Mouvement des Focolari

Parole de Vie de Mars 2004

En exil à Babylone, le peuple d’Israël évoque avec nostalgie son passé, le temps glorieux où Dieu manifesta sa puissance en libérant ses ancêtres, alors esclaves en Égypte. Sa tentation est de penser : Dieu n’enverra plus un nouveau Moïse, il n’opérera plus de grands prodiges comme autrefois, et nous devrons rester pour toujours dans cette terre étrangère.
Mais Cyrus, roi de Perse, libère en 539 av. JC le peuple élu, dont le retour en terre promise sera encore plus extraordinaire que la sortie d’Égypte.
Dieu n’est pas limité par ce qu’il a déjà fait ! Son amour peut réaliser des œuvres encore bien plus grandes, que nous ne pouvons même pas imaginer. D’où cette invitation par la bouche du prophète Isaïe:

« Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? »

Le prophète encore, à la fin du livre d’Isaïe, annonce un futur plus que jamais plein de lumière : la création de cieux nouveaux et d’une terre nouvelle. Ce que Dieu accomplira sera tellement grand que « on ne se rappellera plus le passé, il ne reviendra plus à l’esprit » .
L’apôtre Paul lui aussi, reprenant les paroles d’Isaïe, annoncera l’intervention inouïe de Dieu dans notre histoire. Dans la mort et la résurrection de Jésus, il renouvelle la créature humaine, il la recrée en son Fils pour une vie nouvelle . Et enfin dans l’Apocalypse, au terme de l’histoire, Dieu annonce que le cosmos entier sera recréé : « Voici, je fais toutes choses nouvelles » .
Les paroles d’Isaïe, qui traversent la Bible entière, nous parlent encore aujourd’hui :

« Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? »

C’est nous qui sommes le « monde nouveau », la « nouvelle création », que Dieu a engendrée. À travers son Fils que nous accueillons dans ses Paroles et dans tout ce qu’il nous donne, c’est notre être et notre façon d’agir qui sont rendus nouveaux. Désormais c’est Jésus qui vit et œuvre en nous. C’est lui qui renouvelle nos rapports avec les autres : en famille, à l’école, au travail. C’est lui qui régénère, à travers nous, la vie sociale, le monde de la culture, des loisirs, de la santé, de l’économie, de la politique… en un mot tous les secteurs de la vie humaine.
Ne nous tournons plus vers le passé pour regretter ce qu’il y avait de beau, ou pour regretter nos erreurs : croyons fortement à l’action de Dieu qui continue à « faire du neuf ».
Dieu nous offre la possibilité de toujours recommencer. Il nous libère des conditionnements et des poids du passé. La vie se simplifie, devient plus légère, plus pure, plus fraîche. Comme l’apôtre Paul, nous aussi, oublieux du passé, nous serons libres de courir vers le Christ, vers la plénitude de la vie et de la joie .

« Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? »

Comment vivre alors cette Parole ? Tout au long de la journée, cherchons à vivre avec amour tout ce que Dieu attend de nous : étudier, travailler, nous occuper des enfants, prier, jouer… en écartant tout ce qui n’est pas volonté de Dieu dans le moment présent. Nous resterons ainsi ouverts à ce qu’il veut opérer en nous et autour de nous, nous serons prêts à accueillir la grâce particulière de chaque instant.

Si nous vivons ainsi, en offrant à Dieu chacune de nos actions, en lui disant explicitement : « Elle est pour toi », Jésus qui vivra en nous accomplira des œuvres qui demeurent.

Chiara LUBICH

 

PAROLE DE VIE DE DECEMBRE 2003

En cette période de l’Avent, qui nous prépare à Noël, la figure de Jean le Baptiste nous est proposée. Dieu l’avait envoyé préparer le chemin du Messie. À ceux qui accouraient vers lui, il demandait un profond changement de vie : « Produisez donc des fruits qui témoignent de votre conversion ». Et à ceux qui lui demandaient : « Que nous faut-il donc faire ? », il répondait :

« Si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de même. »

