Mouvement des Focolari

Juillet 2007

Dans les années 50, Paul se rend en Galatie, une région située au centre de l'Asie mineure, qui correspond à la Turquie actuelle. Là, étaient nées des communautés de chrétiens qui avaient embrassé la foi avec beaucoup d'enthousiasme. À la prédication de Paul qui leur présentait Jésus crucifié et ressuscité, ils avaient reçu le baptême, revêtant ainsi le Christ et recevant la liberté des enfants de Dieu. L’apôtre lui-même reconnaît leur progression dans cette voie (cf. Ga 5,7).
Et voilà que, tout à coup, ces chrétiens se mettent à chercher ailleurs leur liberté. Paul s'étonne qu'ils aient si vite tourné le dos au Christ. Et il leur adresse une invitation pressante à retrouver cette liberté que le Christ leur avait donnée.

« Vous (…) c'est à la liberté que vous avez été appelés. »

À quelle liberté suis-je appelé ? Ne puis-je pas faire tout ce que je veux ? « Jamais personne ne nous a réduits en esclavage » disaient à Jésus ses contemporains quand il affirmait que la vérité qu'il leur apportait les rendrait libres. « Celui qui commet le péché est esclave du péché » avait répondu Jésus .
Il existe un esclavage subtil, fruit du péché, qui oppresse le cœur humain. Nous en connaissons bien les nombreuses manifestations : le repliement sur soi, l'attachement aux biens matériels, la recherche du plaisir, l'orgueil, la colère…
Nous ne sommes pas capables de nous dégager par nous-mêmes de cet esclavage. La liberté est un don de Jésus : il nous a libérés en se faisant notre serviteur et en donnant sa vie pour chacun de nous. D'où cette invitation à être cohérents avec cette liberté qu'il nous a donnée. Elle ne consiste pas tant à avoir « la possibilité de choisir entre le bien et le mal, mais à nous diriger toujours davantage vers le bien ». C'est ce que Chiara Lubich déclarait à des jeunes. « J'ai constaté que le bien libère et que le mal rend esclave. Donc pour être libre il faut aimer. Car c'est notre moi qui nous rend esclaves. Quand au contraire on est attentif aux autres, ou à la volonté de Dieu en accomplissant nos devoirs, on ne pense plus à soi, on est libéré de soi-même. »

« Vous (…) c'est à la liberté que vous avez été appelés. »

Comment vivre alors cette Parole de vie ? Après avoir rappelé que nous sommes appelés à la liberté, Paul explique qu’elle consiste à nous mettre « au service les uns des autres », « par l'amour », « car la loi tout entière trouve son accomplissement en cette seule phrase : Tu aimeras ton prochain comme toi-même » . Là est le paradoxe de l'amour : quand nous nous plaçons par amour au service des autres, et quand, renonçant à nos tendances égoïstes, nous nous oublions nous-mêmes et sommes attentifs aux besoins des autres, alors nous sommes libres. Nous sommes appelés à la liberté de l'amour : nous sommes libres d'aimer ! Oui, pour être libres, il faut aimer.

« Vous (…) c'est à la liberté que vous avez été appelés. »

L'évêque François-Xavier Nguyen Van Thuan, emprisonné pour sa foi, resta 13 années en prison. Il se sentait pourtant encore libre car il lui restait toujours la possibilité d'aimer au moins ses geôliers. « Quand je fus mis en quartier d'isolement – raconte-t-il – je fus confié à cinq gardiens : à tour de rôle, deux d'entre eux étaient toujours avec moi. Leurs chefs leur avaient dit : “Nous vous remplacerons tous les quinze jours par un autre groupe, pour que vous ne soyez pas 'contaminés' par cet évêque.” Par la suite ils ont décidé : “Nous ne vous changerons plus : autrement cet évêque contaminera tous les gardiens”.
Au début les gardes ne m'adressaient pas la parole. Ils répondaient seulement par oui et par non. C'était vraiment triste. (…) Ils évitaient de parler avec moi.
Une nuit, une pensée m'est venue : “François, tu es encore très riche, car tu as l'amour du Christ dans le cœur ; aime-les comme Jésus t'a aimé”.
Le lendemain je me suis mis à les aimer encore plus, à aimer Jésus en eux, leur souriant, leur disant des mots aimables. J'ai commencé à raconter des histoires sur mes voyages à l'étranger (…). Peu à peu nous sommes devenus amis. Ils ont voulu apprendre les langues étrangères : le français, l'anglais… Mes gardiens sont devenus mes élèves ! »

