Déc 31, 2004 | Non classifié(e), Parole di vie
En l’an 50, Corinthe est une grande ville de Grèce, réputée pour son activité maritime et animée par de multiples courants de pensée. Pendant 18 mois, Paul y annonce l’Evangile. Il fonde une communauté chrétienne florissante, œuvre poursuivie ensuite par d’autres. Mais ceci entraîne la formation de clans, certains nouveaux chrétiens s’attachant plus aux personnes qui apportaient le message du Christ qu’au Christ lui-même. Selon l’apôtre que les uns ou les autres préféraient, on entendait dire : « Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollos, moi à Pierre… »
Devant ces divisions qui troublent la communauté, Paul affirme avec force que si les constructeurs de l’Eglise – qu’il compare à un édifice, à un temple – peuvent être nombreux, celle-ci n’a qu’un fondement, une pierre vivante : le Christ Jésus.
En ce mois surtout, durant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, les Eglises et communautés ecclésiales rappellent ensemble que le Christ est leur unique fondement. C’est en adhérant à lui, en vivant son unique Evangile, qu’elles peuvent parvenir à l’unité pleine et visible entre elles.
« Christ, unique fondement de l’Eglise. »
Fonder notre vie sur le Christ signifie être une seule réalité avec lui, penser comme il pense, vouloir ce qu’il veut, vivre comme il a vécu.
Mais comment nous enraciner en lui ? Comment devenir un avec lui ?
En mettant l’Evangile en pratique. En le vivant.
Jésus est le Verbe, la Parole de Dieu incarnée. S’il est parole de Dieu incarnée, nous ne serons véritablement chrétiens qu’en conformant notre vie à la Parole de Dieu.
Si nous vivons ses paroles, ou même si ses paroles vivent à travers nous jusqu’à nous transformer en « paroles vivantes », nous sommes un avec Jésus. Alors ce n’est plus nous qui vivons, mais la Parole en nous tous. Nous pouvons alors penser qu’en vivant ainsi, nous apportons notre contribution pour que l’unité entre les chrétiens devienne une réalité.
La Parole de Dieu est pour l’âme ce qu’est la respiration pour le corps.
Un des premiers fruits est la naissance de Jésus en nous et au milieu de nous. Elle provoque un changement de mentalité. On trouve alors les sentiments mêmes du Christ dans le cœur de tous – qu’ils soient européens, africains, asiatiques, australiens, ou américains – face aux circonstances, aux personnes, à la société.
Cette expérience, un de mes premiers compagnons, Giulio Marchesi, l’a faite. Ingénieur, puis directeur d’une grande entreprise à Rome, il parvint à la constatation décourageante que le bonheur en ce monde serait toujours mis en échec par l’égoïsme.
Mais lorsqu’il rencontra des personnes vivant sans concession la parole de vie, il se mit, lui aussi, à vivre l’Evangile. Il écrivit alors : « J’expérimentai le caractère universel des Paroles de Vie. Elles déclenchaient en moi une véritable révolution et changeaient tous mes rapports avec Dieu et avec le prochain. Dans tous ceux qui m’entouraient, je me mis à voir des frères et des sœurs. J’avais l’impression de les avoir toujours connus. J’ai aussi ressenti l’amour de Dieu pour moi : il suffisait de le prier. Vraiment, la Parole de Dieu m’a rendu libre ! ».
Et il est resté ainsi, même en vivant les dernières années de sa vie dans un fauteuil roulant.
Oui, la Parole vécue nous rend libres des conditionnements humains, elle nous insuffle joie, paix, simplicité, plénitude de vie, lumière ; en nous faisant adhérer au Christ, elle nous transforme peu à peu en d’autres Lui.
« Christ, unique fondement de l’Eglise. »
Pour Jésus, une Parole, celle de l’amour, résume toutes les autres, car elle est « toute la Loi et les Prophètes » : aimer Dieu et le prochain.