Pourquoi donner à l’autre ce qui m’appartient ? Créé par Dieu, tout comme moi, l’autre est mon frère, ma sœur ; il fait donc partie de moi. « Je ne peux pas te faire de mal sans me blesser » disait Gandhi. Nous avons été créés comme un cadeau les uns pour les autres, à l’image de Dieu, qui est Amour. La loi divine de l’amour est inscrite dans nos veines. Jésus, en venant au milieu de nous, nous l’a révélé clairement en nous donnant son nouveau commandement : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». C’est la « loi du Ciel », la vie de la Trinité reproduite sur la terre, le cœur de l’Evangile. De même que le Père, le Fils et l’Esprit Saint vivent au Ciel une pleine communion, au point de n’être qu’un, ainsi sur terre nous sommes nous-mêmes dans la mesure où nous vivons la réciprocité de l’amour. Et tout comme le Fils dit au Père : « Tout ce qui est à toi est à moi », entre nous l’amour s’actualise pleinement lorsque nous partageons non seulement nos biens spirituels mais aussi nos biens matériels.
Les besoins de notre prochain sont aussi les nôtres. Quelqu’un manque de travail ? C’est comme si je n’en avais pas. La maman d’un autre est malade ? Je l’aide comme si c’était la mienne. D’autres ont faim ? C’est comme si moi j’avais faim et je cherche à leur trouver de la nourriture, comme je le ferais pour moi.
C’est l’expérience des premiers chrétiens de Jérusalem : « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants n’avait qu’un seul cœur et qu’une seule âme et nul ne considérait comme sa propriété l’un quelconque de ses biens ; au contraire, ils mettaient tout en commun ». Cette communion des biens, sans être obligatoire, était vécue toutefois entre eux intensément. Il ne s’agissait pas, comme l’expliquera l’apôtre Paul, de mettre quelqu’un dans la gêne pour en soulager d’autres, mais « d’établir l’égalité ».
Saint Basile de Césarée disait : « C’est à l’affamé qu’appartient le pain que tu mets de côté ; à l’homme nu le manteau que tu gardes dans tes malles ; aux indigents l’argent que tu tiens bien caché ». Et saint Augustin : « Le superflu des riches appartient aux pauvres ». « Les pauvres aussi ont de quoi s’aider les uns les autres : l’un peut prêter ses jambes au boiteux, l’autre prêter ses yeux à l’aveugle pour le guider ; un autre encore peut visiter les malades. »

« Si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de même. »

Cela nous pouvons encore le vivre aujourd’hui, comme les premiers chrétiens. L’Évangile n’est pas une utopie. C’est ce que montrent, par exemple, les nouveaux mouvements d’Eglise que l’Esprit Saint a suscités pour rapporter la fraîcheur et l’aspect radical de l’Evangile tel que le vivaient les premiers chrétiens, afin de répondre aux grands défis de la société actuelle, où les injustices et la pauvreté sont si fortes.
Je me souviens du début du Mouvement des Focolari, lorsque le nouveau charisme nous enflammait d’un grand amour pour les pauvres. Lorsque nous les rencontrions dans les rues, nous notions leur adresse dans un carnet pour aller ensuite les aider. Ils étaient Jésus : « C’est à moi que vous l’avez fait ». Après les avoir visités dans leurs taudis, nous les invitions à manger chez nous. Pour eux, nous mettions la plus belle nappe, les meilleurs couverts, la meilleure nourriture. A notre table, dans le premier focolare, prenaient place côte à côte une focolarine et un pauvre, une focolarine et un pauvre…
À un moment donné il nous sembla que le Seigneur nous demandait de devenir pauvres pour servir les pauvres et tous les hommes. Alors, dans une pièce du premier focolare chacune a mis au centre ce qu’elle pensait avoir en trop : un gilet, une paire de gants, un chapeau, ou même un manteau… Et aujourd’hui, des entreprises inventent une autre façon de donner aux pauvres en leur distribuant une partie de leurs bénéfices et en créant des emplois.