Fabio CIARDI et Gabriella FALLACARA

juin 2007

Avec ses paroles de vérité, l'Évangile nous fascine. C'est là que s'exprime Celui qui a dit : « Je suis la vérité ». Il donne accès au mystère infini de Dieu et fait connaître son projet d'amour sur l'humanité : il nous transmet la Vérité. Mais, si la Vérité a la profondeur infinie d'un mystère, comment la comprendre et la vivre pleinement ? Jésus sait que nous ne sommes pas capables d'en porter le poids. C'est pourquoi, lors de son dernier repas avec ses disciples, avant de retourner vers le Père, il promet d'envoyer son Esprit, qui pourra expliquer ses paroles et nous les faire vivre.

« Lorsque viendra l'Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière. »

Vivant du Christ, la communauté des croyants connaît la vérité. Mais, en même temps, elle chemine vers la « vérité tout entière », guidée de façon sûre par l'Esprit.
On peut lire l'histoire de l'Église comme une prise de conscience progressive et de plus en plus profonde du mystère de Jésus et de sa Parole. Pour cela, l'Esprit la conduit de multiples manières : par la contemplation et l'étude des textes bibliques qu'en font les croyants, par les charismes qu’ils reçoivent et par le discernement fidèle de l'Église.
L'Esprit parle aussi au cœur de tout croyant ; c'est là qu'il habite, faisant entendre sa « voix ». Il suggère de pardonner, de servir, de donner, d'aimer. Il enseigne ce qui est bien et ce qui est mal. Il rappelle et fait vivre les Paroles de vie que l'Évangile sème en nous de mois en mois.

« Lorsque viendra l'Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière. »

Comment vivre cette Parole de vie ? Mais, en écoutant la « voix » qui parle en nous, en restant docile à l'Esprit Saint qui nous guide, nous exhorte et nous stimule ! « Le chrétien – explique Chiara Lubich – doit cheminer sous l'impulsion de l'Esprit, afin que celui-ci puisse opérer dans son cœur avec sa puissance créatrice, le menant à la sanctification, la divinisation, la résurrection. »
Pour mieux comprendre cette « voix » et qu'elle résonne davantage, Chiara nous invite à vivre plus unis. Ainsi, nous entendrons l'Esprit présent non seulement en nous, mais aussi « entre ceux qui sont unis dans le Ressuscité ». En effet quand Jésus est au milieu de nous, l'Esprit « perfectionne l'écoute de sa voix en chacun de nous. Jésus présent entre nous amplifie alors la voix de l'Esprit en nous. Y a-t-il une meilleure manière d’aimer l’Esprit Saint, de l’honorer, de le rendre présent dans notre cœur que d’écouter sa voix qui peut éclairer chaque instant de notre vie (…) ? Et l’écoute de cette voix, nous l’avons si souvent constaté, conduit à la perfection : les défauts disparaissent peu à peu et nous devenons meilleurs. »

« Lorsque viendra l'Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière. »

Cette Parole de vie, lue le dimanche de la Sainte Trinité, nous invite à invoquer l'Esprit Saint : « O Esprit Saint, nous ne te demandons rien d'autre que Dieu pour Dieu. (…) Donne-nous de vivre ce temps qui nous reste (…) seulement et toujours, à chaque instant, en fonction de toi seul, que seul nous voulons aimer et servir.
Dieu ! Dieu, pur esprit, notre humanité peut te servir de coupe, pour être emplie de toi…
Dieu doit transparaître de notre être, de notre cœur, de notre visage, de nos paroles, de nos actes, de notre silence, de notre vie, de notre mort, de notre apparence, une fois que nous aurons quitté cette terre, où nous pouvons et devons laisser un sillage lumineux de sa présence parmi nous. Au milieu des ruines et des décombres du monde, monde vivant ou monde mourant, dans la louange ou la vanité de toutes choses, cette présence lumineuse doit faire place au Seul, au Tout, à l'Amour »
Fabio CIARDI et Gabriella FALLACARA