Bien qu’exprimée en termes humains et différents, toute Parole est Parole de Dieu ; et comme Dieu est Amour, toute Parole est charité.
Comment vivre alors ce mois-ci ? Comment nous rapprocher étroitement du Christ, « unique fondement de l’Eglise » ? En aimant comme il nous l’a enseigné.
« Aime et fais ce que tu veux », a dit saint Augustin, en résumant pratiquement la norme de vie évangélique. Car en aimant, non seulement tu ne pourras pas te tromper, mais tu accompliras pleinement la volonté de Dieu.
Chiara Lubich
(suite…)
Nov 30, 2004 | Non classifié(e), Parole di vie
Noël approche. Le Seigneur va venir. Préparons sa route, la liturgie nous y invite. Entré dans l’histoire il y a 2000 ans, Jésus souhaite pénétrer dans notre vie, mais en nous que d’obstacles ! Tant d’aspérités à aplanir, de blocs à écarter… En réalité quels sont-ils ces obstacles qui peuvent empêcher Jésus d’entrer en nous ?
Tout simplement nos désirs non conformes à la volonté de Dieu, tous les attachements qui nous alourdissent. Quelques exemples ? Parler ou se taire lorsque le moment ne s’y prête pas ; vouloir s’affirmer ou rechercher estime ou affection ; désirer posséder ceci ou cela, la santé, la vie… à un moment où cela n’est pas dans le plan de Dieu sur nous ; ou encore les mauvaises intentions, telles que le jugement, la révolte, ou la vengeance…
Ces désirs qui surgissent en nous peuvent nous submerger. Repoussons-les avec fermeté, écartons les obstacles, remettons-nous dans la volonté de Dieu. C’est cela préparer la voie au Seigneur.
« Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. »
Cette Parole, Paul l’adresse aux chrétiens de sa communauté, afin qu’après avoir expérimenté le pardon de Dieu, ils soient capables de pardonner à leur tour à ceux qui ont commis des injustices à leur égard. Paul les sait capables de dépasser les limites de l’amour humain pour aller jusqu’à donner leur vie pour leurs ennemis. Renouvelés par Jésus et la vie de l’Évangile, ils trouveront la force d’aller au-delà des raisonnements ou des torts subis et de tendre à l’unité avec tous.
Comme l’amour bat au fond du cœur de chaque être humain, chacun peut vivre cette parole.
La sagesse africaine s’exprime ainsi : « Fais comme le palmier : on lui lance des cailloux, ce sont des dattes qui tombent ».
Comprenons bien cependant tout ce qu’exige cette Parole de Paul : il ne suffit pas de ne pas répondre à une offense… Il nous est demandé plus encore : de faire du bien à celui qui nous fait du mal, comme le rappellent les apôtres. « Ne rendez pas le mal pour le mal, ou l’insulte pour l’insulte ; au contraire, bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction » . « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien ».
« Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. »
Comment vivre cette Parole ?
Nous pouvons tous trouver dans notre famille, ou parmi nos collègues, nos camarades d’étude, nos amis, des personnes qui nous ont fait du tort, du mal, ont été injustes envers nous… Même si la pensée de la vengeance ne nous effleure pas, un sentiment de rancœur, d’hostilité ou d’amertume peut subsister en nous. Même une simple indifférence qui nous empêche d’établir avec nos frères un authentique rapport de communion.
Alors, que faire ? Levons-nous le matin avec au cœur une « amnistie » complète, remplis d’un amour qui recouvre tout, qui sait accueillir l’autre tel qu’il est, avec ses limites, ses difficultés, tout comme le ferait une mère avec son propre fils qui est dans l’erreur ; elle l’excuse, elle lui pardonne, elle ne cesse d’espérer en lui…
Abordons chacun avec des yeux neufs, comme s’il n’avait jamais eu ces défauts que nous lui connaissons.