« Si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de même. »

Nous avons tant de richesses à mettre en commun. En sommes-nous bien conscients ? Pour cela, nous devons former notre sensibilité, apprendre à aider concrètement, et vivre ainsi la fraternité. Nous avons de l’affection à donner, de la cordialité à manifester, de la joie à communiquer. Nous avons du temps à donner, des prières, des richesses intérieures à mettre en commun, de vive voix ou par écrit ; mais nous avons aussi parfois des objets, des sacs, des stylos, des livres, de l’argent, des maisons, des voitures à mettre à disposition… Nous accumulons peut-être beaucoup d’objets, pensant qu’ils nous seront peut-être utiles un jour. Mais en attendant, certains autour de nous en ont un besoin urgent.
De même que chaque plante n’absorbe que la quantité d’eau dont elle a besoin, cherchons nous aussi à n’avoir que ce qui nous est nécessaire. Et même si nous nous rendons compte qu’il nous manque quelque chose, mieux vaut être un peu pauvre qu’un peu riche. « Si nous nous contentions tous du nécessaire, disait saint Basile, et si nous donnions notre superflu à ceux qui en ont besoin, il n’y aurait plus ni riche ni pauvre. »
Essayons de vivre ainsi. Jésus ne manquera certainement pas de nous faire arriver le centuple ; nous pourrons continuer de donner. À la fin, il nous dira que tout ce que nous avons donné, c’est à lui que nous l’avons donné.

Chiara LUBICH

 

PAROLE DE VIE DE NOVEMBRE 2003

Jésus commence sa vie publique. Il invite à la conversion, annonce l’avènement du royaume de Dieu, guérit les malades. Les foules commencent à la suivre. Il gravit alors une montagne et annonce son programme de vie. C’est ce qu’on appelle « le sermon sur la montagne ».
Dès les premiers mots, la nouveauté du discours de Jésus apparaît. Qui proclame-t-il bienheureux ? Les riches, les puissants, les influents ? Non : les humbles, les petits, ceux qui ont le cœur pur, qui pleurent, qui sont opprimés. Cela inverse notre manière de juger, surtout dans une société comme la nôtre qui exalte la consommation, le plaisir, le prestige… C’est cela, la « bonne nouvelle » qui donne joie et espérance aux plus petits, qui incite à faire confiance à l’amour de Dieu, lui qui se rend proche de ceux qui connaissent l’épreuve et la souffrance. Cette annonce de joie et de salut est déjà contenue dans la première des huit béatitudes, celle qui assure le royaume de Dieu aux pauvres de cœur :

« Heureux les pauvres de cœur… »

Mais que signifie donc « être pauvres de cœur » ? Tout simplement être détachés de ce que nous possédons, des créatures, de nous-mêmes… Autrement dit, nous désencombrer de ce qui nous empêche de nous ouvrir à Dieu, à sa volonté. Et aussi de nous ouvrir au prochain en nous faisant un avec lui, pour l’aimer comme nous-mêmes, disposés à tout laisser : père, mère, « champs » et patrie, si Dieu nous le demande.
En étant « pauvres de cœur », nous plaçons notre confiance non dans les richesses, mais dans l’amour de Dieu et sa providence. Bien souvent, nous sommes « encombrés » de préoccupations pour notre santé, nos proches, notre travail, telle ou telle décision à prendre, les incertitudes de l’avenir. Tout ceci peut bloquer notre âme et l’amener à se refermer sur elle-même, l’empêchant ainsi de s’ouvrir à Dieu et aux autres. Eh bien, c’est dans ces moments de doute que le « pauvre de cœur » croit à l’amour de Dieu et dépose en lui toutes ses préoccupations, se confiant à son amour de Père.
Comment devenir « pauvres de cœur » ? En nous laissant guider par l’amour des autres. Alors nous partageons, nous mettons tout ce que nous avons à la disposition des autres : un sourire, notre temps, nos biens, nos capacités. Quand on a tout donné par amour, on est pauvre, vide, libre. On n’est plus rien, on a le cœur pur.
Une telle pauvreté, fruit de l’amour, devient à son tour source d’amour : en étant vide de soi-même, et donc libre, on peut accueillir pleinement la volonté de Dieu, de même que chaque frère que nous rencontrons.
À ceux qui vivent cette pureté, cette pauvreté de l’esprit et du cœur, Jésus promet le royaume de Dieu : bienheureux sont-ils

«… car le Royaume des cieux est à eux »