La Parole de Vie est extraite des textes du dimanche 3 juin 2007.
Le mois prochain : « Vous (…) c’est à la liberté que vous avez été appelés. » (Ga 5, 13)

(suite…)

Parole de vie d'avril 2007

Le jour de la fête de la Pâque, Jésus partage son dernier repas avec ses disciples. Après avoir rompu le pain et fait circuler la coupe de vin, il leur donne son dernier enseignement : dans sa communauté le plus grand prendra la place du plus jeune et celui qui commande la place de celui qui sert.
D'après le récit de Jean, Jésus accomplit aussi un geste significatif pour indiquer les rapports nouveaux qu'il est venu instaurer parmi ses disciples : il leur lave les pieds, ce qui contredit toute logique de supériorité et d'autorité (rappelons-nous que, lors de ce dernier repas, les apôtres se demandaient lequel d'entre eux pouvait être considéré comme le « plus grand »).

« Moi, je suis parmi vous comme celui qui sert »

« Aimer signifie servir. Jésus nous en a donné l'exemple » nous rappelle Chiara Lubich . Or l’image du mot « servir » n’est pas toujours valorisante. Ne considérons-nous pas comme inférieurs ceux qui servent ? D’autre part, nous désirons tous être servis. Nous l'exigeons des institutions publiques (les personnes qui détiennent les plus grandes charges ne s'appellent-elles pas des « ministres » ?), des services sociaux (désignés justement comme des « services »). Nous sommes reconnaissants au vendeur de bien nous servir, à l'employé de s'occuper rapidement de notre affaire, au médecin et à l'infirmière de prendre soin de nous avec compétence et attention…
Si nous attendons cela des autres, les autres en attendent peut-être autant de nous.
La parole de Jésus nous fait comprendre que, comme chrétiens, nous avons une dette d'amour envers tous. Devant chaque personne avec laquelle nous vivons ou que nous rencontrons au travail, nous devrions pouvoir dire, comme le Christ et avec lui :

« Moi, je suis parmi vous comme celui qui sert »

Chiara Lubich nous rappelle encore que le christianisme consiste à « servir, servir tous les êtres humains, voir en tous des supérieurs. Si nous, nous sommes les serviteurs, les autres sont les patrons.
Servir, servir. Nous efforcer d’être les premiers dont parle l’Évangile, oui bien sûr ! mais en nous mettant au service de tous. Le christianisme est une chose sérieuse, non pas un vernis superficiel, du genre : une pincée de compassion, un brin d’amour et une petite monnaie pour les pauvres. Pas du tout. Car il est facile de faire l’aumône pour avoir la conscience tranquille puis d’exercer son autorité en dominant et même en opprimant les autres. »
Mais comment servir ? Dans ce discours, Chiara utilise deux simples mots « vivre l'autre ». Cela veut dire « comprendre l'autre du dedans, dans ses sentiments, porter ce qui lui pèse ». Elle prenait l'exemple des enfants : « Les enfants veulent que je joue avec eux : eh bien jouons ! ». Quelqu’un à la maison voudrait regarder la télévision ou a envie de faire une promenade ? Je pourrais me dire que c'est une perte de temps. « Non, ce n'est pas perdre son temps, c'est de l'amour, c'est du temps gagné, car il faut “se faire un” par amour ». « Mais, dois-je vraiment apporter sa veste à Untel qui doit sortir ? Dois-je vraiment servir à table » ? Oui, car « le service que Jésus demande n'est pas un service théorique, un sentiment de service. Jésus parlait d'un service concret, qui requiert l'usage de nos muscles, de nos jambes et de notre tête ; il faut vraiment servir ».

