Juin 30, 2003 | Non classifié(e), Parole di vie
Dans un arbre, nous voyons le feuillage, les fleurs et les fruits, mais non les racines dont l’arbre tire sa vie. De même pour chacun de nous. Nous sommes appelés à aimer, à servir, à créer des rapports de fraternité, à travailler à la construction d’un monde plus juste. Mais comment y arriver sans racines, sans vie d’union avec Dieu, sans rapport d’amour personnel avec lui soutenant notre action ?
D’autre part, il est vrai aussi qu’à travers les feuilles la lumière et la chaleur fortifient les racines de l’arbre. De même notre amour envers notre prochain nourrira à son tour notre amour pour Dieu, le vivifiera, lui permettra de se concrétiser. L’amour de Dieu et celui du prochain expriment un unique amour. La vie intérieure est la racine de la vie extérieure et réciproquement.
Cette vie intérieure, la parole de vie de ce mois nous invite à la cultiver, surtout par le recueillement, la solitude, le silence, afin d’approfondir notre rapport personnel avec Dieu. Tout comme si Jésus nous redisait les paroles qu’il adressa à ses disciples, un jour qu’il les voyait fatigués après s’être beaucoup donnés aux autres.
« Venez à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu. »
Jésus lui-même prenait parfois de la distance par rapport à ses nombreuses occupations. Il y avait des malades à guérir, des foules à instruire et à rassasier, des pécheurs à convertir, des pauvres à aider et à consoler, des disciples à guider… Et pourtant, même quand tout le monde le cherchait, il savait se retirer hors des lieux habités, seul avec son Père . C’était comme s’il rentrait chez lui. Dans cet entretien avec son Père, il trouvait les paroles qu’il allait adresser aux foules , il repensait sa mission, il retrouvait des forces pour affronter le jour nouveau. Et cela, il nous demande à nous aussi de le faire.
« Venez à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu. »
Qu’il est donc difficile de nous arrêter ! Nous sommes quelquefois pris dans un tourbillon de travail et d’activités, dans une sorte d’engrenage dont nous avons perdu le contrôle. La société nous impose souvent un rythme de vie frénétique : il faut produire toujours davantage, faire carrière, se distinguer… Comment alors parler de solitude et de silence au dehors et au-dedans de nous ? Et pourtant ils sont la condition pour écouter la voix de Dieu, pour imprégner notre vie de sa parole, pour approfondir notre rapport d’amour avec lui. Que pouvons-nous entreprendre de fructueux sans cette sève intérieure ?
D’où la nécessité de périodes, même brèves, de repos physique et mental, ne serait-ce que pour nous dégager du stress. Serait-ce perdre notre temps que de répondre à l’invitation de Jésus ?
« Venez à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu »
En restant avec Jésus, les disciples trouveront en lui le repos : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos […] et vous trouverez le repos de vos âmes ». Le meilleur repos consiste à prendre le temps de “rester” avec Jésus, de vivre dans sa grâce, dans l’amour, en se laissant façonner et guider par sa Parole. Surtout avant la prière, qui est le moment privilégié pour “rester” avec lui, il est bon de se détacher de tout, de se reposer un peu, de se recueillir, d’entrer dans le secret et le silence de notre « chambre intérieure » . Ne mesurons pas le temps consacré à la prière. Là, plus nous croyons en perdre, plus nous en gagnons. Dans l’union avec Dieu, nous trouverons la paix. Ainsi nous parviendrons à nous entretenir en permanence avec lui, dans un recueillement constant, même au-delà du temps de la prière. C’est mon expérience depuis tant d’années.
Un jour j’ai écrit :
« Seigneur ;
Je te porte en mon cœur, tu es le trésor
qui doit pénétrer tous mes actes.
Prends soin de moi, garde-moi,
il est tien l’amour : joie et peine.
Que nul autre ne recueille un soupir.
Cachée en ton tabernacle,
je vis, je travaille pour tous.
