Movimento dei Focolari

Chiara Lubich : la fraternité ne se réalise qu’avec un amour spécial

Aujourd’hui, 14 mars, jour où nous rappelons le départ pour le Ciel de Chiara Lubich, nous publions quelques-unes de ses paroles, prononcées lors de la rencontre du Mouvement Politique pour l’Unité, à Berne (Suisse), le 4 septembre 2004. Une réflexion sur le style d'”amour” nécessaire pour que la fraternité universelle devienne possible.

La fraternité ne se réalise que grâce à un amour spécial. C’est un amour qui doit s’adresser à tous, comme Dieu le Père qui envoie la pluie et le soleil sur les méchants et sur les bons. Ce n’est pas un amour qui s’adresse seulement aux parents, aux amis, à certaines personnes, il doit s’adresser à tous ; et c’est déjà une gymnastique. Si nous partions de cette salle en ayant pour seule résolution d’aimer toutes les personnes que nous rencontrerons, en nous efforçant, si nous sommes chrétiens, de voir le Christ en eux – car alors Il nous dira : « C’est à moi que tu l’as fait », « c’est à moi que tu l’as fait », « c’est à moi que tu l’as fait » –, à mon avis nous aurions déjà gagné parce que de là partirait la révolution chrétienne.

Ensuite, cet amour, qui est nécessaire pour la fraternité, qui n’est pas la tolérance mais qui est quand même tolérant, qui n’est pas la solidarité mais qui est quand même solidaire, cet amour est quelque chose de différent, car c’est l’amour même de Dieu – nous, chrétiens, disons : [l’amour] répandu dans notre cœur par l’Esprit Saint. C’est un amour qui aime en premier, qui n’attend pas d’être aimé, qui est le premier à se mouvoir, qui s’intéresse aux personnes lorsque… bien sûr, il ne s’agit pas de les déranger ; il agit le premier, il n’attend pas d’être aimé. En général, dans l’amour, on attend d’être aimé afin d’aimer en retour. Au contraire, cet amour est le premier à se manifester, à se mettre en branle [route]… Et c’est la révolution. Ainsi notre Mouvement est arrivé, grâce à un charisme [reçu] de Dieu et non par nos propres forces, jusqu’aux extrémités de la terre ; car si l’on part d’ici avec l’idée d’aimer tout le monde et de toujours aimer en premier, sans attendre… ; eh… ; c’est déjà un Évangile en acte. Comprenez-vous ce qu’est l’Évangile ? C’est cela l’Évangile.

Et cet amour n’est pas sentimental ; ce n’est pas un amour platonique, ce n’est pas un amour évanescent mais un amour concret qui « se fait un » avec la personne aimée : si elle est malade, il se sent malade avec elle ; si elle se réjouit, il se réjouit avec elle ; si elle réalise une conquête, cette conquête est aussi la sienne. C’est un amour qui… comme le dit saint Paul : “Se faire tout à tous”, se faire pauvre, malade avec les autres. Partager : c’est ce qu’il est cet amour, quelque chose de concret.

Par conséquent : un amour qui doit s’adresser à tous, un amour qui commence le premier ; un amour concret.

Et puis il faut aimer les autres comme soi-même : c’est ce que dit l’Évangile. Donc, ma compagne, Eli, qui est ici dans la salle, c’est moi car je dois l’aimer comme moi-même, comme je m’aime moimême. De même Clara : je dois l’aimer comme moi-même ; cette dame, je dois l’aimer comme moimême ; cette autre dame, je dois l’aimer comme moi-même, c’est ça, l’Évangile. C’est vraiment quelque chose d’énorme : quand est-ce que nous aimons les autres comme nous-mêmes ? On se transporte, en quelque sorte, dans les autres, pour nous aimer comme nous-mêmes.

C’est aussi un amour qui, s’il est vécu par plusieurs personnes, devient réciproque car j’aime Marius et Marius m’aime ; j’aime Clara et Clara m’aime. Cet amour réciproque est la perle de l’Évangile. Jésus a dit : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » ; il a dit que c’est son commandement et qu’il est nouveau. Il résume donc l’Évangile. C’est la base de la fraternité. Que pouvons-nous faire pour être frères les uns des autres sinon nous aimer et nous aimer comme Lui nous a aimés jusqu’à être prêt à donner sa vie pour nous ?