Et recommençons cela à chaque fois, sachant que Dieu, lui, non seulement pardonne, mais oublie. C’est aussi la mesure qu’il nous demande.
Cela s’est passé pour un de nos amis d’un pays en guerre qui a vu massacrer parents, frères et de nombreux amis. La douleur le précipite dans la révolte et il en vient à souhaiter aux auteurs de cette tuerie un châtiment terrible, à la hauteur de leurs crimes.
Les paroles de Jésus sur la nécessité du pardon lui reviennent pourtant sans cesse à l’esprit, mais elles lui semblent impossibles à vivre. « Comment pourrais-je aimer mes ennemis ? » se demande-t-il. Il lui faut des mois et des mois de prière avant de commencer à retrouver un peu de paix.
Mais un an plus tard, il apprend que les assassins, connus de tous, circulent librement dans le pays. Une rancune tenace s’empare à nouveau de lui. Il commence à se demander comment il se comportera si jamais il rencontre ces « ennemis » sur sa route. Il implore Dieu de lui redonner son calme, de le rendre à nouveau capable de pardonner.
« Aidé par l’exemple des frères cherchant à vivre avec lui l’Évangile, raconte-t-il, je comprends que Dieu me demande de ne pas m’abandonner à ces tentations, mais plutôt d’être attentif à aimer ceux qui m’entourent, les collègues, les amis… Dans l’amour concret que je vis pour eux, peu à peu, je trouve la force de pardonner jusqu’au bout à ceux qui ont tué ma famille. Aujourd’hui mon cœur est en paix. »
Chiara LUBICH
Nov 1, 2004 | Non classifié(e), Parole di vie
Quelles sont ces « œuvres de ténèbres » ? Il s’agit, selon Paul, de toutes sortes de fautes allant de l’ivresse, l’impureté, les disputes, la jalousie, jusqu’à l’oubli de Dieu, la trahison, l’homicide, l’orgueil, le mépris de l’autre et encore le matérialisme, l’esprit de consommation, l’hédonisme et la vanité.
Suivre n’importe quel programme de télévision, naviguer sur internet sans discernement, lire certains journaux, regarder certains films ou nous laisser aller à porter certaines tenues, tout cela nous fait aussi participer à l’œuvre des ténèbres.
A notre baptême, nous avons accepté, par la bouche de nos parrain et marraine, de mourir au péché avec le Christ, lorsque par trois fois nous avons déclaré rejeter le démon et ses séductions. Aujourd'hui on n’aime pas parler du démon, on préfère l’oublier et dire qu’il n’existe pas ; pourtant il est bien là et il continue à fomenter guerres, massacres et violences de tous genres.
« Rejeter » est une action violente qui coûte, exige cohérence, décision et courage ; mais elle est nécessaire si nous voulons vivre dans le monde de la lumière.
En effet, la parole de vie continue ainsi :
« … et revêtons les armes de la lumière ».
Car il ne suffit pas de renoncer, de se « dépouiller » du mal, il faut « revêtir les armes de la lumière », c'est à dire, comme l’explique Paul plus loin, « revêtir le Seigneur Jésus Christ », en le laissant, lui, vivre en nous. L’apôtre Pierre lui aussi, nous invite à “nous armer” des mêmes sentiments que Jésus4.
Voilà des images fortes, car nous savons qu’il n’est pas facile de laisser vivre le Christ, c’est-à-dire de refléter en nous ses sentiments, sa manière de penser, d’agir ; cela revient à aimer comme lui nous a aimés, et l’amour est exigeant, il demande une lutte continuelle contre l’égoïsme qui est en nous.
Mais il n’y a pas d’autre chemin pour parvenir à la lumière, comme le rappelle clairement la première lettre de Jean : « Qui aime son frère demeure dans la lumière, et il n’y a rien en lui pour le faire trébucher. Mais qui hait son frère se trouve dans les ténèbres ; il marche dans les ténèbres et il ne sait pas où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux » (2, 10-11).
« Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière »
Cette Parole de vie nous invite à la conversion, à passer continuellement du monde des ténèbres à celui de la lumière. Redisons alors notre non à Satan et à toutes ses illusions, et redéclarons notre oui à Dieu, tel que nous l’avons prononcé le jour de notre baptême.
Nous n’aurons pas à accomplir de grandes actions. Il suffit juste que chacun de nos actes soit inspiré et animé par un amour véritable.
Nous contribuerons ainsi à diffuser autour de nous une culture de la lumière, du positif, des béatitudes. Nous construirons le Paradis dès cette terre pour le posséder éternellement au Ciel. Car le Paradis est une réalité, Jésus nous l’a promis. C’est comme une maison que l’on construit ici pour l’habiter là-bas. On y trouvera la joie pleine, l’harmonie, le bonheur sans fin, car le Paradis est l’amour.
Un témoignage ? Voici l’expérience vécue par Mary au Pérou . Mère de trois petites filles en bas âge, en découvrant la Parole de vie elle rencontre Dieu, elle trouve la lumière ; elle se sent totalement retournée et sa vie connaît une changement radical.
Peu de temps après on diagnostique chez elle une maladie grave. Quand on l’hospitalise elle découvre qu’il ne lui reste guère plus d’un mois à vivre. La nouvelle confiance en Jésus dont elle vient de faire l’expérience lui donne la force de faire une prière : elle demande à Dieu de lui donner encore cinq années pour consolider sa conversion et pouvoir transformer la vie autour d’elle.
Sa santé s’améliore alors d’une façon que les médecins ne parviennent pas à expliquer et Mary sort de l’hôpital. Elle rentre chez elle, se prépare au mariage avec son compagnon, qu’ils célèbrent à l’église, et demande le baptême pour ses filles.
Cinq ans plus tard, la maladie refait brusquement son apparition et, en l’espace de deux semaines, elle conclut sa vie terrestre.
Avant de mourir, elle réussit à mettre en place tout ce qui concerne ses enfants et à transmettre son espérance à son époux : « Maintenant je vais vers le Père qui m’attend. Tout a été merveilleux, il m’a donné les cinq plus belles années de ma vie, depuis que je l’ai connu à travers sa Parole qui donne la Vie ! »
Chiara LUBICH
Mai 31, 2004 | Non classifié(e), Parole di vie
Jésus vient de décider de partir pour Jérusalem où doit s’achever sa mission. Certains veulent le suivre, mais il les avertit. L’accompagner est un choix qu’il faut bien pondérer : le chemin n’est pas facile et leur demandera la même détermination et le même courage que le sien pour accomplir jusqu’au bout la volonté de Dieu.
Le découragement peut succéder à l’enthousiasme initial. Jésus l’avait dit dans la parabole du semeur : les grains tombés sur le sol pierreux ce sont « ceux qui accueillent la parole avec joie lorsqu’ils l’entendent ; mais ils n’ont pas de racines : pendant un moment ils croient, mais au moment de la tentation ils abandonnent » .
Jésus veut qu’on le suive de tout son être, pas à moitié en disant à la fois oui et non. Quand on a commencé à vivre pour Dieu et pour son règne, on ne peut reprendre ce qu’on a laissé, vivre comme avant, guidé par ses intérêts égoïstes d’autrefois :
« Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. »
En nous appelant tous – de manière différente – à le suivre, Jésus nous ouvre l’accès d’un monde nouveau pour lequel il vaut la peine de rompre avec le passé. Pourtant une certaine nostalgie du passé peut nous envahir ou tout simplement la mentalité courante – qui n’a souvent rien à voir avec l’Évangile – peut s’insinuer en nous et nous séduire.