Que soit tienne la caresse de ma main,
et tien aussi l’accent de ma voix. »
Même si nous ne pouvons nous isoler du tourbillon du monde, nous pouvons toujours aller au fond de notre cœur, à la recherche de Dieu. Il est toujours là. Il suffit de lui dire avant chaque action : « C’est pour toi, Jésus ». Ainsi nous pourrons nous mettre un peu à l’écart, voyant et vivant tout dans le surnaturel. Offrons-lui chaque souffrance, petite ou grande.
Notre communion avec lui s’intensifiera. Notre équilibre en tirera un bénéfice. Nous en serons régénérés pour retourner à nos activités et aimer davantage encore.
Chiara LUBICH
Mai 31, 2003 | Non classifié(e), Parole di vie
Ces paroles, Jésus ressuscité les adresse à ses apôtres avant de monter au ciel. Il avait accompli la mission reçue du Père : il avait vécu, était mort et ressuscité pour libérer l’humanité du mal, la réconcilier avec Dieu, l’unifier en une seule famille. Maintenant, avant de retourner vers le Père, il confie à ses apôtres la tâche de continuer son œuvre et d’être ses témoins dans le monde entier.
Cette mission les dépasse infiniment, Jésus le sait bien. C’est pour cela qu’il leur promet l’Esprit Saint, lui qui, à la Pentecôte, transformera les simples pêcheurs craintifs de Galilée en courageux annonciateurs de l’Évangile. Rien ne pourra plus les arrêter. À tous ceux qui voudront les empêcher de témoigner, ils répondront : « Nous ne pouvons pas taire ce que nous avons vu et entendu » .
À travers les apôtres, Jésus confie la tâche de témoigner à l’Église entière. C’est l’expérience de la première communauté chrétienne de Jérusalem qui, vivant « dans l’allégresse et la simplicité du cœur », attirait chaque jour de nouveaux membres . C’est aussi celle des membres de la première communauté de l’apôtre Jean. Ils annonçaient ce qu’ils avaient entendu, vu de leurs yeux, contemplé et touché de leurs mains, c’est-à-dire le Verbe de la vie…
Par notre baptême et notre confirmation, nous aussi nous avons reçu l’Esprit Saint (Ac 2,38). Il nous pousse à témoigner et à annoncer l’Évangile. Et à nous aussi, Jésus assure :
« Vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous. »
C’est lui, le don du Seigneur ressuscité. Il habite en nous comme en son temple, il nous éclaire et il nous guide. Esprit de vérité, il fait comprendre les paroles de Jésus, les rend vivantes et actuelles, il nous fait aimer la sagesse, nous suggère ce que nous devons dire et comment le faire. Esprit d’amour, il nous enflamme de son amour même, nous rend capables d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de toutes nos forces, et d’aimer tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin. Esprit de force, il nous donne le courage et la force d’être cohérents avec l’Évangile et de toujours témoigner de la vérité. Seul le feu de l’amour qu’il insuffle dans nos cœurs nous permet d’accomplir la grande mission que Jésus nous confie :
« vous serez alors mes témoins… »
Comment être témoins de Jésus ? En vivant la vie nouvelle qu’il a apportée sur la terre, l’amour, et en en montrant les fruits. Je dois suivre l’Esprit Saint qui, chaque fois que je rencontre un frère ou une sœur, me rend prêt à me « faire un » avec lui ou avec elle, à les servir à la perfection ; qui me donne la force de les aimer lorsque je les considère comme mes ennemis ; qui emplit mon cœur de miséricorde pour savoir pardonner et me préoccuper de leurs besoins ; qui me pousse à communiquer au moment opportun ce que j’ai de plus beau dans le cœur…
À travers mon amour, c’est celui de Jésus qui se révèle et se transmet. Pensons à la loupe qui concentre les rayons du soleil. Elle peut enflammer ainsi une touffe d’herbe, alors que, mise directement face au soleil, celle-ci ne prend pas feu. Il se produit parfois la même chose pour ceux que la religion semble laisser indifférents : ils peuvent s’enflammer en rencontrant quelqu’un qui participe à l’amour de Dieu. Une telle personne joue alors le rôle de la loupe qui éclaire et enflamme.
