Mouvement des Focolari

PAROLE DE VIE DE SEPTEMBRE 2000

Jésus adresse ces paroles à la foule qui connaissait bien les normes que l’Ancien Testament et l’enseignement rabbinique avaient dictées pour permettre de s’approcher de l’aire sacrée du Temple. C’était un rituel complexe d’ablutions et de lavage d’objets que l’Evangile de Marc avait décrit un peu plus haut . Mais cette purification extérieure ne devait être que l’expression d’une pureté intérieure, spirituelle. Or, en réalité, on finissait par oublier la véritable signification de ces pratiques rituelles, en se concentrant sur une observance, formelle et scrupuleuse, d’innombrables règles.

« Il n’y a rien d’extérieur à l’homme qui puisse le rendre impur en pénétrant en lui, mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »

Même si cette affirmation était compatible avec la législation judaïque, la prise de position de Jésus était toutefois très courageuse pour l’époque, parce qu’elle allait à contre courant. Il renouait avec la grande tradition des prophètes qui avaient toujours appelé le peuple à revenir à un culte authentique, c’est-à-dire pratiqué dans l’intimité de la conscience et pas seulement extérieurement, dans l’unique préoccupation d’éviter un contact physique avec des aliments ou des objets déclarés impurs.
Ici donc Jésus, comme dans tout son enseignement, ne cherche pas à abolir la Loi, mais à l’accomplir, c’est-à-dire lui redonner sa signification profonde et lui rappeler son but qui est de rapprocher l’homme de Dieu.

« Il n’y a rien d’extérieur à l’homme qui puisse le rendre impur en pénétrant en lui, mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »

“… ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. ” Cette seconde partie de la phrase de Jésus parle au contraire de la véritable contamination : l’homme est contaminé non par ce qui entre en lui, mais par ce qui sort de lui. De l’intérieur, de son cœur, montent les pensées, les “ mauvaises intentions ” qui sont à l’origine d’ “ inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidité, perversités, ruse, débauche, envie, injures, vanité, déraison ” .
Jésus – tout en valorisant la création et connaissant la dignité de l’homme créé à l’image de Dieu – connaît l’être humain et son inclination au mal. C’est pour cela qu’il exige la conversion. Les paroles de l’évangéliste Marc mettent clairement en évidence le haut niveau de moralité exigé par Jésus. Il veut créer en nous un cœur pur et sincère d’où jaillissent, comme une source limpide, des bonnes pensées et des actions justes.

« Il n’y a rien d’extérieur à l’homme qui puisse le rendre impur en pénétrant en lui, mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »

Comment vivre alors cette Parole ?
Si ce ne sont pas les choses, les objets, les aliments, ni tout ce qui vient du dehors qui nous rend impurs, et nous éloigne de l’amitié de Dieu, mais le “ moi ” même de l’homme, son cœur, ses décisions. Jésus veut que nous réfléchissions à la motivation profonde de nos actes et de notre comportement. Pour Jésus, il n’y a qu’une motivation qui rende pur tout ce que nous faisons : c’est l’amour.
Laissons-nous alors guider, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, par l’amour ; par l’amour pour Dieu et pour nos frères et sœurs. Nous serons chrétiens à cent pour cent.

CHIARA LUBICH

 