Il nous faut avoir tout cela présent à l’esprit.

Avoir présent à l’esprit comment est cet amour (…), pour répondre au monsieur qui m’a posé la question : comment devons-nous penser notre relation aux autres ? Nous devons la penser sur le modèle du dialogue. Je dois voir l’autre comme quelqu’un avec qui je dois dialoguer. Cependant, pour pouvoir dialoguer, je dois le connaître ; je dois alors entrer dans l’autre et non pas commencer à parler, et m’efforcer de le comprendre l’autre, en le laissant s’exprimer. […] Nous devons entrer dans l’autre, le laisser s’ouvrir, le laisser parler et qu’il sente en nous le vide, la capacité de le comprendre. Il se passe alors – c’est notre expérience – que l’autre comprend qu’il est aimé et alors il devient bien disposé à écouter ce que nous avons à dire.

Le Pape a une très belle expression pour décrire le dialogue. Lorsque le moment est venu de donner notre vérité, ce que nous pensons, cela doit être une « annonce respectueuse » c’est-à-dire une annonce qui respecte la pensée de l’autre, qui n’entend pas faire de prosélytes, bref, un amour qui ne veut pas leur asséner nos convictions.

Voilà le dialogue tel qu’on doit le vivre, Monsieur. Il est la base de notre vie, de la fraternité universelle.

Chiara Lubich


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Œkoumène – venus du monde entier

Œkoumène – venus du monde entier

Le vendredi 1er mars, la 40e Conférence œcuménique des Évêques amis du Mouvement des Focolari s’est achevée dans la ville historique d’Augsbourg, en Allemagne. Elle a réuni 60 participants issus de 26 nations et appartenant à 29 Églises chrétiennes. « Oser l’unité. Un appel de Jésus à vivre l’avenir, dès maintenant », tel est le titre et, plus encore, la réalité vécue lors de cette rencontre.

1518. À Augsbourg (Allemagne), le cardinal romain Caetano, théologien thomiste réputé, et le moine augustinien Martin Luther, professeur d’Écriture sainte à l’université de Wittenberg (Allemagne) débattent au sujet des 95 thèses de Luther sur les indulgences. Rien à faire. Ils ne se comprennent pas. Luther craint pour sa vie et s’enfuit de nuit.

1530. La Diète du Saint Empire Romain germanique fait venir à Augsbourg l’empereur Charles Quint, qui a l’intention de réunir à nouveau les protestants et les catholiques, désormais divisés. Pour cette occasion, Philippe Melanchthon, un théologien ami de Luther, a préparé la Confessio Augustana, la « Confession d’Augsbourg », une profession de foi destinée à rassembler tout le monde. La tentative échoue.

1555. Lors d’une nouvelle Diète à Augsbourg, la Paix religieuse est signée, assurant la coexistence entre catholiques et luthériens. Chaque prince de l’Empire décide de la confession qui sera suivie sur son territoire, décision résumée dans l’expression latine cuius regio eius religio (tel prince, telle religion).

1650. Après la sanglante guerre de 30 ans, qui a également touché Augsbourg, la liberté d’expression religieuse et l’égalité des protestants et des catholiques dans toutes les fonctions publiques ont été sanctionnées. C’est ainsi qu’est née la Grande Fête de la Paix, qui est toujours célébrée le 8 août.

C’est dans ce lieu chargé d’histoire, Augsbourg, que s’est tenue, du 27 février au 1er mars, à l’invitation de l’évêque catholique du lieu, Bertram Meier, la 40e Conférence œcuménique des Évêques amis du Mouvement des Focolari. Y ont participé 60 évêques de 26 nations, appartenant à toutes les grandes familles d’Églises : orthodoxes, Églises orthodoxes orientales, anglicanes, méthodistes, évangéliques, réformées, catholiques de rite latin, arménien et byzantin. Jamais ils n’avaient été aussi nombreux et d’origine aussi universelle, ce que n’a pas manqué de souligner la maire de la ville, Eva Weber, lorsqu’elle a reçu les évêques à l’Hôtel de Ville.