Avec cet amour de Dieu dans le cœur, et grâce à lui, on peut aller loin, et faire partager notre découverte à bien d’autres :
«… jusqu’aux extrémités de la terre. »
Les « extrémités de la terre » ne sont pas simplement géographiques. Elles indiquent aussi, par exemple, des personnes proches de nous qui n’ont pas encore eu la joie de connaître véritablement l’Évangile. Notre témoignage devrait aussi les atteindre.
Nous voulons vivre la « règle d’or », présente dans toutes les religions : faire aux autres ce que nous voudrions qu’ils fassent pour nous.
L’amour de Jésus nous demande également de nous « faire un » avec chacun, dans le complet oubli de soi, jusqu’à ce que l’autre, doucement touché par l’amour de Dieu en nous, veuille se « faire un » avec nous, dans un échange réciproque d’aides, d’idéaux, de projets, d’affection. Ce n’est qu’alors que nous pourrons parler, et ce sera un don, dans la réciprocité de l’amour.
Que Dieu fasse de nous ses témoins devant les hommes afin qu’au Ciel, Jésus – comme il nous l’a promis – se déclare pour nous devant son Père.
Chiara LUBICH
Avr 30, 2003 | Non classifié(e), Parole di vie
Jésus se prépare à retourner vers son Père. Dans sa mort et sa résurrection, désormais imminentes, s’actualise la parabole du grain de blé qui, tombé en terre, meurt et porte du fruit en formant l’épi. Jésus accomplit son œuvre : sur la croix il se donne complètement (c’est le grain de blé qui meurt) et par la résurrection il donne vie à une nouvelle humanité (c’est l’épi formé de grains multiples). Mais Jésus veut que son œuvre continue dans ses disciples : eux aussi devront aimer jusqu’à donner leur vie et engendrer ainsi la communauté. C’est pourquoi, parlant avec eux lors de la dernière Cène, il les compare à des sarments de vigne appelés à porter du fruit.
Comment pouvons-nous être greffés à la vigne ? Jésus explique que demeurer en lui signifie demeurer en son amour , laisser ses paroles vivre en nous , observer ses commandements , surtout «son » commandement : celui de l’amour réciproque . Dans cette dernière Cène, il nous a donné aussi son corps et son sang. En nous et parmi nous, il continuera à porter du fruit et à accomplir son œuvre. Mais si nous refusons ce rapport d’amour, nous nous coupons nous-mêmes de la vigne.
« Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève. »
Cette action sans recours du Père ne peut que réveiller en nous la crainte de Dieu. Nous ne pouvons pas abuser de son amour. Et comme Dieu est amour, il est également juste. S’il enlève le sarment, c’est parce qu’il est déjà mort, il s’est condamné lui-même, il a refusé la sève et ne porte plus de fruit. On peut aussi oublier ce qui a réellement de la valeur : être unis à Jésus, vivre de sa grâce, ou au moins être en paix avec sa conscience, et s’imaginer à tort que porter du fruit rime avec activisme, organisation d’œuvres, efficacité… Mais alors le Père enlèvera le sarment sans vie dont la greffe, malgré les apparences, n’a pas pris.
N’y a-t-il donc plus aucune espérance ? Non, car la vigne du Seigneur est mystérieuse et il sait greffer à nouveau le sarment arraché : on peut toujours se convertir et recommencer.
«… et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore »
Comment savoir si je porte du fruit ? Celui qui agit avec droiture devra nécessairement traverser des épreuves. Elles sont à recevoir comme des manifestations de l’amour de Dieu qui nous émonde pour que nous portions du fruit. C’est le sens des souffrances physiques et spirituelles, des maladies, des tentations, des doutes, de la sensation d’être abandonné de Dieu, des situations les plus diverses qui nous parlent plus de mort que de vie. Pourquoi ? Dieu veut-il la mort ? Non, bien au contraire, Dieu aime la vie, mais une vie si pleine, si féconde que nous ne pourrons jamais l’imaginer malgré toute notre tension vers le bien, la paix et tout ce qu’il nous demande. C’est justement pour cela qu’il nous émonde.