PAROLE DE VIE DE MAI 2000

Le discours d’adieu que Jésus prononce après la dernière Cène est très riche d’enseignements et de recommandations. Il l’adresse, avec un cœur de frère et de père à la fois, à tous les siens, de tous les siècles.
Si toutes ses paroles sont divines, celles-ci ont des accents particuliers, car le Maître et Seigneur résume en elles sa doctrine de vie, en un testament qui deviendra ensuite la grande charte des communautés chrétiennes.
Abordons donc de la Parole de Vie de ce mois, qui est justement tirée du Discours d’adieu de Jésus, avec le désir d’en découvrir le sens profond et caché, afin de pouvoir en imprégner toute notre vie.
En lisant ce chapitre de Jean, la première chose qui saute aux yeux, c’est l’image de la vigne et des sarments, si familière à un peuple qui depuis des siècles plante des vignes et cultive le raisin. Un peuple qui sait bien que seul le sarment bien greffé au tronc peut devenir vert de feuilles et riche de grappes. Tandis que le sarment coupé se flétrit et meurt. On ne pouvait trouver d’image plus expressive pour décrire la nature du lien qui nous unit au Christ.
Il est également dans cette page d’Evangile, un autre mot qui revient fréquemment : “ demeurer ”, dans le sens d’être solidement liés et intimement insérés en lui, condition indispensable pour recevoir la sève vitale qui nous fait vivre de sa vie même. “ Demeurez en moi comme moi je demeure en vous ”. “ Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance ”. “ Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment ”  . Ce verbe “ demeurer ” revêt donc une signification et une valeur essentielles pour la vie chrétienne.

« Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous arrivera. »

“ Si ”. Ce conditionnel indique quelque chose que personne ne pourrait observer si Dieu n’était pas le premier à venir à notre rencontre. Bien plus encore : s’il ne s’était pas mêlé à l’humanité au point de devenir une seule chose avec elle. C’est lui qui, le premier, se greffe pour ainsi dire en notre chair quand nous recevons le Baptême et qui nous vivifie de sa grâce.
A nous ensuite de réaliser dans notre vie ce que le baptême a opéré en nous, et de découvrir les inépuisables richesses qu’il y a déposées.
Et comment ? En vivant la Parole, en la faisant fructifier, en lui permettant de s’installer de façon stable en notre existence. Demeurer en lui signifie faire en sorte que ses paroles restent en nous, non pas comme des pierres au fond d’un puits, mais comme des graines jetées en terre, afin que, l’heure venue, elles germent et portent du fruit. Mais demeurer en lui , signifie surtout – comme Jésus l’explique lui-même dans ce passage de l’Evangile – demeurer dans son amour  . Voilà la sève vitale qui monte depuis les racines jusqu’au tronc et jusqu’aux sarments les plus éloignés. C’est l’amour qui nous lie à Jésus, qui nous fait être une seule chose avec lui, comme un organe “ greffé ” en son corps. Et l’amour consiste à vivre ses commandements, tous résumés en ce grand et nouveau commandement de l’amour réciproque.
Et comme pour nous en donner une confirmation, afin que nous puissions vérifier que nous sommes bien greffés en lui, il nous promet que chacune de nos prières sera exaucée.

« Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous arrivera. »

Si c’est lui-même qui demande, il ne peut pas ne pas obtenir. Si nous sommes une seule chose avec lui, c’est lui en nous qui exprime sa demande. Si nous nous mettons donc à prier et à demander quelque chose à Dieu, interrogeons-nous d’abord pour savoir “ si ” nous avons vécu la Parole, si nous avons toujours été dans l’amour. Demandons-nous si nous sommes ses paroles vivantes et le signe concret de son amour pour chacun de ceux que nous rencontrons. Car il peut arriver que nous demandions des grâces, mais sans aucune intention de conformer notre vie à ce que Dieu nous demande.
Serait-il juste alors qu’il nous exauce ? Notre prière ne serait-elle pas différente si elle naissait réellement de notre union avec Jésus, si c’était lui-même en nous qui suggérait les demandes à adresser à son Père ?
Demandons alors tout ce que nous voulons, mais préoccupons-nous d’abord de vivre sa volonté, afin que ce ne soit plus nous qui vivions, mais lui en nous.

CHIARA LUBICH

 

PAROLE DE VIE D’AVRIL 2000

Cette parole de Jésus est extraordinaire et contient la clef du christianisme.
La Pâque des juifs est proche. Dans la foule des pèlerins qui affluent vers Jérusalem, se trouvent quelques Grecs qui demandent à “ voir Jésus ”. Les disciples le préviennent. Et Jésus leur répond en parlant de sa mort imminente. Mais il ajoute que, plutôt que de provoquer la dispersion des disciples – comme cela aurait pu se passer – cette mort attirera “ tous les hommes ” à lui : ainsi tous, qu’ils soient juifs ou grecs, tous, et pas seulement ses disciples, croiront en lui ; sans aucune discrimination de race, de condition sociale, ni de sexe . L’œuvre de salut opérée par Jésus est en effet universelle. La présence des Grecs en est un signe.