On n’accède pas au royaume des cieux par la richesse, ni par le pouvoir. On le reçoit comme un don. Jésus nous demande pour cela d’être comme des enfants ou comme des pauvres qui ont besoin de tout recevoir des autres. L’Esprit Saint, attiré alors par ce vide d’amour, pourra remplir notre âme, il ne trouvera aucun obstacle qui empêche la pleine communion.
Le « pauvre de cœur », qui n’a rien gardé pour lui, possède tout : il est pauvre de lui-même et riche de Dieu. C’est encore la parole de l’Évangile qui se vérifie : « Donnez et on vous donnera »  : donnons ce que nous avons et ce que nous recevrons ne sera rien de moins que le royaume des cieux.
C’est l’expérience qu’a faite une maman argentine. Elle raconte :
« Ma belle-mère n’a jamais renoncé à son amour très possessif pour son fils, mon mari. Cette attitude a toujours provoqué des difficultés entre nous, me durcissant le cœur vis-à-vis d’elle. Il y a un an, on a découvert qu’elle avait une tumeur : elle avait besoin de soins et d’assistance et son unique fille n’était pas en mesure de lui venir en aide. Les paroles de l’Évangile que j’essaye de vivre depuis quelque temps m’ont changé le cœur : je suis en train d’apprendre à aimer. En dépassant mes craintes, j’ai décidé d’accueillir ma belle-mère à la maison. J’ai commencé à la regarder avec des yeux neufs et à l’aimer : en elle c’était Jésus que je soignais et que j’assistais.
À ma grande surprise, elle s’est montrée très sensible à l’amour et le moindre de mes gestes était récompensé en retour. La grâce de Dieu a opéré le miracle de la réciprocité ! Nous avons passé des mois de sacrifices qui ne m’ont pas pesé et quand ma belle-mère est partie, sereine, pour le Ciel, la paix est restée en nous. Je viens de découvrir que j’attends un enfant tant désiré depuis 9 ans ! Il est pour nous le signe tangible de l’amour de Dieu qui nous comble. »

Chiara LUBICH

 

PAROLE DE VIE D’OCTOBRE 2003

Les actes comme les paroles de Jésus déconcertent toujours. Entre autres à propos des enfants. Son époque les considérait comme socialement insignifiants et n’ayant pas leur place dans le monde des « adultes ». Les apôtres n’en voulaient donc pas autour de Jésus. Ils dérangeaient ! Même attitude chez les grands prêtres et les scribes. « Voyant les enfants qui criaient dans le temple : “Hosanna au Fils de David”, ils s’en indignèrent » et demandèrent à Jésus de remettre de l’ordre . Jésus a, lui, une toute autre attitude. Les enfants, il les appelle, il les attire à lui, étend la main sur eux pour les bénir. Il les présente même comme des modèles à ses disciples :

« le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux »

Dans un autre passage de l’Evangile, Jésus dit que si nous ne changeons pas et si nous ne devenons pas comme des enfants, nous n’entrerons pas dans le royaume des cieux .
Pourquoi le royaume de Dieu leur appartient-il ? Parce que l’enfant s’abandonne avec confiance à son père et à sa mère : il croit à leur amour. Quand il est dans leurs bras, il se sent en sécurité, il n’a peur de rien. Même s’il prend conscience d’un danger autour de lui, il lui suffit de se serrer encore plus fort contre son papa ou sa maman pour se sentir tout de suite protégé. Quelquefois c’est le papa lui-même qui le place dans une situation difficile, pour lui faire faire un saut, par exemple. Même dans ce cas-là l’enfant s’élance avec confiance.
C’est ainsi que Jésus voit le disciple du royaume des cieux, le chrétien authentique. Comme l’enfant, il croit à l’amour de Dieu, se jette dans ses bras en toute confiance. Il ignore la peur, ne se sentant jamais seul. Il croit que tout ce qui lui arrive est pour son bien. A-t-il une préoccupation ? Il la confie au Père, sûr que tout se résoudra. Comme un enfant, il s’abandonne totalement à lui.