« Je suis la vraie vigne et mon père est le vigneron. Tout sarment qui, en moi, ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit, il l’émonde, afin qu’il en porte davantage encore. »
Cette Parole de Vie nous assure que les épreuves et les difficultés ne sont jamais le fruit du hasard. Elles nous sont données pour que nous puissions porter “plus de fruit”. Et le fruit ne consiste pas seulement en fécondité apostolique, c’est-à-dire en la capacité de susciter la foi et d’édifier la communauté chrétienne. Jésus nous indique également d’autres fruits. Il nous promet que si nous demeurons dans son amour et que ses paroles demeurent en nous, nous pourrons demander ce que nous voudrons, cela nous sera donné , nous rendrons gloire au Père , nous aurons la plénitude de la joie.
Cela ne vaut-il la peine de se confier aux mains du Père et de nous laisser travailler par lui ?
Chiara LUBICH
Mar 31, 2003 | Non classifié(e), Parole di vie
Jésus est au jardin des oliviers, sur le domaine appelé Gethsémani. L’heure tant attendue est arrivée, moment crucial de toute son existence. Il tombe à terre et supplie Dieu en l’appelant « Père » avec une tendresse confiante. Il lui demande « d’écarter de lui cette coupe », expression qui signifie sa passion et sa mort. Il lui demande que cette épreuve passe loin de lui… et finalement Jésus s’en remet complètement à la volonté de son Père.
« Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
Jésus sait que sa passion n’est pas un événement imprévu, lié à la seule décision des hommes. Ce sont les hommes qui ont rejeté et condamné Jésus, mais la « coupe » appartient au dessein de Dieu. Elle vient des mains du Père.
Jésus nous enseigne que le Père a un dessein d’amour sur chacun d’entre nous et nous aime tous d’un amour personnel. Si nous y croyons et y répondons par notre amour – voilà la condition – tout concourt à notre bien. Pour Jésus, rien n’est arrivé par hasard, pas même sa passion et sa mort. Et puis il y a eu la Résurrection, que nous célébrons solennellement ce mois.
L’exemple de Jésus, le Ressuscité, doit illuminer notre vie. Tout ce qui nous arrive, et notamment tout ce qui nous fait souffrir, est à lire comme une volonté de Dieu qui nous aime ou une permission de sa part, toujours due à son amour. Alors tout prendra un sens dans notre vie, tout servira, même ce qui nous apparaît sur le moment incompréhensible et absurde, même ce qui, comme pour Jésus, peut nous précipiter dans une angoisse mortelle. Il suffira qu’avec lui nous sachions répéter, dans un acte de confiance totale envers l’amour du Père :
« Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
Ce qu’il veut, c’est que nous vivions notre vie, que nous profitions avec gratitude des dons de la vie. La volonté de Dieu est bien différente de ce que nous pensons parfois : une perspective, notamment douloureuse, à laquelle il faut se résigner, ou une succession d’actes monotones formant la trame de notre existence.
Pour nous donner sa vie en plénitude, Dieu nous fait connaître sa volonté par la voix de notre conscience et nous invite à la suivre. C’est ainsi qu’il nous manifeste son amour.
Nous pourrions nous la représenter par l’image du soleil et de ses rayons. Les rayons sont comme sa volonté sur chacun de nous. Chacun chemine sur un rayon, dans la volonté de Dieu sur lui, distinct du rayon de celui qui est à côté de lui, mais appartenant au même soleil. Nous tous, donc, nous ne faisons qu’une seule volonté, celle de Dieu, mais elle prend des formes différentes pour chacun. D’ailleurs, plus les rayons se rapprochent du soleil, plus ils deviennent proches les uns des autres. Nous aussi, plus nous nous rapprochons de Dieu, en accomplissant de manière toujours plus parfaite sa volonté, plus nous nous rapprochons entre nous… jusqu’au jour où nous serons tous un.