« Moi, je suis parmi vous comme celui qui sert »

Comment vivre cette Parole de vie ? Nous le savons maintenant : en prêtant attention à l'autre et en répondant promptement à ses exigences, en l'aimant dans les faits. Il s'agira parfois d'améliorer notre propre travail, de l'accomplir avec toujours davantage de compétence et de perfection, car ainsi on sert la communauté. Dans d'autres circonstances nous répondrons à des demandes d'aide particulières, venues de loin ou de près, pour soulager des personnes âgées, ou au chômage, ou handicapées, ou encore des personnes seules. À des demandes qui nous parviennent de pays lointains de la part de personnes victimes de catastrophes naturelles, ou à des demandes de parrainages, de soutien de projets humanitaires. Ceux qui détiennent l'autorité éviteront tout comportement de domination, se rappelant que nous sommes tous des frères et des sœurs.
En agissant toujours avec amour, nous découvrirons, comme le dit un ancien dicton chrétien, que « servir c'est régner ».

Fabio Ciardi et Gabriella Fallacara

Mars 2007

Cette Parole de vie est extraite d’un texte qui chante l’intervention de Dieu qui a libéré son peuple de l’exil à Babylone. Tout au long de son histoire, Dieu ne cesse d’intervenir chaque fois que le peuple est abattu, découragé et tenté par le mal. Chacun de nous peut se retrouver, lui aussi, dans cette image contrastée : d’une part l’incertitude, voire l’anxiété, du semeur concernant le grain qu’il a semé (la saison sera-t-elle bonne ? Le blé lèvera-t-il ?), mais aussi d’autre part la joie de la moisson attendue.

« Qui a semé dans les larmes moissonne dans la joie ! »

Quand nous pensons à notre vie, écrit Chiara Lubich, nous l’imaginons souvent dans l’harmonie « d’une série de journées se déroulant dans la paix et l’ordre, avec le travail bien accompli, les études, le repos, les moments en famille, les rencontres, le sport, les loisirs. […] Le cœur humain espère toujours qu’il en sera ainsi, et jamais autrement. Mais, notre “saint voyage” peut ensuite se révéler différent lorsque Dieu en a décidé ainsi. Il veut ou permet l’introduction dans notre projet d’autres éléments pour donner à notre existence son vrai sens et la conduire au but pour lequel elle a été créée. […] Mais pourquoi cela ? Dieu voudrait-il la mort ? Non, au contraire, Dieu aime la vie, et une vie pleine, tellement féconde que jamais – malgré notre désir de perfection, d’harmonie et de paix – nous n’aurions pu l’imaginer. »1
L’image suggérée par la Parole de Vie arrive à propos : le semeur jette un grain destiné à mourir, signe de nos fatigues et de notre souffrance, puis le moissonneur recueille le fruit de l’épi qui a jailli de cette mort : « Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance. »2
« Dieu veut que, pendant notre vie, nous connaissions une certaine mort – ou même plusieurs – mais cela pour porter du fruit en accomplissant des actions dignes de lui et non de nous-mêmes, simples mortels. Le véritable sens de notre existence, c’est cela : une vie riche, pleine, surabondante, une vie qui soit un reflet de la sienne. »3

« Qui a semé dans les larmes moissonne dans la joie ! »

Comment vivre cette Parole de vie ? Nous guidant dans la façon de vivre la parole, Chiara précise : « Valorisons les souffrances, petites ou grandes, mettons-les à leur vraie place. Reconnaissons que les efforts, les sacrifices pour aimer notre prochain ont toute leur valeur : cela nous est demandé expressément. »4 Cette souffrance engendre la vie !
Et cela sans jamais capituler, même quand nous ne voyons pas le résultat, sachant que parfois « l’un sème et l’autre moissonne ».5 Quel sera l’avenir des enfants que nous cherchons à éduquer le mieux possible ? Qui verra les fruits de mon engagement politique ou social ? Ne nous lassons jamais de faire le bien6, les fruits viendront de toute façon, peut-être beaucoup plus tard… peut-être différents, mais il y en aura.
Une espérance, une certitude sont devant nous, une destination sûre au bout du chemin de la vie. Les difficultés, les épreuves, les contrariétés qui parfois nous oppressent, sont le passage obligé qui nous ouvre au bonheur et à la joie. « Et alors, avançons ! Regardons au-delà de chaque douleur. Ne nous arrêtons pas à cette épreuve. Croyons à la moisson qui viendra. »7

« Qui a semé dans les larmes moissonne dans la joie ! »