« le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux »

Les enfants dépendent complètement de leurs parents. Ceux-ci leur donnent nourriture, vêtements, soins, éducation… « Enfants de l’Evangile », nous dépendons nous aussi du Père. Il nous nourrit comme il nourrit les oiseaux du ciel, nous habille comme les lys des champs. Il connaît et satisfait nos besoins, même avant que nous les exprimions . Le royaume de Dieu même, nous n’avons pas à le conquérir. Nous le recevons comme un don des mains du Père.
Tant que l’enfant ne connaît pas le mal, il ne le commet pas. De même, le disciple de l’Evangile, en aimant, fuit le mal et redevient innocent. Sans expérience, l’enfant affronte la vie avec confiance, comme une aventure toujours nouvelle. De même, l'« enfant de l’Evangile » confie tout à la miséricorde de Dieu. Oubliant le passé, il commence chaque jour une vie nouvelle, ouvert aux suggestions de l’Esprit, toujours créatif. Seul, l’enfant ne peut apprendre à parler. Il a besoin qu’on le lui enseigne. De même, le disciple de Jésus ne suit pas son propre raisonnement. Il apprend tout de la Parole de Dieu, y compris parler et vivre selon l’Evangile.
L’enfant a tendance à imiter son propre père. Si on lui demande ce qu’il fera plus tard, il dit souvent qu’il aura le métier de son père. Ainsi l’« enfant de l’Evangile » imite le Père céleste, qui est Amour, et il aime comme lui : il aime tout le monde, car le Père « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes »  ; il est le premier à aimer, car le Christ nous a aimés alors que nous étions encore pécheurs  ; il aime gratuitement, de façon désintéressée, comme notre Père du ciel…
C’est pourquoi Jésus aime s’entourer de petits enfants et les désigne comme modèles :

« Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui sont comme eux »

En effet, les enfants continuent à nous surprendre. « Hier papa m’a demandé d’aller chercher quelque chose à la cave, m’écrit Betty, une petite fille de 6 ans de Milan. Il faisait noir dans l’escalier et j’avais peur. Alors j’ai prié Jésus et j’ai senti qu’il était près de moi. »
Irène, Ilaria, Laura, trois sœurs qui habitent Florence, s’en vont en voiture avec leur maman pour faire les courses. En passant devant la maison de leur grand père, elles demandent de pouvoir aller lui dire bonjour. « Allez-y – dit la maman – je vous attends ». Quand elles reviennent, elles demandent : « Pourquoi n’es-tu pas venue ? » « Grand père ne s’est pas bien comporté vis-à-vis de moi. Comme ça, il comprendra… » Et Ilaria : « Mais maman, nous devons aimer tout le monde, même nos ennemis… » La maman ne sait plus quoi dire. Elle les regarde et sourit : « Vous avez raison. Attendez-moi là. » Et elle monte toute seule voir le grand père.
Les enfants nous apprennent à accueillir le royaume de Dieu.

Chiara LUBICH

 

Parole de vie de Septembre 2003

Ces paroles peuvent nous désorienter. Jésus dit de nous couper le pied ou la main, de nous arracher l’œil s’ils sont un sujet de scandale (s’ils nous incitent à pécher). Nous le savons, ces mots ne sont pas à prendre à la lettre bien qu’ils aient toute la force du « glaive à double tranchant » qu’est la Parole selon la définition de l’épître aux Hébreux (He 4,12). C’est donc plutôt une façon de parler qui exprime que, si une occasion de pécher se présente à nous, nous devons être disposés à renoncer à tout ce que nous pouvons avoir de plus cher – choses ou personnes – plutôt que de manquer l’entrée dans la vraie vie, c’est-à-dire la communion avec Dieu et notre pleine réalisation.
Dans les évangiles le mot « scandale » indique tout ce qui s’interpose entre Dieu et nous et constitue un obstacle à l’accomplissement de sa volonté ; c’est un peu comme des bâtons dans les roues qui bloquent notre route à la suite de Jésus, comme des embûches qui tendent à nous faire tomber dans le péché. Il y a dans la vie des moments où notre œil, notre main, notre pied « sont des occasions de scandale, de péché » ; en d’autres termes ils cherchent à nous inciter à renier Jésus, à le trahir, à lui préférer quelque chose d’autre.
C’est ce qu’a bien compris une jeune fille de 23 ans, Santa Scorese, qui en 1991, à Bari (Italie du Sud) a préféré mourir plutôt que de répondre aux avances malhonnêtes d’un garçon de son âge. Pour elle, Dieu valait plus que sa propre vie.