C’est alors que surgissent les difficultés. D’un côté nous voudrions aimer Jésus, d’un autre côté nous voudrions nous laisser aller à nos attachements, à nos faiblesses, à notre médiocrité. Nous voudrions le suivre, mais nous sommes bien souvent tentés de regarder en arrière, de revenir sur nos pas, ou de faire deux pas en arrière après en avoir fait un en avant…
Cette Parole de vie nous appelle à la cohérence, à la persévérance, à la fidélité. Si nous avons éprouvé la beauté de vivre l’Évangile, nous savons qu’il ne peut s’accommoder de notre indécision, de notre paresse spirituelle, de notre manque de générosité. Prenons alors la décision de suivre Jésus, d’entrer dans le monde magnifique qu’il nous a ouvert. Il a promis que « celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » .
« Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. »
Comment résister à la tentation de revenir en arrière ?
Avant tout faire taire notre égoïsme qui appartient à notre passé. Sommes-nous tentés de bâcler notre travail, de ne pas étudier sérieusement, de ne pas faire l’effort de prier, de ne pas accepter avec amour une situation qui nous coûte ? De dire du mal d’un autre, de manquer de patience envers lui ou de nous venger ? Il nous faut dire non à ces tentations, dix, vingt fois par jour.
Mais cela ne suffit pas. Avec des non on ne va pas très loin. Il faut surtout des oui pour avancer : oui à ce que Dieu veut et à ce que les autres attendent de nous.
Et de grandes surprises nous attendent.
Je vous raconte ce que j’ai vécu le 13 mai 1944.
Un bombardement avait rendu ma maison inhabitable. Le soir nous nous sommes réfugiés avec ma famille dans un bois à la périphérie de la ville. Je pleurais car je comprenais que je devais laisser ma famille quitter Trente sans moi. Je les aimais tant ! Mais mes compagnes représentaient à mes yeux le Mouvement naissant et je ne pouvais les abandonner. L’amour de Dieu pouvait-il triompher aussi de cette situation ? Fallait-il laisser partir ma famille sans moi qui étais pourtant son seul soutien économique ? Avec la bénédiction de mon père, je le fis.
Par la suite j’appris que les miens s’étaient mis en route dans la paix et qu’ils trouvèrent vite un endroit où s’installer.
Je cherchai mes compagnes au milieu des ruines et des décombres. Grâce à Dieu, elles étaient toutes saines et sauves. On nous offrit un petit appartement. Ce logement était le premier focolare mais nous ne le savions pas encore.
« Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. »
Avançons donc toujours vers notre but, le regard fixé sur Jésus . Plus notre amour pour lui est grand, plus nous expérimentons la beauté du monde nouveau qu’il a fait naître, et plus ce que nous avons laissé derrière nous perdra de son attrait.
Chaque matin, quand une nouvelle journée commence, répétons-nous : aujourd’hui, je veux vivre mieux qu’hier ! Et si cela peut nous aider, essayons de compter d’une certaine manière nos actes d’amour envers Dieu ou envers nos frères. Le soir, nous nous apercevrons que notre cœur est rempli de bonheur.
Chiara LUBICH
Avr 30, 2004 | Non classifié(e), Parole di vie
Nous sommes à la dernière Cène. Jésus va quitter ses amis et retourner auprès du Père. Il désire qu’ils soient unis à lui et entre eux par le lien le plus solide, le plus durable qui soit, le lien de l’amour. Lui qui aime « jusqu’à l’extrême », du « plus grand »amour qui va jusqu’à « se dessaisir de sa vie » , leur demande en retour le même amour.
L’amour que Jésus nous demande n’est pas un simple sentiment, mais c’est de faire sa volonté, celle qu’expriment ses commandements. C’est-à-dire avant tout l’amour envers les autres et l’amour réciproque. Cette vérité si importante, Jésus la répète avec force trois fois dans son dernier discours à ses disciples: « Celui qui a mes commandements et qui les observe, celui-là m’aime »; « Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole »; « Celui qui ne m’aime pas n’observe pas mes paroles ».
« Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements. »
Pourquoi devons-nous observer ses commandements ?
Créés « à son image et à sa ressemblance » , nous sommes appelés à nous placer face à Dieu, nous sommes capables d’entretenir avec lui une relation de personne à personne : relation de connaissance, d’amour, d’amitié et de communion.
Je vis, j’existe, dans la mesure où j’adhère au projet d’amour de Dieu sur moi.
Plus notre relation avec lui, essentielle à notre nature humaine, s’approfondit et s’enrichit, plus nous nous réalisons et trouvons notre véritable personnalité.
Regardons Abraham. Il ne cesse de répondre « oui » aux demandes de Dieu, aussi incompréhensibles qu’elles puissent paraître : abandonner sa terre pour s’acheminer vers un destin inconnu, ou sacrifier son fils unique. Il adhère immédiatement, faisant totalement confiance, et un tout autre avenir s’ouvre devant lui.
Regardons aussi Moïse. Sur le mont Sinaï, le Seigneur lui révèle sa propre volonté en lui donnant le décalogue et de cette adhésion naît le peuple de Dieu.
Regardons enfin Jésus. Il répond au Père par un oui sans limite : « Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se réalise » .
Pour nous, que signifie suivre Jésus ? Ceci : accomplir le mieux possible la volonté du Père qu’il nous a révélée et que lui, le premier, a accomplie.
Les « commandements » de Jésus ne sont ni des contraintes arbitraires, ni une construction artificielle, encore moins une aliénation. Ils représentent simplement une aide pour vivre notre nature de fils et filles d’un Dieu qui est Amour. Ne les considérons donc pas comme des « ordres » donnés à des serviteurs, mais comme expression de l’amour de Dieu et de l’attention qu’il porte à chacun de nous.
« Si vous m’aimez, vous vous appliquerez à observer mes commandements. »
Comment vivre cette Parole de vie ?
Écoutons attentivement les commandements de Jésus. Laissons l’Esprit Saint nous les rappeler tout au long de la journée. Il nous apprend par exemple qu’il ne suffit pas de ne pas tuer, mais qu’il faut éviter de se mettre en colère contre son frère. « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre » ; « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent ».
Mais vivons surtout ce que Jésus a appelé « son » commandement, celui qui résume tous les autres : l’amour réciproque. La charité est en effet le plein accomplissement de la loi , c’est la « voie supérieure » que nous sommes appelés à parcourir.
Le Père Dario Porta, un prêtre de Parme (Italie), mort le jeudi saint de 1996, l’avait bien compris. Dans les premières années de son sacerdoce, il avait vécu de façon remarquable sa relation à Dieu ; mais par la suite il découvrit mieux encore : il pouvait voir Jésus dans chaque prochain et il fit de l’amour évangélique le tout de sa vie. Pour rester fidèle à son engagement, il devint de plus en plus attentif aux autres, renonçant même pour eux à ses projets personnels. Et un jour il écrivit dans son journal : « J’ai compris que l’unique chose qu’on voudrait avoir accomplie dans la vie, c’est d’avoir aimé ses frères ».
Chaque soir, comme lui, interrogeons-nous donc : « Aujourd’hui, ai-je toujours aimé mes frères ? »
Chiara LUBICH
Mar 31, 2004 | Non classifié(e), Parole di vie
Ce n’est pas la première fois que Luc nous montre les disciples discutant entre eux pour savoir qui d’entre eux est le plus grand . Cette fois nous sommes au dernier repas. Jésus vient d’instituer l’Eucharistie, le plus grand signe de son amour, le don de lui-même sans mesure, anticipation de ce qu’il vivra sur la croix quelques heures plus tard. Il se tient au milieu des siens « comme celui qui sert » . C’est tout le sens du « lavement des pieds » rapporté par l’Évangile de Jean. En ce mois où nous célébrons la Pâque, la Résurrection de Jésus, n’oublions pas cet enseignement.