Patricia, 22 ans, est assistante de direction. « Dès le début, confie-t-elle, j’ai cherché à améliorer mon travail et la qualité des relations avec mes collègues, pour que chacun se sente valorisé et épanoui. » Mais souvent, elle doit aller à contre-courant pour rester fidèle jusqu’au bout à son idéal. Elle raconte : « Une personne importante de mon milieu de travail, qui jouissait de certains privilèges, avait un comportement nettement malhonnête. Je devais le lui dire. » Pour avoir exprimé ses convictions, Patricia perd son emploi. « J’ai souffert terriblement, mais dans le même temps, j’étais dans la paix, parce que j’avais agi de façon juste. » Elle ne désespère pas, forte de sa conviction d’avoir un Père à qui tout est possible et qui l’aime au-delà de toute mesure. Dans la situation que traverse son pays, le Paraguay, il lui semble impossible de trouver du travail. Et pourtant, le soir même, il lui arrive deux offres d’emploi. Son nouveau poste, mieux adapté à sa formation, lui convient mieux que le précédent.

Fabio CIARDI et Gabriella FALLACARA

1 Conversation de Chiara Lubich du 25 février 1988, inédite en français.
2 Jn 12,24.
3 Conversation du 25 février 1988, cit.
4 Conversation de Chiara Lubich du 23 juin 1988, inédite en français.
5 Jn 4,37.
6 Cf. Gal 6,9.
7 Conversation du 25 février 1988, cit.

(suite…)

Février 2007

Y a-t-il une manière plus intelligente de vivre que de placer notre propre vie dans les mains de Celui qui nous l’a donnée ? Il est Amour et veut notre bien. Ne pouvons-nous donc pas nous fier à Lui aveuglément ?
En proclamant cette « bénédiction » le prophète Jérémie utilise une image chère à la tradition biblique, celle d’un arbre planté au bord d'un ruisseau. Il ne craint pas la saison chaude, ses racines sont bien alimentées, son feuillage reste vert et il porte du fruit en abondance.
Tandis que celui qui place son espérance en dehors de Dieu – par exemple dans le pouvoir, la richesse, les amitiés influentes – est comparé à un arbuste planté en terre aride, rabougri, qui a du mal à grandir et ne porte pas de fruit.

« Béni, l'homme qui compte sur le Seigneur »

C’est dans les situations désespérées que nous pensons à nous tourner vers le Seigneur : maladie incurable, insolvabilité, danger de mort… Il ne peut en être autrement puisque l’impossible aux hommes est possible à Dieu. Mais si Dieu peut tout, pourquoi ne pas avoir recours à Lui à chaque instant de notre vie ?
C’est à une communion constante avec le Seigneur, bien au-delà des situations de crise, que nous invite la Parole de vie de ce mois, car nous avons toujours besoin de l’aide de Dieu. Et il est donc béni, c’est-à-dire qu’il a trouvé la joie et la plénitude de vie, celui qui maintient un rapport de confiance jaillissant de la foi en son amour.
Lui, le Dieu proche, plus intime à nous que nous-mêmes, chemine avec nous. Il connaît les moindres battements de notre cœur. Nous pouvons tout partager avec Lui : joies, douleurs, préoccupations, projets… Il ne nous laisse pas seuls, même dans les moments les plus durs. Ayons donc pleinement confiance en Lui. Il ne nous décevra jamais.

« Béni, l'homme qui compte sur le Seigneur »

Et si, pour exprimer cette confiance, nous pensions à « travailler à deux », comme nous y invite Chiara Lubich ?
Nous portons parfois le souci de situations ou de personnes pour qui nous ne pouvons rien faire directement. Notre inquiétude à leur sujet nous empêche de bien accomplir ce que Dieu désire de nous dans le moment présent. Nous voudrions par exemple nous trouver auprès de cette personne qui nous est chère et qui souffre dans l’épreuve. Ou bien, nous ne voyons pas comment résoudre telle situation inextricable, venir en aide aux populations en guerre, aux réfugiés, aux affamés…
Nous nous sentons impuissants… Voici le moment de faire confiance au Seigneur, dans une attitude qui peut parfois aller jusqu’à l’héroïsme. Chiara nous indique plusieurs exemples : « Je ne peux rien faire pour ce cas.  Eh bien je ferai ce que  Dieu désire de moi en cet instant : étudier le mieux possible, balayer ma chambre, prier, bien m’occuper de mes enfants… C’est Dieu qui veillera à démêler cette affaire, à réconforter celui qui souffre, à trouver une solution à l’imprévu. »
Chiara conclut : « Ce travail à deux, réalisé en parfaite communion, nous demande une grande foi dans l'amour de Dieu pour ses enfants, et permet à Dieu d’avoir confiance en nous pour nos actions.
Une telle confiance réciproque fait des miracles. Là où nous ne pouvons agir, un Autre agit véritablement, qui fait immensément mieux que nous.
L’acte héroïque de confiance sera récompensé. Notre vie, limitée à un seul domaine, acquerra une nouvelle dimension. Nous serons au contact de l'Infini. Il nous semblera plus évident, pour l’avoir touché du doigt, que nous sommes vraiment les enfants d’un Père qui peut tout. » 