« Si ton pied entraîne ta chute, coupe-le; il vaut mieux que tu entres estropié dans la vie que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne ».

Cette Parole de vie arrache le masque du « vieil homme »  qui est en nous. Le péché ne vient pas de ce qui est hors de nous, mais jaillit de notre propre cœur. Le « vieil homme » vit en nous lorsque nous cédons aux pièges du mal et que nous nous laissons dominer par nos mauvaises inclinations : l’égoïsme, la soif de pouvoir, de gloire, d’argent…
Notre « vieil homme » doit céder la place à « l’homme nouveau », à Jésus en nous.
Sommes-nous capables par nos propres forces de déraciner nos passions désordonnées et de faire naître en nous la vie divine ? Non, seul Jésus, par sa mort, peut faire mourir notre « vieil homme » et, par sa résurrection, peut faire de nous des hommes nouveaux. Lui seul peut nous donner le courage et la détermination de lutter contre le mal, lui seul peut nous remplir d’un amour absolu pour le bien. C’est de lui que proviennent la liberté intérieure, la paix et la joie ineffable qui nous élèvent au-dessus des bassesses du monde et nous font expérimenter dès maintenant l’avant-goût du Ciel.

« Si ton pied entraîne ta chute, coupe-le; il vaut mieux que tu entres estropié dans la vie que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne ».

L’ « homme nouveau » en nous doit grandir et se protéger des pièges du « vieil homme ». Que pouvons-nous faire pour cela ? J’écrivais en 1949 : « Il existe bien des façons de faire le ménage dans une pièce : on peut ramasser chaque brindille une à une ; on peut se servir d’un petit balai, d’un grand balai, d’un gros aspirateur, etc. Ou bien – pour se trouver dans un lieu propre – on peut changer de pièce et tout est fait. Il en va de même en ce qui concerne notre sanctification. Plutôt que de faire de gros efforts, nous  pouvons immédiatement mettre notre moi de côté et laisser vivre Jésus en nous. C'est à dire vivre « transférés » dans l’autre : dans notre prochain, par exemple, qui – à tout instant – est proche de nous : vivre sa vie dans toute sa plénitude. »
Aimer ! Cela résume toute la doctrine de Jésus. Affiner notre cœur pour qu’il soit capable d’écoute, faire nôtres les problèmes et les soucis de nos prochains, partager leurs joies et leurs douleurs, faire tomber les barrières qui nous divisent encore, dépasser les jugements et les critiques, sortir de notre isolement pour nous mettre à la disposition de ceux qui sont dans le besoin ou qui sont seuls, construire dans notre entourage l’unité que Jésus désire.
Si nous vivons ainsi, Dieu nous attire dans une communion toujours plus profonde avec lui, il nous rend forts et presque inattaquables devant les erreurs et l’attrait du monde.

« Si ton pied entraîne ta chute, coupe-le; il vaut mieux que tu entres estropié dans la vie que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne ».

Jésus ajoute qu’il faut couper énergiquement ce qui est pour nous une occasion de péché, qu’il s’agisse de choses, de personnes, de situations. Cela équivaut à cette autre Parole de l’Évangile : « Renie-toi toi-même » . Le chrétien est quelqu’un qui a le courage de lutter contre ses tendances égoïstes, pour qu’elles ne se transforment pas en style de vie.
Au cours de ce mois, sortons de nous-mêmes pour aimer ceux qui nous sont proches ; soyons attentifs à nous détacher de ce qui ne mérite pas notre amour, ce qui entrave la vie de l’homme nouveau en nous, bref, arrachons ce qui doit être enlevé de notre cœur. Aucun sacrifice n’est trop grand pour maintenir la communion avec Dieu. Chaque émondage fera jaillir de notre cœur la joie, la vraie joie, celle que le monde ne connaît pas.