« Pour moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

Que signifie “…j’aurai été élevé de terre ” ?
Pour l’évangéliste Jean cette expression veut dire à la fois “ être hissé sur la croix ” et “ être glorifié ”. Car Jean voit dans la passion et la mort du Christ la grande preuve de l’amour de Dieu pour l’humanité. Cet amour est si puissant qu’il ressuscite Jésus qui attire tous les hommes à lui. Autour du Christ élevé de terre se construira l’unité du nouveau peuple de Dieu.
L’on ne peut plus désormais séparer la croix de la gloire, ni le Crucifié du Ressuscité. Ce sont deux aspects du même mystère de Dieu qui est Amour.
C’est cet Amour qui attire. Le Crucifié Ressuscité exerce sur le cœur de l’homme une attraction profonde et personnelle qui se manifeste dans deux directions : elle appelle les siens à partager sa gloire et elle les pousse à aimer tous les hommes comme Jésus l’a fait, jusqu’à donner sa vie.

« Pour moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

Comment vivre cette Parole ? Comment répondre à tant d’amour ?
Si Jésus est mort pour tous, tous les hommes sont appelés à le suivre, ils sont même tous candidats à être d’autres Jésus. Regardons alors toute créature humaine avec ces yeux-là, c’est-à-dire avec un regard d’amour qui sait aller au-delà des apparences.
Qu’ils soient chrétiens, musulmans, bouddhistes ou d’autres convictions, tous doivent être l’objet de notre amour. Un amour qui soit prêt à donner la vie. S’il ne s’agit pas de mourir physiquement, la mort de notre amour propre nous est bien souvent demandée.
Quand nous clouons notre “ moi ” sur la croix, quand nous mourons à nous-mêmes pour laisser vivre le Christ, nous voyons alors s’étendre autour de nous le Règne de Dieu.
On dit que le monde appartient à celui qui l’aime et sait le mieux lui en donner la preuve. Qui a su l’aimer plus que Jésus ? Ainsi pourront le faire ceux qui, en cherchant à imiter le Christ, se donnent totalement au prochain par un amour désintéressé et universel.

« Pour moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. »

Nous chercherons en ce mois à accueillir dans notre cœur le précieux enseignement du Crucifié-Ressuscité et à le mettre en pratique. Cela illuminera le sens de la souffrance dans notre vie et son extraordinaire fécondité.
Jour après jour, de petites ou de grandes souffrances nous assaillent : un doute, un échec, une incompréhension, des tensions, une difficulté au travail, une maladie, même un malheur ou de sérieuses préoccupations. Efforçons-nous de les accepter et de les offrir à Jésus comme une expression de notre amour pour lui.
Unissons notre goutte à l’océan de sa passion, afin qu’elle porte du fruit pour un grand nombre. Une fois notre offrande accomplie, essayons de ne plus y penser mais cherchons à entreprendre tout ce que Dieu veut de nous, là où nous sommes : en famille, dans l’entreprise, au bureau, à l’école… et essayons avant tout d’aimer les autres, les prochains qui nous entourent.
Puisque Jésus est mort pour tous et que tous sont appelés à le suivre, agissons pour que le plus grand nombre de personnes possible puisse rencontrer l’amour du Christ. Ce sera alors Jésus lui-même qui attirera à lui tous les hommes et qui nous aidera à nous aimer entre nous et à établir entre tous les hommes une grande fraternité.