Vivre ainsi peut transformer notre vie. Au lieu de ne fréquenter que ceux qui nous plaisent et de n’aimer que ceux-là, nous pouvons approcher tous ceux que la volonté de Dieu met à nos côtés. Au lieu de choisir de faire ce qui nous plaît, nous pouvons donner la préférence à ce que la volonté de Dieu nous suggère. En étant entièrement projetés dans la divine volonté de l’instant (« ce que tu veux »), nous serons tout naturellement détachés de notre moi (« non pas ce que je veux »).
Et en cherchant Dieu seul, ce n’est pas le détachement pour lui-même que l’on recherche, mais on le trouve de fait. Alors notre joie sera pleine. Il suffit de se couler dans le moment qui passe en accomplissant, à cet instant, la volonté de Dieu, en répétant :
« Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
Le moment passé n’est plus et le futur pas encore là. Nous ne pouvons aimer Dieu que dans le présent qui nous est donné, en lui disant notre propre « oui », à sa volonté. Un voyageur dans le train arriverait-il plus vite à destination en avançant dans le couloir du wagon ? Comme lui, restons assis à notre place, dans le moment présent. Le train du temps avance tout seul.
Aimons donc ce sourire à donner, ce travail à accomplir, cette voiture à conduire, ce repas à préparer, cette activité à organiser, et celui qui souffre à côté de nous.
L’épreuve et la souffrance ne doivent pas non plus nous effrayer si, avec Jésus, nous savons y reconnaître la volonté de Dieu, ou plutôt son amour pour chacun de nous. Et nous pourrons lui adresser cette prière :
« Seigneur, donne-moi de ne rien craindre, car tout ce qui arrivera ne proviendra que de ta volonté ! Seigneur, donne-moi de ne rien désirer, car rien n’est plus désirable que ta seule volonté.
Qu’importe la vie ? Ta volonté importe.
Donne-moi de n’être effrayé par rien, car en toute chose réside ta volonté. Donne-moi de ne me glorifier de rien, car tout vient de ta volonté. »
Chiara LUBICH
Fév 28, 2003 | Non classifié(e), Parole di vie
Aux foules qui s’empressaient autour de lui, Jésus parlait du royaume de Dieu : des paroles toutes simples, des paraboles tirées d’épisodes de la vie quotidienne, qui pourtant exerçaient un attrait tout spécial sur son auditoire. Ce qui frappait les foules c’était l’autorité avec laquelle Jésus parlait, contrairement aux scribes. « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » répondent aux grands prêtres et aux pharisiens les gardes qui ont enfreint l’ordre de l’arrêter.
L’évangile de Jean rapporte des entretiens lumineux, comme celui de Jésus avec Nicodème ou avec la Samaritaine. Avec ses apôtres, toutefois, Jésus va plus en profondeur : il leur parle ouvertement du Père et des choses du Ciel, en abandonnant tout langage énigmatique ; ils en sont séduits même s’ils ne comprennent pas entièrement ses paroles ou que celles-ci leur paraissent trop exigeantes.
« Elle est dure, cette parole ! Qui peut l’écouter ? » commentent de nombreux disciples après le discours du Pain de Vie où il est question de donner son corps à manger et son sang à boire.
Alors, voyant s’éloigner ses disciples, il s’adresse aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Pierre, désormais attaché pour toujours à son Maître et fasciné par ce qu’il lui avait dit le jour de leur rencontre, prend la parole au nom de tous et déclare :
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ».
Pierre avait bien compris que les paroles de son Maître étaient tout à fait différentes de celles des autres maîtres. Les paroles qui vont de la terre à la terre, appartiennent à la terre et ont le destin de la terre. Les paroles de Jésus, en revanche, sont esprit et vie parce qu’elles viennent du Ciel : elles sont une lumière qui descend du Ciel et qui a la puissance du Ciel. Les paroles de Jésus ont une densité et une profondeur que n’ont pas les autres paroles, celles des philosophes, des hommes politiques, des poètes. Elles sont « paroles de vie éternelle » parce qu’elles contiennent, expriment et communiquent la plénitude de la vie qui n’a pas de fin, parce que c’est la vie même de Dieu.
