurité pour toujours. »
Un agent de police de l’Italie du sud, prêt à partager la vie des personnes les plus défavorisées de la ville, est allé habiter avec sa famille dans un quartier nouvellement formé : routes non asphaltées, pas d’éclairage public ni eau courante, pas de tout-à-l’égout, ni de services sociaux, aucun transport en commun.
Il raconte : « Nous avons cherché à connaître chaque famille et chaque habitant du quartier et à établir un dialogue pour apaiser le conflit entre les citoyens et les pouvoirs publics. Peu à peu les trois mille habitants du quartier, regroupés dans un comité, se sont mis à dialoguer de façon positive avec les institutions de la ville. Ainsi avons-nous obtenu de l’administration régionale une grosse subvention pour l’assainissement du quartier. Celui-ci est maintenant un secteur-pilote. Un autre résultat a été la création d’activités de formation pour les représentants de tous les comités de quartier de la ville. »
Chiara LUBICH

mars 2008

Voilà une parole de Jésus que tout chrétien peut, d’une certaine manière, reprendre à son compte. Mise en pratique, cette phrase peut le mener très loin dans le saint voyage  de la vie.
Assis près du puits de Jacob, en Samarie, Jésus est en train de conclure son entretien avec la Samaritaine. Les disciples reviennent de la ville voisine où ils sont allés chercher des provisions. Ils s’étonnent que le Maître parle avec une femme, mais aucun ne lui en demande la raison. Une fois qu’elle est partie, ils insistent pour qu’il vienne prendre son repas. Jésus devine leurs pensées et leur explique ce qui le pousse à agir ainsi : « Pour moi, j’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. »
Les disciples ne comprennent pas. Pensant à la nourriture matérielle, ils se demandent si, pendant leur absence, quelqu’un en aurait apporté au Maître. Jésus leur dit alors explicitement :

« Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. »

Jésus sait bien que l’on a besoin de nourriture chaque jour pour survivre. Et il parle clairement ici de nourriture, donc de nécessité naturelle, mais c’est pour affirmer l’existence et l’exigence d’une autre nourriture, plus importante encore et dont il ne peut pas se passer.
Jésus est descendu du Ciel pour faire la volonté de Celui qui l’a envoyé et accomplir son œuvre. Il n’a pas de pensées ni de projets à lui, il a ceux de son Père. Les paroles qu’il prononce, les œuvres qu’il accomplit sont celles du Père. Il ne fait pas sa propre volonté mais celle de celui qui l’a envoyé. Voilà quelle est la vie de Jésus. Réaliser cela comble sa faim. De cette manière, il se nourrit.
La pleine adhésion à la volonté du Père caractérise toute sa vie, jusqu’à la mort sur la croix, où il portera vraiment à son terme l’œuvre que le Père lui a confiée.

« Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. »

Jésus considère que sa nourriture c’est faire la volonté du Père parce que, en la réalisant, en l’ « assimilant », en la « mangeant », en s’identifiant à elle, il en reçoit la vie.
Quelle est la volonté du Père, son œuvre que Jésus doit accomplir ?
C’est de sauver l’homme, de lui donner la Vie qui ne meurt pas.
Et c’est un germe de cette Vie que Jésus a communiqué à la Samaritaine par son entretien et son amour. Très vite, les disciples vont voir cette vie germer et se répandre parce que la Samaritaine va communiquer le trésor découvert et reçu, aux autres samaritains : « Venez donc voir un homme… Ne serait-il pas le Christ ? » (Jn 4,29)
Jésus, en parlant à la Samaritaine, révèle le plan de Dieu qui est Père : que tous les hommes reçoivent le don de sa vie. Voilà l’œuvre que Jésus désire ardemment accomplir, pour la confier ensuite à ses disciples, à l’Église.

« Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. »

Nous est-il possible, à nous aussi, de vivre cette parole si caractéristique de Jésus, de façon à refléter son être, sa mission, son ardeur ?
Certainement ! Il nous faut vivre nous aussi selon ce que nous sommes, à savoir des fils du Père, devenus tels par la Vie que le Christ nous a communiquée, et de nourrir notre vie de sa volonté.
Nous le pouvons en accomplissant instant par instant ce que Dieu attend de nous ; en le faisant de façon parfaite, comme si nous n’avions rien d’autre à faire. Dieu, ne veut rien de plus.
Alors nourrissons-nous de ce que Dieu veut de nous à chaque instant. Nous constaterons qu’agir ainsi nous rassasie et nous donne la paix, la joie, le bonheur, et même, sans exagérer, un avant-goût de béatitude.
Ainsi, nous participerons nous aussi, avec Jésus, jour après jour, à l’œuvre du Père.
Y a-t-il meilleure façon de vivre Pâques ?