Dès leur arrivée, la relation entre ces évêques, parmi lesquels se trouvent également deux femmes Évêques d’Églises issues de la Réforme, est frappante. Chaque Église est accueillie telle qu’elle est. Un esprit de fraternité toute simple imprègne les journées, sans méconnaître les blessures ni les points de désaccord qui subsistent entre les Églises. Mais tout est sous-tendu par ce pacte d’amour réciproque qui caractérise ces Conférences depuis le début et que les évêques renouvellent solennellement cette année encore, en promettant de partager les joies et les croix des uns et des autres. Il en résulte une synodalité œcuménique originale, comme l’ont définie plusieurs participants.

“Dare to Be One. A call from Jesus to live the future, now” (Oser l’unité. Un appel de Jésus à vivre l’avenir, dès maintenant) telle est la devise audacieuse de la Conférence et, plus encore, du voyage auquel participent également la Présidente et le Coprésident des Focolari, Margaret Karram et Jesús Morán. Trois thèmes principaux ont été approfondis, chacun illustré par des expériences : l’œcuménisme réceptif en tant que méthodologie œcuménique qui permet d’apprendre les uns des autres ; l’appel commun à témoigner de l’Évangile dans un monde divisé en quête de paix ; Jésus crucifié et abandonné comme moyen d’affronter la nuit du monde et d’y répondre d’une manière générative.

Autre date : le 31 octobre 1999, il y a 25 ans, la Fédération Luthérienne Mondiale et l’Église catholique signaient à Augsbourg la « Déclaration commune sur la doctrine de la justification », reconnaissant que, sur ce point central de désaccord au XVIe siècle, il n’y avait plus de raison de se séparer. Une prière œcuménique a commémoré cet événement historique sur le lieu de la signature : l’église évangélique Sainte-Anne. Le lendemain, une table ronde a permis d’approfondir la signification de l’événement. Le Rev. Ismael Noko, à l’époque secrétaire général de la Fédération Luthérienne Mondiale, a retracé le chemin humble et tenace qui a rendu possible cette signature et qui a vu l’adhésion ultérieure de trois autres Communions Mondiales (méthodistes, réformés et anglicans). Ernst Öffner, alors évêque régional du district d’Augsbourg, a raconté comment lui et l’évêque catholique d’Augsbourg s’étaient efforcés d’associer la population : toute la ville était en fête. L’évêque catholique Bertram Meier a parlé des défis et des chances du parcours qui se profile devant nous.

Tout au long de la conférence, les menaces qui pèsent actuellement sur la paix et la justice ont été abordées à maintes reprises. Notons l’importance du message vidéo sur la situation en Terre Sainte, envoyé par le Cardinal Pizzaballa aux évêques participant à la conférence. Dans ce contexte, deux réalités ont suscité une espérance particulière : le développement du réseau œcuménique « Ensemble pour l’Europe », auquel participent environ 300 Mouvements et communautés de diverses Églises, et la visite de la Cité pilote œcuménique d’Ottmaring (Allemagne) où, depuis 56 ans, catholiques et luthériens de différents Mouvements témoignent de l’unité dans la diversité, un chemin qui n’a pas toujours été facile, mais où chaque crise a donné lieu à de nouveaux développements.

Pour l’avenir, l’accent est mis sur la croissance des réseaux locaux, la connexion entre tous par le biais de liens Internet réguliers et de bulletins d’information, en vue d’une prochaine rencontre internationale dans deux ou trois ans.

                                                                                   Hubertus Blaumeiser

Renaître chaque jour

Aujourd’hui, 1re janvier, nous célébrons la Journée mondiale de la paix et, à cette occasion, nous vous proposons une pensée d’Igino Giordani (1894-1980) qui nous rappelle que vivre en paix ferait de chaque jour un Noël.

Noël étant considéré par la plupart comme une grande fête parmi d’autres, plus somptueuse que sacrée, il est bon de revenir sur quelques uns des aspects significatifs de cet événement à partir duquel l’histoire du monde a connu un avant et un après. (…)

L’écart est abyssal entre la naissance d’un puissant de cette terre, telle que la rêvait et la vivait le monde antique, et celle de Jésus, obscure et passant inaperçue. C’est précisément le paradoxe et  l’originalité sans mesure qui caractérisent ce Christ-roi qui naît d’une pauvre femme, dans une étable. (…)

Le principe de sa révolution ne compte  pas sur l’orgueil, mais sur l’humilité pour attirer au ciel les enfants de Dieu, à commencer par ceux qui mangeaient et dormaient par terre: les esclaves, les laissés pour compte, les étrangers, en un mot ceux qui sont  au rebut.