Jésus est ressuscité et il est vivant. Ses paroles, prononcées dans le passé, ne sont pas de l’ordre du souvenir, mais s’adressent aujourd’hui à chacun de nous, à tous les hommes et femmes de tous les temps et de toutes les cultures : ce sont des paroles universelles et éternelles.
On pourrait dire de Jésus qu’il a excellé dans l’art de la parole : le Verbe lui-même qui s’exprime en paroles humaines. Tout y est inouï : le contenu, l’intensité, l’accent, la voix !
Saint Basile raconte : « Un jour, je m’éveillai comme d’un profond sommeil, je tournai les yeux vers l’admirable lumière de la vérité évangélique et je vis l’inutilité de la sagesse des princes de ce siècle, ceux qui sont marqués par la déchéance . »
Thérèse de Lisieux, dans une lettre du 9 mai 1897, écrit : « Parfois lorsque je lis certains traités spirituels [?] mon pauvre petit esprit se fatigue bien vite, je ferme le savant livre qui me casse la tête et me dessèche le cœur et je prends l’Écriture Sainte. Alors tout me semble lumineux, une seule parole découvre à mon âme des horizons infinis, la perfection me semble facile. »
Oui, les paroles divines comblent notre esprit fait pour l’infini. Elles n’illuminent pas seulement l’esprit mais tout notre être car elles sont lumière, amour et vie. Elles nous apportent la paix, même dans les moments de trouble et d’angoisse. Elles nous donnent la plénitude de la joie au milieu des souffrances qui parfois nous oppriment. Elles nous donnent la force lorsque nous sombrons dans la crainte ou le découragement. Elles nous rendent libres parce qu’elles ouvrent la voie à la Vérité.
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ».
La parole de ce mois nous rappelle que Jésus est le maître, l’unique maître que nous voulons suivre, au-delà de l’apparente dureté ou de l’étonnante exigence de ses paroles : honnêteté dans notre travail, pardon, service d’autrui plutôt que bien-être égoïste, fidélité dans la vie conjugale, résistance à la tentation de l’euthanasie auprès d’un malade incurable.
Combien de maîtres nous invitent à des solutions faciles, à des compromis ! Nous ne voulons écouter que notre seul maître et le suivre, Lui qui dit la vérité et « a des paroles de vie éternelle ». Nous pouvons prendre à notre compte ces paroles de Pierre.
Pendant le présent Carême qui nous prépare à la grande fête de la résurrection, nous pouvons nous mettre à l’école de ce Maître et en devenir d’authentiques disciples. L’amour de la Parole de Dieu doit nous habiter : accueillons-la attentivement lorsque nous l’entendons proclamer à l’église, lorsque nous la lisons, l’étudions ou la méditons.
Mais surtout, nous sommes appelés à la vivre, selon l’enseignement de l’Écriture : « Mettez la Parole en pratique. Ne soyez pas seulement des auditeurs qui s’abusent eux-mêmes ! » C’est pour cette raison que nous portons notre attention sur l’une d’entre elles chaque mois, et que nous la laissons nous pénétrer, nous former, nous « vivre ». Vivre une seule parole de Jésus revient à vivre l’Évangile tout entier car dans chacune de ses paroles c’est Lui-même qui se donne, c’est Lui qui vient vivre en nous. C’est comme une goutte de sa divine sagesse qui, à force de tomber au même endroit, se fraye un chemin et s’installe en nous, y imprimant un nouveau mode de penser, de vouloir et d’agir.
Chiara Lubich
Jan 31, 2003 | Non classifié(e), Parole di vie
Que nous rappelle le psaume d’où est tirée cette Parole de vie ? Que nous sommes le peuple de Dieu qui, tel un berger, veut nous guider vers la terre promise. Il nous a conçus depuis toujours et sait comment nous devons marcher pour atteindre la plénitude de notre être véritable. Dans son amour il nous montre le chemin, nous indiquant ce qu’il faut faire et éviter.