Les disciples, eux, ne comprennent pas. Ils sont conditionnés par la mentalité courante qui privilégie les personnes qui reçoivent prestige et honneurs, qui se sont élevées au plus haut de l’échelle sociale, qui sont devenues « quelqu’un ». Mais Jésus est venu sur terre justement pour instaurer une société nouvelle, une nouvelle communauté, où règne une autre logique, celle de l’amour.
Lui, qui est le Seigneur et le Maître, a lavé les pieds de ses disciples (geste qui était réservé aux esclaves). Nous aussi, si nous voulons le suivre, et surtout si nous avons des responsabilités élevées, nous sommes appelés à servir notre prochain en nous donnant de manière aussi concrète que Jésus.
« Que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert »
C’est l’un des paradoxes de Jésus. Comment le comprendre ? Rappelons-nous que l’attitude typique du chrétien est l’amour. Or, l’amour nous conduit à nous mettre à la dernière place, à nous faire tout petit devant l’autre, comme un père qui joue avec son enfant ou l’aide dans ses devoirs de classe.
Vincent de Paul appelait les pauvres ses « maîtres ». Il les aimait et les servait comme tels, parce qu’il voyait Jésus en eux. Camille de Lellis se penchait sur les malades, lavant leurs plaies, les installant dans leur lit « avec l’affection – comme il l’écrit lui-même – d’une mère aimante pour son fils unique qui est malade ».
Et comment ne pas évoquer, plus près de nous, la bienheureuse Teresa de Calcutta, qui s’est penchée sur des milliers de moribonds, se faisant « rien » devant chacun d’eux, qui étaient les plus pauvres parmi les pauvres ?
Comment « se faire petit » devant l’autre ? En cherchant à entrer le plus profondément possible dans son âme, jusqu’à partager ses souffrances ou ses intérêts, à nos yeux peut-être insignifiants, mais qui constituent toute sa vie.
Pourquoi « se faire petit » devant chacun ? Ne croyons pas qu’il y ait une différence de niveau entre lui et nous mais prenons plutôt nos précautions : notre moi, si on ne le surveille pas, est toujours prêt, tel un ballon, à se gonfler et à se considérer comme supérieur aux autres.
« Que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert »
Vivons donc « l’autre », au lieu de mener une existence repliée sur nous-même, nos préoccupations, nos idées, nos affaires, bref sur tout ce qui tourne autour de notre moi.
Oublions notre moi, faisons-le passer au second plan pour mettre l’autre au cœur de nos pensées, faisons-nous un avec chacun jusqu’à descendre, si nécessaire, au creux de la vague, pour remonter avec lui. Aidons-le à sortir de ses soucis, de ses souffrances, de ses complexes, de ses handicaps. Ou, plus simplement, aidons-le à sortir de lui-même, à aller vers Dieu et vers ses frères. Avec notre soutien, il trouvera la plénitude de la vie, le vrai bonheur.
À tous les échelons du monde politique et administratif, les dirigeants (« ceux qui commandent » dit Jésus) peuvent concevoir leur responsabilité comme un service d’amour, pour créer et maintenir les conditions qui permettront aux autres expressions de l’amour de s’épanouir : l’amour des jeunes qui, pour se marier, ont besoin d’un logement et d’un travail; l’amour des étudiants qui ont besoin d’écoles et de livres ; l’amour des entrepreneurs qui, pour développer leur entreprise, ont besoin de routes, de chemins de fer, de normes précises.
Dès notre réveil et jusqu’à notre coucher, à la maison, au bureau, à l’école, dans la rue, nous pouvons toujours trouver l’occasion de servir les autres et de les remercier lorsqu’ils nous servent à leur tour. Faisons tout pour Jésus dans nos frères, ne négligeant personne, et en étant toujours les premiers à aimer. C’est en étant petits, au service de tous, que nous serons « grands ».
Chiara LUBICH