Avec cet enfant naissent la liberté et l’amour: sa liberté est une liberté d’amour. Une découverte inouïe !

L’amour universel qu’Il enseigne vise à disloquer un système social reposant en grande partie sur la tyrannie politique, l’abus d’autorité, l’usure déréglée, le mépris du travail,  la dégradation de la femme, le poison de la jalousie. (…)

Vivre en paix ferait de chaque jour un Noël.

Car telle est la révolution du Christ: nous faire renaître continuellement face à la malédiction de la mort. C’est pourquoi le plus grand commandement consiste à aimer l’homme ; ce qui revient à aimer Dieu. Aimer l’autre jusqu’à donner sa propre vie pour lui.

(Igino Giordani, Il Natale come rivoluzione, Città Nuova, Rome 1974, n.24, p.18)

Dire Dieu au féminin : Chiara Lubich et le langage mystique

“Ecrire sur Dieu : Chiara Lubich et la tradition mystique féminine” est le titre de la conférence qui aura lieu les 10 et 11 novembre 2023 à Bologne (Italie).

Il s’agit d’un séminaire consacré à ce que signifie “dire Dieu au féminin” qui se déroulera les vendredi 10 et samedi 11 novembre dans la salle Bolognini du Couvent de San Domenico à Bologne (Italie) et qui s’intitulera “Écrire sur Dieu. Chiara Lubich et la tradition mystique féminine du Moyen Âge au XXe siècle. Un itinéraire à plusieurs voix”. Promu par la Faculté de théologie d’Émilie-Romagne (Fter), le Centre Chiara Lubich et l’Institut universitaire de Sophia, cet itinéraire vise à offrir des perspectives et des réflexions sur la question du langage mystique, en mettant l’accent sur la mystique du XXe siècle et, en particulier, en prêtant une oreille attentive au langage des femmes.

Un véritable voyage “dans une page de l’histoire de la mystique féminine qui est vraiment peu explorée”, affirme le père Gianni Festa, professeur à la Fter, dominicain et l’un des promoteurs de l’événement.

Mais comment le langage peut-il témoigner d’une expérience aussi intime et profonde que celle avec Dieu ? Comment les mystiques, depuis la tradition médiévale jusqu’au XXe siècle, ont-ils fait en sorte que la parole témoigne de cette expérience et comment la restituer au monde ?

Autant de questions qui seront abordées dans ce séminaire à partir d’analyses historiques, littéraires et linguistiques qui témoignent – comme le dit le père Gianni Festa – “ que dire Dieu au féminin, c’est le dire autrement, et c’est pourquoi le langage féminin, qui dit Dieu, qui dit l’expérience mystique, doit absolument être compris”.

Une dimension qui, à travers les contributions des nombreux invités et chercheurs, sera explorée lors de cette conférence, en partant précisément de la figure de Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari au vingtième siècle. “L’expérience de Chiara Lubich, explique le père Festa, sera mise en relation, au niveau diachronique, avec des figures importantes de la tradition mystique médiévale, comme certains docteurs de l’Église, tels que Catherine de Sienne ou Thérèse d’Avila, mais surtout avec d’autres expériences et écrits mystiques du XXe siècle, certains plus connus, comme Etty Hillesum, Madeleine Delbrêl, d’autres moins connus, comme Sœur Maria, la grande amie mystique de Don Primo Mazzolari. Il s’agira donc d’explorer la question du langage mystique, de la théologie qui sous-tend la mystique féminine, et bien sûr d’identifier les chemins individuels de cette expérience”.

Pour plus d’informations, vous pouvez contacter le secrétariat de la Fter ou consulter le site du Centre Chiara Lubich. Vous pouvez vous inscrire à ces deux journées dans la section “Eventi” du site de la Fter.