CHIARA LUBICH

 

PAROLE DE VIE DE MARS 2000

L’évangéliste Marc – comme d’ailleurs Matthieu et Luc – nous rapporte qu’un jour Jésus prit à part Pierre, Jacques et Jean et les conduisit sur une haute montagne. Là, il se passa un fait extraordinaire : Jésus fut transfiguré devant eux, ses vêtements devinrent d’une blancheur éblouissante, et apparurent Moïse et Elie qui s’entretenaient avec lui. Une nuée recouvrit les trois apôtres et de la nuée descendit une voix, celle du Père des cieux, qui s’adressait à eux par ces paroles :

« Celui-ci est mon fils bien aimé, écoutez-le. »

Dès le début de sa mission, au moment du baptême du Christ dans le Jourdain, cette même voix mystérieuse s’était fait entendre : “ Tu es mon Fils, mon bien aimé : en toi j’ai mis tout mon amour ” .
Cette fois le Père s’adresse aux disciples de Jésus, ainsi qu’à nous tous, pour nous inviter à nous mettre à l’écoute du Fils. La parole clef de ce mois est donc écouter.
Mais quand le Fils a-t-il parlé ? Où trouvons-nous sa Parole ? Dans les Evangiles. Ouvrons-les, lisons-les avec amour. L’Evangile est la Parole de Jésus.
Il a pourtant aussi d’autres manières de nous parler. Mais comment reconnaître sa voix, arriver à la distinguer parmi tant d’autres voix, comment nous mettre sur la même longueur d’onde ?
Il y a un moment fort durant lequel il parle à notre âme : dans la prière. Plus nous cherchons à aimer Dieu dans notre cœur, plus sa voix se fait entendre et nous guide du plus profond de notre être.
Et chacune des rencontres de notre journée peut être aussi une occasion d’écoute : en nous mettant, face à chaque prochain, en un silence d’amour qui accueille l’autre, quel qu’il soit, parce que – Jésus nous l’a révélé  — lui-même “ se cache ” derrière tout être humain.
Combien nos relations seraient changées si l’on cultivait plus cette qualité rare de l’écoute, qui peut être parfois l’unique moyen pour témoigner de notre attention envers celui qui est proche de nous, même s’il nous est inconnu !
Voilà donc le secret de cette Parole : pour nous disposer à écouter la voix de Dieu, mettons-nous à l’écoute de nos frères, de nos sœurs.

« Celui-ci est mon fils bien aimé, écoutez-le. »

La voix de Dieu prend de plus un timbre clair et unique, et se fait entendre distinctement, lorsqu’il est présent parmi nous, grâce à notre amour réciproque. Sa présence là où deux ou plus sont réunis en son nom  , sert en quelque sorte de haut-parleur à la voix de Dieu en nous.
Et il est alors plus facile de l’écouter, car nous sommes plus en accord avec ses pensées, avec ses enseignements.
Dans l’Evangile de Luc, on trouve également une autre phrase de Jésus concernant l’écoute de ceux qu’il envoie : “ Qui vous écoute, m’écoute ”  . Elle désignait les 72. Aujourd’hui, dans l’Eglise catholique, cette phrase concerne ceux auxquels il a confié plus particulièrement son message : ses ministres, ceux qui annoncent la Parole de Dieu.
Il existe aussi des “ témoins de Jésus ”, qui, en écoutant sa Parole et en la mettant en pratique de la manière la plus radicale, la font résonner dans le monde de manière toujours nouvelle et ouvrent les cœurs à son écoute.
Ainsi, s’il n’y a qu’une seule voix, elle s’adresse à nous de multiples manières : elle vient du plus profond de notre cœur, ou de la bouche des frères ou des sœurs, de la chaire d’une église, des pages de son Evangile ou des charismes des “ témoins ”.
La Parole de ce mois nous aidera à écouter – et à vivre – tout ce que Jésus voudra nous dire.