« Béni, l'homme qui compte sur le Seigneur »

Écoutons Rina, contrainte par l’âge à rester toujours à la maison. Le téléphone sonne. Au bout du fil, une vieille dame à qui elle envoie la parole de vie depuis longtemps. Son frère est mourant et elle est anxieuse et agitée. En période de vacances, où trouver quelqu’un pour les aider, d’autant que son frère vit en clochard… « Je sens la douleur de mon amie, et je me sens aussi impuissante qu’elle. Que puis-je faire, moi, si loin, immobilisée dans mon fauteuil ? Mes paroles de réconfort ont du mal à venir. Je me sens incapable même de cela. Je peux tout au plus lui affirmer que je pense à elle. Et surtout que je prie.
Le soir, au retour des personnes avec qui j’habite, nous confions ensemble cette situation à Dieu à qui nous remettons nos peurs et nos incertitudes. La nuit, je me réveille et ce clochard seul en train de mourir me revient à l’esprit. Je me rendors et, à chaque réveil, je me tourne vers le Père : “C'est ton enfant, tu ne peux l'abandonner. Occupe-toi de lui.” Quelques jours plus tard mon amie m’appelle et me dit que ce jour-là, après notre conversation téléphonique, elle s’était sentie pacifiée. “Sais-tu que nous avons pu l'emmener à l'hôpital ? Il a été pris en charge et soulagé de ses douleurs. Il s'est éteint sereinement, après avoir reçu l'Eucharistie. Il était prêt, la souffrance l’avait purifié.” Dans mon cœur une impression de gratitude, et de plus grande confiance dans le Seigneur. »

Préparée par P. Fabio Ciardi et Gabriella Fallacara

Sujet de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens – Janvier 2007

« Il a bien fait toutes choses ; il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 37).

Umlazi : l’un des nombreux faubourgs des grandes villes d’Afrique du Sud surgi dans les années 50 pour la population de couleur. 750 000 personnes y habitent. On y manque d’écoles, d’hôpitaux, de logements décents, même d’un terrain de foot. Le chômage dépasse les 40 %. La pauvreté engendre abus et violence et le sida frappe une grande partie de la population. Beaucoup se sentent isolés et ont peur de parler de leurs souffrances, de toutes leurs inquiétudes.
Les responsables des différentes communautés chrétiennes d’Umlazi décident de « rompre le silence » et d’établir avec chacun un dialogue d’écoute et de communion de vie pour porter ensemble leurs difficultés. Ils commencent avec les jeunes et créent avec eux des rapports de plus en plus profonds.
Forts de cette expérience, les chrétiens d’Umlazi ont proposé, pour la « Semaine de prière pour l’unité des chrétiens », que l’on mette en pratique ce mois-ci, en de nombreux endroits du monde, le passage de l’Évangile de Marc d’où est tirée cette Parole de vie.
La recherche de l’unité entre chrétiens, tout comme la réponse chrétienne à la souffrance humaine, sont deux intentions présentes dans cette semaine pour l’unité, l’indique le guide à la « Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2007 ».
***
Tandis que Jésus est en voyage, on lui amène un sourd-muet qu’il guérit en prononçant la parole « Ephphata », ce qui signifie « Ouvre-toi ». Voyant cela, les gens, émerveillés, expriment leur joie en s’exclamant :

« Il a bien fait toutes choses ; il fait entendre les sourds et parler les muets. »