Maria Grazia Berretta

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TVLUX Slovaquie interviewe Jesús Morán

De la spiritualité de l’unité à la pastorale générative de l’Église; de la rencontre entre les jeunes et Jésus au rôle moteur de l’Esprit Saint dans le Synode sur la synodalité. Tels sont quelques-uns des thèmes abordés par Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari, lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision slovaque TVLUX le 6 octobre 2023. L’utilisation de cette vidéo a été aimablement accordée par TVLUX.

Ces jours-ci, Jesús Morán, prêtre espagnol et Coprésident du Mouvement des Focolari, est en visite en Slovaquie. À Nitra, il a rencontré plusieurs évêques formateurs et plus de 80 séminaristes. Il est ici en ce moment et participe à notre programme. Bienvenue.

Lorsque l’on parle du Mouvement des Focolari, que pouvons-nous penser ? Qu’est-ce que cela signifie ?

Le Mouvement des Focolari est un Mouvement de l’Église catholique dont le cœur est le charisme de l’unité. Le grand théologien Von Balthasar disait que dans l’Église, chaque charisme est comme un regard sur tout l’Évangile à partir d’un point de vue. Ainsi, le charisme de l’unité est tout l’Évangile considéré à partir du testament de Jésus : « que tous soient un ». Donc le centre, tout ce que le Mouvement fait dans le domaine ecclésial ainsi que civil et social, est en relation avec l’unité. Nous cherchons l’unité – l’unité de type évangélique telle qu’elle apparaît dans l’Évangile – l’unité, qui est une façon de vivre en communion. De fait, on peut dire que la spiritualité de l’unité est la spiritualité de communion. C’est pourquoi, nous soulignons beaucoup l’amour réciproque, la rencontre avec le frère. Surmonter les divisions au niveau social le plus ample. Promouvoir la fraternité universelle, ce genre de choses, mais le centre est cette prière. C’est pourquoi nous disons toujours que nous voulons, dans la mesure du possible, vivre sur terre comme on vit dans la Trinité, c’est-à-dire que la Trinité est une communion d’amour.

La fondatrice de votre Mouvement est Chiara Lubich, assez bien connue ici en Slovaquie et depuis cette époque, il a été décidé que ce sera toujours une femme à la tête du Mouvement, la Présidente est une femme, c’est pourquoi vous êtes Coprésident. Pourquoi en est-il ainsi ?

Je crois que cela a à voir avec le nom officiel du Mouvement dans l’Église, parce que nous sommes le Mouvement des Focolari ou Œuvre de Marie. Dans les Statuts approuvés par l’Église, on parle d’Œuvre de Marie, nous soulignons donc beaucoup ce principe marial de l’Église, qui est un principe maternel, un principe générateur, qui montre une Église accueillante et, bien sûr, le principe marial est mieux exprimé par la femme. C’est cela l’idée. Il faut penser que c’est l’Église qui est mariale, c’est-à-dire que Marie est la forme de l’Église. Le concile Vatican II l’a dit très clairement, Marie est mère de l’Église. Dans ce sens, donc, nous souhaitons en être un reflet. La présidence féminine, en plus de mettre en valeur la femme, qui est un signe des temps, veut surtout souligner ce principe marial. Ce principe marial qui est aujourd’hui vraiment nécessaire. Il se montre vraiment nécessaire dans ce que souligne le Pape François : une Église plus proche des personnes, une Église en sortie, une Église moins cléricale, moins masculine. Tout cela a à voir avec la présidence féminine du Mouvement des Focolari. Cela a surtout à voir avec Marie.

Vous êtes venu en Slovaquie non seulement pour rencontrer les membres des Focolari, mais aussi nos évêques, prêtres, séminaristes. Cette rencontre s’est déroulée à Nitra. Quelle émotion vous a laissé cette rencontre avec nos prêtres ?

En réalité, j’étais avec l’évêque de Nitra et des évêques d’autres diocèses qui ont participé à la rencontre des séminaristes venus de 5 diocèses. Je me suis senti très accueilli, très accueilli. Puis, dans la salle, j’ai vu des personnes qui suivent Jésus, j’ai vraiment vu beaucoup de pureté, beaucoup de pureté chez les séminaristes, beaucoup de sérieux. Certains, à la suite de la rencontre et après le dîner, ont voulu approfondir ce que j’avais dit. Ils sont restés pour un entretien avec moi et j’ai vu dans leurs questions une nécessité, une urgence de vouloir être prêtres à la hauteur de notre temps. Un prêtre d’aujourd’hui qui vit avant tout l’Évangile de façon authentique. J’ai donc été très, très édifié.