Chiara Lubich

 

PAROLE DE VIE D’AOÛT 2003

Le peuple d’Israël était fier d’avoir un Dieu aussi proche, lui parlant comme à des amis, pour lui donner des lois et coutumes aussi justes, comme nous pouvons le lire dans le Deutéronome.
Mais comme la Parole de Dieu nous fascine, nous courons le danger de croire qu’une fois écoutée, tout est fait. La Parole est à vivre, c’est le point important.
C’est contre cette tentation que l’apôtre Jacques mettait en garde les premiers chrétiens : « Soyez les réalisateurs de la parole et pas seulement des auditeurs qui s’abuseraient eux-mêmes ». Moïse n’enseignait rien d’autre quand il se tournait vers le peuple entier en disant :

« Et maintenant, Israël, écoute les lois et les coutumes que je vous apprends moi-même à mettre en pratique. »

Écouter la Parole, donc, et en vivre.
Lorsqu’il s’agit des paroles de Jésus, c’est lui-même qui est présent. Il prononce des paroles éternelles, actuelles à chaque instant ; universelles, c’est-à-dire valables pour tous les hommes et toutes les cultures. Contrairement aux paroles humaines, il ne s’agit pas de simples suggestions, exhortations ou même commandements. Ses Paroles contiennent et transmettent la vie.
À la fin de son grand sermon sur la montagne, Jésus nous a laissé à dessein une célèbre parabole  : il compare celui qui écoute avec enthousiasme ses Paroles, mais sans les traduire ensuite en vie, à une maison construite sur le sable ; surviennent les vents et les pluies, ou plutôt d’autres propositions humaines plus faciles et plus séduisantes, des doctrines qui enchantent et plongent dans l’illusion avec leurs lueurs éphémères, et la personne s’effondre misérablement parce que le message évangélique n’est pas devenu vie en elle.
Jésus compare ensuite celui qui met sa Parole en pratique à une personne qui bâtit sa maison sur le roc : les épreuves, les tentations, les doutes, les désarrois peuvent survenir, mais cette personne a la force de rester sur le chemin de l’Évangile, elle continue à croire dans les Paroles de Dieu parce qu’elle en a expérimenté la vérité.
Vivre la Parole de Dieu suscite une véritable révolution dans notre vie et dans celle de la communauté des hommes et des femmes qui partagent la vie de l’Évangile avec nous.
Vivons donc les Paroles de Jésus avec la simplicité des enfants ! Il nous dit : « Donnez et on vous donnera » (Lc 6, 38). Combien de fois avons-nous expérimenté que plus nous donnons, plus nous recevons ! Et combien de fois nous sommes-nous retrouvés les mains pleines, parce que chaque fois que nous avons donné à qui se trouvait dans le besoin, nous avons reçu cent fois plus. Et quand nous n’avions rien à donner ? Jésus n’a-t-il pas dit : « Demandez, on vous donnera » (Mt 7, 7) ? Nous demandions… et notre maison se remplissait de toute sorte de biens envoyés par Dieu, afin que nous puissions donner encore.
Quand nous sommes écrasés par les soucis, devant une situation qui nous semble dépasser nos forces, quand nous sommes paralysés par l’angoisse, nous nous souvenons des Paroles de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos… » (Mt 11, 28). Si nous jetons en Lui toute inquiétude, nous verrons la paix revenir et avec elle la solution à nos préoccupations.
La Parole de Dieu brise notre moi, anéantit notre égoïsme, remplace notre manière de penser, de vouloir, d’agir par celle de Jésus. Si nous la mettons en pratique, la logique divine et la mentalité évangélique pénétreront en nous et nous verrons tout avec des yeux neufs ; notre relation aux autres changera : des personnes qui ne se connaissaient pas auparavant, vivront ensemble la Parole de Dieu et partageront les expériences qu’elle suscite, se retrouveront frères, formant ainsi un peuple, une Église vivante. Une seule Parole de l’Évangile vécue par beaucoup pourrait changer le cours de l’histoire.
Vécue, la Parole de Dieu opère des miracles. Naît ainsi, dans notre cœur, une nouvelle confiance, illimitée, dans l’amour du Père, qui intervient chaque jour pour assister ses enfants. Ses Paroles sont vraies : si nous les vivons, Lui aussi les met en pratique, à la lettre, et Il nous donne ce qu’Il promet : le centuple ici sur la terre, la plénitude de la vie et la joie sans fin du paradis.

Chiara LUBICH