CHIARA LUBICH

 

PAROLE DE VIE DE FÉVRIER 2000

Paul, au cours de son extraordinaire mission, adopte un comportement que l’on pourrait définir ainsi : se faire tout à tous. Il s’efforce, en effet, de comprendre chacun, d’entrer dans les différentes mentalités. Aussi se fait-il juif avec les juifs, tandis qu’avec les autres, ceux qui n’avaient pas reçu de Dieu la révélation de la loi, il est libre par rapport à la loi. Il adhère aux coutumes juives chaque fois que cela peut aplanir les difficultés ou calmer les esprits, mais lorsqu'il agit dans le cadre gréco-romain, il assume le style de vie et la culture qui conviennent à ce milieu.
Aussi affirme-t-il :

« J'ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns. »

Qui sont ces “ faibles ” ? Ce sont des chrétiens, un peu ignorants et influençables, qui se scandalisent facilement.
Cela s’était vérifié à propos de la question des viandes immolées aux idoles. Pour Paul, qui considère qu’il n’y a qu'un seul Dieu, les idoles n’existent pas. En conséquence, les viandes “ sacrifiées aux idoles ” sont inconsistantes. Cependant certains “ faibles ”, habitués à une certaine logique et peu instruits, pouvaient penser le contraire et rester désemparés. Se plaçant dans la mentalité fragile de ces chrétiens, Paul, pour ne pas les troubler, juge préférable de ne pas manger ces viandes-là.

« J'ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns. »

Pourquoi Paul adopte-t-il une telle attitude ?
Librement — de cette liberté du christianisme que, d’ailleurs, il annonce — Paul répond à l'exigence, à l’impératif même, de se faire l'esclave des autres, de ses frères, de chaque prochain.
Il le fait parce que son modèle est le crucifié. Dieu, en s'incarnant, s'est fait proche de tout homme. Sur la croix, il s'est rendu solidaire de chacun de nous, pécheurs, avec nos faiblesses, nos souffrances, nos angoisses, notre ignorance, nos abandons, nos problèmes, nos fardeaux.
Paul veut vivre de la même manière, c'est pourquoi il affirme :

« J'ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns. »

Et nous, comment pouvons-nous vivre cette nouvelle Parole de vie ?
Nous le savons : le sens de notre vie de chaque jour est d’arriver à Dieu et de ne pas le faire seuls, mais avec nos frères et nos sœurs. En effet, nous, chrétiens, nous avons reçu un appel de Dieu semblable à celui de Paul. Comme l'Apôtre, il nous faut “ gagner ” quelqu'un, “ en sauver sûrement quelques-uns ”.
Comment ? En “ nous faisant un ” avec nos prochains, enfants ou adultes, ignorants ou cultivés, riches ou pauvres, hommes ou femmes, compatriotes ou étrangers. Ceux que nous rencontrons sur notre chemin, ceux à qui nous parlons au téléphone, ceux pour qui nous travaillons…
Il nous faut aimer tout le monde. Mais préférer les plus faibles. “ Partager la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles ”. Être attentifs à ceux dont la foi est fragile, aux indifférents, à ceux qui se déclarent athées, qui dénigrent la religion. Si nous nous faisons un avec eux, nous expérimenterons l'infaillible méthode apostolique de Paul : nous donnerons un témoignage de Dieu qui les fascinera.
À toi qui lis ces lignes, j'ose dire : ta femme (ou ton mari) qui est anticlérical, aime-t-il passer des heures entières devant la télévision ? Tiens-lui compagnie, comme tu le peux, autant que tu le peux, en t'intéressant aux émissions qu’il aime suivre.
Ton fils a-t-il fait du foot son idole, au point qu’il se désintéresse de tout le reste et oublie jusqu'à la prière ? Passionne-toi pour le sport encore plus que lui.
Ton amie, qui a rejeté tout principe religieux, aime-t-elle voyager, lire, s'instruire ? Efforce-toi de comprendre ses goûts, ses exigences.
Fais-toi un avec tous, en tout, autant que tu le peux, excepté dans le péché. S'ils y tombent, désapprouve-les. Tu verras que se faire un avec les prochains n'est pas du temps perdu ; tu as tout à gagner. Un jour viendra — moins loin qu’on ne croit — où ils voudront savoir ce qui te fait agir ainsi. Et, reconnaissants, ils se lanceront à la découverte de ce Dieu qui est à l’origine de ton comportement, ils l’adoreront et ils vivront l’aventure de l’aimer.

CHIARA LUBICH