Vous avez surtout parlé de pastorale générative. De quoi s’agit-il ?

La pastorale générative est un concept qui vient en lumière, en évidence, ces derniers temps. En Occident surtout où l’on assiste, pour ainsi dire, à un déclin numérique de l’Église. Auparavant, les églises étaient pleines, les personnes s’approchaient des sacrements. Les baptêmes étaient nombreux, les premières communions… Tout cela a maintenant diminué considérablement.

Alors, la question est : que se passe-t-il ? Il semble que les méthodes utilisées avec succès pendant des années, des siècles, ne servent plus. Faut-il repenser la pastorale ? La pastorale générative n’est pas une pastorale nouvelle, c’est comme retourner à l’origine de la pastorale et l’origine de toute pastorale est Jésus ; c’est-à-dire, comment Jésus évangélisait-il ? Pour le dire plus simplement, parce qu’il est l’Évangile vivant, au travers de rencontres personnelles très profondes. Si nous regardons les Évangiles, chaque fois que Jésus rencontre quelqu’un, il se passe quelque chose de significatif pour la personne, nous le voyons avec Nicodème, avec Zachée, avec Mathieu, avec le centurion, avec la Samaritaine, avec la femme souffrant d’hémorragie, avec la Cananéenne. Il se passe toujours quelque chose, Jésus génère donc quelque chose en l’autre.

Il nous faut passer de ce qu’on appelle la pastorale réglementée, qui est celle que nous avons eue, de type quantitatif – combien de baptêmes, combien de baptisés, combien se sont mariés à l’Église cette année ? – à une pastorale qui recherche la qualité, pas tant la quantité ; donc, que se passe-t-il ? Y a-t-il une vie chrétienne dans nos paroisses ? Cherchons la fécondité plus que les résultats, voici la pastorale générative. Donc, on souligne beaucoup la rencontre avec l’autre ; pour rencontrer l’autre, tu ne dois pas attendre qu’il vienne te demander un sacrement, tu dois toi-même aller à la rencontre de l’autre. Ainsi, la pastorale générative change l’idée du Pasteur, mais elle change aussi l’idée des chrétiens, parce que dans le fond… il ne s’agit pas… Il faut des apôtres générateurs, sans aucun doute, mais ce qu’il faut avant tout, c’est une communauté, une communauté accueillante, c’est-à-dire que ce qui s’est passé avec Jésus doit se reproduire, les personnes vont dans une communauté et il se passe quelque chose. Elles sont impressionnées par quelque chose. Voilà, en résumé, ce dont nous avons parlé avec les séminaristes.

Se pourrait-il que les jeunes d’aujourd’hui recherchent la vie et qu’ils aient besoin que nous leur apportions cette vie, qui est la vie avec Jésus ?

Absolument. Je pense que… j’ai toujours pensé que Jésus n’abordait jamais les gens avec une doctrine. Il recherchait toujours d’abord une rencontre personnelle et enseignait ensuite. Même si nous voyons Jésus enseigner… mais il a consacré beaucoup de temps à ces rencontres personnelles. Je crois que les jeunes d’aujourd’hui sont à la recherche de la vie. La doctrine doit être basée sur la vie et cette rencontre avec Lui, pour qu’ils puissent l’accepter. Sinon, ils restent avec un christianisme qui est comme une morale, c’est comme un enseignement, mais ce n’est pas ça le christianisme. Le christianisme, c’est la rencontre avec le Christ.

Ces jeunes que vous avez rencontrés à Nitra sont les futurs pasteurs de notre Église. Comment peuvent-ils être les pasteurs dont nous avons besoin en ce moment et qu’ils ne tombent pas dans le cléricalisme dont parle tant le pape François ?