Chiara Lubich

Février 2008

Entouré d’une grande foule, Jésus gravit la montagne et prononce son célèbre discours. Dès les premiers mots : « Heureux les pauvres de cœur, heureux les doux… », apparaît la nouveauté de son message.
Ce sont des paroles de vie, de lumière, d’espérance que Jésus enseigne à ses disciples. Elles les guideront et, grâce à elles, leur vie acquerra tout son sens et sa saveur. Transformés par ce message, ils sont invités à transmettre aux autres les enseignements reçus et traduits en vie.

« Celui qui mettra en pratique (ces commandements) et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. »

Aujourd’hui, nous sentons combien notre société a besoin de connaître les paroles de l’Évangile et de se laisser transformer par elles. Jésus doit pouvoir répéter encore : ne vous mettez pas en colère contre vos frères ; pardonnez et l’on vous pardonnera ; dites la vérité sans avoir besoin de prêter serment ; aimez vos ennemis ; reconnaissez que vous n’avez qu’un seul Père et que vous êtes tous frères et sœurs ; tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Voilà ce que signifient quelques-unes des nombreuses paroles du « discours sur la montagne ». Il suffirait qu’elles soient vécues pour que le monde change.
Jésus nous invite à annoncer ses Paroles. Cependant, pour être crédibles, il nous demande de commencer par les mettre nous-mêmes en pratique. Pour être des témoins de l’Évangile et l’annoncer par la parole, nous avons à devenir en quelque sorte des « Évangiles vivants ».

« Celui qui mettra en pratique (ces commandements) et les enseignera, celui-là sera déclaré grand dans le Royaume des cieux. »

Quelle est la meilleure façon de vivre cette Parole ? Laissons Jésus nous l’apprendre lui-même : attirons-le à nous et parmi nous par notre amour réciproque. Il nous suggérera les mots pour approcher les autres, il nous indiquera la voie à suivre, nous aidera à trouver le chemin du cœur de nos frères, pour témoigner de lui partout, même dans les milieux hostiles et les situations compliquées.
Nous verrons alors la petite partie du monde où nous vivons se transformer, se convertir à la concorde, à la compréhension, à la paix.
L’important est que, par notre amour réciproque, nous maintenions vivante la présence de Jésus parmi nous et que nous soyons attentifs à sa voix, celle de la conscience qui nous parle toujours pourvu que nous sachions faire taire les autres voix.
C’est lui qui nous enseignera comment « observer » les moindres préceptes avec joie et en faisant preuve d’imagination : notre vie d’unité en sera améliorée sous de nombreux détails. Que l’on puisse dire de nous, comme on le disait des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment et sont prêts à mourir l’un pour l’autre » 1. Que l’Évangile soit capable d’engendrer une société nouvelle, on pourra le voir à la façon dont les relations entre nous seront renouvelées par l’amour. Qu’en voyant le renouvellement des relations entre nous on puisse alors croire que l’Évangile peut engendrer une société nouvelle.
Nous ne pouvons pas garder pour nous le don reçu : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile » 2, sommes-nous appelés à répéter avec Paul. Si nous nous laissons guider par la voix intérieure, nous découvrirons des possibilités nouvelles pour communiquer, que ce soit en parlant, en écrivant, ou en dialoguant. Que l’Évangile revienne briller, grâce à nous, dans nos maisons, dans nos villes, dans nos pays. Une nouvelle vie fleurira en nous ; la joie grandira dans nos cœurs ; le Ressuscité resplendira davantage… et il nous considérera comme « grands dans son Royaume ».
La vie de Ginetta Calliari montre cela de façon merveilleuse. Arrivée au Brésil en 1959, avec le premier groupe des Focolari, elle est choquée par les immenses inégalités du pays. Elle s’emploie à vivre l’amour réciproque, à mettre en pratique les Paroles de Jésus. Elle disait : « C’est lui qui nous ouvrira la voie ».
Peu à peu grandit avec elle une communauté qui progressivement se consolide. Elle compte aujourd’hui des centaines de milliers de personnes de toutes origines et de tous âges, venant des classes aisées ou des bidonvilles, qui se mettent au service des plus pauvres dans des actions qui ont changé le visage des bidonvilles en plusieurs cités.
C’est un petit « peuple » uni qui continue à prouver que l’Évangile est vrai. C’est la dot que Ginetta a emportée lorsqu’elle est partie pour le Ciel.

Chiara LUBICH