Si les miracles de Jésus sont l’expression de son amour pour tous ceux qu’il rencontre ils préfigurent aussi le monde nouveau qu’il est venu instaurer. La guérison du sourd-muet est le signe que Jésus est venu pour nous donner une nouvelle capacité d’entendre et de parler.
« Ephphata » : c’est aussi la parole qui a été prononcée sur nous, au moment de notre baptême.
« Ephphata » : Il nous ouvre ainsi à l’écoute de la Parole de Dieu, pour que nous la laissions pénétrer en nous.
« Ephphata » est son invitation à écouter tous ceux en qui il s’est identifié (toute personne, surtout les plus petits, les pauvres, les nécessiteux), et à instaurer avec tous un dialogue d’amour allant jusqu’à partager notre propre expérience évangélique.
Reconnaissants envers Jésus pour sa présence agissante en nous, nous proclamons, comme la foule à son époque :

« Il a bien fait toutes choses ; il fait entendre les sourds et parler les muets. »

Comment vivre cette Parole de vie ?
En brisant notre « surdité » et en faisant taire les rumeurs qui, en nous et autour de nous, nous empêchent d’écouter la voix de Dieu, de notre conscience, de nos frères et sœurs.
De toute part nous parviennent, souvent de manière tacite, des demandes d’aide : un enfant qui réclame notre attention, un couple d’époux en difficultés, un malade, une personne âgée, un prisonnier qui a besoin d’assistance. Nous entendons le cri des citadins pour une ville plus vivable, des travailleurs pour une plus grande justice, des peuples entiers dont on nie l’existence… Souvent, nous nous laissons distraire et attirer par d’autres choses, et l’oreille de notre cœur n’est pas attentive à ceux qui nous entourent. Parfois même, repliés sur nous-mêmes, nous préférons faire semblant de ne rien entendre.
La Parole de vie nous demande « d’écouter » pour porter avec les autres leurs soucis et leurs difficultés, aussi bien que leurs joies et leurs attentes, dans une solidarité retrouvée. Elle nous invite à ne pas rester « muets », mais à trouver le courage de parler : pour partager nos expériences et nos convictions les plus profondes ; pour intervenir en faveur de ceux qui sont sans voix ; pour faire œuvre de réconciliation ; pour proposer des idées, des solutions, des stratégies nouvelles…
Et si l’impression de ne pas être à la hauteur des situations nous donne un sentiment d’infériorité, une certitude nous soutiendra : Jésus nous a ouvert les oreilles et la bouche :

« Il a bien fait toutes choses ; il fait entendre les sourds et parler les muets. »

Voici l’expérience de Lucy Shara en Afrique du Sud. Ayant déménagé avec sa famille à Durban, elle s’était trouvée confrontée à la vie d’une grande ville en même temps qu’à un nouveau travail, un poste de responsabilité, rarement confié à une femme africaine dans les années de l’apartheid.
Elle se rend compte un jour que de nombreux ouvriers sont touchés par une forme d’asthme aigu, causé par les mauvaises conditions de vie sur leur lieu de travail. Beaucoup d’entre eux disparaissaient subitement ou s’absentaient pour de longs mois. Elle en parle avec le sous-directeur en proposant une solution : installer des appareils efficaces pour assainir l’atmosphère. Cela représente une grosse dépense et l’entreprise refuse.
Lucy, qui cherche depuis un certain temps à vivre la Parole de vie, trouve en celle-ci force et lumière. Elle sent brûler en elle comme un feu qui lui donne le courage de garder son calme pendant les négociations et d’écouter sincèrement la position de la direction. « À un moment donné – raconte-t-elle – les mots justes me sont venus pour défendre les « sans voix ». J’ai pu faire comprendre que le coût d’une telle opération serait amorti par les meilleures conditions de santé des ouvriers, qui n’auraient plus à s’absenter pour maladie ». Ses paroles convainquent la direction. L’épurateur d’air installé fait baisser l’asthme de 12 à 2 % et reculer d’autant l’absentéisme. La direction la remercie et lui verse même une prime importante. Quant aux ouvriers, leur joie est grande et l’on respire désormais dans l’entreprise une nouvelle « atmosphère », dans tous les sens du terme.
Chiara LUBICH