Je crois qu’un Pasteur doit d’une certaine manière, plus que diriger  (« pastorear », mener le troupeau) – pastorear est le mot que le Pape François utilise même lorsqu’il parle en italien, il l’utilise ainsi, avec le mot espagnol – il doit aimer. D’abord aimer, puis diriger, parce que si tu te mets dans la position de diriger, tu te mets en situation de supériorité, comme si tu devais enseigner. Tandis que le pasteur, aujourd’hui, doit avant tout aimer les paroissiens, il doit aimer tous les fidèles. C’est ainsi qu’il est pasteur. C’est ainsi qu’il est vraiment Pasteur et qu’il peut avoir autorité sur les autres. C’est fondamental et puis ce que j’ai dit précédemment, ne pas tant chercher les résultats que la fécondité. Et autre chose : aujourd’hui, le pasteur doit être très conscient qu’il ne s’autoproclame pas, mais qu’il annonce le Christ, il doit donc être profondément ancré en Christ, profondément. Un pasteur seul, qui ne vit pas au sein d’une communauté chrétienne, qui ne vit pas l’amour réciproque avec les autres, peut difficilement communiquer un amour tel que Jésus l’a proclamé dans sa vie.

Vous avez dit un mot tout à l’heure et il m’est venu à l’esprit que cela n’arrive pas seulement aux prêtres, mais aussi aux chrétiens qui vivent profondément leur foi, mais qui oublient parfois que ce ne sont pas eux qui sauvent les personnes, mais Jésus.

C’est vrai. C’est important. C’est pourquoi j’insiste sur la communauté. Saint Paul, dans la première lettre aux Corinthiens, met en garde contre la personnalisation et dit : alors que certains d’entre vous disent qu’ils appartiennent à Apollon, d’autres disent qu’ils appartiennent à Paul, d’autres disent qu’ils appartiennent à Pierre… Non, nous appartenons tous au Christ, mais le Christ vit dans la communauté, dans la communauté paroissiale, dans la communauté où il est présent dans l’Eucharistie, qui est un mystère de communion. C’est donc fondamental. Nous sommes souvent tombés dans l’erreur de nous proclamer nous-mêmes, avec nos propres idées, plutôt que de laisser parler le Christ.

La Slovaquie est plutôt considérée comme un pays conservateur, en ce moment où le Synode se tient à Rome, au Vatican. Plusieurs Mouvements veulent aller de l’avant et d’autres veulent revenir en arrière. Comment faire pour garder tout ce qui est bon, tout en allant de l’avant avec ce qui est nouveau et bon ?

J’ai été très frappé par les propos tenus avant-hier par le pape François lors de la première session du Synode. Il a beaucoup insisté sur le fait que le protagoniste du Synode est l’Esprit Saint. Et l’Esprit Saint va au-delà des schémas humains. Un chrétien, en tant que chrétien, n’est ni conservateur ni progressiste, il est une personne nouvelle, une créature nouvelle. Nous l’avons lu ces jours-ci dans la lettre de Saint Paul aux Galates. C’est l’Esprit Saint qui fait de nous des créatures nouvelles avec notre mentalité. Avec notre mentalité, avec ce que nous sommes. C’est pourquoi je crois que nous devons dépasser ces dualismes qui ne font pas de bien à l’Église. L’Esprit Saint est toujours générateur de nouveauté. Parce que c’est lui, il est à l’origine de tous les charismes, de toutes les nouveautés dans l’histoire de l’Église. En même temps, tout ce que l’Esprit Saint promeut dans l’Église vient du Père. Il est donc également ancré dans l’origine. Cela signifie qu’il faut un plus d’Esprit Saint dans l’Église, c’est la seule façon de dépasser ces dualismes qui ne nous font pas de bien.

Merci beaucoup. Et merci beaucoup, père Jesús, d’avoir participé à notre programme.

Merci à vous de m’avoir reçu.

Merci à vous aussi et nous nous retrouverons prochainement, au revoir.

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Bruxelles : En esprit de solidarité

Un engagement qui implique forces politiques, institutions, Mouvements ecclésiaux, organisations de la société civile et, en première ligne, les jeunes. Tel est le climat qui s’est dégagé de la conférence “Corps européen de solidarité et service civique en Europe“, qui s’est tenue le 24 octobre 2023 à Bruxelles. Jesús Morán, Coprésident du Mouvement des Focolari, qui a participé à la rencontre, nous fait part de ses impressions.