Voulant nous introduire dans une communion avec lui, Dieu nous parle comme à des amis : si quelqu’un écoute ma voix, conclut le psaume, il entrera dans le repos de Dieu, la terre promise, la joie du Paradis .
Jésus lui aussi se compare à un berger, nous conduisant vers la plénitude de la vie. Ses disciples qui le connaissent écoutent sa voix et le suivent. Il leur promet la vie éternelle.
À chacun, Dieu fait entendre sa voix. Le Concile Vatican II nous le rappelle :
« Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : “Fais ceci, évite cela”. Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme… » .
Lorsque Dieu parle à notre cœur, que devons-nous faire ? Simplement prêter l’oreille à sa parole, sachant que dans le langage biblique, écouter signifie adhérer complètement, se conformer à ce qui nous est dit. Cela revient à se laisser prendre par la main par Dieu et guider par lui . Nous pouvons lui donner toute notre confiance, comme un enfant qui s’abandonne dans les bras de sa mère et se laisse porter par elle. Le chrétien est une personne guidée par l’Esprit-Saint.
« Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? »
Après ces mots, le psaume poursuit : « Ne durcissez pas votre cœur ». La dureté du cœur, Jésus en a parlé bien souvent. À Dieu on peut résister c’est-à-dire se fermer, refuser de l’écouter. Le cœur dur ne se laisse pas façonner.
Par mauvaise volonté ? Pas toujours ; mais notre cœur est si souvent encombré de trop de bruits : penchants désordonnés conduisant au péché, mentalité du monde qui s’oppose au projet de Dieu, modes, slogans publicitaires… Il est si facile de confondre nos opinions, nos désirs avec la voix de l’Esprit en nous, tombant ainsi dans l’arbitraire et le subjectif.
En moi se trouve la réalité par excellence : je ne dois jamais l’oublier. Alors, je ferai tout taire en moi pour y découvrir la voix de Dieu. Puis j’extrairai cette voix comme on extrait un diamant de sa gangue de boue : on enlève ce qui a pu la polluer, on l’expose, et on se laisse guider par elle. Alors je pourrai aussi guider les autres parce que la voix ténue de Dieu qui stimule et éclaire, cette sève qui monte du fond de mon âme, est sagesse, elle est amour, et le propre de l’amour est de se donner.
« Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? »
Notre sensibilité d’âme et notre instinct évangélique peuvent-ils s’affiner pour mieux écouter ce que la voix nous suggère ?
C’est possible d’abord en nous réévangélisant constamment par la lecture et surtout par la pratique de la parole de Dieu. Nous apprendrons à reconnaître sa voix en nous si nous nous habituons à l’écouter de la bouche de Jésus, parole de Dieu faite homme. Demandons-le lui dans la prière.
Et puis laissons vivre le Ressuscité en nous, en renonçant à nous-mêmes, en combattant notre égoïsme, notre « vieil homme », toujours à l’affût. Ayons le réflexe de dire non tout de suite à ce qui s’oppose à la volonté de Dieu et oui à tout ce qu’il veut. Non aux tentations et oui à nos devoirs, à l’amour envers tous les autres, oui aux épreuves et aux difficultés.
Enfin, nous reconnaîtrons plus facilement la voix de Dieu si le Ressuscité vit au milieu de nous, c’est-à-dire si nous nous aimons jusqu’à ce que l’amour devienne réciproque, en créant partout des oasis de communion, de fraternité. Jésus au milieu de nous est comme le haut-parleur qui amplifie la voix de Dieu en chacun de nous. L’apôtre Paul nous apprend que l’amour chrétien, vécu dans la communauté, s’enrichit toujours plus en connaissance et en clairvoyance, et nous aide à discerner ce qui convient le mieux.
Notre vie grandira entre deux flammes : Dieu en nous et Dieu au milieu de nous. Dans ce foyer divin nous pouvons nous former et nous entraîner à écouter et à suivre Jésus.
Que c’est beau une vie guidée autant que possible par l’Esprit-Saint ! Elle de la saveur, de la vigueur, elle est authentique et lumineuse.
Chiara LUBICH