Mardi 24 octobre, Bruxelles était étonnamment ensoleillée, contrairement à ce que nous attendions l’après-midi du 23, lorsque nous sommes arrivés dans la capitale belge et avons été accueillis par une forte pluie. Pour les habitants de Bruxelles, les citoyens d’innombrables pays européens, la vue d’un tel soleil était une nouveauté au cœur de l’automne ; pour nous, c’était un bon présage de ce que nous allions vivre ce matin-là dans l’imposant bâtiment du Parlement européen.

À 9h15, dans une salle de séminaire pouvant accueillir 30 personnes, a débuté la rencontre organisée par trois associations d’inspiration très différente : le Mouvement Européen, l’Association Caterinati et le Mouvement des Focolari, dans le cadre du Corps Européen de Solidarité (CES), une initiative de la Commission Européenne capable de réunir des parlementaires de tous bords politiques grâce à son parcours courageux et constructif. L’événement était aussi une commémoration en hommage à David Sassoli, Président du Parlement européen décédé le 11 janvier 2022.

C’était pour moi la deuxième fois que je participais à un événement similaire. Le premier qui remonte à la période précédant la pandémie s’était tenu au Parlement européen à Rome.

La providence a voulu que, précisément ce mardi, au moment où nous commencions la session, la Commission Culture du Parlement européen approuve quasiment à l’unanimité, le rapport sur les activités du CES pour la période 2021-2027.

Le Mouvement des Focolari était représenté non seulement par moi, en qualité de Coprésident, mais aussi par des membres du Mouvement Politique pour l’Unité, New Umanity (présent avec 3 jeunes) et le “Focolare européen“, qui est basé à Bruxelles et interagit avec de nombreuses personnes des Institutions européennes ; il accueille également des migrants et promeut le dialogue et le partage d’idéaux.

Je ne m’attarderai pas sur les détails de l’événement que l’on peut lire dans les différents communiqués de presse parus ces jours-ci. Je voudrais plutôt souligner l’importance considérable de ces événements apparemment mineurs et minoritaires qui, au contraire, peuvent marquer la ligne d’un changement de cap dans les relations internationales, dans la dynamique de la configuration sociale des nations et des peuples ; [ligne] qui donne à l’Europe un visage différent, plus conforme à l’idée des fondateurs de l’Union que ce que nous avons l’habitude de voir, surtout ces temps-ci et plus cohérent avec sa véritable identité fondée sur des valeurs aux racines gréco-latines et chrétiennes indiscutables, comme la solidarité, l’ouverture, la tolérance, la communion, la démocratie, la transcendance, la liberté, la fraternité et la paix.

Il est en outre très significatif que des initiatives telles que le CES aient pour protagonistes les jeunes. C’est en effet à eux qu’il revient de mener le changement de paradigme que nous espérons tous.

Les plus de 300 000 jeunes qui ont participé au fil des ans au programme de solidarité de la Commission démontrent que ce sont les objectifs pour lesquels ils sont prêts à dépenser toutes leurs énergies intellectuelles et morales. Les jeunes ne reculent pas si nous leur proposons des objectifs élevés et si nous leur préparons le terrain. En ce moment dramatique du monde, l’espérance vient d’eux et de leur désir de changement. Seuls des jeunes qui ont la solidarité dans les veines peuvent arrêter la dérive de l’incompréhension, de la polarisation, de la haine et de la violence qui gangrènent le monde. Avec de telles initiatives, ces jeunes créent une culture – et une grande culture – car ils ne se contentent pas de travailler pour les causes les plus nobles, mais ils construisent des relations nouvelles, partagent des expériences et des traditions, et s’enrichissent de leur diversité.

À la fin de la rencontre, on a pu percevoir chez tous les participants une joie particulière qui n’allait pas de soi, surtout parmi les parlementaires, habitués à des confrontations sans fin et à des luttes de pouvoir parfois impitoyables.

Tandis que nous nous dirigions vers l’aéroport, le soleil de Bruxelles semblait nous dire que le brouillard se dissipera de nos cœurs si nous devenons un peu plus généreux et accordons de l’importance à ce qui en vaut vraiment la peine. Seulement cela pourra tout rendre plus beau, même cette ville splendide.

Jesús Morán